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La leçon de Aissa Meguellati


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La leçon de Aissa Meguellati

 

 

 

Messagede Raouf RACHI » 05 Déc 2010 21:48

 

Par D. BENCHENOUF

 

 

Monsieur Aissa Meguellati, originaire de la petite bourgade d’El Kantara, à mi chemin entre Batna et Biskra, était l’un des hommes les plus riches d’Algérie, à l’instar des autres riches négociants algériens qui constituaient la grande bourgeoisie du pays, au lendemain de l’indépendance. Une bourgeoisie qui avait bâti sa fortune au fil des générations, à force de travail, de persévérance, d’économies, dont la moralité, l’intégrité, le sens de la réserve étaient des principes cardinaux. Ces familles fortunées auraient pu devenir le moteur et le support de l’économie naissante. Elles auraient pu lui inspirer le grand souffle moral sans lequel aucune richesse ne peut être profitable à la multitude. Elles avaient su s’imposer aux autorités coloniales sans trahir leur peuple, sans rien compromettre de leur attachement à leur pays . Elles ont toutes, plus ou moins puissamment, contribué à la révolution algérienne. Mais elles n’en seront pas moins balayées par le régime de Boumediene, parce qu’elles lui étaient foncièrement hostiles, parce qu’elles n’adhéraient pas à ses visées, à la médiocratie triomphante de ces apparatchik revanchards qui les désigneront, au nom d’un socialisme de façade, à la vindicte et à la rancune de la rue, qui les accableront de crimes qu’ils n’ont pas commis et surtout de celui, impardonnable, d’être riches et honnêtes. Deux critères qui ne pouvaient être conciliables, pour les nouveaux maîtres. Ils seront poussés inexorablement à la ruine. Ils seront brutalement dépossédés de leurs biens ancestraux, pour être remplacés par une nouvelle caste de nouveaux riches. Des arrivistes et des parvenus sans scrupules, voraces, brutaux, corrompus jusqu’aux tréfonds de leur âme, si tant est qu’ils en aient une. De nouveaux riches qui ne s’embarrasseront de rien pour amasser d’immenses fortunes, qui en feront un étalage outrancier et qui ne transmettront à leur engeance que leurs seules turpitudes et une faim insatiable qui ne les quittera jamais.

 

Monsieur Aissa Meguellati était l’un des plus influents et des plus riches de cet aréopage de riches algériens qui se trouveront donc, dès l’indépendance du pays, exposés à l’ire et à l’envie dévorante des nouveaux satrapes. Il vivait à Batna dans une modeste, mais non moins coquette petite villa. Petit, râblé, les cheveux coupés à la brosse, âmmi Aïssa, comme nous l’appelions tous, était la bonhomie et la gentillesse personnifiée. Il pratiquait une charité très discrète, à très large échelle, venait au secours des plus démunis, et Dieu sait qu’il y en avait à l’époque. Il vaquait à ses affaires en Algérie et à l’étranger comme s’il dirigeait un petit commerce, avec l’aisance du grand négociant et la modestie des hommes pudiques, prudent mais grand seigneur. Il attachait une grande importance à l’instruction de ses enfants. Ses deux fils Nadir et Djamel devinrent respectivement juriste et ingénieur. Ils furent recrutés par leur père dans l’entreprise familiale. Le premier en devint le directeur administratif et le second directeur technique. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour résister aux agressions incessantes du régime.

 

Mais la tentative de renversement du régime de Boumediene par Tahar Zbiri les précipita dans l’enfer. Il se trouva donc, malheureusement pour eux, qu’ils étaient parents par alliance au colonel Tahar Zbiri. C’était tout ce que demandait Boumediene pour assouvir enfin la rancune mortelle qu’il nourrissait à leur endroit. Ammi Aissa fut arrêté, ainsi que son frère, ses fils et même des femmes de la famille, semble-t-il. Ils furent soumis à la question et furent détenus pendant de longues années, sans jugement, dans des conditions atroces. Je me rappelle que le frère de âmmi Aissa, un négociant de dattes dans le quartier Souk el âsser, fut arrêté et ses biens placés sous séquestre. Sa famille tomba dans l’indigence. Ses deux fils, qui étaient mes amis, Rabah et Mansour, faisaient peine à voir. Depuis, le malheur et la zizanie se sont installés dans la famille. Des années plus tard, après leur libération, les Meguellati n’étaient plus que l’ombre de leur passé. Ils tentèrent courageusement de combattre l’adversité. Mais le cœur n’y était plus. Les horreurs que le régime leur avait fait subir avaient altéré les nobles sentiments dans lesquels ils s’étaient épanouis. Ils se sont retrouvés dans une jungle où seuls les fauves et les charognards avaient table dressée.

 

J’ai perdu leur trace et je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. Je sais seulement que âmmi Aissa est mort, que ses fils Djamel et Nadir se sont installés à Alger et qu’ils ne s’entendent plus. Que mon ami Mansour est avocat à Alger, qu’il a changé, qu’il a juré de ne pas se laisser bouffer. Mais une anecdote est restée dans mon esprit. Elle y restera jusqu’à mon dernier souffle. Je voulais vous la raconter d’emblée et à ce souvenir, mes doigts sont entrés en pilotage automatique. Ils couraient de leur propre chef sur mon clavier et je me suis laissé aller à cette longue digression. Je ne le regrette pas néanmoins, parce que cela m’a permis de rendre justice, bien modestement, à cette admirable famille et à toutes celles que le régime a broyé, pour leur malheur mais aussi pour le nôtre, puisque ceux qui les ont remplacés, ces milliardaires du régime, loin d’enrichir la communauté que nous sommes, se nourrissent de sa chair et de son sang.

 

Je me rappelle donc, que dans mon enfance, la villa des Meguelatti se trouvait à un angle des allées Ben Boulaïd. La villa faisait face à l’école où j’allais, l’école du stand, l’école indigène de garçons. C’était juste après l’indépendance. Batna était alors une coquette petite ville. Les temps étaient durs et peu de gens mangeaient à leur faim, mais il régnait pourtant sur nous comme un bonheur délicat, un souffle de douceur. Les aurores étaient si calmes et les rires des enfants fusaient du matin au soir. Batna, pour les enfants innocents que nous étions, était assoupie dans la quiétude des justes. En ces jours heureux, quand la pauvreté s’accomodait de petits riens. Quand l’enfance avait un goût de pitss chaude. La pitss! C'est ainsi que l'on appelait la pizza populaire que de petits vendeurs vendaient aux abords des écoles, à un doro le morceau.Je me rappelle de ces matins de rosée, de ce petit vent vif et taquin, descendu du chleêleê, qui s’amusait à nous souffler dans le cou, et qui se sauvait en sifflant, et nous qui le poursuivions, avec notre cortège de feuilles rousses.Et nous criions: “à la ftiss, à la ftiss…”(El harba, el harba)

 

Le directeur de l’école "indigène", Monsieur Touri était un ancien instituteur que nous croyions Kabyle, à tort. Il était originaire du coeur des monts des Aurès. Il jouissait du respect et de la considération générale. Je me rappelle même que les gens lui cédaient tout le trottoir lorsqu’ils le croisaient. Nous avions pour habitude de jouer au « foute balle » sur un terrain qui se trouvait à proximité, sous les « batémètes ».

