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Rentabilité du non-conventionnel Un talon d’Achille à ne pas négliger


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La commercialité, talon d’Achille dans le processus de production des gaz de schiste, fait débat en Algérie et ailleurs.

 

Seule certitude aujourd’hui : au prix actuel du marché, Sonatrach ne rentera pas dans ses frais, si elle s’engage dans le schiste, ainsi que le confirment de nombreux experts en énergie. Indépendamment de la polémique qui entoure actuellement l’exploitation du non-conventionnel, la compagnie nationale d’hydrocarbures projetait de mettre sur la table 70 milliards de dollars par an en investissements sur une période de vingt ans, soit 1 400 milliards de dollars en vingt ans, avec comme objectif de forer 200 puits par an, soit 4 000 puits, pour produire 20 milliards de mètres cubes par an, c’est-à-dire 400 milliards de mètres cubes en 20 ans.

 

Ambitions démesurées ? Les 400 milliards de mètres cubes à produire en vingt ans sont en fait produits aujourd’hui en deux ou trois ans, car la production actuelle de gaz conventionnel est d’environ 145 milliards de mètres cubes par an et avec quatre fois moins de puits. Un puits de schiste produit généralement 50 millions de mètres cubes par jour, pendant quatre ans, avec un coût de revient de 20 millions de dollars. Il ne peut pas être rentable, affirme Mohamed Saïd Beghoul, expert en énergie. M. Beghoul estime à 35 milliards de mètres cubes de gaz conventionnel, c’est l’équivalent de 96 millions de mètres cubes par jour, la consommation interne. Pendant ce temps, le grand laboratoire dans le domaine du schiste, les Etats-Unis, fait toujours parler de lui. Pourquoi les grandes compagnies s’y ruent-elles, alors qu’il n’est pas rentable ? Et l’expérience américaine est-elle transposable à l’Algérie ? Deux principaux facteurs sont à l’origine de l’importance prise par le schiste dans ce pays : une baisse drastique des réserves conventionnelles, et une demande interne en énergie explosive. Le pays ne disposait que de 4% des réserves mondiales de gaz.

 

Il consommait pas moins de 660 milliards de mètres cubes (22% de la demande mondiale) dont 100 milliards de mètres cubes importés et 570 millions de tonnes de charbon. Aussi fallait-il trouver de nouvelles sources d’énergie. Les Etats-Unis ont décidé d’investir dans le schiste pour reconstituer des réserves, pour une indépendance énergétique. Le gaz de schiste revient à sept dollars, et est vendu à trois dollars, aux Etats-Unis. Le différentiel est de taille, mais semble supportable, parce que le pays subventionne le non-conventionnel, avec une série de taxes, note Saïd Beghoul. Mieux, ajoute-t-il, l’Etat intervient pour aider des compagnies dont les opérations de forage se révèlent non concluantes. L’Algérie ne peut-elle pas en faire de même ? Sentencieux, M. Beghoul estime irrationnel de débourser profusément d’argent pour voir une torche allumée. Cela, on peut le faire même à El-Harrach, ironise-t-il. Abdelatif Rebah, spécialiste également des questions énergétiques, estime, lui, que dans l’air des incertitudes, l’on ne peut pas avancer des prévisions sur la rentabilité ou pas des gaz de schiste, dans dix ou quinze ans. Aux Etats-Unis, le schiste est, selon lui, une “option géostratégique et géopolitique”, les sociétés pétrolières et gazières opèrent à crédit, ce sont les banques qui les renflouent. Dans ce pays, indique-t-il, la rentabilité se rapporte à des plages de prix de pétrole, elle diffère d’un périmètre à un autre. M. Rebah rappelle que les plateaux de production déclinent tellement vite qu’il faut un rythme de forage soutenu. La Chine s’est également mise au schiste. Mais Sonatrach n’a pas les épaules de la Chine, dit-il. Pour MM. Rebah et Beghoul, il y a encore du gaz conventionnel à découvrir et à récupérer, en mettant en place les moyens nécessaires pour le faire. Ce sera beaucoup plus intéressant que de vouloir se mettre à une énergie à la rentabilité hypothétique. Au plan logistique, Sonatrach seule, ou avec ses associés, a besoin d’une “armada” d’appareils (une centaine) de camions adaptés, de toute une chaîne industrielle pour pouvoir constituer ce que seront les plateformes du schiste. Tous ces éléments-là sont à intégrer dans la structure du prix du gaz.

 

 

Y. S.

 

Source Liberté

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