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Noureddine Boukrouh


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Entretien avec

Noureddine Boukrouh

« Où va-t-on comme çà ? »( I)

 

TSA Algérie | Nabila Hocine

26 Juil. 2017 à 15:30

 

Noureddine Boukrouh est fondateur du Parti du renouveau algérien (PRA) qu’il a présidé jusqu’en 1992. Il a notamment été ministre du Commerce sous Bouteflika. Depuis quelques années, il ne s’exprime que très rarement sur les questions politiques. Dans cet entretien, il revient sur les derniers événements au sommet de l’État. ENTRETIEN.

 

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Quel regard portez-vous sur la nomination à la tête du gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune, en remplacement d’Abdelmalek Sellal ?

Les raisons du remplacement de M. Sellal par M. Tebboune ne sont pas à chercher dans les deux hommes, dans leurs traits distinctifs ou leur parcours, mais dans la pensée de celui qui les a nommés, c’est-à-dire le Président. Lui seul sait pourquoi il les a choisis tour à tour, pour quels besoins, en vue de quels résultats immédiats ou à venir, et quand les jeter aux chiens.Les deux personnages ont en commun d’être des non-politiques et d’avoir un itinéraire professionnel à peu près identique. Ce sont des administratifs, des cadres de carrière, des commis de l’État qui ont été promus parce que non suspectés de nourrir des ambitions politiques et donc de travailler en sous-main pour leur compte comme ça a été le cas avec plusieurs de leurs prédécesseurs. Ils ont aussi en commun d’être -autant qu’on puisse l’être en Algérie, terre d’élection des transhumants, transfuges, oiseaux migrateurs et autres girouettes- des « fidèles » du Président, mais ce dernier connait mieux que quiconque la date de péremption de la fidélité animale en Algérie. La fidélité est une qualité quand elle est balisée par un solide sens du devoir public, mais elle est un pur encanaillement, une abdication de toute conscience morale et patriotique quand elle devient de la servilité absolue pour gravir les échelons et s’enrichir.C’est sur le plan du caractère que les deux hommes dissemblent et sont aux antipodes l’un de l’autre. En effet, autant M. Sellal est un facétieux, un blagueur impénitent, un improvisateur et un impulsif, autant M. Tebboune est mesuré et sérieux ; s’il est plaisant, il n’est pas un plaisantin. Mais là où ils s’opposent incontestablement, c’est sur leur vocation actuelle : l’un prend de plus en plus les apparences du fossoyeur de l’autre.

Selon ses propres déclarations, le cheval de bataille de M. Tebboune va être la lutte contre la corruption. Dans ce sens, il a ouvert son premier combat contre Ali Haddad. Que pensez-vous de ce bras-de-fer et du soutien de Sidi Saïd à Haddad ?

Dans les traditions de l’exercice du pouvoir en Algérie, le Premier ministre ne reçoit pas du Président une lettre de mission en bonne et due forme, une feuille de route, mais il doit inférer de certaines de ses paroles prononcées dans le style cher à Nostradamus, autrement dit des sous-entendus plus que des déclarations, ce qui est attendu de lui. Il doit deviner du mieux qu’il peut ce que le Président souhaite pour ne pas paraître désobligeant, enquiquinant ou trop curieux. C’est ça l’esprit de ce qu’on appelle « le sérail ». Le chef ne doit pas trop en dire pour limiter les risques en cas de « trahison », et le subordonné doit être assez « faham », assez intelligent pour aller de lui-même, à ses risques et périls, dans le sens des souhaits tacitement déclinés par le chef. S’il ne développe pas des aptitudes dans l’art de deviner, s’il se trompe sur la direction du vent ou se met à divaguer comme une chèvre de montagne, il tombera vite en disgrâce et un croque-mort zélé est désigné pour l’enterrer dans la honte et le scandale.Il n’y a jamais eu en Algérie de preux ou de pieux chevalier répondant au nom d’Antar ibn Cheddad, d’Artagnan, Sellal ou Tebboune. La corruption est devenue, en Algérie, une maladie générale, un virus endémique qui fait des ravages du sommet à la base de la société. Elle n’est « combattue » qu’épisodiquement, superficiellement et sélectivement par les détenteurs du pouvoir, ceux-là mêmes qui l’orchestrent et l’instrumentalisent, contrôlent les moyens d’élever et d’abaisser qui ils veulent, l’enrichissant ou l’appauvrissant, le magnifiant ou l’avilissant.D’après ce qu’il en a lui-même laissé filtrer, le nouveau Premier ministre aurait été instruit de « séparer la politique de l’argent », ce qui, en langage algérien, signifie que le moment est venu pour quelques affairistes ou porte-voix devenus des boulets encombrants, de mauvais compagnons de route, de rendre des comptes. Car les périodes de vaches maigres exigent la prise de mesures d’austérité si l’on veut contenir les risques de désordres sociaux et imposent par conséquent un minimum de morale dans la gestion des ressources publiques. Il faut commencer par éloigner le soupçon de soi, désigner à la vindicte populaire quelques veaux gras ou « brebis galeuses », puis les sacrifier sur l’autel de la vengeance pour faire tomber les ardeurs émeutières.On a voulu faire de M. Ali Haddad un Bouygues algérien à coups d’artifices de mauvais aloi, exactement comme on a fait il y a quinze ans avec M. Moumen Khalifa, et il va peut-être finir comme lui en taule avec consigne de rester « discret sur la vraie vérité » s’il veut un jour humer de nouveau l’air de la liberté. Sidi Saïd, lui non plus n’a pas tiré les enseignements de l’affaire Khalifa qui a failli le conduire en prison. Une fois de plus, il est surpris non pas du côté des travailleurs dont il dirige le syndicat national, historique et officiel depuis des décennies, mais de celui de l’argent facile et douteux. Il s’est trompé sur le sens (direction et signification) du vent ; il a cru qu’il venait de Tebboune et a atteint par mégarde Haddad dont il s’est solidarisé dans un geste inconsidéré de protection animale, et le voilà lâché par les siens.

