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Au lit, les femmes n'ont pas le monopole de simulation


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Les hommes "n'ont pas un fonctionnement de métronome": eux aussi peuvent simuler, selon Catherine Blanc. La sexologue décrypte les mécanismes de ce comportement méconnu.

 

Soyons clair: la simulation au lit n'a pas bonne presse, même si on l'admet plus facilement chez les femmes, question de physiologie, et aussi de psychologie.

 

Pour flatter l'ego de leur partenaire - ou se rassurer elles-mêmes -, elles peuvent pousser quelques cris encourageants, sans que l'orgasme soit vraiment de la partie.

 

Mais l'homme, comment est-ce possible, puisqu'il ne peut - croit-on - avoir d'érection sur commande et qu'il éjacule au moment de l'orgasme?

 

Pour la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc (1), il serait temps d'en finir avec cette vision réductrice de la sexualité masculine: "Sous prétexte que leur sexe est visible, on en déduit un peu rapidement que s'il bande, c'est qu'il désire, s'il éjacule, c'est qu'il jouit. C'est beau, c'est simple, c'est commode, et cela rassure les hommes comme les femmes!"

 

La jouissance, phénomène complexe

 

Pourtant, la réalité est tout autre. Bien sûr, la jouissance apporte assez naturellement le plaisir d'un soulagement, mais cela peut être du même ordre que lorsque l'on urine quand on a très envie!

 

"Cette éjaculation peut même procurer de l'inconfort, voire de l'angoisse, notamment si l'homme y puise le sentiment d'être à la merci de sa partenaire. Certains vont se débrouiller pour éjaculer rapidement et clore ainsi une relation laborieuse, qui les met mal à l'aise. Pour ne pas décevoir leur partenaire, ils accompagnent leur éjaculation de râles sonores, mais le cœur n'y est pas", assure Catherine Blanc.

 

Comme elle le rappelle très justement: "Notre culture voit dans l'éjaculation le point culminant du plaisir; ce n'est pas le cas dans beaucoup d'autres, à commencer par la philosophie orientale du tantra, qui prône au contraire sa retenue pour avoir plus de jouissance encore. Cette différence montre bien toute la part d'imaginaire que nous donnons à l'acte sexuel selon les latitudes."

 

Quant aux femmes, elles ne sont pas les dernières à se rassurer avec ce raccourci, voyant dans l'éjaculation de leur partenaire l'expression de leur pouvoir irrésistible de séduction.

 

Ajoutons que si elles peinent elles-mêmes à avoir un orgasme, croire qu'elles le font jouir apaise au moins leur peur de passer pour de mauvaises amantes.

 

"Mais la jouissance ne peut se réduire à une simple décharge. Elle dépend essentiellement de la liberté que nous nous accordons ou pas de ressentir nos émotions, de nous montrer tels que nous sommes. Les orgasmes ne sont jamais équivalents, et les femmes ne sont pas les seules à ressentir toute une gamme d'intensités. Arrêtons de prêter aux hommes un fonctionnement de métronome", met en garde la sexologue.

 

D'ailleurs, si l'éjaculation était synonyme de jouissance, pourquoi ne se contenteraient-ils pas de s'adonner à la seule masturbation? C'est bien dans la rencontre que l'on cherche et que l'on puise l'intensité du plaisir.

 

Simuler n'est pas un "péché"

 

Revenons sur cette autre idée reçue qui voudrait que simuler ne soit le fait que d'affreux menteurs et dissimulateurs, qui abuseraient de la confiance de leur partenaire. "Il n'est pas si simple de s'abandonner à l'autre, de lâcher tout contrôle. En simulant, on continue à tenir la barre. Et les hommes, comme les femmes, peuvent être en proie à une pudeur excessive, à un manque de confiance qui fait se tenir sur leurs gardes et empêche leur jouissance. La simulation reste une liberté légitime pour masquer l'absence de ressenti", détaille encore la spécialiste.

 

Pourquoi n'y auraient-ils pas droit? Pourquoi n'auraient-ils pas, eux aussi, le désir de faire plaisir à leur partenaire en les rassurant sur le fait qu'elle les a conduits au plaisir?

 

En tout cas, rappelle Catherine Blanc, délaissons dans le domaine de la sexualité les jugements de bien et de mal: "La simulation n'est ni à bannir ni à prôner, et faire l'amour reste toujours un numéro d'équilibriste où chacun fait ce qui lui paraît possible à cet instant. Peut-être la seule question intéressante à se poser est de s'interroger sur le sens de cette dissimulation, de soi à soi, sans en faire un secret coupable ou une manipulation."

 

Juste en essayant de comprendre, quand c'est systématique, pourquoi nous nous interdisons d'avoir trop de plaisir…

Catherine Blanc

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