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Tensions franco-américaines sur le nucléaire iranien


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Tensions franco-américaines sur le nucléaire iranien

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Par Isabelle Lasserre

Mis à jour le 26/03/2015 à 07:35

Publié le 25/03/2015 à 20:25 Le Figaro

 

Le secrétaire d'État américain John Kerry monte, mercredi, à bord d'un avion Air Force, sur la base d'Andrews dans le Maryland, pour se rendre en Suisse.

 

Les négociations entre les grandes puissances et l'Iran reprennent jeudi à Lausanne, alors que l'échéance du 31 mars se rapproche.

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Officiellement, ils arriveront unis aux négociations sur le nucléaire, qui reprennent ce jeudi à Lausanne et doivent théoriquement aboutir avant le 31 mars. Mais les apparences sont trompeuses. De fortes divergences subsistent entre la France et les États-Unis, qui tentent, avec leurs alliés russes, chinois, britanniques et allemands, d'empêcher l'avènement d'un Iran nucléaire.

 

L'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, l'a redit mardi au Conseil de sécurité: les progrès de l'Iran sont «insuffisants» pour permettre de garantir à long terme le caractère pacifique du programme nucléaire. Il faut un accord «robuste» répète Laurent Fabius. Les tensions entre Français et Américains concernent plusieurs points du projet d'accord, dont les détails techniques doivent être finalisés le 30 juin. Paris veut davantage de restrictions au programme «recherche et développement», afin d'empêcher les Iraniens de construire des centrifugeuses plus performantes. La France voudrait aussi que la période de restriction du programme nucléaire soit de 15 ans et non de 10. Elle est enfin réticente à l'idée de suspendre certaines sanctions de l'ONU rapidement. Barack Obama, affirment des diplomates français, semble au contraire prêt à des concessions qui éloigneraient l'accord des objectifs initialement fixés par les six grandes puissances.

 

«La divergence n'est pas feinte. Sur le fond, il s'agit d'un problème stratégique», commente Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). La Maison-Blanche veut investir dans la relation avec l'Iran pour régler les conflits au Moyen-Orient et notamment en Syrie et en Irak, où Téhéran tire de plus en plus ouvertement les ficelles. «C'est une politique naïve. La Maison-Blanche se fait des illusions sur le type de relation qu'elle pense pouvoir nouer avec l'Iran et sur les éventuelles retombées positives d'un accord sur le nucléaire au Moyen-Orient», poursuit Tertrais.

«Mauvais accord»

 

En fait, depuis de longs mois, Français et Américains n'ont plus la même définition de ce que serait un «mauvais accord». Paris se base toujours sur les principes définis par les puissances au moment de la reprise des négociations en 2013 et exige que de solides garanties empêchent l'Iran de se doter de la bombe. Tout en défendant le même objectif, la Maison-Blanche se veut plus réaliste. Elle a pris acte de l'intransigeance de l'Iran, qui n'accorde que des concessions tactiques, jamais stratégiques.

 

Galvanisé par ses succès au Levant, persuadé que l'Occident a besoin de lui pour régler les problèmes du Moyen-Orient, que les États-Unis n'utiliseront pas la force contre lui, le régime iranien pense pouvoir marchander son programme nucléaire. Il espère, disent les experts, obtenir une levée des sanctions sans avoir à renoncer à son programme. Face à ce constat, l'équipe de Barack Obama se serait résignée à accepter un accord au rabais plutôt que de risquer une rupture.

 

Depuis plusieurs jours, les responsables américains tentent de refaire l'unité des grandes puissances et de convaincre les Français de rentrer dans le rang. Mais il n'est pas dit que les efforts du secrétaire d'État John Kerry et de Barack Obama, qui a téléphoné à François Hollande, fassent plier la diplomatie française, qui s'est engagée comme aucune autre dans ces négociations depuis 2003. En novembre 2013, Laurent Fabius s'était déjà opposé à un «mauvais» accord poussé par les Américains. Peut-il se permettre un deuxième coup d'éclat et prendre le risque d'une brouille avec les États-Unis, alors que les deux pays coopèrent sur d'autres dossiers brûlants comme l'Ukraine ou la lutte contre Daech? «C'est un choix politique. La France n'a jamais hésité à résister à la communauté internationale lorsqu'elle estimait avoir raison», commente Bruno Tertrais.

 

D'autant qu'elle n'est pas seule à endosser le rôle de gardienne du temple de la non-prolifération. En visite à Paris, le ministre israélien des Affaire internationales et du nucléaire, Yuval Steinitz, a critiqué le projet d'accord. «Le but initial était de démanteler le programme nucléaire iranien et on s'apprête à les laisser atteindre un seuil qui les placerait à 3 ou 4 mois seulement de la bombe», dénonce-t-il. La fermeté française est également soutenue par le Congrès américain et par les pays du Golfe.

 

Entre le «mauvais accord» et la rupture, il existe une troisième solution. C'est celle sur laquelle parie Bruno Tertrais: «Dans les deux ans qui viennent, le scénario le plus probable est une succession d'accords intérimaires.»

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