Laziz 208 Posted August 22, 2017 Partager Posted August 22, 2017 (edited) Bonjour à vous tous Depuis quelques années, j’écris et commente le Mahabharata, le livre le plus ancien et le plus long jamais composé sur l’histoire d’une civilisation, l’Inde. Au cœur de cet ouvrage colossal, il y a un petit texte qui se présente comme une Upanishad, intitulé la Bhagavad-gita, et qui paraphrase les échanges spirituels entre Krishna et Arjuna, juste avant la Bataille. Ceux qui sont intéressés à comprendre cet enseignement peuvent me lire et s’enquérir à ce sujet. « Le Seigneur Bienheureux, Krishna, dit: Maintenant écoute, ô Arjuna. Voici de quelle manière, pleinement conscient de moi dans la pratique du yoga, ton mental à moi lié, tu me connaîtras tout entier, sans plus le moindre doute. » (Je souligne.) Krishna s’apprête à faire de grandes révélations sur la nature de ce monde, et de l’autre. Bien écouter dans ce cas est une vertu, et non des moindres, sachant qu’en ces temps anciens la connaissance était transmise oralement. Après cette initiation, Arjuna saura toute la vérité. Rares sont les prétendants au savoir susceptibles de maintenir le mental silencieux et d’écouter attentivement, très rares : « Parmi des milliers d'hommes (manushyanam sahasresu), un seul, peut-être, recherchera la perfection. » En fait, il existe deux mondes. Il y a celui-ci, dans lequel vivent les êtres vivants, et qui le rendent possible par leur attachement et leur lutte incessante pour le dominer; il est composé de terre, d’eau, de feu, d’air, d’éther, de mental, d’intelligence et de l’ego matériel; ils en forment la matière brute et subtile. Et il y en a un autre, supérieur, régi par l’énergie personnelle de Krishna. Nulle autre réalité, précise-t-il, n’est envisageable, « tout repose sur moi, comme des perles sur un fil. » Il est l’origine et la fin de toutes choses, sans exception. Quelques exemples : il est le goût de l’eau, la lumière du soleil, la syllabe om, le son dans l’éther, le parfum des plantes, la force du fort, l’intelligence de l’intelligent, la chaleur du feu, la vie en toute ce qui vit, etc., etc. Sur un autre forum, quelqu’un m’a parlé d’un arbre, je suppose qu’il faisait allusion à l’arbre de la connaissance, celui dont il est question dans la Bible. Pour une raison ou une autre (en fait, c’est parce qu’il trouvait que je ne focalisais pas assez sur le concept d’arbre, mais trop sur les hommes), je lui ai parlé de mon figuier. Je lui ai répondu que dans la Bhagavad-gita Krishna déclare que d’entre les arbres, il est le figuier sacré. Donc, chaque fois que je m’approche de cet arbre et que je cueille un de ses fruits succulents, je ne peux m’empêcher de penser à Dieu tellement l’effet du fruit me fait jouir quand je croque dedans. Et c’est exactement à ça que ce résume le but de la gita, selon ma compréhension. Si vous en avez une copie à votre portée, chez vous ou sur le Web, je vous invite à comparer les versets que je publierai ici. Hier, je lisais à propos de ce révolutionnaire qu’était Saint-Simon et qui disait : « Comprendre, ce n’est pas seulement accepter, c’est encore vouloir activement ce qui a été compris, parce qu’être compris, c’est devenir une partie de celui qui comprend, une partie de ses intentions, de son but et de son développement vers ce but. ». Cité par Isaiah Berlin dans La liberté et ses traîtres. Edited August 22, 2017 by Laziz 1 Citer Link to post Share on other sites
Laziz 208 Posted August 23, 2017 Author Partager Posted August 23, 2017 Une lectrice de la Bhagavad-gita m’a posé cette question : « Puisque Dieu encourage ceux qui sont formés de par leur constitution psychique et physique au combat, ces soldats nés, qui font partie de la classe des kshatriyas, puisqu’il les encourage à la guerre, n’est ce pas là un bon prétexte pour les dictateurs, les fanatiques ou les terroristes qui aujourd’hui courent les rues et les campagnes, à tuer au nom de Dieu ? » En principe, non. Dieu n’encourage pas ce genre de folie. En tout cas, pas celui de la Bhagavad-gita. Ce n’est pas la première fois que l’on me pose cette question et que j’y réponds. Il y a ceux qui comprennent rapidement et ceux qui restent sur leur faim. Pour ces derniers, Dieu est absolument amour, compassion et paix, par définition; il ne peut être associé de près ou de loin à la violence, encore moins préconiser la guerre. Cette posture est celle des Témoins de Jéhovah, de Gandhi, des pacifistes avant la deuxième guerre mondiale ou des hippies : « oui à l’amour, non à la guerre » professent-ils. Je vais donc prendre le temps de lui répondre et j’espère que vous saurez en tirer avantage. « Il te faut, armé du glaive du savoir, trancher les doutes que l’ignorance a fait germer en ton cœur. Fort l’arme du yoga, lève-toi et combats. » (4.42) Lorsque Krishna encourage Arjuna à tuer, il lui dit d’user avant tout de sa tête, de son intelligence, de le faire selon les principes de la religion. En fait, il ne s’agit pas ici de religion à proprement parlé, le mot n’est pas adéquat, la bataille de Kurukshetra n’a pas été une guerre de religion, les militaires ne défendaient pas des dogmes religieux; ils se battaient pour le pouvoir; jamais les convictions religieuses des uns et des autres ne furent en jeu. Il combattait au nom du dharma, pas pour le compte d’un dieu ou d’une religion. Le dharma, dans ce contexte, signifie ‘devoir’ et ‘justice’. Au niveau néophyte, la religion est le plus souvent imprégnée de sentimentalité. Le cœur en est saturé et les émotions qu’elle produit embrument la pensée. C’est la foi du charbonnier. Une telle personne, quand elle est manipulée en sus par une autorité mal intentionnée, peut transformer ces sentiments en une philosophie terrifiante. Un couteau vendu sur le marché peut aider positivement ou il peut être utilisé à mauvais escient. En lui-même il n’est ni bon ni mauvais. Quand le yoga est pratiqué à des fins égoïstes, il faut s’en méfier comme de la mort. Citer Link to post Share on other sites
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