 

Tout le monde savait qu’à heure régulière, Monsieur Touri quittait l’école, où il résidait par ailleurs, pour se rendre à la librairie Djataou qui se trouvait à quelques centaines de mètres de là. Droit comme un I, habillé de façon stricte, un chapeau mou sur la tête, Monsieur Touri, conscient de l’importance qu’il inspirait aux gens, ne déviait jamais de son itinéraire. Il répondait sobrement au salut de ceux qui le croisaient, d’un avare hochement de tête. Puis les journaux sous le bras, il retournait à son école, par le même chemin.

 

Or, curieux comme nous étions, nous avions remarqué qu’à la même heure âmmi Aissa Meguelatti, qui habitait juste en face de l'école "indigène", s’arrangeait toujours pour rencontrer Monsieur Touri, comme par hasard, quand celui-ci était sur le chemin du retour; toujours au même endroit.

 

Nous le voyions alors l’aborder avec forces sourires, s’incliner littéralement devant lui, lui serrer la main avec effusion. La rencontre ne dépassait pas quelques minutes, à l’issue de laquelle Monsieur Touri, froid et distant, comme à son habitude, poursuivait son chemin. Nous étions très étonnés. Nous ne comprenions pas comment et pourquoi âmmi Aïssa, si riche, si respecté, qui avait une voiture américaine qui n’en finissait pas de longueur, dont le fils Nadir aurait plus tard un avion rouge, Âmmi Aïssa, qui avait 1OO sacs d’argent et 100 autres d’or, comme disait la légende, se confondait ainsi en courbettes devant un directeur d’école.

 

 

Ce mystère impénétrable suscitait des spéculations sans fin dans nos conversations d’enfants qui rêvaient tous d’être un jour comme âmmi Aïssa. Notre chef de bande, le plus âgé et donc le plus perspicace, nous affirmait que âmmi Aïssa faisait la « z’kala » à Monsieur Touri, parce que c’était ce dernier qui avait la clé du souterrain où étaient cachés les sacs d’or et d’argent. Le prestige du directeur d’école n’en grandissait que plus à nos yeux émerveillés. Il était devenu un personnage de légende et bientôt, plutôt que de vouloir devenir âmmi Aissa quand nous serions grands, nous voulions tous devenir des Monsieur Touri, le gardien des trésors. Il était le meilleur, puisque le plus riche s’inclinait devant lui.

 

 

Bien plus tard, lorsque je fus admis d’autorité au décevant statut d’adulte, un jour que je m’étais rendu au siège de la société Meguelatti pour y voir Djamel, j’eus le plaisir de rencontrer âmmi Aïssa dans le hall. Je ne pus résister à la tentation de lui poser la question sur ses rencontres d’antan avec Monsieur Touri et sur ses effusions ostensibles à l’égard du personnage. Il se fendit d’un grand sourire, après avoir failli s’étrangler de rire, et il me répondit ceci, à quelque chose près: « Je suis très content que toi et tes camarades ayez remarqué avec quelle respect je m’adressais à Monsieur Touri. Je faisais tout pour qu’on me remarque parce que je voulais donner une leçon aux gens. Je voulais que tout le monde voie que la richesse n’est rien face à la connaissance et à la dignité humaine. Et Monsieur Touri était le symbole des deux à la fois. Je voyais que les valeurs de notre société s’altéraient et que l’argent prenait le pas sur tout le reste. Alors moi, le plus riche de la ville, je m’inclinais très bas devant le digne représentant des vraies valeurs, pour donner une leçon à mes compatriotes. Maintenant, je suis heureux de savoir que les enfants qui m’observaient et qui sont devenus les hommes d’aujourd’hui, ont compris que la vraie richesse, celle qui impose le respect, ne se trouve ni dans les poches, ni dans les coffres forts, mais dans l’homme savant. »

 

 

Je doute que la leçon ait porté. Mais je sais qu’elle a le mérite d’avoir été donnée. Pour ma part, grâce à elle, j’ai appris à distinguer les gardiens de trésors, ceux sur qui repose la voûte céleste. Je les reconnais toujours

DB

ce Monsieur si humble avait 40 ans d'avance sur nous.

que dieu ai votre ame, hadj Aissa

Paru sur Batna Info

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Messagede Raouf RACHI » 05 Déc 2010 21:48

 

Par D. BENCHENOUF

 

 

Monsieur Aissa Meguellati, originaire de la petite bourgade d’El Kantara, à mi chemin entre Batna et Biskra, était l’un des hommes les plus riches d’Algérie, à l’instar des autres riches négociants algériens qui constituaient la grande bourgeoisie du pays, au lendemain de l’indépendance. Une bourgeoisie qui avait bâti sa fortune au fil des générations, à force de travail, de persévérance, d’économies, dont la moralité, l’intégrité, le sens de la réserve étaient des principes cardinaux. Ces familles fortunées auraient pu devenir le moteur et le support de l’économie naissante. Elles auraient pu lui inspirer le grand souffle moral sans lequel aucune richesse ne peut être profitable à la multitude. Elles avaient su s’imposer aux autorités coloniales sans trahir leur peuple, sans rien compromettre de leur attachement à leur pays . Elles ont toutes, plus ou moins puissamment, contribué à la révolution algérienne. Mais elles n’en seront pas moins balayées par le régime de Boumediene, parce qu’elles lui étaient foncièrement hostiles, parce qu’elles n’adhéraient pas à ses visées, à la médiocratie triomphante de ces apparatchik revanchards qui les désigneront, au nom d’un socialisme de façade, à la vindicte et à la rancune de la rue, qui les accableront de crimes qu’ils n’ont pas commis et surtout de celui, impardonnable, d’être riches et honnêtes. Deux critères qui ne pouvaient être conciliables, pour les nouveaux maîtres. Ils seront poussés inexorablement à la ruine. Ils seront brutalement dépossédés de leurs biens ancestraux, pour être remplacés par une nouvelle caste de nouveaux riches. Des arrivistes et des parvenus sans scrupules, voraces, brutaux, corrompus jusqu’aux tréfonds de leur âme, si tant est qu’ils en aient une. De nouveaux riches qui ne s’embarrasseront de rien pour amasser d’immenses fortunes, qui en feront un étalage outrancier et qui ne transmettront à leur engeance que leurs seules turpitudes et une faim insatiable qui ne les quittera jamais.

