Guest Luciana Posted January 28, 2016 Partager Posted January 28, 2016 Oooh Baudelaire ... je suis amoureuse de cet homme. :o J'allais citer une strophe que j'affectionne particulièrement de "L'héautontimorouménos" dans le topic "Extraits", quand je me suis rendue compte que ce poète méritait largement qu'on lui consacre un topic :o Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau ! Et voici le poème dans son intégralité: L'héautontimorouménos Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher, Comme Moïse le rocher ! Et je ferai de ta paupière, Pour abreuver mon Saharah, Jaillir les eaux de la souffrance. Mon désir gonflé d'espérance Sur tes pleurs salés nagera Comme un vaisseau qui prend le large, Et dans mon coeur qu'ils soûleront Tes chers sanglots retentiront Comme un tambour qui bat la charge ! Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace Ironie Qui me secoue et qui me mord ? Elle est dans ma voix, la criarde ! C'est tout mon sang, ce poison noir ! Je suis le sinistre miroir Où la mégère se regarde. Je suis la plaie et le couteau ! Je suis le soufflet et la joue ! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau ! Je suis de mon coeur le vampire, - Un de ces grands abandonnés Au rire éternel condamnés, Et qui ne peuvent plus sourire ! Spleen et idéal, Fleurs du mal. Citer Link to post Share on other sites
Séphia 896 Posted January 29, 2016 Partager Posted January 29, 2016 un des textes de Baudelaire que j'affectionne... L’étranger "Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !" Charles Baudelaire Citer Link to post Share on other sites
Guest L'étrangère Posted January 29, 2016 Partager Posted January 29, 2016 Moi aussi j'aime l'étranger, je l'avais posté. Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted January 29, 2016 Partager Posted January 29, 2016 un des textes de Baudelaire que j'affectionne... L’étranger "Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta soeur ou ton frère ? - Je n'ai ni père, ni mère, ni soeur, ni frère. - Tes amis ? - Vous vous servez là d'une parole dont le sens m'est resté jusqu'à ce jour inconnu. - Ta patrie ? - J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté ? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or ? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger ? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !" Charles Baudelaire Je l'aime beaucoup, moi aussi... Cet étranger qui n'est autre que Baudelaire lui-même. L'étrangère, ne me dis pas que c'est de là que vient ton pseudo !? Citer Link to post Share on other sites
Guest L'étrangère Posted January 30, 2016 Partager Posted January 30, 2016 Non Luciana, mon pseudo ne vient pas de ce poème, que j'avais déjà posté à cause du vers 10. Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted January 30, 2016 Partager Posted January 30, 2016 Non Luciana, mon pseudo ne vient pas de ce poème, que j'avais déjà posté à cause du vers 10. D'accord ! Cela dit, je trouve qu'il te va bien : l'étranger répond en vouvoyant alors qu'on le tutoie, et il n'aime pratiquement rien ni personne :p Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 Enivrez-vous Il faut être toujours ivre. Tout est là: c’est l’unique question. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront: “Il est l’heure de s’enivrer! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Le Spleen de Paris Citer Link to post Share on other sites
PAX 10 Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 Un de mes préférés...mais il y en a tant... Au Lecteur La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste. C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent! Aux objets répugnants nous trouvons des appas; Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange Le sein martyrisé d'une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange. Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes. Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie, N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins, C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie. Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la ménagerie infâme de nos vices, II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde! Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde; C'est l'Ennui! L'oeil chargé d'un pleur involontaire, II rêve d'échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, — Hypocrite lecteur, — mon semblable, — mon frère! — Charles Baudelaire Citer Link to post Share on other sites
Séphia 896 Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 j'aime beaucoup la gracieuse légèreté de certains poèmes de Baudelaire...quand il n'était pas sous "influence" ou pris par le spleen... Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate. Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps électrique, Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bête Profond et froid, coupe et fend comme un dard, Et, des pieds jusque à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum Nagent autour de son corps brun. Charles BAUDELAIRE Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 j'aime beaucoup la gracieuse légèreté de certains poèmes de Baudelaire...quand il n'était pas sous "influence" ou pris par le spleen... Hahaha... Oui, et c'était rare ! Pour ma part, c'est dans ses moments les plus "noirs" que j'apprécie le plus Baudelaire. Car c'est dans ces moments-là qu'il se libérait, entièrement... Puisque tu suggères la place que tenait le haschisch et de l'opium dans les oeuvres et la vie de Baudelaire, je partage cet auto-portrait qui a été fait sous leur influence : Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 Un de mes préférés...mais il y en a tant... Au Lecteur Ah oui, j'aime beaucoup celui-là aussi... Il fallait oser ! Citer Link to post Share on other sites
The General 10 Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 j'adore baudelaire. les fleurs du mal acheté en 2010 au marché aux puces fel harrach pour 50 dinars algeriens. ca me rappelle de bons souvenirs. le je menfoutisme. Citer Link to post Share on other sites
