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SYRIE: Les erreurs diaboliques de Fabius.


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Les erreurs diaboliques de Fabius.

Yves de Kerdrel 21.11.2015

 

Laurent Fabius a fourvoyé la France. Il n’est pas le seul. Mais il est le plus concerné. Par dogmatisme et à cause d’une politique étrangère contraire à nos intérêts.

 

Errare humanum est. Perseverare diabolicum est. En tant qu’ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé de lettres, Laurent Fabius n’a pas besoin de traduction pour comprendre que cet adage latin résume toute sa politique : “L’erreur est humaine, mais le pire c’est de persévérer dans l’erreur.” Depuis trois ans et demi qu’il règne sur le Quai d’Orsay, l’ancien premier ministre de François Mitterrand a multiplié les erreurs d’appréciation et fourvoyé la France dans de mauvais choix diplomatiques. Ce sont toutes ces erreurs que notre population paye aujourd’hui. Et après les terribles attentats qui ont ensanglanté Paris, vendredi 13 novembre, Laurent Fabius a clairement des centaines de cadavres sur la conscience. Il n’est pas le seul. Puisque la Constitution prévoit que la politique étrangère appartient au domaine réservé du président. Mais il est le plus concerné. Par faiblesse, par bêtise, par dogmatisme et par des choix totalement contraires à nos intérêts.

 

Première erreur : la Syrie. Depuis la fin de l’été 2013, Laurent Fabius n’a qu’une idée en tête : faire intervenir militairement la France pour bombarder Damas. Il a même réussi à convaincre François Hollande et Jean-Yves Le Drian d’envoyer sur place des frégates françaises. Alors qu’un diplomate a la réputation de réfléchir à deux fois avant de ne rien dire, Laurent Fabius n’a jamais essayé d’intégrer dans sa réflexion la traditionnelle politique arabe de la France et a voulu jouer les va-t-en-guerre, comme son grand ami BHL en Libye. Sauf que, dans cette affaire, les États-Unis ont vite lâché la France, convaincus par la Russie que l’arme chimique utilisée contre les rebelles syriens n’a pas été lancée par Bachar al-Assad et qu’il s’agissait d’une grossière manipulation. De cette époque-là, date la volonté aveugle du locataire du Quai d’Orsay de déboulonner le président syrien plutôt que de s’attaquer à la gangrène qui ronge toute cette région du monde : à savoir Dae’ch. Le 2 juillet dernier, ne déclarait-il pas dans une interview à Paris Match : « On ne choisit pas entre dictatures et terroristes. » Au nom de ce postulat absurde, Laurent Fabius a préféré laisser prospérer Dae’ch, qui a tué au moins 129 Français innocents vendredi dernier, sans compter les 80 blessés très graves.

 

Depuis, le monde entier a changé son regard. Qu’il s’agisse des États-Unis qui ne demandent plus le départ de Bachar al-Assad, de la Russie qui a formé une coalition avec l’Iran pour venir au secours du peuple syrien et détruire l’État islamique, et même de la Chine qui a compris que les milliers de djihadistes chinois présents sur le sol syrien constituent pour le régime une considérable bombe à retardement. Seul Laurent Fabius continue à tenir le même discours, comme un disque rayé, sans réaliser que la coalition américaine à laquelle participe la France et dont l’inaction ne cesse d’intriguer comprend des pays comme le Qatar et l’Arabie Saoudite qui financent, arment et entraînent les soldats de Dae’ch, les rebelles syriens et Al-Nosra. Laurent Fabius ne tarit d’ailleurs pas d’éloges sur cette dernière faction terroriste, affirmant le 13 décembre 2012 qu’ils « font du bon boulot ». Il suffit de se rendre à Maaloula, véritable Oradour-sur-Glane ravagé par les islamistes, pour se rendre compte de ce “boulot”, de sa population exécutée et de ses monastères deux fois millénaires saccagés.

 

La deuxième erreur fondamentale de Laurent Fabius a été de bloquer pendant des mois et des mois tout accord sur le nucléaire iranien. Un accord sans conséquence en termes d’arsenal militaire mais qui permettait de redonner à la grande Perse le rôle qui lui revenait. Enfin la troisième erreur du successeur de Vergennes a été dans son regard sur la Russie. Non seulement il était hostile à tout rapprochement avec Vladimir Poutine, mais il a été parmi les premiers à demander des sanctions à l’égard de cette seule puissance sur laquelle nous pouvons compter pour défendre la civilisation chrétienne. Tous les discours du président russe affirment qu’il faut détruire ce poison mondial qu’est l’islamisme radical. Un islamisme qui est en train de devenir la troisième plaie de ce siècle qui a débuté en 1914 et qui a déjà connu le communisme, puis le nazisme. Il est évident que, maintenant que la Russie a décidé d’opérer militairement en Syrie, nous devons former avec elle et l’Iran une seule coalition pour détruire Dae’ch, comme l’exprime François Fillon (lire page 24). La France de François Hollande et de Laurent Fabius doit donc vite en finir avec son angélisme meurtrier pour revenir à une realpolitik qui peut seule anéantir Dae’ch. « La diplomatie sans les armes, c’est la musique sans les instruments », disait Bismarck. Un principe à adopter d’urgence sans quoi notre ministre des Affaires étrangères deviendra vite étranger à toutes les affaires du monde.

 

Lien http://www.valeursactuelles.com/les-erreurs-diaboliques-de-fabius-57278

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