Trouvez-vous alors que nous vivons un remake du scénario de « l’affaire Khalifa » ?

Je ne sais pas, mais ça y ressemble. D’ailleurs que sait-on de l’affaire Khalifa qui s’est évaporée dans le décorum brumeux algérien ? J’étais à l’époque au gouvernement et je m’étonnais de le voir courtisé par les hauts responsables du pays. Je peux vous raconter une anecdote : un jour, à la résidence « al-Mithaq », en 2001 ou 2002, je ne sais plus, un dîner officiel était donné auquel étaient présents les responsables du pays. Moumen Khlalifa était assis à la même table que des membres du gouvernement, dont moi-même. Un moment, quelqu’un qui était assis à côté de moi me dit : « Tu sais qui est cet homme ? », en me désignant discrètement M. Khalifa. Je le regarde et lui réponds, hésitant : « C’est un conseiller à la chefferie, non ? » (Comprendre un des chargés de mission constituant le staff particulier du chef du gouvernement). Mon convive éclata de rire d’étonnement et me dit « C’est Moumen Khalifa ! ». Voilà où et comment j’ai vu pour la première fois le « golden boy ».

Vous étiez membre du gouvernement lors du premier mandat du Président Bouteflika. Selon vous, serait-ce sa décision de s’en prendre à Haddad, et si oui dans quel but ?

Il est plus facile de lire dans la pensée réputée indéchiffrable de Nostradamus que dans celle des dirigeants algériens parce qu’à la place de ce qu’on appelle la pensée se trouve une « kammouça » de « nafhates » (fantaisies, lubies, caprices), un écheveau de fils entremêlés, sans liaisons entre eux, dont aucun ne mène à l’autre… Le genre de décisions auquel vous faites allusion ne se discute pas en conseil des ministres, mais entre initiés et pratiquants de l’art de « je ne t’ai rien dit » et « tu as tout compris ». En termes factuels, je ne sais pas plus que ce que lit tout le monde dans les médias, mais j’ai assez observé les pratiques et les mœurs du pouvoir algérien depuis 1970 pour arriver à déceler ses « constantes ».Des dizaines de milliers de milliards ont été accordés sous forme de crédits et de marchés à des « hommes d’affaires » au look d’ignares et de demeurés mentaux qu’on a utilisés, pour ces raisons justement, comme façades ou intermédiaires pour détourner l’argent du pétrole et en expatrier l’essentiel. Ces dernières années, on a vu des arrivistes acquérir des fortunes inestimables, des responsables cités dans des affaires de corruption protégés de toute poursuite, des voleurs innocentés et ceux qui les ont dénoncés ou arrêtés accusés de « complot »…

Diriez-vous que ces événements marquent de manière indirecte le début des présidentielles de 2019 ?

Je n’en sais rien, mais il est patent qu’un coup de volant vient d’être donné avec le dernier changement à la tête du gouvernement. Ce n’est pas forcément pour chercher des poux dans la tête de Sellal qui a tenu le rôle du bouffon pendant la fête, mais s’il faut en passer par-là alors son amour-propre souffrira quelque peu mais sans plus. Est-ce pour faire rentrer dans les caisses de l’État un peu du trop-plein d’argent amassé par les faux hommes d’affaires enrichis grâce à leurs accointances avec le sommet de l’État ? Pour construire une nouvelle image sur l’idée de « moralisation de la vie publique » qui servirait de tremplin à un cinquième mandat ? Pour prévenir des débordements populaires conséquents aux mesures d’austérité en cours de mise en place et qui toucheront fatalement le soutien budgétaire aux produits de première nécessité ? En tout cas, ces trois hypothèses concourent au même objectif : dédouaner le pouvoir suprême de ses responsabilités dans cette affaire comme dans celles qui l’ont précédée.

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Entretien avec

Noureddine Boukrouh

« Où va-t-on comme çà ? »( II)

TSA Algérie | Nabila Hocine

26 Juil. 2017 à 15:30

 

Allez-vous, vous-même, vous présenter une nouvelle fois lors de ce scrutin ?

Ce ne sera pas un scrutin, mais une formalité semblable aux messes électorales précédentes. Les électeurs algériens n’ont jamais choisi librement leur Président, tout au plus ont-ils entériné un choix fait par une poignée d’hommes aux commandes de l’armée et de ses services de renseignement. En ce qui me concerne, j’y ai cru un petit peu en 1995, jusqu’à ce que M. Zeroual, alors chef d’État en exercice, déclarât sa candidature contre toute attente. Une fois qu’il l’a fait publiquement au Palais des nations, j’ai demandé à le voir pour lui dire face à face, au siège de la présidence et en présence de son conseiller principal, le général Betchine, et de son chef de cabinet, ce que je pensais de sa décision. De retour à mon bureau, j’ai appelé les deux autres candidats en lice, feu Mahfoud Nahnah et Saïd Sadi. Ils sont venus séparément à mon bureau, je leur ai rapporté l’entretien que je venais d’avoir avec Zeroual et leur ai proposé de nous retirer ensemble de l’élection. Après de longues et vaines discussions, ils ont refusé.

