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Ma seconde lecture de "Le Rouge et le Noir"


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Guest Luciana

Cette seconde lecture est une révélation.

 

Ça va faire quelque dizaine d’années que j’ai lu pour la première fois Le Rouge et le Noir, de Stendhal. Je me souviens avoir pris plaisir à le lire et qu’il m’évoquait une histoire d’amour qui finit mal, dont le "Rouge" du titre symboliserait l’amour, la passion, ainsi que le sang (du crime passionnel) et le "Noir" symboliserait la mort.

 

Aujourd’hui, après avoir fait l’expérience de ce qu’apporte la maturité des années aux mots, c’est avec de nouveaux yeux que j’interprète ce roman.

Aujourd’hui, il me semble que le titre –dont la signification reste encore un mystère- aurait aisément pu être Le Rouge par le Noir.

 

Julien, hypocrite et manipulateur, n’a jamais aimé que par la haine. Il n’a jamais aimé son amante, sa future victime, que par dédain à sa caste, par ambition, par défi, par « devoir » de vengeance. Lui, le pauvre paysan qui parvient, après maintes tentatives, à obtenir le droit de retenir la main de Mme de Renal dans la sienne. Puis à serrer cette main et à embrasser le bras de cette femme, non loin de son mari qui se tenait à quelques pas, réussissant ainsi à humilier son adversaire à son insu. Et plus tard, obtenir cette femme en entier. Elle devindra son trophée.

Son passage au crime vient suite à la trahison de sa première amante. Mais est-ce vraiment une trahison quand on sait qu’il ne l’a jamais vraiment aimée. Quand on sait que les seuls instants où il a baissé sa garde étaient uniquement pour le conforter dans l’idée et le sentiment qu’il était devenu un homme important. En fait, par cet acte, il a décidé de punir son trophée de ne pas être resté à la place où il l’avait posé ; et de ne pas avoir rempli jusqu’au bout le rôle qui lui était assigné. Son trophée avait cessé de lui rappeler sa petite victoire personnelle.

Et enfin, quand il décide de se résigner à la mort, ce n’est que pour se punir lui-même de son échec.

 

C’est loin d’être une histoire d’amour comme il me plaisait à le croire. C’est une magnifique histoire de haine …

 

Voilà pourquoi j’adore les secondes lectures :o Elles reflètent notre propre évolution intellectuelle.

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Guest Luciana

J'allais presque oublier la subtile prolepse que j'avais complètement zappée lors de ma première lecture :

 

sur le prie-Dieu, Julien remarqua un morceau de papier imprimé, étalé là comme pour être lu. Il y porta

(...)

"Qui a pu mettre ce papier là? dit Julien. Pauvre malheureux, ajouta-t-il avec un soupir, son nom finit comme le mien..."et il froissa le papier.

 

En sortant, Julien crut voir du sang près du bénitier, c'était de l'eau bénite qu'on avait répandue: le reflet des rideaux rouges qui couvraient les fenêtres la faisait paraître du sang.

 

Enfin, Julien eut honte de sa terreur secrète.

 

"Serais-je un lâche? se dit-il, aux armes!"

 

Le nom de ce criminel executé est Louis Jenrel.

 

Quant au sang imaginé, ce sera bien entendu celui de Mme de Renal, ciblée par les balles de Julien dans cette même église.

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