Séphia 896 Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 Hahaha... Oui, et c'était rare ! Pour ma part, c'est dans ses moments les plus "noirs" que j'apprécie le plus Baudelaire. Car c'est dans ces moments-là qu'il se libérait, entièrement... Puisque tu suggères la place que tenait le haschisch et de l'opium dans les oeuvres et la vie de Baudelaire, je partage cet auto-portrait qui a été fait sous leur influence : Il s'est vu 2 fois plus grand que la colonne Vendôme pour le coup.. Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 Il s'est vu 2 fois plus grand que la colonne Vendôme pour le coup.. Ça doit être cool, ce qu'il fumait :mdr: Citer Link to post Share on other sites
The General 10 Posted February 1, 2016 Partager Posted February 1, 2016 Ça doit être cool, ce qu'il fumait :mdr: du marlboro ?!! :rolleyes: Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted February 14, 2016 Partager Posted February 14, 2016 Hymne A la très chère, à la très belle Qui remplit mon coeur de clarté, A l'ange, à l'idole immortelle, Salut en l'immortalité ! Elle se répand dans ma vie Comme un air imprégné de sel, Et dans mon âme inassouvie Verse le goût de l'éternel. Sachet toujours frais qui parfume L'atmosphère d'un cher réduit, Encensoir oublié qui fume En secret à travers la nuit, Comment, amour incorruptible, T'exprimer avec vérité ? Grain de musc qui gis, invisible, Au fond de mon éternité ! A la très bonne, à la très belle Qui fait ma joie et ma santé, A l'ange, à l'idole immortelle, Salut en l'immortalité ! Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted February 22, 2016 Partager Posted February 22, 2016 L’horloge Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi Se planteront bientôt comme dans une cible, Le plaisir vaporeux fuira vers l’horizon Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse ; Chaque instant te dévore un morceau du délice A chaque homme accordé pour toute sa saison. Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote : Souviens-toi ! – Rapide, avec sa voix D’insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois, Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde ! Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or ! Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi. Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi ! Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide. Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard, Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !), Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! » Charles Baudelaire, Les fleurs du mal Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted April 22, 2016 Partager Posted April 22, 2016 Danse macabre A Ernest Christophe Fière, autant qu'un vivant, de sa noble stature, Avec son gros bouquet, son mouchoir et ses gants, Elle a la nonchalance et la désinvolture D'une coquette maigre aux airs extravagants. Vit-on jamais au bal une taille plus mince ? Sa robe exagérée, en sa royale ampleur, S'écroule abondamment sur un pied sec que pince Un soulier pomponné, joli comme une fleur. La ruche qui se joue au bord des clavicules, Comme un ruisseau lascif qui se frotte au rocher, Défend pudiquement des lazzi ridicules Les funèbres appas qu'elle tient à cacher. Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres, Et son crâne, de fleurs artistement coiffé, Oscille mollement sur ses frêles vertèbres. Ô charme d'un néant follement attifé. Aucuns t'appelleront une caricature, Qui ne comprennent pas, amants ivres de chair, L'élégance sans nom de l'humaine armature. Tu réponds, grand squelette, à mon goût le plus cher ! Viens-tu troubler, avec ta puissante grimace, La fête de la Vie ? ou quelque vieux désir, Éperonnant encor ta vivante carcasse, Te pousse-t-il, crédule, au sabbat du Plaisir ? Au chant des violons, aux flammes des bougies, Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur, Et viens-tu demander au torrent des orgies De rafraîchir l'enfer allumé dans ton coeur ? Inépuisable puits de sottise et de fautes ! De l'antique douleur éternel alambic ! A travers le treillis recourbé de tes côtes Je vois, errant encor, l'insatiable aspic. Pour dire vrai, je crains que ta coquetterie Ne trouve pas un prix digne de ses efforts ; Qui, de ces coeurs mortels, entend la raillerie ? Les charmes de l'horreur n'enivrent que les forts ! Le gouffre de tes yeux, plein d'horribles pensées, Exhale le vertige, et les danseurs prudents Ne contempleront pas sans d'amères nausées Le sourire éternel de tes trente-deux dents. Pourtant, qui n'a serré dans ses bras un squelette, Et qui ne s'est nourri des choses du tombeau ? Qu'importe le parfum, l'habit ou la toilette ? Qui fait le dégoûté montre qu'il se croit beau. Bayadère sans nez, irrésistible gouge, Dis donc à ces danseurs qui font les offusqués : " Fiers mignons, malgré l'art des poudres et du rouge, Vous sentez tous la mort ! Ô squelettes musqués, Antinoüs flétris, dandys, à face glabre, Cadavres vernissés, lovelaces chenus, Le branle universel de la danse macabre Vous entraîne en des lieux qui ne sont pas connus ! Des quais froids de la Seine aux bords brûlants du Gange, Le troupeau mortel saute et se pâme, sans voir Dans un trou du plafond la trompette de l'Ange Sinistrement béante ainsi qu'un tromblon noir. En tout climat, sous tout soleil, la Mort t'admire En tes contorsions, risible Humanité, Et souvent, comme toi, se parfumant de myrrhe, Mêle son ironie à ton insanité ! En parlant de l'art macabre, je pense qu'il serait temps de le remettre au gout du jour ... vu la tournure que prend le monde ! Citer Link to post Share on other sites
Wihya 10 Posted May 3, 2016 Partager Posted May 3, 2016 Il y a ce sonnet de Baudelaire que j'aime particulièrement et qui me parle assez : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/l_ennemi.html EDIT : Rani 7afdou lol Citer Link to post Share on other sites
Guest Luciana Posted May 4, 2016 Partager Posted May 4, 2016 Il y a ce sonnet de Baudelaire que j'aime particulièrement et qui me parle assez : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/charles_baudelaire/l_ennemi.html EDIT : Rani 7afdou lol Vas y, récite-le :D Je le colle ici, pour une meilleure visibilité L'ennemi Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j'ai touché l'automne des idées, Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? - Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur Du sang que nous perdons croît et se fortifie ! Citer Link to post Share on other sites
Wihya 10 Posted May 4, 2016 Partager Posted May 4, 2016 C'est pour ne pas surcharger la page... :p Citer Link to post Share on other sites
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