Du point de vue économique, l’Algérie est-elle sur la bonne voie selon vous ?

L’Algérie n’a jamais été une seule minute depuis son accession à l’indépendance sur la bonne voie économique. L’économie n’a jamais été pour le système autocratique qui l’a dirigée, sous une forme ou autre (césarisme militaire, parti unique ou faux pluralisme démocratique), une finalité, un but, une dynamique sociale combinant facteurs de production, ressources naturelles, financières et humaines, en vue de créer une économie fonctionnelle et développer le pays, mais un ensemble de moyens gérés patriarcalement pour se maintenir au pouvoir en distribuant la rente quand le pétrole est au plus haut, et en recourant à la dette extérieure quand il est au plus bas.Nous sommes toujours dans cette logique, dans ce cercle infernal qui a généré les tares que vous avez citées (fraudes de toute nature et à tous les niveaux, marché parallèle, corruption…). Nous avons déjà payé au prix fort l’ignorance mégalomaniaque de nos dirigeants entre 1962 et 1988, mais au lieu d’en tirer les enseignements et mettre à profit l’exceptionnelle embellie qui a duré de 2002 à 2014, le pouvoir l’a dilapidée et en a fait profiter les faux hommes d’affaires, la mafia politico-financière et tous ceux qui l’ont servie avec la plus grande servilité mais moyennant enrichissement illicite. Le pays est profondément gangrené…La solution réside dans le changement de la perception de ce que devrait être une nation, un État et une économie. Les idées avec lesquelles est dirigée l’Algérie remontent aux années cinquante, tout autant que les hommes qui les portent et qui sont toujours aux commandes. Ce n’est pas une question de mesures techniques à suivre ou à remplacer, de savoir économique, mais de vision du monde. Nous n’avons jamais eu d’économie, mais seulement un tiroir-caisse où est placé l’argent du pétrole qu’une grand-mère jette par volées quand il y en a beaucoup et serre contre son cœur quand il n’y en a pas assez.L’Algérie a changé en apparence, le paysage s’est beaucoup transformé, plusieurs générations se sont succédées, des centaines de ministres et une douzaine de Premiers ministres se sont relayés aux postes de direction visibles, mais les vrais conducteurs et surtout les idées-motrices qui les animent sont les mêmes qu’au temps de Messali Hadj. C’est à travers l’activité économique que les nations se forment, apprennent à travailler ensemble, à compter les uns sur les efforts des autres, et développent ainsi au fil des siècles un sens de l’intérêt commun, une conscience sociale, politique et nationale. Les idées patriotardes de l’époque de Messsali Hadj se sont mélangées avec une religiosité islamo-populiste de bas étage pour donner une mentalité providentialiste, irresponsable, tendue non pas vers les réalisations historiques, mais vers une fausse notion de l’au-delà et du paradis gagné à coups de ruses de Djouhaet de comptes de boutiquier.Ce que l’on observe en économie se constate aussi en politique étrangère où c’est aussi le désert, où nous avons fait l’unanimité totale contre nous aussi bien au Maghreb qu’au Sahel. Nous sommes encerclés de partout, aucune amitié et bon voisinage sur lesquels nous pourrions compter : la question du Sahara occidental ne bouge pas, la Tunisie a confié sa sécurité extérieure à l’OTAN, les Français ont récupéré les dossiers malien, sahélien et libyen…. Il ne nous reste que notre « khéchinisme », notre esprit de Djouha qui n’a fait de dupes que dans nos rangs et de victimes que nous… Où va-t-on comme çà ? Nous ne serons bons qu’à fournir les recrues des prochaines organisations du type « État islamique », Aqmi ou autres bandes criminelles.

Vous étiez vous-même ministre du Commerce. Un des premiers changements opérés par Tebboune, est la réduction drastique des importations. Bonne ou mauvaise idée dans le contexte actuel ?

Ce n’est ni un changement de politique économique, ni une idée, bonne ou mauvaise, ni un sens de l’intérêt public, ni un acte de gestion, mais une obligation, une contrainte, un réflexe naturel…. C’est une conséquence inévitable d’une gestion épicière. Les recettes s’étant contractées, il faut réduire les dépenses. C’est aussi bête que cela.Il ne faut y voir ni bonne gouvernance, ni science, ni sagesse, ni sursaut de conscience…C’est le degré zéro de l’intelligence, la nécessité faisant loi. Il va en découler non seulement des restrictions dans la consommation, ce qui n’est pas un grand mal, mais des restrictions dans l’importation d’intrants et d’équipements sans lesquels notre rachitique appareil manufacturier aura des difficultés à tourner, ce qui se traduira par des fermetures d’ateliers, d’usines, de PME, et donc des pertes d’emplois en cascade et des pénuries en tous genres comme à l’époque des « souks el-fellah ». Sans parler de l’inévitable corruption inhérente à l’octroi administratif des licences d’importation.

Une autre question d’actualité : vous avez dû suivre le débat autour de la question des immigrants. Quelle est votre perception personnelle du sujet ? Soutenez-vous les propos d’Ahmed Ouyahia et Abdelkader Messahel ?