 

Monsieur Aissa Meguellati était l’un des plus influents et des plus riches de cet aréopage de riches algériens qui se trouveront donc, dès l’indépendance du pays, exposés à l’ire et à l’envie dévorante des nouveaux satrapes. Il vivait à Batna dans une modeste, mais non moins coquette petite villa. Petit, râblé, les cheveux coupés à la brosse, âmmi Aïssa, comme nous l’appelions tous, était la bonhomie et la gentillesse personnifiée. Il pratiquait une charité très discrète, à très large échelle, venait au secours des plus démunis, et Dieu sait qu’il y en avait à l’époque. Il vaquait à ses affaires en Algérie et à l’étranger comme s’il dirigeait un petit commerce, avec l’aisance du grand négociant et la modestie des hommes pudiques, prudent mais grand seigneur. Il attachait une grande importance à l’instruction de ses enfants. Ses deux fils Nadir et Djamel devinrent respectivement juriste et ingénieur. Ils furent recrutés par leur père dans l’entreprise familiale. Le premier en devint le directeur administratif et le second directeur technique. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour résister aux agressions incessantes du régime.

 

Mais la tentative de renversement du régime de Boumediene par Tahar Zbiri les précipita dans l’enfer. Il se trouva donc, malheureusement pour eux, qu’ils étaient parents par alliance au colonel Tahar Zbiri. C’était tout ce que demandait Boumediene pour assouvir enfin la rancune mortelle qu’il nourrissait à leur endroit. Ammi Aissa fut arrêté, ainsi que son frère, ses fils et même des femmes de la famille, semble-t-il. Ils furent soumis à la question et furent détenus pendant de longues années, sans jugement, dans des conditions atroces. Je me rappelle que le frère de âmmi Aissa, un négociant de dattes dans le quartier Souk el âsser, fut arrêté et ses biens placés sous séquestre. Sa famille tomba dans l’indigence. Ses deux fils, qui étaient mes amis, Rabah et Mansour, faisaient peine à voir. Depuis, le malheur et la zizanie se sont installés dans la famille. Des années plus tard, après leur libération, les Meguellati n’étaient plus que l’ombre de leur passé. Ils tentèrent courageusement de combattre l’adversité. Mais le cœur n’y était plus. Les horreurs que le régime leur avait fait subir avaient altéré les nobles sentiments dans lesquels ils s’étaient épanouis. Ils se sont retrouvés dans une jungle où seuls les fauves et les charognards avaient table dressée.

 

J’ai perdu leur trace et je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. Je sais seulement que âmmi Aissa est mort, que ses fils Djamel et Nadir se sont installés à Alger et qu’ils ne s’entendent plus. Que mon ami Mansour est avocat à Alger, qu’il a changé, qu’il a juré de ne pas se laisser bouffer. Mais une anecdote est restée dans mon esprit. Elle y restera jusqu’à mon dernier souffle. Je voulais vous la raconter d’emblée et à ce souvenir, mes doigts sont entrés en pilotage automatique. Ils couraient de leur propre chef sur mon clavier et je me suis laissé aller à cette longue digression. Je ne le regrette pas néanmoins, parce que cela m’a permis de rendre justice, bien modestement, à cette admirable famille et à toutes celles que le régime a broyé, pour leur malheur mais aussi pour le nôtre, puisque ceux qui les ont remplacés, ces milliardaires du régime, loin d’enrichir la communauté que nous sommes, se nourrissent de sa chair et de son sang.

 

Je me rappelle donc, que dans mon enfance, la villa des Meguelatti se trouvait à un angle des allées Ben Boulaïd. La villa faisait face à l’école où j’allais, l’école du stand, l’école indigène de garçons. C’était juste après l’indépendance. Batna était alors une coquette petite ville. Les temps étaient durs et peu de gens mangeaient à leur faim, mais il régnait pourtant sur nous comme un bonheur délicat, un souffle de douceur. Les aurores étaient si calmes et les rires des enfants fusaient du matin au soir. Batna, pour les enfants innocents que nous étions, était assoupie dans la quiétude des justes. En ces jours heureux, quand la pauvreté s’accomodait de petits riens. Quand l’enfance avait un goût de pitss chaude. La pitss! C'est ainsi que l'on appelait la pizza populaire que de petits vendeurs vendaient aux abords des écoles, à un doro le morceau.Je me rappelle de ces matins de rosée, de ce petit vent vif et taquin, descendu du chleêleê, qui s’amusait à nous souffler dans le cou, et qui se sauvait en sifflant, et nous qui le poursuivions, avec notre cortège de feuilles rousses.Et nous criions: “à la ftiss, à la ftiss…”(El harba, el harba)

 

Le directeur de l’école "indigène", Monsieur Touri était un ancien instituteur que nous croyions Kabyle, à tort. Il était originaire du coeur des monts des Aurès. Il jouissait du respect et de la considération générale. Je me rappelle même que les gens lui cédaient tout le trottoir lorsqu’ils le croisaient. Nous avions pour habitude de jouer au « foute balle » sur un terrain qui se trouvait à proximité, sous les « batémètes ».

 

Tout le monde savait qu’à heure régulière, Monsieur Touri quittait l’école, où il résidait par ailleurs, pour se rendre à la librairie Djataou qui se trouvait à quelques centaines de mètres de là. Droit comme un I, habillé de façon stricte, un chapeau mou sur la tête, Monsieur Touri, conscient de l’importance qu’il inspirait aux gens, ne déviait jamais de son itinéraire. Il répondait sobrement au salut de ceux qui le croisaient, d’un avare hochement de tête. Puis les journaux sous le bras, il retournait à son école, par le même chemin.

 

Or, curieux comme nous étions, nous avions remarqué qu’à la même heure âmmi Aissa Meguelatti, qui habitait juste en face de l'école "indigène", s’arrangeait toujours pour rencontrer Monsieur Touri, comme par hasard, quand celui-ci était sur le chemin du retour; toujours au même endroit.

