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Les oiseaux en retard sur le réchauffement climatique


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Par Jean Etienne, Futura-Sciences

 

Le réchauffement climatique prend les déplacements des populations d’oiseaux de vitesse, ce qui pourrait provoquer des dommages irréversibles à la biodiversité et à l’équilibre biologique, selon la récente étude d’une équipe de chercheurs conduite par le professeur Vincent Devictor, de l'Université de Montpellier, parue le 19 août 2008 dans la revue britannique des Proceedings of the Royal Society.

Au cours des 18 dernières années, les températures moyennes se sont élevées de 0,068°C chaque année, provoquant un glissement de la carte de répartition des températures de 273 kilomètres vers le nord. En général, les espèces tant végétales qu’animales ont suivi ce mouvement, ainsi trouve-t-on fréquemment dans une région déterminée des spécimens habituellement rencontrés dans des habitats situés plus au sud.

Mais cette forme d’adaptation au climat a ses limites. Si l'on considère les aires de distribution des oiseaux en France, on constate que celles-ci n’ont migré vers le nord que de 91 kilomètres en moyenne, restant ainsi à la traîne de 182 kilomètres sur les effets du réchauffement climatique et en se séparant d’autres espèces qui, autrefois, appartenaient au même biotope. Vincent Devictor précise que cette étude prend en compte l’aire de distribution de 105 espèces aviaires en France sur plus de 1500 sites déterminés, en les quantifiant non seulement en leurs limites mais aussi en leur centre.

Equilibre bouleversé

L’équilibre biologique, ainsi que la biodiversité, sont gravement menacés par les effets de cette désynchronisation, qui sépare dramatiquement des espèces dépendantes, notamment sur le plan de la nourriture, mais aussi d’autres fonctions capitales. Ainsi, certaines populations d’insectes pourraient se voir éliminées, ou au contraire proliférer sans contrôle suite à l’apparition ou la raréfaction de certains prédateurs, et avoir des répercutions inattendues sur la croissance et la reproduction des plantes. Au travers des oiseaux, c’est tout l’équilibre biologique qui risque donc d’être bouleversé, peut-être irrémédiablement si certaines espèces peu répandues disparaissent.

Autrement dit, les conséquences du réchauffement climatique et du bouleversement qui s’annonce pourraient être bien plus graves que ce que l’on prévoyait jusqu’ici, simplement parce que l’extraordinaire complexité des lois, processus et interactions qui régissent la nature dans son ensemble empêchera toujours la création d’un modèle prévisionnel qui permettrait d’anticiper et de remédier à de telles situations.

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