Quel débat ? On a lu dans la presse des déclarations populistes et blessantes détachées de toute analyse d’un phénomène profond et structurel qui va bouleverser la géopolitique mondiale dans les décennies à venir. Je vise le phénomène migratoire qui jettera sur les mers, les routes et les déserts des dizaines de millions de personnes. Ce phénomène tient à deux facteurs, l’un humain, l’autre naturel.Le facteur naturel, c’est bien sûr le réchauffement climatique qui va faire disparaître des pays en entier et conduire leurs populations à chercher l’asile et du travail dans les pays épargnés ou jugés riches.Le facteur humain, ce sont les guerres et la mauvaise gestion économique de pouvoirs illégitimes qui mènent des politiques de terre brûlée pour demeurer à la tête de leurs pays sans égard pour leur sort et pour les problèmes qu’ils créent aux pays de destination de leurs migrants illégaux.Dans le premier cas, nous allons avoir affaire à des peuples sans pays, et dans le second à des pays sans peuples. L’Algérie est exposée aux deux périls : elle peut être envahie par des migrants venus du Sud, comme elle peut voir ses propres « harragas » passer de quelques centaines actuellement à des millions suite à la faillite économique qui nous guette et au désordre qui s’ensuivra. Cent Tebboune n’y pourront alors rien !

 

 

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  • 4 weeks later...

Noureddine Boukrouh exhume sa lettre adressée au président Bouteflika en 1999

 

TSA Algérie | Hadjer Guenanfa

23 Août 2017 à 17:49

 

Noureddine Boukrouh a publié encore une fois, ce mercredi 23 août, la lettre qu’il avait écrite au président Abdelaziz Bouteflika après son élection en 1999.

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« Le jour de la proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle d’avril 1999 par le Conseil constitutionnel, j’ai fait remettre cette lettre en mains propres par le défunt Larbi Belkheir à M. Abdelaziz Bouteflika », écrit l’ancien ministre sur sa page Facebook.« Dix-huit ans après, ce message résonne dans sa conscience et dans la nôtre comme la preuve qu’il a fait le choix entre le bien qu’il pouvait faire au pays et le mal contre lequel je l’avais mis en garde », ajoute-t-il.Qu’est-ce que Boukrouh, ancien ministre du Commerce, avait écrit dans sa lettre à Bouteflika ? Extraits.« C’est à vous, Monsieur le Président, qu’il incombe de conduire notre nation vers le salut. Notre pays a trop longtemps souffert de l’ignorance de ses dirigeants, lesquels ont, pour la plupart, consacré leurs maigres ressources mentales et intellectuelles à manigancer et à intriguer pour acquérir ou sauvegarder un statut illusoire, au lieu d’accomplir un rôle dont ils n’avaient aucune idée et pour lequel ils n’étaient assurément pas faits… », écrivait Noureddine Boukrouh dans sa lettre qu’il qualifie de « naciha » (conseil).« Aujourd’hui que le sort vous a désigné pour présider à nos destinées à l’orée du troisième millénaire, il vous faudra mettre au service de cette mission votre conscience, votre expérience et vos compétences », avait-il demandé.« Éduquez le peuple, éveillez-le, réformez son État, son école, son université ; frappez son imagination, secouez son esprit, soulevez son âme, donnez aux Algériens le sens du devoir, inculquez-les les notions de mérite et de dévouement ; nettoyez la justice et l’Administration (…) ».Noureddine Boukrouh rappelait à Abdelaziz Bouteflika que « c’est de leur plus haut responsable que les citoyens d’un pays attendent d’habitude l’exemple et l’indication du chemin à suivre. Ils sont inconsciemment portés à attendre de lui les gestes symboliques, les preuves de sa sincérité et les manifestations de sa compétence. Vous avez parlé ‘d’esprit chevaleresque’, donnez-en des illustrations concrètes, montrez que vous êtes magnanime tout en étant intraitable… ».L’ancien ministre évoquait dans sa missive la réconciliation qui devait être concrétisée « à condition qu’elle ne soit pas comprise comme une reconnaissance de l’efficacité du recours à la violence pour faire valoir des thèses ».« Car, sitôt la paix obtenue avec ceux-ci, ceux-là seront tentés de prendre leur place au maquis et d’attendre que vienne le président qui leur offrira ‘rahma’ et ‘réconciliation’ », avait prévenu M. Boukrouh pour qui le pays « ne pourra pas survivre à une autre guerre civile ». « Nul ne pourra alors éviter l’intervention armée de l’étranger pour nous aider à ‘régler’ nos problèmes… », avait-il insisté.L’ancien ministre avait mentionné une citation des mémoires de Nixon, un ancien président américain : « un ennemi est un ami que je n’ai pas rencontré ». « Cette sentence vaut aussi bien pour vous qu’à votre propos. La majorité des Algériens actuels ne vous connaissent pas. Ils ne vous ont pas rencontré et ne savent de vous que ce qu’ils ont entendu ou lu sur vous. Vous êtes aujourd’hui en face d’eux, vous avez l’occasion de vous faire connaître d’eux pour ce que vous êtes réellement et, selon ce qu’ils découvriront, ils seront vos amis ou vos ennemis », avait-il souligné.

 

 

 

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  • 2 weeks later...

Boukrouh, l’homme qui dérange

Il multiplie les attaques contre le régime

El Watan

le 05.09.17 | 12h00

 

Verbe incisif, quolibets et attaques frontales ; depuis quelques mois, l’ancien ministre du Commerce et candidat à l’élection présidentielle de 1995, Noureddine Boukrouh, ne laisse personne indifférent.

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Des voix proches du système commencent même à faire monter

les décibels qui pour répondre politiquement, qui pour menacer l’homme de poursuites judiciaires. Dans ses discours, le fondateurdu Parti du renouveau algérien (PRA) s’en prend à la situation du pays où la maladie du président de la République paralyse

les institutions de l’Etat.

