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Les plus belles et plus célèbres correspondances


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Guest Luciana
mes corespondance preféres sont celles entre freud et jung ....un melange d'intelligence ...de haine assumée ou non .....c'est simplement fantastique !!!!!

 

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Je suis déçu, je m'attendais à du sexting.

Trop serieux les gens de l'époque :D

 

Je commencerai par la magnifique correspondance entre May Ziadah et Khalil Gibran ...merci à toi, Zlabya, de m'avoir rappelé ces deux là :o et donc de m'avoir inspiré ce topic.

Du Caire, une lettre de May Ziadah à Gibran,

datée du 15 janvier 1924

 

« Mes épanchements auprès de vous - que signifient-ils ? Je ne sais pas vraiment ce que je veux dire par tout cela. Mais je sais que vous êtes mon bien-aimé et que je vénère l'Amour. Je dis cela en sachant parfaitement que le plus petit Amour est grand. La pauvreté et les épreuves qui vont de paire avec l'Amour sont de loin préférables à la richesse sans lui. Comment se fait-il que j'ose avouer ces pensées ? En faisant cela, je les perds... néanmoins, j'ose le faire. Dieu merci, j'écris tout cela au lieu de le dire, parce que si vous étiez maintenant ici, présent en chair et en os, je me rétracterais et vous fuirais pour longtemps, et ne vous permettrais de me revoir qu'après que vous ayez oublié mes paroles.»

 

« Je me reproche même de vous écrire, car en écrivant je trouve que je prends beaucoup trop de libertés ... et je me rappelle les paroles des sages de l'Orient : « Il vaut mieux qu'une jeune femme ne sache ni lire ni écrire. » A ce point de mes réflexions se profile devant moi Thomas l'incrédule. L'hérédité a-t-elle quelque chose à voir avec ceci, ou s'agit-t-il de quelque chose de plus profond ? Qu'en est-il ? Je vous en prie, dites-moi ce que c'est. Dites-moi si j'ai raison ou tort, car j'ai confiance en vous, et par tempérament je crois tout ce que vous me dites ! Que j'aie tort ou raison, mon coeur vous est acquis, et il vaut mieux qu'il reste auprés de vous en gage de protection et de tendresse pour vous garder et vous chérir. »

 

« Le soleil a sombré sous l'horizon lointain, et entre les nuages, merveilleux de forme et d'aspect, est apparu un astre unique et brillant, Vénus, la déesse de l'Amour. Je me demande si cet astre est habité par des gens comme nous, qui aiment et sont remplis d'un désir éperdu. Se peut-il que Vénus ne soit pas comme moi et n'ait pas son Gibran - une lointaine et belle présence, qui est en réalité très proche - et se peut-il qu'elle ne soit pas en train de lui écrire en cet instant même, alors que le crépuscule vacille au bord de l'horizon, sachant que l'obscurité succédera au crépuscule, et que la lumière succédera à l'obscurité; que la nuit succédera au jour et que le jour succédera à la nuit, et que cela continuera maintes et maintes fois avant qu'elle ne voie son bien-aimé ? Toute la solitude du crépuscule se glisse ainsi en elle, et toute la solitude de la nuit. Elle jette alors sa plume, et elle se protège de l'obscurité derrière le bouclier d'un seul nom : Gibran. »

 

Réponses de Khalil Gibran (extraits)

 

"Comme vos lettres me sont douces, May, et combien délicieuses. Elles sont comme une rivière de nectar qui descend du sommet de la montagne et se fraie en chantant un chemin dans la vallée de mes rêves. Elles sont comme le luth d'Orphée, qui attire ce qui est éloigné et transforme ce qui est proche, et grâce à ses hymnes enchantés, métamorphose les pierres en torches enflammées et les branches en ailes frémissantes.Le jour où une de vos lettres arrive est pour moi comme le sommet de la montagne - aussi que dirais-je d'un jour où trois lettres arrivent en même temps ? Ce jour là je quitte les sentiers battus du temps pour errer dans les rues " d'Iram aux colonnes "

 

New York,26 février 1924

 

Nous avons eu aujourd'hui une terrible tempête de neige. Mary, vous savez combien j'aime toutes les tempêtes et en particulier les tempêtes de neige. J'aime la neige et sa blancheur, j'aime la voir tomber dans un profond silence, au fond des vallées inconnues et lointaines où les flocons scintillent à la lumière du soleil, brasillant un instant avant de fondre et de couler doucement en murmurant leur chant.

 

J'aime la neige et le feu ; tous les deux procèdent de la même source, mais mon amour pour eux n'a jamais été qu'une prédisposition pour un Amour plus grand, plus vaste et plus sublime. (...)

