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Poètes du monde


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Destinée

 

 

Je suis née pour mourir ; il faudra que je meure.

Mais, avant que mon âme, ne s’envole aux cieux,

Avant, qu’au sablier du temps, ne sonne l’heure,

Je veux encor aimer, avant l’ultime adieu.

 

Et je veux me griser des splendides matins

Et du soleil couchant qui baptise le port,

Cheminer dans les bois, m’enivrer du parfum

Des embruns de la mer aux couleurs de l’aurore.

 

Je veux pouvoir, aussi, dans l’ombre des jardins,

Cueillir le mimosa, la rose ou la lavande,

Quand la brume est d’argent et enlace les pins

Et qu’un vent épicé fait frissonner la lande.

 

Quand l’orée de l’automne, en ses feuilles jaunies,

Emprisonne, en ses rets, les vestiges d’été,

Sous le galop léger des larmes de la pluie,

A la tombée du jour, j’apprendrai à t’aimer.

 

Quand l’hiver se prolonge en frissons obstinés

Et nous chasse, transis, sous la neige et le vent,

Je me réchaufferai près de la cheminée

Attendant, près de toi, le retour du printemps.

 

Voleront les années, passeront les hivers,

De l’été, au printemps, près du chat angora,

Puis, comme un écolier, mon âme buissonnière,

Sous la voûte étoilée, une nuit, s’en ira.

 

 

 

© Cypora Sebagh - 9.9.2006

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Guest Jouljoul

... "Et qu’un vent épicé fait frissonner la lande" ... quelle beauté dans ce vers !

 

 

Coleridge - Ad Vilmum Axiologum

 

La récompense soit que l'écho de ton chant mille fois se répète !

Doux comme le gazouillis des bois qui s'éveillent à la bourrasque du matin !

Ecoutez les coeurs des purs, telles les grottes des anciennes montagnes,

Profond, profond dans la poitrine et de la poitrine l'entonnent,

Chacun sur un ton différent, entier ou par bribes musicales,

Tous ont bien accueilli ta Voix, la recevant, la retenant, la prolongeant !

C'est la parole du Seigneur ! - elle est dite, et les Etres éternels

Vivent et naissent comme un petit enfant -

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  • 4 weeks later...
"Peut-être l'avenir me gardait-il encore

Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu !

Peut-être, dans la foule, une âme que j'ignore

Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu !..."

 

Alphonse de Lamartine.

 

 

j'aime beaucoup.

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Rudyard Kipling

 

Un des rares poèmes gravés dans mon esprit ;)

 

Pour être un homme,

 

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie

Et, sans dire un seul mot te mettre à rebâtir

Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir.

 

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,

Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,

et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre.

 

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter les sôts,

Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles

Sans mentir toi-même d'un mot.

 

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois

Et si tu peux aimer tous tes amis en frères

Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi.

 

Si tu sais méditer, observer et connaître,

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,

Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître

Penser, sans n'être qu'un penseur.

 

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent,

Si tu peux être bon, si tu sais être sage,

Sans être moral ni pédant.

 

Si tu peux rencontrer triomphe après défaite

Et recevoir ces deux menteurs d'un même front.

Si tu peux conserver ton courage et ta tête,

Quand tous les autres la perdront.

 

Alors, les rois, les dieux, la chance et la victoire

Seront à tout jamais tes esclaves soumis,

Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire,

Tu seras un homme, mon fils.

 

Rudyard Kipling

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Guest anais

Adlane

 

Superbe poème.

 

Joliment dit...... Mais, qui réunit toutes ces "sagesses" ?

 

Peu, très peu,( voire aucun) garçon sur terre.

 

Personne ici bas n'est digne d'être un homme, alors !

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Superbe poème.

Joliment dit...... Mais, qui réunit toutes ces "sagesses" ?

 

Peu, très peu,( voire aucun) garçon sur terre.

Merci chère Anaïs,

 

Je pense, en me rapportant à ton questionnement, qu'il s'agit, à juste titre, non point de garçons, mais d'Hommes, ni, encore de filles, mais de Femmes,

.. et là encore ;) .. ce n'est pas l'âge dont il est question

 

Cordialement

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Guest anais
Merci chère Anaïs,

 

Je pense, en me rapportant à ton questionnement, qu'il s'agit, à juste titre, non point de garçons, mais d'Hommes, ni, encore de filles, mais de Femmes,

.. et là encore ;) .. ce n'est pas l'âge dont il est question

 

Cordialement

 

Seul, un saint ou une sainte, peut en être digne, par définition.

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Juste pour dire que "oublier" dans ce contexte signifie "laisser en plan", "laisser derrière"...

 

Hé oui, mon cher, le français est une langue riche...

 

non c'est le francais qui est une langue riche,mais c'est vous qui etes riches en fatwa.