Sur sa page Facebook ou dans les journaux, l’homme politique, doublé d’un redoutable polémiste, multiplie les publications. Des écrits qui semblent agacer au plus haut niveau de l’Etat. Des voix proches du système commencent même à faire monter les décibels qui pour répondre politiquement, qui pour menacer l’homme de poursuites judiciaires. Dans ses discours, le fondateur du Parti du renouveau algérien (PRA) s’en prend à la situation du pays où la maladie du président de la République paralyse les institutions de l’Etat. Il a interpellé, notamment, le conseiller et frère du chef de l’Etat après la polémique suscitée par l’image d’un Saïd Bouteflika riant en compagnie de Ali Haddad à El Alia. Boukrouh s’est également attardé sur la mise à l’écart de Abdelmadjid Tebboune et le retour de Ahmed Ouyahia aux affaires. Mais de tous ses écrits, celui où l’ancien ministre du Commerce interpelle l’armée est celui qui semble avoir fait plus de mal. Dans un pamphlet intitulé «Une muette qui ne veut rien entendre», Noureddine Boukrouh indique que «l’Armée algérienne est devenue sous la chefferie du général Gaïd Salah l’armée du Président, lequel Président et ministre de la Défense nationale a changé la Constitution plusieurs fois durant ses quatre mandats pour en faire un habit sur mesure, un justaucorps qui lui colle à la peau comme l’habit porté par certains artistes ou sportifs».Plus loin, l’homme politique, qui manie aussi bien le verbe en français qu’en arabe, s’interroge sur le sens à donner à la position d’Ahmed Gaïd Salah qui déclarait, il y a une semaine, que l’armée s’en tenait à ses «missions constitutionnelles».«Quel sens peuvent revêtir des déclarations d’allégeance à la République quand cette allégeance ne va pas au ‘‘peuple souverain’’ mais à un homme invisible, inaudible et notoirement dépourvu de ses moyens physiques et intellectuels ?» interroge Boukrouh. Il reprochera au haut-commandement de l’armée de devenir «le bras armé et ponctuellement menaçant d’un régime moribond, d’un pays sans gouvernance et d’un Etat qui n’est plus gérant ou garant, mais tout simplement errant...».Pour répondre à l’ancien ministre, l’armée a utilisé, dans un premier temps, des sources anonymes. Un officier supérieur qui a requis l’anonymat s’est exprimé dans les colonnes du journal arabophone El Bilad. Présenté comme un proche d’Ahmed Gaïd Salah, le responsable du ministère de la Défense a indiqué que «l’armée est en effet celle du Président qui est le chef suprême des forces armées».

«Des méthodes de voyous»

Hier encore, le secrétaire général du FLN s’est attaqué à l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 1995. Djamel Ould Abbès rappelle que les écrits du penseur font penser à ceux de l’été 1998 durant lequel le même auteur s’est distingué par des attaques contre le régime. Des attaques qui ont contribué à pousser l’ancien président, Liamine Zeroual, à démissionner. «Ce qui se dit actuellement nous rappelle les déclarations faites durant l’été 1998, notamment dans la presse. Il y a du copié-collé. Mais cela ne nous inquiète pas, cela me fait même rire. C’était avec Zeroual, mais celui qui ne connaît pas Bouteflika se trompe. Zeroual a démissionné après trois mois de déclarations. Certains veulent rééditer le scénario de 1998», a-t-il dit, cité par le site TSA. Mais les propos de Boukrouh sont tombés dans d’autres oreilles. Des sites internet, réputés être proches de la présidence de la République, ont même donné des informations selon lesquelles les impôts demanderaient à l’ancien président du PRA de «payer des arriérés» d’impôts qui se «chiffreraient» à des milliards. Il s’agirait, selon Algérie

 

1, d’une société fondée par l’homme politique en 1995. La méthode est connue.

 

Contacté, Noureddine Boukrouh dit s’attendre à ce genre d’attaques. «Mes derniers écrits liés au changement de gouvernement dans des conditions jamais vues et sur l’attitude de l’armée et des anciens responsables militaires devant l’état atteint par le pays ont et vont déclencher des réactions violentes», a-t-il indiqué à El Watan. Il estime que les attaques vont se concentrer «non pas sur les idées», mais sur sa personne.Cela se fera avec «des méthodes de voyous et de bandits qui ne pensent pas, n’écrivent pas, mais savent seulement soudoyer, corrompre, faire du chantage, monter des ‘‘dossiers’’ ou assassiner». «C’est tout ce qu’il y a en face, des voyous et des bandits qui utilisent les moyens de l’Etat tombés entre leurs mains pour faire peur, réprimer et enrayer la prise de conscience qui est en train de s’opérer dans l’esprit de larges couches d’Algériens à propos de leur avenir», fulmine-t-il encore.

Ce n’est pas la première fois que Noureddine Boukrouh crée la polémique. En 1988, l’homme s’était invité dans le débat public et avait fait sensation. Ce qu’il fera quelques années plus tard lorsqu’il accusera les militaires de «voleurs». Mais c’est surtout durant l’été 1998 que l’homme politique a croisé le fer avec le tout-puissant général Mohamed Betchine, alors ministre conseiller du président Liamine Zeroual. Les salves de Boukrouh ont même ouvert la porte à ce qui deviendra «le feuilleton de l’été 1998». Une saison durant laquelle des scandales à répétition seront révélés dans la presse. C’était loin d’être vain, puisque, en septembre, le président Zeroual annonçait sa démission et l’organisation d’une élection présidentielle anticipée.