 

Nous le voyions alors l’aborder avec forces sourires, s’incliner littéralement devant lui, lui serrer la main avec effusion. La rencontre ne dépassait pas quelques minutes, à l’issue de laquelle Monsieur Touri, froid et distant, comme à son habitude, poursuivait son chemin. Nous étions très étonnés. Nous ne comprenions pas comment et pourquoi âmmi Aïssa, si riche, si respecté, qui avait une voiture américaine qui n’en finissait pas de longueur, dont le fils Nadir aurait plus tard un avion rouge, Âmmi Aïssa, qui avait 1OO sacs d’argent et 100 autres d’or, comme disait la légende, se confondait ainsi en courbettes devant un directeur d’école.

 

 

Ce mystère impénétrable suscitait des spéculations sans fin dans nos conversations d’enfants qui rêvaient tous d’être un jour comme âmmi Aïssa. Notre chef de bande, le plus âgé et donc le plus perspicace, nous affirmait que âmmi Aïssa faisait la « z’kala » à Monsieur Touri, parce que c’était ce dernier qui avait la clé du souterrain où étaient cachés les sacs d’or et d’argent. Le prestige du directeur d’école n’en grandissait que plus à nos yeux émerveillés. Il était devenu un personnage de légende et bientôt, plutôt que de vouloir devenir âmmi Aissa quand nous serions grands, nous voulions tous devenir des Monsieur Touri, le gardien des trésors. Il était le meilleur, puisque le plus riche s’inclinait devant lui.

 

 

Bien plus tard, lorsque je fus admis d’autorité au décevant statut d’adulte, un jour que je m’étais rendu au siège de la société Meguelatti pour y voir Djamel, j’eus le plaisir de rencontrer âmmi Aïssa dans le hall. Je ne pus résister à la tentation de lui poser la question sur ses rencontres d’antan avec Monsieur Touri et sur ses effusions ostensibles à l’égard du personnage. Il se fendit d’un grand sourire, après avoir failli s’étrangler de rire, et il me répondit ceci, à quelque chose près: « Je suis très content que toi et tes camarades ayez remarqué avec quelle respect je m’adressais à Monsieur Touri. Je faisais tout pour qu’on me remarque parce que je voulais donner une leçon aux gens. Je voulais que tout le monde voie que la richesse n’est rien face à la connaissance et à la dignité humaine. Et Monsieur Touri était le symbole des deux à la fois. Je voyais que les valeurs de notre société s’altéraient et que l’argent prenait le pas sur tout le reste. Alors moi, le plus riche de la ville, je m’inclinais très bas devant le digne représentant des vraies valeurs, pour donner une leçon à mes compatriotes. Maintenant, je suis heureux de savoir que les enfants qui m’observaient et qui sont devenus les hommes d’aujourd’hui, ont compris que la vraie richesse, celle qui impose le respect, ne se trouve ni dans les poches, ni dans les coffres forts, mais dans l’homme savant. »

 

 

Je doute que la leçon ait porté. Mais je sais qu’elle a le mérite d’avoir été donnée. Pour ma part, grâce à elle, j’ai appris à distinguer les gardiens de trésors, ceux sur qui repose la voûte céleste. Je les reconnais toujours

DB

ce Monsieur si humble avait 40 ans d'avance sur nous.

que dieu ai votre ame, hadj Aissa

Paru sur Batna Info

 

Mon père (En hommage à titre posthume à Mr MEGUELLATI -Aîssa de Batna, le père d’un ami intime)

 

Mon père

Était aimable et joyeux

Équitable et consciencieux

Courtois et sympathique

Râblé et très dynamique

 

Ses cheveux courts argentés étaient beaux

Je les appréciais au même titre que ceux des angelots

Il était tout amour toute bonté

Un peu comme Jésus

D'ailleurs le prénom de Aissa lui convenait

Il en était convaincu

 

Mon père

Avait consolidé les valeurs morales

Il était venu à bout des affres du mal

Et s’était accouplé avec la décence

Une fois répudiée l’impertinence

 

Il possédait l’argent et l’or

Mais le savoir était son unique trésor

Il était mon joyau le plus précieux

Il était la prunelle de mes yeux

 

Mon père

Etait fier d’être musulman

Son histoire est dans les manuels scolaires

Sa race est à l’échelle planétaire

Sa culture remonte à la nuit des temps

 

Il détestait l’injustice et ses bavures

Les hypocrites qui pliaient l’échine

Les fielleux et leur doctrine assassine

Il respectait les probes et les lettrés avec mesure

 

Mon père

Était révolutionnaire à sa manière

Du coup il initia la révolution agraire

Innonda le marché de tracteurs

Soulageant les agriculteurs des durs labeurs

 

Il détestait les gourbis et les taudis

Et du coup des bâtiments il bâtit

Il aimait beaucoup l’art

Et du coup il réalisa des ouvrages d’art

Il avait une vision de l’avenir

Et savait que Salan et Bigeard devraient bien partir

 

Mon père

Avait un talent verbal

Il charmait avec son arabe dialectal

Il était plein de qualités

Je suis content et flatté

 

De l’avoir eu pour ami

Durant toute une vie

Tout en me sentant déçu

D’être dépourvu de tant de vertus

 

Mon père

S’était abreuvé à la source d'eau de jouvence

Et du coup il irrita la lune ses étoiles et plus encore

Mon père était ce qu’il était quoi qu’on dise quoi qu’on pense

Mon père ne pouvait aller à l’encontre de son sort

 

Lui lequel à l’image de Marco Polo le négociant

Avait visité la chine et sa grande muraille

A l’image d’Ulysse roi d'Ithaque avait défié Poséidon

Affrontant ainsi les mers et les océans vaille que vaille

 

A l’image du Che d’Emiliano Zapata de Salvador Allende et consorts

Tenta de rallumer le flambeau de la liberté mais en vain

Car sur le champ par un totalitaire naissant fut éteint

Lequel totalitaire l’emprisonna et le tortura à tort

 

C’était ça mon père le vaillant

C’était ça mon père de son vivant

 

Mon père

Avant de partir

M’a légué avec dévotion un empire

Riche comme celui des tsars

Fascinant comme celui des pharaons

Vaste comme celui d’Alexandre le grand

Meilleur que celui des Césars

 

Pour en faire un champ de blé

Et une source d’eau immaculée

Afin de rassasier tous les affamés

Et désaltérer tous les assoiffés

A l’ombre des saules pleureurs

Les protégeant de la chaleur

 

Tout en me confiant le rôle

De l’admirable rossignol

Et son chant oriental

Qui doit leur faire valser

La lune et les étoiles

Chaque fois qu’ils seront troublés

 

Et égayer au loin l’écoulement serein

Des eaux limpides d’un ruisseau

Epuisé qui suit son chemin

Au milieu des rameaux

 

Mon père était mon rayon de lumière

Mon père est un verset dans mes prières

Puisse t-il rayonner dans un au-delà prenant

Épuré de soupirs et de tourments.

