Belame 10 Posted January 28, 2018 Partager Posted January 28, 2018 Autour de Yennayer. Ansi i d-nekka, sani nteddu ? Je n’aime pas les symboles ! Surtout en politique. Ils font partie de ces instruments d’aveuglement, d’abêtissement des peuples, qui permettent à des hommes politiques cyniques et opportunistes de conduire les foules comme on conduit les troupeaux de moutons – nehhren-ten am lmal agugam, dit-on en kabyle. Les symboles, dans la vie politique, sont avant tout un outil d’occultation du réel, de dilution de l’esprit critique ; ils servent essentiellement à empêcher l’analyse objective des faits et situations. Ils participent de "l’opium du peuple"… C’est pour cela que tant de leaders politiques, tant de dictateurs ou apprentis dictateurs en usent et abusent. Sur le plan de l’analyse du discours, je pense même que l’on peut formuler une loi selon laquelle le niveau de démocratie d’un pays est inversement proportionnel à l’usage des symboles que font ses dirigeants. Au cours des différents mandats du Président Bouteflika, les Berbères auront été rassasiés de symboles : tamazight "langue nationale" en 2002, "langue officielle " en 2016, Yennayer journée chômée et payée en 2017… Et la liste n’est certainement pas close. On pourrait d’ailleurs rajouter bien d’autres initiatives si l’on rentrait dans les ‘détails’, notamment les nombreux colloques et autres manifestations publiques organisées sous l’égide des institutions officielles. On peut s’attendre à tout, même à ce que le Président Bouteflika prononce un discours en langue berbère… Quant à Mouloud Mammeri, on ne peut exclure qu’il ait bientôt sa statue à côté de celle de l’Émir Abdelkader, dans le grand et accueillant panthéon de la Nation algérienne, où on retrouvera aussi Saint Augustin, Aït-Ahmed – qu’ils ont exilé –, Boudiaf – qu’ils ont assassiné... Qui se souvient encore du temps où Mammeri était traité comme un paria et qualifié de "chacal" par ceux-là mêmes qui lui tressent maintenant des couronnes ? Manifestement l’État algérien et certaines élites algériennes se complaisent dans le symbole, l’affichage et la représentation. Or, ce sont autant de mesures et d’actions qui ne changent strictement rien à la situation réelle de tamazight, langue et culture minoritaires et minorées, toujours soumises au rouleau compresseur de l’arabo-islamisme, de l’arabisation, et de la pensée unique, véhiculés par toutes les institutions de l’État, tout particulièrement par le système éducatif. L’officialisation de Yennayer est typiquement une mesure "qui ne coûte pas cher et peut rapporter gros" : en caressant dans le sens du poil des élites (berbères et autres) qui ne demandent et n’attendent que la "reconnaissance" du Maître, en accordant quelques os à ronger à des relais toujours prêts à servir le Pouvoir, on annihile, ou au moins on affaiblit, les capacités de résistance, de réaction et de gestion autonome de la société. Bref, il s’agit de transformer – en Algérie comme au Maroc – le lion berbère en doux agneau bêlant qui attend la caresse du Maître. A s-rẓen acciwen, a s-kksen accaren d wuglan… Salem CHAKER, Marseille, le 12/01/2018. Citer Link to post Share on other sites
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