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Le FN se déchire en Bretagne à l’approche des régionales


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Au Front national comme dans les autres partis politiques, certaines réunions peuvent être houleuses. Il est plus rare en revanche qu'elles soient ponctuées d'éclats de voix, de coups de poing sur la table, de portes qui claquent, et que le tout soit filmé. C'est ce qui s'est passé au Faou, dans le Finistère, le 26 juin, lors d'une réunion de la fédération du parti d'extrême droite, en présence de la tête de liste du FN pour les élections régionales des 6 et 13 décembre, Gilles Pennelle.

 

Ce jour-là, plusieurs militants du département sont venus poser des questions à leur candidat. Ils l'accusent de réserver en priorité les positions éligibles sur les listes aux personnes qui consentent à mettre la main au portefeuille pour financer la campagne. Le secrétaire départemental de la fédération, Patrick Le Fur, leur répond vertement, sous l’œil d'un téléphone portable qui filme la scène.

 

"La porte est ouverte"

 

« C’est pas chez les Verts et chez les socialistes ici (sic). Les gens qui ne veulent pas se plier aux consignes données par Marine ou les bureaux d’investitures n’ont rien à faire parmi nous, prévient M. Le Fur, avant de hausser le ton et de taper littéralement du poing sur la table. Je vais m’acharner à broyer cette machination. Je demande (sic) à ceux qui ne sont pas en phase avec moi : la porte est ouverte. Tout de suite. » Les frondeurs obtempèrent et quittent la salle.

 

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Un des militants concernés, Maximilien Ménand-Chambon, se montre amer. "On devrait toujours choisir la méritocratie pour composer des listes. J'ai l'impression d'être un lanceur d'alerte", se félicite-t-il. Adhérent du Front national depuis mai 2015, cet ancien étudiant à Sciences Po Paris était rapidement monté en grade au sein du parti puisqu'il était apparu aux côtés de Marine Le Pen et de Florian Philippot, en juin, lors du lancement du Collectif Mer et Francophonie, dans lequel il devait occuper un poste de cadre.

 

De son côté, M. Pennelle reconnaît avoir recours à des prêts personnels de ses candidats pour mener sa campagne, mais il nie tout lien entre ces derniers et les positions attribuées sur les listes. "Chacun est libre de faire ce qu'il veut. Certains candidats éligibles ont fait un prêt, d'autres non. Le reste n'est que mensonges", affirme-t-il. "Certaines personnes ont versé un apport personnel de 500 euros, 1 000 euros, ou plus, reconnaît quant à lui Patrick Le Fur, qui a été investi tête de liste dans le Finistère. Mais pour ma part, par exemple, je n'ai pas sorti un euro de ma poche." Gérard de Mellon, tête de liste dans les Côtes d'Armor, et Bertrand Iragne, placé en première position dans le Morbihan, assurent qu'ils n'ont pas non plus accordé de prêt.

 

La mouvance identitaire en action

 

Le Front national assure voir derrière ces bisbilles l'action du mouvement Remigration, un groupuscule identitaire radical fondé par Laurent Ozon, ancien - et éphémère - conseiller de Marine Le Pen. M. Ménand-Chambon ainsi que Sophie Mével et Marc Brussieux, qui figurent parmi les militants frondeurs, soutiennent ou ont soutenu ce mouvement qui prône l'inversion des flux migratoires. "Nous n'avons rien à avoir avec ce groupuscule radical", plaide Gilles Pennelle pour justifier la mise à l'écart de ces militants. Seul hic : Michèle Languille, candidate sur la liste du FN dans le Finistère, a participé cet été, à Brest, à l'installation d'une antenne du mouvement, dont elle est présentée comme le référent.

 

Adepte de méthodes musclées - il a par exemple appelé les militants du FN à manifester contre les migrants - M. Pennelle est de plus mal placé pour intenter un procès en radicalité. L'homme est en effet un ancien militant du groupuscule identitaire "philo-nazi" Terre et Peuple, comme une de ses colistières, Agnès Belbeoc'h. En 2002, Gilles Pennelle participait au lancement, à Paris, de "la Maison de l'identité", une structure rassemblant des déçus du Front national et du MNR de Bruno Mégret. Invité à prendre la parole sur le thème de « la survie de l'intégrité physique et culturelle des peuples européens », il avait déclaré à propos de la possible adhésion de la Turquie à l'Union européenne : « Si nous ne faisons rien, «ils» s'installeront dans nos cathédrales, «ils» coucheront avec vos filles ». Pas vraiment dans les standards de la dédiabolisation.

 

Olivier Faye

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