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Guest George Bish
La leçon de Aissa Meguellati

 

 

 

Messagede Raouf RACHI » 05 Déc 2010 21:48

 

Par D. BENCHENOUF

 

 

Monsieur Aissa Meguellati, originaire de la petite bourgade d’El Kantara, à mi chemin entre Batna et Biskra, était l’un des hommes les plus riches d’Algérie, à l’instar des autres riches négociants algériens qui constituaient la grande bourgeoisie du pays, au lendemain de l’indépendance. Une bourgeoisie qui avait bâti sa fortune au fil des générations, à force de travail, de persévérance, d’économies, dont la moralité, l’intégrité, le sens de la réserve étaient des principes cardinaux. Ces familles fortunées auraient pu devenir le moteur et le support de l’économie naissante. Elles auraient pu lui inspirer le grand souffle moral sans lequel aucune richesse ne peut être profitable à la multitude. Elles avaient su s’imposer aux autorités coloniales sans trahir leur peuple, sans rien compromettre de leur attachement à leur pays . Elles ont toutes, plus ou moins puissamment, contribué à la révolution algérienne. Mais elles n’en seront pas moins balayées par le régime de Boumediene, parce qu’elles lui étaient foncièrement hostiles, parce qu’elles n’adhéraient pas à ses visées, à la médiocratie triomphante de ces apparatchik revanchards qui les désigneront, au nom d’un socialisme de façade, à la vindicte et à la rancune de la rue, qui les accableront de crimes qu’ils n’ont pas commis et surtout de celui, impardonnable, d’être riches et honnêtes. Deux critères qui ne pouvaient être conciliables, pour les nouveaux maîtres. Ils seront poussés inexorablement à la ruine. Ils seront brutalement dépossédés de leurs biens ancestraux, pour être remplacés par une nouvelle caste de nouveaux riches. Des arrivistes et des parvenus sans scrupules, voraces, brutaux, corrompus jusqu’aux tréfonds de leur âme, si tant est qu’ils en aient une. De nouveaux riches qui ne s’embarrasseront de rien pour amasser d’immenses fortunes, qui en feront un étalage outrancier et qui ne transmettront à leur engeance que leurs seules turpitudes et une faim insatiable qui ne les quittera jamais.

 

Monsieur Aissa Meguellati était l’un des plus influents et des plus riches de cet aréopage de riches algériens qui se trouveront donc, dès l’indépendance du pays, exposés à l’ire et à l’envie dévorante des nouveaux satrapes. Il vivait à Batna dans une modeste, mais non moins coquette petite villa. Petit, râblé, les cheveux coupés à la brosse, âmmi Aïssa, comme nous l’appelions tous, était la bonhomie et la gentillesse personnifiée. Il pratiquait une charité très discrète, à très large échelle, venait au secours des plus démunis, et Dieu sait qu’il y en avait à l’époque. Il vaquait à ses affaires en Algérie et à l’étranger comme s’il dirigeait un petit commerce, avec l’aisance du grand négociant et la modestie des hommes pudiques, prudent mais grand seigneur. Il attachait une grande importance à l’instruction de ses enfants. Ses deux fils Nadir et Djamel devinrent respectivement juriste et ingénieur. Ils furent recrutés par leur père dans l’entreprise familiale. Le premier en devint le directeur administratif et le second directeur technique. Ils firent tout ce qui était en leur pouvoir pour résister aux agressions incessantes du régime.

 

Mais la tentative de renversement du régime de Boumediene par Tahar Zbiri les précipita dans l’enfer. Il se trouva donc, malheureusement pour eux, qu’ils étaient parents par alliance au colonel Tahar Zbiri. C’était tout ce que demandait Boumediene pour assouvir enfin la rancune mortelle qu’il nourrissait à leur endroit. Ammi Aissa fut arrêté, ainsi que son frère, ses fils et même des femmes de la famille, semble-t-il. Ils furent soumis à la question et furent détenus pendant de longues années, sans jugement, dans des conditions atroces. Je me rappelle que le frère de âmmi Aissa, un négociant de dattes dans le quartier Souk el âsser, fut arrêté et ses biens placés sous séquestre. Sa famille tomba dans l’indigence. Ses deux fils, qui étaient mes amis, Rabah et Mansour, faisaient peine à voir. Depuis, le malheur et la zizanie se sont installés dans la famille. Des années plus tard, après leur libération, les Meguellati n’étaient plus que l’ombre de leur passé. Ils tentèrent courageusement de combattre l’adversité. Mais le cœur n’y était plus. Les horreurs que le régime leur avait fait subir avaient altéré les nobles sentiments dans lesquels ils s’étaient épanouis. Ils se sont retrouvés dans une jungle où seuls les fauves et les charognards avaient table dressée.

 

J’ai perdu leur trace et je ne sais pas ce qu’ils sont devenus. Je sais seulement que âmmi Aissa est mort, que ses fils Djamel et Nadir se sont installés à Alger et qu’ils ne s’entendent plus. Que mon ami Mansour est avocat à Alger, qu’il a changé, qu’il a juré de ne pas se laisser bouffer. Mais une anecdote est restée dans mon esprit. Elle y restera jusqu’à mon dernier souffle. Je voulais vous la raconter d’emblée et à ce souvenir, mes doigts sont entrés en pilotage automatique. Ils couraient de leur propre chef sur mon clavier et je me suis laissé aller à cette longue digression. Je ne le regrette pas néanmoins, parce que cela m’a permis de rendre justice, bien modestement, à cette admirable famille et à toutes celles que le régime a broyé, pour leur malheur mais aussi pour le nôtre, puisque ceux qui les ont remplacés, ces milliardaires du régime, loin d’enrichir la communauté que nous sommes, se nourrissent de sa chair et de son sang.

