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Islam, voile, immigration… Les désaccords de Rachida Dati avec son camp


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« Quelle serait ma plus-value si je me contentais d’acquiescer tout le temps ? » Rachida Dati a la parole libre et veut le faire savoir. Après avoir étrillé la stratégie politique et le comportement du président des Républicains Nicolas Sarkozy début juin dans Le Parisien, l’ancienne ministre de la justice poursuit son entreprise de prise de distance avec son camp. Et elle a choisi les colonnes de Libération pour le faire. Sabre au clair et critique en bandoulière, la députée européenne, écartée de l’organigramme des Républicains, ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit d’évoquer le discours de son parti sur de nombreux sujets de société.

 

L’islam tout d’abord. Et le choix de Nicolas Sarkozy d’avoir voulu mettre cette thématique sensible au centre des débats du parti en reconstruction. « Ce projet de débat, je préfère le voir comme le dernier de l’UMP que comme le premier des Républicains, selon Rachida Dati. L’islam est devenu un sujet d’angoisses. Nous serions dans une société apaisée, cela ne poserait aucun problème. »

 

Si Rachida Dati reconnaît l’existence d’un certain communautarisme en France (« chacun se replie sur ce qui lui ressemble »), elle refuse de céder à la tentation des amalgames et de la stigmatisation qui agitent les rangs de la droite républicaine.

 

A propos du voile notamment. « Certains cèdent à la facilité et disent : “Puisque l’islam fait peur, il vaut mieux tout interdire.” […] Regardez ces femmes de Montpellier qui veulent plus de mixité sociale dans leurs écoles. Elles sont toutes voilées. Dira-t-on qu’elles sont l’incarnation du communautarisme, alors qu’elles demandent justement que leurs enfants ne soient pas regroupés dans les mêmes écoles ? » Quant à la décision prise par le maire des Républicains de Châlon-sur-Saône, Giles Platret, de supprimer le menu de substitution sans porc de la cantine scolaire dans sa commune, « au nom de laïcité », c’est à ses yeux une décision choquante : « La France, ce n’est pas ça. L’école républicaine, ce n’est pas ça. »

 

Côté immigration, la maire du 7e arrondissement de Paris ne se montre pas tendre non plus avec ses amis, bien que se gardant bien d’en citer un seul. « Le sujet n’est pas de demander à un immigré qui devient français de renier son histoire personnelle », affirme-t-elle tout en assurant que la langue et des valeurs communes doivent être le ciment du parcours d’accès à la nationalité française. Bilan sévère lorsqu’elle parle des vagues de jeunes de banlieues, « parfois français depuis trois générations » mais « désintégrés » et qui ont pour certains succombé à la tentation du fanatisme religieux.

Le doigt est bien pointé vers le pouvoir politique qui a gouverné la France ces vingt dernières années, et auquel elle a elle-même appartenu. « La jeunesse des quartiers, telle que je l’ai connue, aspirait à être libre, autonome, à avoir un job. Son “djihad” c’était de sortir de la cité et non pas d’y rester sous l’emprise de “grands frères”, ni d’être enfermée dans une burqa. Qu’avons-nous fait pour produire près de 2 000 gamins qui rejoignent le djihad ? […] On a laissé s’installer des imams autoproclamés. »

 

« Réformes de bobos »

 

Si Rachida Dati assène les coups à droite, elle n’épargne pas la majorité présidentielle. Dans sa ligne de mire, François Hollande et son gouvernement qui ont supprimé plusieurs réformes « efficaces » mises en places au début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, notamment dans le domaine de l’éducation : internats d’excellence, bourses au mérite, classes préparatoires intégrées. L’occasion d’enfourcher de nouveau ce cheval de bataille et de condamner la réforme du collège portée par la ministre de l’éducation et de l’enseignement supérieur Najat Vallaud-Belkacem. « On nous fait des réformes de bobos, avec des grands débats sur les classes bilangues, le latin et le grec. […] Il faut tout remettre à plat. »

 

Droite, gauche (FN aussi), tout le monde en prend pour son grade. Et c’est au détour d’une question portant sur le football que Rachida Dati évoque une remise en question profonde et nécessaire de la classe politique : « Nous les politiques, nous devons arrêter de faire porter à tout le monde les conséquences de nos échecs ».

 

Adrien Morcuende

 

Source LeMonde.fr

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