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Guest Jouljoul

La poésie est l'un des lieux où tout s'efface, où tout se dit, bon ou mauvais. Ensuite, c'est à chacun de lire ou de ne pas lire, d'apprécier ou non, sinon, à quoi bon si nous avons tous la même façon de parler, de penser, d'écrire ... il n'y aurait plus le goût d'aller à la recherche d'autres cultures, d'autres formes de pensée, d'autres voix, pour comparer ou pour se conforter dans sa propre pensée car celle-ci ne peut vivre que si elle dépasse les autres pensées en contradiction avec elle ... à la condition qu'elle en prenne connaissance, bien sûr...

 

... et, encore, je ne mets pas certains poètes par respect pour beaucoup d'entre nous ici ... personnellement, je peux lire sans contrainte et sans peur même les écrits qui me heurtent profondément ...

 

Bon, voici un poème de Amadou Moustapha Wade (Sénégal) : "Quand je reviendrai"

 

Quand je reviendrai

Car il faudra revenir

Il y aura du soleil plein mon coeur

Il y aura des fleurs au seuil de ma vieille maison

Il y aura le rire argenté des femmes

Il y aura la simple joie

Quand je reviendrai.

 

Quand je reviendrai

Car il faudra revenir

Il y aura la misère entêtée

Et les mares de sang

Et la terre suintant la mort

Et la douleur des convulsions

Il y aura des tortionnaires

Quand je reviendrai

 

Quand je reviendrai

Car il faudra revenir

Il y aura des sentinelles aux portes de ma conscience

Mais il y aura tout l'or de mes yeux

Avec mes blancs sourires

Et mes bras et mon coeur

Et aussi ma voix pure

Il y aura dans chaque regard

La soif d'être libre.

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Sur les vaines occupations des gens du siècle

 

Quel charme vainqueur du monde

Vers Dieu m'élève aujourd'hui ?

Malheureux l'homme, qui fonde

Sur les hommes son appui.

Leur gloire fuit, et s'efface

En moins de temps que la trace

Du vaisseau qui fend les mers,

Ou de la flèche rapide,

Qui loin de l'oeil qui la guide

Cherche l'oiseau dans les airs.

 

De la Sagesse immortelle

La voix tonne, et nous instruit,

Enfants des hommes, dit-elle,

De vos soins quel est le fruit ?

Par quelle erreur, Ames vaines,

Du plus pur sang de vos veines

Acceptez-vous si souvent,

Non un pain qui vous repaisse,

Mais une ombre, qui vous laisse

Plus affamés que devant ?

 

Le pain que je vous propose

Sert aux Anges d'Aliment :

Dieu lui-même le compose

De la fleur de son froment.

C'est ce pain si délectable

Que ne sert point à sa table

Le Monde que vous suivez.

Je l'offre à qui veut me suivre.

Approchez. Voulez-vous vivre ?

Prenez, mangez, et vivez.

 

O Sagesse, ta parole

Fit éclore l'Univers,

Posa sur un double Pôle

La Terre au milieu des Mers.

Tu dis. Et les Cieux parurent,

Et tous les Astres coururent

Dans leur ordre se placer.

Avant les Siècles tu règnes.

Et qui suis-je que tu daignes

Jusqu'à moi te rabaisser ?

 

Le Verbe, image du Père,

Laissa son trône éternel.

Et d'une mortelle Mère

Voulut naître homme, et mortel.

Comme l'orgueil fut le crime

Dont il naissait la Victime,

Il dépouilla sa splendeur,

Et vint pauvre et misérable,

Apprendre à l'homme coupable

Sa véritable grandeur.

 

L'âme heureusement captive

Sous ton joug trouve la paix,

Et s'abreuve d'une eau vive

Qui ne s'épuise jamais.

Chacun peut boire en cette onde.

Elle invite tout le monde.

Mais nous courons follement,

Chercher des sources bourbeuses,

Ou des citernes trompeuses

D'où l'eau luit à tout moment.

J- RACINE

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Guest Jouljoul

Poème (maladroit) de mon cru : La voix de Soumia

 

Et si à la corde des amitiés

Tendue au-delà des frontières,

Venait à manquer à l'appel

Une voix plus légère que le grelot

D'un ange perdu loin de son Eden,

 

Je me pencherai à mon balcon

Pour scruter les nuées,

Questionnant la voix partie

Lui demandant mon chemin,

Car elle est un caillou précieux

A ma promenade dans les sentes éternelles.

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Guest Jouljoul

Nosrat Rahmani

 

Poète iranien.

 

Exil dans l'anneau de la chaîne (extrait)

 

Derrière la barricade des dents

Plus un mot, rien.

Voici longtemps qu'une chaîne

Dans chaque gorge a poussé ses maillons

Et les langues dans les bouches

Sont immobiles et moisies

Si j'entrouvre les lèvres

Le sang coule, et le poison.