 

Je me rappelle donc, que dans mon enfance, la villa des Meguelatti se trouvait à un angle des allées Ben Boulaïd. La villa faisait face à l’école où j’allais, l’école du stand, l’école indigène de garçons. C’était juste après l’indépendance. Batna était alors une coquette petite ville. Les temps étaient durs et peu de gens mangeaient à leur faim, mais il régnait pourtant sur nous comme un bonheur délicat, un souffle de douceur. Les aurores étaient si calmes et les rires des enfants fusaient du matin au soir. Batna, pour les enfants innocents que nous étions, était assoupie dans la quiétude des justes. En ces jours heureux, quand la pauvreté s’accomodait de petits riens. Quand l’enfance avait un goût de pitss chaude. La pitss! C'est ainsi que l'on appelait la pizza populaire que de petits vendeurs vendaient aux abords des écoles, à un doro le morceau.Je me rappelle de ces matins de rosée, de ce petit vent vif et taquin, descendu du chleêleê, qui s’amusait à nous souffler dans le cou, et qui se sauvait en sifflant, et nous qui le poursuivions, avec notre cortège de feuilles rousses.Et nous criions: “à la ftiss, à la ftiss…”(El harba, el harba)

 

Le directeur de l’école "indigène", Monsieur Touri était un ancien instituteur que nous croyions Kabyle, à tort. Il était originaire du coeur des monts des Aurès. Il jouissait du respect et de la considération générale. Je me rappelle même que les gens lui cédaient tout le trottoir lorsqu’ils le croisaient. Nous avions pour habitude de jouer au « foute balle » sur un terrain qui se trouvait à proximité, sous les « batémètes ».

 

Tout le monde savait qu’à heure régulière, Monsieur Touri quittait l’école, où il résidait par ailleurs, pour se rendre à la librairie Djataou qui se trouvait à quelques centaines de mètres de là. Droit comme un I, habillé de façon stricte, un chapeau mou sur la tête, Monsieur Touri, conscient de l’importance qu’il inspirait aux gens, ne déviait jamais de son itinéraire. Il répondait sobrement au salut de ceux qui le croisaient, d’un avare hochement de tête. Puis les journaux sous le bras, il retournait à son école, par le même chemin.

 

Or, curieux comme nous étions, nous avions remarqué qu’à la même heure âmmi Aissa Meguelatti, qui habitait juste en face de l'école "indigène", s’arrangeait toujours pour rencontrer Monsieur Touri, comme par hasard, quand celui-ci était sur le chemin du retour; toujours au même endroit.

 

Nous le voyions alors l’aborder avec forces sourires, s’incliner littéralement devant lui, lui serrer la main avec effusion. La rencontre ne dépassait pas quelques minutes, à l’issue de laquelle Monsieur Touri, froid et distant, comme à son habitude, poursuivait son chemin. Nous étions très étonnés. Nous ne comprenions pas comment et pourquoi âmmi Aïssa, si riche, si respecté, qui avait une voiture américaine qui n’en finissait pas de longueur, dont le fils Nadir aurait plus tard un avion rouge, Âmmi Aïssa, qui avait 1OO sacs d’argent et 100 autres d’or, comme disait la légende, se confondait ainsi en courbettes devant un directeur d’école.

 

 

Ce mystère impénétrable suscitait des spéculations sans fin dans nos conversations d’enfants qui rêvaient tous d’être un jour comme âmmi Aïssa. Notre chef de bande, le plus âgé et donc le plus perspicace, nous affirmait que âmmi Aïssa faisait la « z’kala » à Monsieur Touri, parce que c’était ce dernier qui avait la clé du souterrain où étaient cachés les sacs d’or et d’argent. Le prestige du directeur d’école n’en grandissait que plus à nos yeux émerveillés. Il était devenu un personnage de légende et bientôt, plutôt que de vouloir devenir âmmi Aissa quand nous serions grands, nous voulions tous devenir des Monsieur Touri, le gardien des trésors. Il était le meilleur, puisque le plus riche s’inclinait devant lui.

 

 

Bien plus tard, lorsque je fus admis d’autorité au décevant statut d’adulte, un jour que je m’étais rendu au siège de la société Meguelatti pour y voir Djamel, j’eus le plaisir de rencontrer âmmi Aïssa dans le hall. Je ne pus résister à la tentation de lui poser la question sur ses rencontres d’antan avec Monsieur Touri et sur ses effusions ostensibles à l’égard du personnage. Il se fendit d’un grand sourire, après avoir failli s’étrangler de rire, et il me répondit ceci, à quelque chose près: « Je suis très content que toi et tes camarades ayez remarqué avec quelle respect je m’adressais à Monsieur Touri. Je faisais tout pour qu’on me remarque parce que je voulais donner une leçon aux gens. Je voulais que tout le monde voie que la richesse n’est rien face à la connaissance et à la dignité humaine. Et Monsieur Touri était le symbole des deux à la fois. Je voyais que les valeurs de notre société s’altéraient et que l’argent prenait le pas sur tout le reste. Alors moi, le plus riche de la ville, je m’inclinais très bas devant le digne représentant des vraies valeurs, pour donner une leçon à mes compatriotes. Maintenant, je suis heureux de savoir que les enfants qui m’observaient et qui sont devenus les hommes d’aujourd’hui, ont compris que la vraie richesse, celle qui impose le respect, ne se trouve ni dans les poches, ni dans les coffres forts, mais dans l’homme savant. »

 

 

Je doute que la leçon ait porté. Mais je sais qu’elle a le mérite d’avoir été donnée. Pour ma part, grâce à elle, j’ai appris à distinguer les gardiens de trésors, ceux sur qui repose la voûte céleste. Je les reconnais toujours

DB

ce Monsieur si humble avait 40 ans d'avance sur nous.

que dieu ai votre ame, hadj Aissa

Paru sur Batna Info

 

Belle morale. ils etaient biens sages les gens d’antan.

En lisant ce qui a été posté là, je me suis retrouvé à voyager a travers la ville de batna et ses décors.

c'etait si beau et si joliment décrit.

il fait encore bon vivre içi.

je me rappelle que les meguellati avaient une pâtisserie juste en face de l'ecole en question.

l'ecole s'appelle dorénavant l'ecole de l'emir AbdelKhader.

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Guest George Bish

Les meguallati possèdent encore une battisse gigantesque non finie sur les allées benboulaid qui doit datait des années 80 ou 70.

je suppose qu'ils ne sont plus aussi riches qu'ils l'etaient avant pour terminer les travaux. ca aurait donner un look plus appréciable à la ville.

pauvre famille qui a eu à subir l'injustice de Boumedienne.

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qui connait l histoire des meguellati ils ont été emprisonné sous boumedienne luers seul tord c est d'avoir été riche grace leurs dure labeur

c est bien triste pour un honnête homme qu dieu ai votre âme si hadj aissa.