Ali Boukhlef

 

 

 

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Noureddine Boukrouh

«Combattre le 5e mandat ou la succession héréditaire» (I)

 

El Watan

le 10.09.17 | 12h00 nourredine-boukrouh_2629212_465x348.jpg.5642209aa5158642ab389c853fea175c.jpg

Depuis quelques mois, Noureddine Boukrouh multiplie les contributions pour dénoncer la situation du pays après le quatrième mandat de Ab delaziz Bouteflika. Dans cet interview, il revient sur les motivations qui l’ont poussé à s’exprimer de manière aussi tranchée.

 

Depuis 2011 et après une longue absence, vous avez repris votre plume pour vous exprimer sur les problèmes qui concernent autant l’Algérie que la région en général. Qu’avez-vous fait entre 2005 et 2011 ?

 

Effectivement, je n’ai rien publié dans la presse nationale entre 1999 et 2011, année du déclenchement des révolutions arabes que j’ai accompagnées en les commentant dans une bonne cinquantaine de contributions.De décembre 1999 à avril 2005, je ne pouvais pas m’exprimer sur la politique nationale ou les évènements internationaux, car cela étant incompatible avec des fonctions officielles.Je m’acquittais de mes tâches au sein du gouvernement et faisais même des «extras», puisqu’il m’arrivait de représenter le Président dans des manifestations internationales et de rédiger à sa demande des discours qu’il devait prononcer à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Une bonne vingtaine, je crois, car il aimait bien mon style.Après ma sortie du gouvernement, je me suis rendu aux Etats-Unis pour récupérer auprès de la famille (de Malek) Bennabi un lot de documents et de manuscrits inédits qui n’ont pas été ouverts depuis sa mort et qui m’ont servi à finaliser un grand travail sur lui (L’islam sans l’islamisme : vie et pensée de Malek Bennabi, dont la préface a été signée par sa fille et l’introduction par un professeur d’université américain.Ce legs m’a permis aussi d’offrir aux Algériens les Mémoires de Malek Bennabi au grand complet sous le titre Mémoires d’un témoin du siècle : l’Enfant, l’Etudiant, l’Ecrivain, les Carnets, en 2007. Seule la première partie en français (l’Enfant) et la deuxième partie en arabe (l’Etudiant) étaient connues d’un public restreint, car la première n’a pas été rééditée depuis 1965 et la seconde est sortie à Damas en 1970.Je me suis ensuite consacré à mes propres écrits de 1970 à 2012 que j’ai regroupés en deux volumes, l’un traitant de l’islam (Que faire de l’islam ?) et l’autre de l’Algérie et des révolutions arabes (Réformer peuple et pouvoir). J’ai aussi voyagé en Corée du Sud et dans quelques pays arabes et européens.Lorsque les révolutions arabes ont éclaté, j’ai réagi comme en 1979, quand je me suis rendu en Iran pour vivre de l’intérieur la révolution, et en 1980 en Turquie juste après le coup d’Etat. En 2011, il n’y avait pas lieu de se déplacer, car les révolutions se déroulaient dans plusieurs pays en même temps et les chaînes TV les retransmettaient en direct.Il fallait juste bien analyser, ce qui m’a incité à exhumer quelques idées qui couvaient en moi depuis les années 1970 sur la thématique de la réforme de l’islam, étant donné sa profonde intrication avec la politique dans les pays musulmans. On ne modernisera pas les musulmans, et en particulier les Arabes et les Amazighs, si on ne modernise pas l’islam.C’était prématuré dans les années 1970, il fallait que le contexte évolue, qu’il atteigne le point de rupture pour qu’enfin on réalise que sans une réforme intellectuelle et psychologique sans précédent, les Arabes et les Amazighs resteraient les derniers, en queue de peloton. J’ai alors publié, à titre de test, une quinzaine de contributions sur le sujet, en arabe et en français, dans les médias algériens qui ont suscité des remous dans les milieux islamiques.Ces écrits ont été publiés l’an dernier sous forme d’un livre en français La nécessaire rénovation de l’islam et d’un autre en arabe Hatmiyattajdid al islam. Enfin, j’ai publié, l’an dernier, en arabe Jawharfikr Malek Bennabi en deux volumes. Avec ça, j’en aurai fini avec la mise à disposition du public de la pensée bennabienne.

Depuis 2014, vos écrits se sont concentrés sur la situation politique en Algérie. Vous vous en prenez frontalement au système Bouteflika. Qu’est-ce qui vous motive ?