Je suis heureux que vous m'ayez dit que ma barbe ne m'appartient pas réellement. Vous me faites immensément plaisir, et je crois que le renoncement à ma barbe est l'un de ces évènements d'importance internationale. Cette barbe a occupé une grande partie de mes pensées et m'a causé des épreuves bien inutiles. Mais maintenant que la responsabilité de ma barbe ne m'appartient plus, je lui épargnerai le contact de ma main et le fil de mon rasoir. Laissons-en la responsabilité à ceux qui la revendiquent. Que Dieu bénisse ceux qui en réclament la propriété. Ainsi, votre perspicacité m'évite de me compliquer la vie avec l'aspect pratique de la taille en question...

 

Voyez, mon doux coeur, comment la plaisanterie nous a amené à ce qu'il y a de plus sacré dans la vie. Le mot ( arabe ) rafiqah ( « compagne » ) a fait battre mon coeur, aussi me suis-je levé pour arpenter la pièce comme si j'étais à la recherche de ma « compagne ». Quel étrange effet certains mots ont parfois sur nous - et comme le son de ces mots ressemble au carillon des cloches d'églises au crépuscule. C'est la transmutation du Moi intérieur invisible, qui ( passe ) de la simple expression verbale au silence, de la simple action à la vénération.

Vous me dites que vous avez peur de l'Amour ; pourquoi ma douce ? Craignez-vous la lumière du soleil ? Craignez-vous le flux et le reflux de la mer ? Craignez-vous le jour naissant ? Craignez-vous le retour du printemps ? Je me demande pourquoi vous avez peur de l'Amour.

 

Je sais que l'Amour d'une âme basse ne peut vous satisfaire, et je sais qu'il en va de même pour moi. Vous et moi ne saurions nous satisfaire d'une âme mesquine. Nous sommes exigeants. Nous voulons tout avoir. Nous recherchons la perfection. Je dis, May, que dans cette aspiration qui est la nôtre réside notre accomplissement ; car si notre volonté n'était qu'une ombre parmi les ombres multiples de Dieu, nous atteindrions sans aucun doute l'un des nombreux rayons de la lumière divine.

Ô Mary, ne craignez pas l'Amour ; ne le craignez pas, amie de mon coeur. Nous devons nous soumettre à lui malgré tout ce qu'il peut nous apporter de souffrance, de désolation, de désir éperdu, et aussi de perplexité et de confusion.

 

Écoutez-moi, Mary : aujourd'hui je suis dans une prison de désirs, qui sont nés lorsque je suis venu au monde. Et je suis enchaîné par une vieille idée, vieille comme les saisons de l'année. Aussi pouvez-vous vous montrer indulgente pour moi un moment, dans ma prison, afin que nous puissions finalement émerger dans la lumière du soleil ? Acceptez-vous de me soutenir jusqu'à ce que mes chaînes soient brisées et que nous puissions marcher librement et sans entraves vers le sommet de notre montagne ?

Et maintenant venez plus près de moi, approchez votre front charmant de moi - comme ceci, et que Dieu vous bénisse et vous protège, compagne bien-aimée de mon coeur."

 

 

 

"Au tréfonds de moi,il y a un perpétuel frémissement et une souffrance incessante, et je ne désire changer ni l'un, ni l'autre - dans une pareille situation, un homme ne peut connaître le bonheur; ou le contentement, mais il ne doit pas se plaindre, car la lamentation ne va pas avec un certain réconfort et une transcendance. (...)

 

Quant au bonheur, il vient quand on est ivre du vin de la vie; mais celui dont la coupe est profonde de sept mille lieues et large de sept mille lieux ne pourra jamais connaître le bonheur, à moins que la vie en son entier soit versée dans sa coupe. N'est-ce point votre coupe, May, (large) de mille et une lieues ? (...)

 

Un jour viendra où je m'enfuirai en Orient. La nostalgie de ma patrie me détruit presque, et si ce n'était pas la prison qui m'entoure, les barreaux que j'ai forgé de mes propres mains, je m'embarquerais sur le premier bateau à destination de l'Orient. Mais quel homme est capable d'abandonner sa maison faite de pierres qu'il a passé sa vie à tailler et à mettre en place - Même si sa maison est sa prison parce qu'il n'est ni capable ni désireux de l'abandonner, ne fût-ce qu'un seul jour. (...)

 

Vous me demandez aussi si vous avez des amis dans cette partie du monde. En cette vie, par ce qu'elle contient de douceur blessée et de divine amertume, vous avez bien un ami dans cette partie du monde. Il est résolu à vous défendre, il veut votre bien et veillera à ce que nul mal ne vous advienne. Un ami lointain est parfois plus proche qu'un (ami) prés de soi. La montagne n'est-elle pas plus impressionnante et plus nettement visible pour celui qui traverse la vallée que pour celui qui habite sur ses pentes ?

 

La nuit a étendu son voile sur le studio, et je ne peux plus voir ce que ma main écrit. Mille voeux pour vous et mille salutations, et que Dieu vous protège toujours. "

 

Votre ami sincère, Khalil Gibran

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