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qui connait l histoire des meguellati ils ont été emprisonné sous boumedienne luers seul tord c est d'avoir été riche grace leurs dure labeur

c est bien triste pour un honnête homme qu dieu ai votre âme si hadj aissa.

 

Leur tort n'était pas la richesse... ils ont été accusés d'avoir soutenu Tahar Z'biri qui avait tenté de renverser feu Boumedienne en 1967, le chef de région d'alors feu Abdelghani sous les ordres de feu Boumedienne, les a emprisonné et dépossédés de leurs biens immobiliers.

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Belle morale. ils etaient biens sages les gens d’antan.

En lisant ce qui a été posté là, je me suis retrouvé à voyager a travers la ville de batna et ses décors.

c'etait si beau et si joliment décrit.

il fait encore bon vivre içi.

je me rappelle que les meguellati avaient une pâtisserie juste en face de l'ecole en question.

l'ecole s'appelle dorénavant l'ecole de l'emir AbdelKhader.

 

La pâtisserie existe jusqu'à ce jour

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Les meguallati possèdent encore une battisse gigantesque non finie sur les allées benboulaid qui doit datait des années 80 ou 70.

je suppose qu'ils ne sont plus aussi riches qu'ils l'etaient avant pour terminer les travaux. ca aurait donner un look plus appréciable à la ville.

pauvre famille qui a eu à subir l'injustice de Boumedienne.

 

Le problème d'héritage a freiné la finition de la bâtisse.

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Guest George Bish
La pâtisserie existe jusqu'à ce jour

 

oui, oui.. ils ont juste changé de local.

en plus des gateaux, ils servent des glaces pendant l'été.

Avant, elle concurrencerait bien les pâtisseries de Benoudjit et celle de Labaal.

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Ils ont été emprisonné injustement par Boumedienne qui etait un communiste pur et dure,

 

...A l’image du Che d’Emiliano Zapata de Salvador Allende et consorts

Tenta de rallumer le flambeau de la liberté mais en vain

Car sur le champ par un totalitaire naissant fut éteint

Lequel totalitaire l’emprisonna et le tortura à tort

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Tahar Zbiri raconte les coups bas de Bouteflika

Mots clés : Bouteflika, Pouvoir, Algerie, Président, Nezzar, Zeroual, Tahar Zbiri

Par Le Matin DZ | 22/10/2012 19:49:00 | 30212 lecture(s) | Réactions (6)

Dans ses Mémoires, Tahar Zbiri consacre quelques passages au rôle joué par Abdelaziz Bouteflika à des moments cruciaux du devenir du pays: la crise de 1963 et celle de 1988. Lire extraits commentés.

En filigrane du livre de Tahar Zbiri Un demi-siècle de combat - Mémoires d'un chef d'état-major algérien, le lecteur a le loisir de suivre, en des périodes précises, le rôle joué par l’actuel chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika dans les conflits de l’Algérie des premières années de l'indépendance à celle de 1992. Abdelaziz Bouteflika est présent dans la réunion secrète préparant la destitution du président de la république, Ahmed Ben Bella. Tahar Zbiri se souvient des propos que Bouteflika a tenus, accusant Ben Bella de "gabegie", autrement dit de jeter l'argent du peuple dans des constructions de prestige. Près de 50 ans après, cette accusation se retourne contre lui. "Où allons-nous comme ça ?" a-t-il alors tempêté devant Tahar Zbiri.

Après la chute de Ben Bella, Bouteflika s'emploie aux bons offices lors de la brouille larvée entre Houari Boumedienne, devenu président de la République, ayant toujours une main de fer sur l'armée et Tahar Zbiri menacé d'être évincé de son poste de chef d'état-major des armées. Les décisions de nomination lui échappent et, contrairement à Ben Bella, Houari Boumedienne ne le consulte pas. Abdelaziz Bouteflika, émissaire de Boumedienne, tente une réconciliation auprès de Tahar Zbiri qui résiste à toute allégeance dont est porteur le jeune ministre des Affaires étrangères.

Des années après, dans une autre crise, celle de 1988, Tahar Zbiri le restitue dans les moments cruciaux de la destitution forcée de Chadli Bendjedid. Selon lui, son nom est cité pour "prendre les rênes du pays". Tahar Zbiri écrit même que Bouteflika a conditionné sa nomination à la tête du pays sans être assujetti à un chef d'état-major des armées ou à un ministre de la Défense qu'il a voulu briguer également. Un cumul qui ne lui a pas été offert. Tahar Zbiri, reçu par Liamine Zeroual pressenti alors aux destinées d'un pays en crise profonde, se souvient des propos échangés sur Bouteflika que l'armée avait voulu imposer. Après ces faits, Tahar Zbiri ne le cite plus.

Quelques extraits de l’ouvrage du Colonel Tahar Zbiri Un demi-siècle de combat – Mémoires d’un chef d’état-major algérien (Ed. Echourouk, Alger, 2012 )

Acte I – "Bouteflika accuse Ben Bella de gabegie"

Lors de la réunion secrète de Boumedienne, Medeghri, Kaïd Ahmed, Tahar Zbri, Abderrahmane Bensalem, Mohamed Salah Yahiaoui, Bouteflika s'est fait remarquer par sa diatribe contre Ben Bella:

"Au retour de Boumedienne à Alger, nous nous sommes réunis avec lui pour discuter des suites à donner aux dernières décisions controversées de Ben Bella. Il y avait Bouteflika, Medeghri, Kaïd Ahmed et moi-même. Nous fûmes rejoints par Saïd Abid, Abderrahmane Bensalem et Mohamed Salah Yahiaoui qui tenait rigueur à Ben Bella pour l'avoir humilié publiquement (…) Bouteflika accusera Ben Bella de gabegie dans la préparation de la conférence afro-asiatique qui devait se tenir à Alger le 22 juin, pour avoir décidé d'édifier le somptueux hôtel Aurassi et le Palais du Congrès du Club des Pins: "où allons-nous comme ça, s'interrogea-t-il ?"