Avant 2014 il y a 2013, année où j’ai publié un article au mois de juin sur la maladie du Président qui était encore en soins à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce. Une campagne pour sa destitution pour cause de maladie battait son plein dans le pays, et un des ténors de l’analyse politique, Chafik Mesbah, polarisait l’attention avec une théorie de la transition assortie de propositions opérationnelles passant par la destitution du Président que je trouvais aussi illégale que farfelue.J’ai alors rédigé un article sous le titre de «Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?», où je démontais son argumentaire et suggérais une autre démarche, car nous étions à dix mois de la fin du troisième mandat et une commission nommée par le Président avant son accident était déjà à l’œuvre sur le chantier de la réforme de la Constitution. C’est le seul article que j’ai écrit en 2013.C’est pour vous dire que je n’avais rien contre le Président, que je ne développais aucune obsession ou vindicte contre lui, et que je l’ai défendu dans cet article et dans des émissions TV, notamment sur Ennahar TV. Pour avoir fait partie de son gouvernement pendant plus de cinq ans et avoir eu le loisir de l’observer, l’étudier, l’analyser et même le pratiquer, je connaissais son attachement au pouvoir, mais pas au point qu’il mettrait sa personne sur un plateau de la balance et toute l’Algérie sur l’autre. Lorsque, en mars 2014, il fit connaître son intention de se présenter à un quatrième mandat dans l’état où il était, il n’était plus à mes yeux un homme malade physiquement mais, plus grave encore, mentalement. Du jour où il a proclamé sa candidature à aujourd’hui, j’ai publié une cinquantaine de contributions rien que sur lui et le quatrième mandat. Ce qui me motive ? Je vous l’ai prouvé j’espère. Non pas une haine recuite contre lui ou une envie de le remplacer, comme s’illusionnent certains sur eux-mêmes, mais ce qui est devenu en moi une révulsion pour ce que symbolise désormais cet homme aux yeux des Algériens conscients et du monde qui nous observe : rester au pouvoir comme un obsédé agrippé à quelque chose qu’il ne lâchera qu’une fois mort. Un peu comme Harpagon avec sa cassette dans L’Avare de Molière.Cet homme n’a plus ses esprits, ce qui lui reste de vie physique et d’activité cérébrale est investi en totalité dans la soupçonnite, le «twasswis», la méfiance systématique, la surveillance sur sa gauche, sa droite, derrière, devant, dessous, dessus, si quelque chose ou quelqu’un est susceptible de nourrir l’intention de lui arracher le sceptre, le sceau présidentiel, le titre et la fonction. Il n’a confiance qu’en son frère et en quelques personnages placés à la tête des institutions qui comptent à ses yeux. Peu lui importe notre sort, notre avenir, notre dignité parmi les nations, et cela est inacceptable, injuste, immoral, suicidaire…

Certains, dans le pouvoir, vous accusent de vouloir reproduire le scénario de l’été 1998. Etes-vous dans le même état d’esprit qu’il y a 19 ans ?

Mon état d’esprit n’a pas varié, il est le même depuis mon adolescence, depuis que j’ai commencé à critiquer le système politique algérien en 1971 avec des articles portant des titres comme «Le bon, la presse et le truand», «L’art de détruire», «La poule aux œufs d’or», «Psychologie des alpinistes» et d’autres. Quant à ceux à qui vous faites allusion, ce sont des mercenaires qui rappellent les frères Dalton.

S’ils étaient doués de la moindre intelligence, du plus simple bon sens, s’ils connaissaient la nature du pouvoir algérien et la presse indépendante, ils comprendraient qu’ils colportent des imbécillités qui ont pris les apparences de la vérité dans leur esprit débile à force de répétition et d’autosuggestion, car on ne fait pas tomber un pouvoir avec quelques articles et des interviews.J’ai eu beau répondre à cette question depuis vingt ans, c’est chaque fois rebelote. «Plus c’est gros, mieux ça passe», disait Goebbels. Personne n’a eu l’idée de réfléchir sur la vraisemblance de cette rumeur devenue une légende, puis un fait établi de l’histoire moderne algérienne. Tout le monde m’accuse d’avoir joué un rôle dans le départ de Zeroual et de Betchine, sauf… les intéressés eux-mêmes. Ils sont encore en vie. Qu’en sera-t-il après leur mort ? Vous êtes journaliste. Si j’avais joué ce rôle, cela implique que j’avais à ma botte l’ensemble de la presse qui m’avait publié. D’où tirerais-je un tel pouvoir ? Quel était l’intérêt de la presse à me laisser me servir d’elle pour faire tomber le président de la République ? A moins de supposer qu’elle était mon complice ou mon «manipulateur»… A l’époque, on racontait que j’étais soutenu par les généraux Lamari et Toufik… Et aujourd’hui ?

Des voix dans le pouvoir commencent déjà à monter au créneau. Des histoires vous concernant sont colportées dans certains médias. N’avez-vous pas peur ?

Peur de quoi ? De qui ? Quelles histoires ? Pourquoi sortiraient-elles aujourd’hui plutôt qu’en leur temps ? Pour me faire du chantage ? Pour me faire taire ? Pour me distraire de mon travail politique ? Pour me faire peur ? Il n’y a que des voyous et des bandits pour raisonner et agir de la sorte, pour utiliser des méthodes aussi viles et aussi lâches.Je sais qu’ils peuvent inventer ce qu’ils veulent, car ils ont peur de l’élan qui est en train de se former dans le pays grâce, notamment, à mes écrits. Ils peuvent aller jusqu’aux moyens extrêmes, mais je ne répondrai à aucune provocation et continuerai de réfléchir, d’écrire, de publier et d’agir pour combattre la mafia qui s’est emparée du pouvoir et utilise les moyens de l’Etat contre quiconque se dresse sur son chemin, le chemin du cinquième mandat ou de la succession héréditaire.

Ali Boukhlef

 

 

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Noureddine Boukrouh

«Combattre le 5e mandat ou la succession héréditaire» (II)

El Watan

le 10.09.17 | 12h00

 

Beaucoup d’Algériens, dont des politiques et des personnalités, appellent à une élection présidentielle anticipée. S’agit-il d’une solution, selon vous ?