 

O martyrs ! Qui donc se lèvera ?

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Guest anais

Naissance

 

Mon Enfant, ma Vie

Tu es la preuve

Que je suis

Et par moi tu es aussi.

Par celui, qui, une nuit,

M'aima si fort

Que je sentis

Une force dans tout mon corps.

Au paroxysme de la joie,

Je t'appelai, et te voilà.

Tu te formas dans ma chaleur

Et tu naquis de ma douleur.

Comment pourrais-je t'oublier

Un seul instant, oh ! mon enfant.

Toi qui as tant besoin de moi

De la chaleur de mes bras

De mon sein qui te nourrira

Et de mon coeur qui t'aimera.

Sang de mon sang, fleur de mes veines

Toi que j'ai semé, oh ! ma graine

Au vent joyeux de mon amour.

Fait d'innocence et de candeur

Tu es, Enfant, tout mon bonheur.

 

M. PRADIER.

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  • 2 months later...

LE SILENCE...

 

Silence... silence...

Sur les cimes, dans les vallées,

Sur la neige immaculée,

Dans les parcs, dans les plaines...

Le monde retient son haleine.

 

Les ruisseaux ne murmurent plus

Comme dans les caves,

Comme dans les vignes

C'est le silence, c'est le silence

 

Le ciel se tait...

Le vent se tait

Comme si c'était un jour d'été...

C'est le silence, c'est le silence

Mais ceci n'est

Qu'une apparence! ...

Interroge-le !

Est-il muet ?

Ecoute-le bien

Entends-le bien

Il te dira combien je t'aime

 

Sous ma poitrine mon cœur se tait

De nostalgie et d'espérance...

Dans le bonheur, dans la souffrance

Le mot sublime est le silence,

C'est le silence, c'est le silence,

C'est l'ivresse de l'espérance ! ...

 

Puis-je espérer ? Tu seras mienne ?

C'est un mot vain,

Je le sais bien...

Le désespoir dans l'espérance

C'est le silence, c'est le silence

 

Mais ceci n'est

Qu'une apparence

Interroge-le !

Est-il muet?

Ecoute-le bien

Entends-le bien

Il te dira combien je t'aime

 

Emir Kamuran

(Poète Kurde)

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De rien, tina! Voici un autre de ses poèmes:

 

LA PLUS DOUCE

 

Sans vouloir penser à toi,

Tu es toujours sous mon toit!...

Entre la terre et la mer,

Entre le doux et l'amer

J'ai cherché un peu partout...

Il n'y a rien qui soit plus doux

Que vous

! ...

 

Quand les fleurs remplissent les champs.

L'hiver s'enfuit en trébuchant

En touchant la boiserie,

En caressant la soierie

J'ai cherché un peu partout...

Il n'y a rien qui soit plus doux

Que vous ! ...

 

Dans l'infini de ce monde

Où la tristesse nous inonde,

Lors des rêves au fond des nuits

Quand le jour anime le bruit

J'ai cherché un peu partout...

Il n'y a rien qui soit plus doux

Que vous ! ...

 

Entre le vent, la marée,

Sans perdre haleine, j'ai erré...

Qu'importe richesse et honneur ?...

Où est la route du bonheur ?...

J'ai cherché un peu partout...

Il n'y a rien qui soit plus doux

Que vous ! ...

 

Sans vouloir penser à toi...

Tu es toujours sous mon toit

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  • 3 years later...

Voici un poème que j'aimais beaucoup étant adolescent. Comme tous les ados timides et "intellos" j'ai eu mon lot d'amours inavouées ou avouées trop tard.

Avec le temps je commence à comprendre la portée bien plus profonde de ce texte: une remise en question de la réalité. Une signification métaphysique qui n’annule en rien la première mais au contraire l'enrichie. Enfin voilà c'est J'ai tant rêvé de toi de Robert Desnos.

 

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.

Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant

Et de baiser sur cette bouche la naissance

De la voix qui m'est chère ?

 

J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués

En étreignant ton ombre

A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas

Au contour de ton corps, peut-être.

Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante

Et me gouverne depuis des jours et des années,

Je deviendrais une ombre sans doute.

O balances sentimentales.

 

J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps

Sans doute que je m'éveille.

Je dors debout, le corps exposé

A toutes les apparences de la vie

Et de l'amour et toi, la seule

qui compte aujourd'hui pour moi,

Je pourrais moins toucher ton front

Et tes lèvres que les premières lèvres

et le premier front venu.

 

J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,

Couché avec ton fantôme

Qu'il ne me reste plus peut-être,

Et pourtant, qu'a être fantôme

Parmi les fantômes et plus ombre

Cent fois que l'ombre qui se promène

Et se promènera allègrement

Sur le cadran solaire de ta vie.

 

Robert Desnos, J'ai tant rêvé de toi, in Corps et biens

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