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TINZA

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Posts posted by TINZA

  1. A mon ami ***

     

    Tu sais l’amour et son ivresse

    Tu sais l’amour et ses combats ;

    Tu sais une voix qui t’adresse

    Ces mots d’ineffable tendresse

    Qui ne se disent que tout bas.

    Sur un beau sein, ta bouche errante

    Enfin a pu se reposer,

    Et sur une lèvre mourante

    Sentir la douceur enivrante

    Que recèle un premier baiser…

    Maître de ces biens qu’on envie

    Ton cœur est pur, tes jours sont pleins !

    Esclave à tes vœux asservie,

    La fortune embellit ta vie

    Tu sais qu’on t’aime, et tu te plains !

    Et tu te plains ! et t’exagères

    Ces vagues ennuis d’un moment,

    Ces chagrins, ces douleurs légères,

    Et ces peines si passagères

    Qu’on ne peut souffrir qu’en aimant !

    Et tu pleures ! et tu regrettes

    Cet épanchement amoureux !

    Pourquoi ces maux que tu t’apprêtes ?

    Garde ces plaintes indiscrètes

    Et ces pleurs pour les malheureux !

    Pour moi, de qui l’âme flétrie

    N’a jamais reçu de serment,

    Comme un exilé sans patrie,

    Pour moi, qu’une voix attendrie

    N’a jamais nommé doucement,

    Personne qui daigne m’entendre,

    A mon sort qui saigne s’unir,

    Et m’interroge d’un air tendre,

    Pourquoi je me suis fait attendre

    Un jour tout entier sans venir.

    Personne qui me recommande

    De ne rester que peu d’instants

    Hors du logis ; qui me gourmande

    Lorsque je rentre et me demande

    Où je suis allé si longtemps.

    Jamais d’haleine caressante

    Qui, la nuit, vienne m’embaumer ;

    Personne dont la main pressante

    Cherche la mienne, et dont je sente

    Sur mon cœur les bras se fermer !

    Une fois pourtant – quatre années

    Auraient-elles donc effacé

    Ce que ces heures fortunées

    D’illusions environnées

    Au fond de mon âme ont laissé ?

    Oh ! c’est qu’elle était si jolie !

    Soit qu’elle ouvrit ses yeux si grands,

    Soit que sa paupière affaiblie

    Comme un voile qui se déplie

    Éteignit ses regards mourants !

    - J’osai concevoir l’espérance

    Que les destins moins ennemis,

    Prenant pitié de ma souffrance,

    Viendraient me donner l’assurance

    D’un bonheur qu’ils auraient permis :

    L’heure que j’avais attendue,

    Le bonheur que j’avais rêvé

    A fui de mon âme éperdue,

    Comme une note suspendue,

    Comme un sourire inachevé !

    Elle ne s’est point souvenue

    Du monde qui ne la vit pas ;

    Rien n’a signalé sa venue,

    Elle est passée, humble, inconnue,

    Sans laisser trace de ses pas.

    Depuis lors, triste et monotone,

    Chaque jour commence et finit :

    Rien ne m’émeut, rien ne m’étonne,

    Comme un dernier rayon d’automne

    J’aperçois mon front qui jaunit.

    Et loin de tous, quand le mystère

    De l’avenir s’est refermé,

    Je fuis, exilé volontaire !

    - Il n’est qu’un bonheur sur la terre,

    Celui d’aimer et d’être aimé.

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