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Stina Chanteuse finlandaise


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Stina Chanteuse finlandaise

Certaines chansons kabyles m’ont fait pleurer

 

El Watan

le 03.03.17 | 12h00

 

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- Vous avez dit il y a quelque temps que vos projets consistent en un album signé par vous-même en kabyle. Où en êtes- vous ?

Oui, le projet est toujours en cours. Certains textes, je les écris moi-même et on me les traduit ensuite ; on m’a proposé aussi de beaux textes que j’aimerais interpréter. La traduction n’est pas toujours facile, car il faut trouver les mots qui riment avec d’autres. J’ai composé quelques morceaux et je suis en collaboration avec des musiciens pour ce projet. J’essaye de faire une musique métissée.Comme je suis nourrie par le piano et la musique classique depuis ma petite enfance, j’apporterai mes propres arrangements au piano à partir d’idées que j’ai créées et j’espère qu’avec la collaboration d’autres artistes je pourrai aller vite.

- Avez-vous programmé une tournée en Algérie ?

Je devais venir l’année dernière en tournée, mais par la suite j’ai annulé pour m’occuper de ma fille Dihya. Maintenant qu’elle a grandi un peu, je suis en contact avec des artistes pour un projet de quelques concerts. Je viendrai célébrer la Journée internationale de la femme pour un début, ensuite on verra pour le reste sur place.

- Vous vous êtes intéressée à la chanson kabyle sur un coup de foudre, alors que ce sont des registres vocaux compliqués et difficiles. Comment arrivez-vous à vous débrouiller ? Quel est votre guide ?

J’avoue que ça n’a pas toujours été facile avec la musique kabyle (et chaouie aussi), car il n’existe pas de partitions disponibles, qu’il s’agisse de musique moderne ou chaâbie. Pour beaucoup, les mélodies sont apprises et mémorisées à l’oreille. Je me suis donc mise à écrire les tablatures de ces chansons pour pouvoir les jouer et cela me prend un peu plus de temps, mais cela me facilite la tâche ensuite. J’apporte de nouveaux accords et arrangements tout en respectant l’original et en restant dans l’âme de ces œuvres.Au conservatoire et à l’académie de musique, j’ai toujours chanté en allemand, français, italien, finnois, anglais, suédois, etc., je pense que c’est ce qui m’a facilité l’interprétation de ces chansons en kabyle qui possède beaucoup de lettres communes avec ces langues. La motivation est la clé de mon travail, bien sûr. J’ai beaucoup de CD que j’ai achetée pendant mes voyages et j’utilise aussi beaucoup internet où l’on trouve tous les beaux chefs-d’œuvre de cette musique qui mérite bien sa dimension universelle.Quelques sons typiques n’existent que dans le tamazight et avec de la volonté, j’ai fini par les apprendre et à les prononcer. Sans oublier les échos positifs du public à propos de mon travail. Cela m’encourage beaucoup.

- Toutes les chansons que vous avez interprétées sont déjà des chansons cultes et les interprètes sont aussi des monuments de la chanson kabyle. Pensez- vous qu’il serait plus risqué d’interpréter des chansons moins connues, donc avec moins de succès ?

J’ai pensé la même chose au début, en me disant que si une chanson est moins connue elle ne plaira pas peut-être aux gens. J’ai essayé avec la chanson de Mokrane Agawa, Ettir isahen, méconnue par beaucoup, et j’ai reçu un nombre impressionnant de messages où l’on m’a remerciée pour le choix de cette chanson. Il y a un nombre incroyable de chansons que personne n’écoute aujourd’hui et qui méritent d’être revisitées.Je les fais découvrir aussi au public non kabyle qui m’encourage beaucoup dans cette démarche. On me dit souvent que cette musique est relaxante et qu’elle détend. Beaucoup de chanteurs ont disparu, paix à leur âme, ils ont laissé derrière eux des chefs-d’œuvre injustement méconnus. Des chansons datant de plus d’un demi-siècle que le public aimerait sûrement découvrir.

- Pourrons-nous vous écouter dans d’autres styles à part le kabyle ?

J’ai chanté auparavant une chanson chaouie, Yemma El Kahina. La musique chaouie a ses propres styles modernes et traditionnels. J’espère chanter à l’avenir plus de chaâbi et interpréter un style genre berbéro-celtique aussi. Mes frères jouent dans des groupes de metal et composent des chansons aussi, mais moi je reste avec cette musique des montagnes.

C’est d’ailleurs celle-là que le public veut découvrir. Sans, bien sûr, vouloir décourager ceux qui jouent au metal. La diversité dans les styles est une richesse. Le public me demande parfois de chanter en finnois, c’est ce que je ferai à Aubervilliers prochainement. Donc, je compte bien chanter d’autres styles à l’avenir.

- Comprenez-vous les chansons que vous interprétez ? Vous sont-elle traduites avant que vous ne les interprétez ?

Parfaitement ! Avant de commencer une chanson, je lis d’abord le texte en finnois. Il est difficile d’interpréter une chanson si on ne comprend pas son texte. Quand on chante, il s’agit d’interpréter le message d’une chanson. Je m’implique souvent avec une grande volonté de déposer le message de la chanson dans le cœur du public. Certaines chansons m’ont fait pleurer comme Telt yyem d’Aït Menguellet que je salue chaleureusement. Avec un orchestre sur scène, cette chanson prend un rythme différent et fait danser le public, même si ce n’est réellement pas le but du message de la chanson.

- Racontez-nous comment vous vous initiez aujourd’hui au kabyle ?

Il est un peu difficile d’apprendre la langue si on n’habite pas dans la région ou si on n’est pas entouré de Kabyles. Les seuls outils que j’ai sont les chansons et les mots qu’on dicte par-ci par-là à Dihya. Il n’existe pas de manuels sur le marché et les kits de conversation ne sont pas disponibles partout. Donc, j’apprends doucement avec l’aide de mon entourage.

- Avez-vous l’intention de vous installer en Algérie ou en Kabylie ?

Je dirais que c’est un projet. En Kabylie ou à Alger, je me suis toujours sentie chez moi. Parfois, j’ai l’impression que je connais tout le monde et que tout le monde me connaît! Comme si j’avais grandi parmi eux ! J’ai eu une longue discussion là-dessus avec l’ex-ambassadrice de Finlande qui m’avait invitée à Alger pour le Festival culturel européen en 2015. Elle adorait aussi vivre là-bas et m’avait dit qu’elle allait regretter de quitter cette belle région du monde.Elle nous a quittés juste après son retour en Finlande. Paix à son âme. Moi, personnellement, j’ai envie de m’y installer, surtout à cause de Dihya. Je garde de très beaux souvenirs d’Alger et de la Kabylie lors de mes derniers voyages, j’avoue que je suis touchée par le public là-bas, sans oublier le beau climat, les plages, la campagne et ses habitants accueillants que je salue chaleureusement à travers El Watan, que je remercie beaucoup pour cet entretien.

Stina.Stina est une jeune chanteuse finlandaise qui chante en tamazight. Elle vient d’une famille dans laquelle on compte de nombreux musiciens. Depuis son arrière-grand-mère Ellen Malmberg qui était une grande chanteuse finlandaise d’opéra dans les années 1800, son oncle par sa grand-mère, un grand compositeur de musique classique dans les années 1950 et son père qui joue à l’Orchestre national de la Finlande, elle continue le chemin de la musique en chantant les belles mélodies de la musique berbère. Actuellement, Stina étudie toujours le piano dans la fameuse Académie de musique à Helsinki.

Nassima Oulebsir

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