Les appréciations de la solution sont nombreuses et diverses, et c’est pour cela qu’aucune ne s’est réalisée depuis l’indépendance à ce jour. Aucune ne couvre en entier le champ du problème auquel elle veut remédier. Il faut qu’il y en ait une seule : une seule et unique évaluation de la situation, débouchant sur une seule et unique solution, exécutée comme un mouvement d’ensemble. Nous sommes en présence d’un cas d’école, d’un cas pratique où l’on peut effectivement dire que l’histoire se répète.Nous sommes dans la situation des Algériens en 1953, à la veille de la formation du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA). Les partis politiques du mouvement national et les leaders politiques étaient des concurrents, voire adversaires les uns des autres, oubliant le colonialisme. C’est de ce blocage qu’est née l’idée du CRUA et, un an plus tard, un «front» trans-partisan était proclamé en vue de la réalisation d’un objectif unique : la reconquête de la souveraineté nationale.Il faut s’inspirer de notre histoire tout en évitant les erreurs commises par nos aînés : les divisions ne mènent nulle part quand tout le monde souffre de la même chose. Hier, c’était le colonialisme, aujourd’hui, c’est le despotisme d’une mafia qui s’est emparé du pouvoir en se cachant dans l’ombre d’un homme malade. L’épisode Tebboune a révélé au monde que la maladie mentale n’était pas une vue de l’esprit, car un Président en possession de ses facultés ne procède pas comme ce qu’on a vu le mois dernier. Pour moi, c’est le grand tournant.

Une de vos contributions ayant le plus fait polémique est celle où vous parlez de l’armée que vous accusez de se mettre «au service d’un homme». Que faut-il demander aujourd’hui à l’institution militaire ?

J’ai dit dans cet écrit qu’il n’y avait pas que le coup de force pour dénouer une crise, mais que, conformément à nos traditions ancestrales et aux vertus du dialogue dont s’inspire notre diplomatie (à la manière des anciennes «tadjmâat»), certaines voix pourraient s’élever pour faire entendre raison au Président et le libérer de l’influence qu’exerce sur lui un groupe de personnes qu’on a vu à l’œuvre le mois dernier, lors de l’affrontement entre Tebboune et Haddad. Si cela a pu se produire, il faut s’attendre à n’importe quoi d’autre, y compris d’ordonner de tirer sur le peuple en cas de troubles.

Est-ce qu’il y a des initiatives visant à traduire, dans les faits, les idées que vous développez ?

Je n’en sais rien, mais je n’en vois aucune. En ce qui me concerne, j’en ai annoncé une et j’y travaille. Nous sommes devant le défi de conquérir notre souveraineté populaire, notre souveraineté citoyenne, et une telle cause implique la plus large mobilisation et participation possible, car notre société est encore largement dépolitisée et fataliste. Il ne faut pas appeler le peuple à se soulever, mais à se réveiller, à ouvrir les yeux sur les dangers auxquels il est exposé par un groupe de personnes irresponsables. Faut-il attendre que le mal se produise pour réagir, ou faut-il prendre les devants et agir avant que le mal n’arrive ? L’action se prépare, la réaction s’improvise. Mais les résultats de l’une et de l’autre ne sont pas les mêmes, ils peuvent même aller à l’encontre de ce qu’on souhaite. Les conséquences du soulèvement d’Octobre 1988 sont encore sous les yeux : la réaction de révolte ayant pris la place d’une action préparée dont les conditions n’étaient de toute façon pas réunies, il s’en est suivi un engrenage incontrôlable qui nous a conduits à la situation d’aujourd’hui. L’Algérie est dans un état moral, économique et social pire que celui qui prévalait à la veille d’Octobre 1988. Moralement, parce qu’elle assiste impuissante à la déliquescence de l’Etat, comme cela n’était jamais arrivé avec un président détenteur de tous les pouvoirs mais malade, absent et ayant peut-être perdu la raison à en juger par les derniers événements. Économiquement, parce que la richesse nationale est détournée au profit d’affairistes qui narguent la nation et se sont insinués dans les mécanismes de prise de décision au Parlement et à la présidence de la République. Socialement, parce que la réduction des recettes pétrolières ne permet plus d’acheter la paix sociale, alors des mesures dures devront être nécessairement prises, elles feront monter en flèche l’inflation, détruiront la valeur du dinar et appauvriront tous les Algériens, à l’exception de la minorité constituée par des hommes politiques au pouvoir et des affairistes prédateurs qui s’enfuiront à l’étranger où ils ont placé de quoi vivre eux et leur descendance pendant mille ans. A l’extérieur, nos frontières sont menacées et Daech est désormais dans nos murs, comme on vient de le voir à Constantine et Tiaret. Que faire devant cette situation qui dure depuis avril 2013 et que, du côté du pouvoir, on veut encore faire durer en préparant le prochain mandat ? Si le Président reste en vie, ce sera lui, sinon ce sera un des leurs issu de l’alliance entre la politique et l’argent sale qu’ils ont formée.Il faut refuser ces deux options nuisibles à l’avenir du pays.L’espoir c’est comme le blé, il ne pousse que si on l’a semé. Nous devons le créer, le produire, le fabriquer, le faire passer du stade du souhait, du désir, du rêve, à celui de l’action, de la réalité et du changement systémique. Il manquait à cette nation un combat qu’elle n’a jamais livré, celui du projet de société, de l’idéal de vie dans un Etat de droit démocratique et social. Un tel combat ne se mène pas avec les armes, mais avec l’intelligence, la raison, la cohésion, la solidarité, la convergence des efforts, la compétence... Telle est en quelques mots la philosophie de l’initiative à laquelle je suis attelé et qui sera accompagnée des modalités de sa mise en application.

Ali Boukhlef

 

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