Acte II – Crise ouverte avec Boumedienne : "Il m’envoya Bouteflika pour négocier"

Après la déposition de Ben Bella, Tahar Zbiri est un chef d'état-major isolé. Boumedienne passe outre son avis pour toute décision concernant le ministère de la Défense. Après la lune de miel, c'est la clash. Bouteflika entre en scène et sert d'émissaire de Boumedienne auprès de Tahar Zbiri qu'il tente de ramener à la raison sans obtenir de lui quoi que ce soit :

"Je venais d'atteindre le premier objectif du plan que j'avais établi avec Saïd Abid, et qui consistait à créer une crise ouverte avec Boumedienne, pour le mettre ainsi devant le fait accompli, et l'obliger à négocier pour essayer de trouver une issue à cette crise avant qu'elle ne dégénère. Alors Boumedienne envoya Bouteflika pour me voir. Bouteflika tentera de me dissuader de boycotter les activités officielles de l'Etat, mais, moi, j'ai campé sur ma position qui était celle de vouloir réunir le Conseil de la révolution, d'abord; sur ce, nous nous sommes séparés. Quand Boumedienne a appris que j'étais dans la caserne du Lido, il a compris que j'allais donner l'ordre au bataillon de faire mouvement sur le ministère de la défense, le siège de la RTA et le palais présidentiel, et de l'arrêter à la fin. Il a été pris de panique, surtout que, ce jour là, Bouteflika était en mission à l'étranger, Kaïd Ahmed à Tiaret et Yahia à Béchar. Il est parti se terrer dans un endroit secret et s'est mis à hurler sur les dignitaires de son régime par téléphone: "La révolution est en danger"

Acte III – Bouteflika : "Je refuse d'être un Président amputé du ministère de la défense"

Après le départ de Chadli Benjeddid, le nom de Bouteflika court au sein de l'armée pour prendre les rênes du pouvoir. Contacté, ce dernier marchande sa nomination sans se soucier de la crise dans laquelle s'embourbait le pays sous la menace islamiste du FIS. Il voulait un pouvoir absolu, surtout pas d'un chef d'Etat trois quart.

"Le nouveau président du HCE accepté l'idée de tenir un congrès des cadres, comme l'avait suggéré le groupe des 18 dont je faisais partie. J'y avais participé, ainsi que plusieurs personnalités historiques et plusieurs cadres supérieurs de l'armée. Face à la menace de désintégration qui menaçait le pays, et au danger qui guettait la révolution, il fallait une forte intervention de l'armée et le président devait être issu de la défense. Certains dans l'armée ont suggéré le nom d'Abdelaziz Bouteflika pour conduire la période de transition dans un contexte crucial à tous les niveaux politique, sécuritaire, économique et social. Mais Bouteflika a décliné l'offre. Lors d'une rencontre au conseil national de l'Organisation nationale des Moudjahidine, tenue une semaine avant la conférence de l'entente nationale qui avait regroupé les différentes forces politiques, j'avais posé la question à Bouteflika: " Pourquoi refuses-tu de prendre les rênes du pays?" Il me répondit: "Je ne pense pas que je puisse accepter cette responsabilité. Si on me donne le pouvoir, je devrais aussi avoir la Défense. Mais s'ils désignent avec moi un vice-président (faisant allusion à Khaled Nezzar), un officier de l'armée, dans un contexte sécuritaire et socioéconomique qui n'est pas reluisant, alors, dans ce cas, je ne saurais accepter cette responsabilité" Bouteflika avait raison; l'armée était entre les mains de Khaled Nezzar, ancien ministre de la défense et membre du HCE, qui était pressenti pour occuper le poste de vice-président. (…) "

Acte IV – "Zeroual m’informa que les militaires voulaient nommer Bouteflika"

Le refus de Bouteflika d'être nommé à la tête du pays a coûté un temps précieux aux décideurs, selon Tahar Zbiri. Pour Bouteflika, il ne s'agit point de sauver le pays, mais d'avoir, comme Boumedienne, les pleins pouvoirs, en ayant sous sa coupe l'armée qui l'a proposé. Il ne voulait pas d'une nomination comme chef d'Etat transitoire. Le nom de Liamine Zeroual s'est très vite imposé et Tahar Zbiri est l'un de ses fervents partisans. Il rapporte un moment de sa rencontre avec lui, à Alger.

"Le refus de Bouteflika mettra à nouveau les décideurs dans une situation d'embarras sur la personnalité à choisir pour présider aux destinées du pays dans cette phase, la plus délicate depuis son indépendance. Dans la foulée de ces discussions, surgit le nom de Liamine Zeroual, ministre de la Défense. la Conférence de l'entente nationale se chargera alors de l'inviter solennellement à prendre les rênes de l'Etat" (…) Moi, personnellement, je pensais que l'armée était la seule institution constitutionnelle en mesure de sortir le pays de sa crise…Incontestablement, Liamine Zeroual, ministre de la défense, était pour moi, l'homme de la situation (...) Zeroual m'invita dans son bureau, au ministère de la Défense et m'informa que les militaires voulaient nommer Bouteflika (comme chef de l'Etat) pour une période de transition de deux ou trois ans, après quoi, il pourrait présenter sa candidature: "Quant à moi, me précisait-il, je n'ai jamais exercé la tâche de président; Bouteflika s'y donnait sans doute mieux que moi!" Je l'ai relancé, en lui disant avec insistance: " Mais il est question de sauver le pays, et il faut que le nouveau président prenne aussi la Défense, et comme on dit dans notre jargon, on ne demande pas une responsabilité, mais on ne la refuse pas! Il faudrait que le futur chef de l'Etat soit issu de l'armée et plus précisément de la Défense" Le voyant quelque peu hésitant, j'ai ajouté avec un certain enthousiasme: "Pourquoi ne serais-tu l'Atatürk algérien?…"

Extraits du livre du Colonel Tahar Zbiri "Un demi-siècle de combat - Mémoires d'un chef d'état-major algérien" (Ed. Echourouk, Alger, 2012)

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j'ai voulu poster cet article pour expliquer a ceux qui nous explique que l'algérie a toujours choisie ses presidents , que le peuple est souverrain dans son choix, juste mettre le doigt que l'Algérie a été et est dirigé par juste un groupe de militaire putchiste , criminel , qui fait la pluie et le beau temps , qui n'ont aucun respect pour la Nation ni pour le peuple Algérien

 

 

pour revenir au sujet depuis l'epoque de notre soi-disant independance nous n'avons jamais gouté au premice d'une independance ni d'une democratie , nous avons etaient sous la joug d'une dicatature, mais aujourd'hui pourquoi les fils de ce monsieur ne saisissent pas la justice en premiere instance en algérie ? et s'il n'obtiennent pas de droit de reponse , saisissent la cour européenne de justice histoire de bien trainer ses voyoux dans la boue de l'opinion internationale , il n'y a que l'evocation du droit d'ingerance qui les fera caguer dans leur culotte

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