zadhand 546 Posted June 23, 2017 Partager Posted June 23, 2017 Vu à la télé Quand le Pouvoir méprise ses médias El Watan le 22.06.17|12h00 Le retour de Chakib Khelil en Algérie n’a pas eu les faveurs de la Télévision publique nationale, qui l’a pratiquement passé sous silence. On connaissait l’expression «silence radio» pour témoigner d’un veto, on découvre le «silence télé», une performance bien de chez nous dans le champ audiovisuel, alors que la séquence d’actualité qui devait normalement ouvrir tout JT qui se respecte détonnait de partout.C’est sur certains écrans privés---dont celui qui fait office de canal officieux du pouvoir—que les Algériens sont allés chercher l’information. Ils ont ainsi appris que l’ex-ministre de l’Energie, dont le nom avait été cité dans des affaires de corruption (Sonatrach 1 et 2) est non seulement revenu sans aucun complexe, sourire aux lèvres, mais a été accueilli avec les honneurs au salon VIP de l’aéroport d’Oran, le même aéroport d’où il avait organisé son départ précipité en catimini il y a quelques années pour fuir la pression de la justice.Tout un symbole pour un sujet qui a fait beaucoup de bruit, suscité moult interrogations, et qui, bien sûr, n’a pas manqué de choquer l’opinion publique compte tenu de la brutalité de l’événement. Un sujet qui n’a donc laissé personne indifférent, sauf la télé publique, qui l’a superbement ignoré comme s’il relevait du secret d’Etat. En fait, il fallait en pareille circonstance le feu vert d’en haut pour traiter et commenter le fait, et là, visiblement, l’autorisation n’a pas été accordée à l’Unique, maintenue dans son rôle peu glorieux d’organe d’exécution, ce qui explique son mutisme assumé honteusement, au détriment de l’éthique professionnelle et surtout de ses obligations vis-à-vis des téléspectateurs. A l’heure où le pouvoir vante l’avancée de la nouvelle Constitution dans ses rapports avec la liberté d’expression, il se surprend lui-même à commettre le déni médiatique pour éviter que l’outrage ne se propage trop et devienne un argument comptable de poids entre les mains de l’opposition. Comme s’il avait peur des retombées du scandale, alors que c’est lui qui le provoque avec un aplomb incroyable.Le cas de la réhabilitation par petites touches de Chakib Khelil, qui avait commencé par une furtive apparition lors de la collation organisée par notre ambassade aux USA pour fêter le 1er Novembre, et qui se poursuit avec un retour triomphal en Algérie, est à ce propos symptomatique de cette volonté du sérail de finaliser d’abord les arrangements qui lui conviennent, quitte à faire dans la provocation pour ensuite gérer les conséquences. Il reste cependant que l’attitude d’El Mouradia dans cette affaire échappe à tout raisonnement, lorsqu’on sait que la sphère décisionnelle a tout fait pour médiatiser le retour de l’enfant prodigue, sans avoir recours aux fuites organisées habituelles, mais en évitant comme la lèpre de passer par le canal officiel, c’est-à-dire en zappant royalement la Télévision nationale. Pourquoi recourir aux services d’ un écran privé, de surcroît maintes fois discrédité, pour diffuser une séquence qui risquait de très mal passer dans l’opinion, alors que l’ENTV a une longue expérience dans ce domaine et partait pour être la mieux indiquée pour faire passer le message comme une lettre à la poste. Personne n’aurait sursauté, bien au contraire, tant que c’est imposé. Une seule réponse à cette énigme : c’est qu’aux yeux de ses mentors, l’Unique, qui est sollicitée, par ailleurs, pour des besognes de propagande nettement plus crasses, n’a plus cette fiabilité nécessaire pour convaincre le grand public. Au demeurant, ce n’est pas nouveau de la voir ainsi malmenée par le pouvoir.En dehors des activités strictement officielles et tout à fait ordinaires des hautes instances politiques et militaires et des membres du gouvernement, qui doivent faire impérativement l’objet d’une médiatisation régulière et continue pour montrer que ces acteurs sont sur le front du travail, la télé publique est…privée de toute information parallèle, voire souterraine, que le sérail veut faire parvenir au public sous prétexte qu’elle reste officieuse. Chakib Khelil est bien rentré au pays, mais ça devrait rester officieux ! D’ailleurs, on ne verra jamais de commentaire officiel sur cet événement de la part de nos dirigeants de peur de soulever une polémique qui risque de les embarrasser. La meilleure défense c’est de contourner la confrontation tout en s’assurant que la pilule est bien passée. Le mépris du pouvoir pour ses médias lourds est donc consommé depuis longtemps sans que cela suscite la moindre réaction à l’intérieur de la boîte, ou de la corporation. Le fait est devenu banal, puisque toutes les personnalités politiques qui gravitent autour du sérail et qui ont quelque chose à communiquer privilégient les plateaux des télés privées, avec ce sentiment que le relais est mieux assuré. A quand un vrai service public dans nos médias lourds ? La question n’est pas facile, mais elle est à chaque fois remise sur le tapis… [h=5]Abderezak Merad[/h] Citer Link to post Share on other sites
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