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La subversion de l’Eglise – Le judaïsme, la kabbale et Vatican II


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Bien loin de l’idée que se font les contempteurs de l’Eglise conciliaire, la soumission du Vatican à la modernité et au judaïsme ne s’est pas faite en un concile, ni même en un siècle. Le concile Vatican II (1962-65) est venu ponctuer une guerre multiséculaire sourde et secrète… Les premières tentatives des rabbins kabbalistes d’amener l’Eglise dans le giron des tenants du judaïsme, par un rapprochement en direction du haut clergé, et ce jusqu’aux cardinaux et aux papes, remontent au Moyen-Age.

 

 

 

La kabbale chrétienne, une arme de subversion de l’Eglise

 

 

 

 

 

 

La subversion de l’Eglise – Le judaïsme, la kabbale et Vatican II – Youssef Hindi

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On peut faire remonter l’origine de la kabbale chrétienne à l’Espagne du XIIIe siècle, période et lieu de la maturation de la kabbale, qui coïncide avec la celle de l’activité du grand rabbin kabbaliste Moïse Nahmanide, celui que j’ai identifié comme étant le père du messianisme actif[ii].

 

 

 

C’est à ce moment que, en Espagne, le missionnaire catholique Raymond Martin écrit dans son traité Pugio fidei (« Le poignard de la foi ») que la Aggadah (enseignements et récits rabbiniques) talmudique, et le Midrash (exégèse et interprétation biblique) portent déjà la marque du christianisme[iii].

 

Gershom Scholem écrit à ce propos « qu’il est curieux de noter que Raymond Martin vécut précisément dans le pays (la Catalogne) et à l’époque où eut lieu la première cristallisation de la littérature kabbalistique au sein du cercle des penseurs juifs qui entourait Nahmanide (1194 – vers 1270), et que néanmoins il ignorait tout de son activité missionnaire, il avait fait confisquer tous les livres appartenant aux communautés juives de Catalogne. Il lui fallait donc s’en tenir au Talmud pour faire jouer à celui-ci le rôle de témoin capital de la doctrine chrétienne – un rôle historique pour lequel le Talmud était manifestement aussi peu fait que la kabbale, choisie plus tard, pour tenir ce même rôle, par Pic de la Mirandole et ses héritiers »[iv]

 

 

 

C’est véritablement dans la période d’activité d’Abraham Aboulafia[v] (1240-1291) que l’histoire de la kabbale chrétienne démarre, du moins selon le plus ancien témoignage (d’Aboulafia lui-même, qui évoque dans un texte quelques-uns de ses élèves qui se sont convertis au christianisme). En effet, certains élèves d’Aboulafia qui avaient étudié sous sa direction vers 1280 – année où Aboulafia tenta de rencontrer le pape Nicolas III pour obtenir sa soumission[vi] et la libération des juifs de l’exil afin de les rapatrier en Terre sainte – à Capoue, se convertissent au christianisme et tentent d’y faire pénétrer la kabbale.

 

 

 

Par ailleurs, on a essayé, rapporte Scholem, de prouver qu’Aboulafia avait exercé une certaine influence sur Arnaud de Villeneuve, célèbre médecin espagnol qui se fit franciscain et qui, après avoir appris l’hébreu, crut pouvoir, par la kabbale, convaincre les juifs de la véracité de la Trinité[vii]. S’il n’y a vraisemblablement pas de preuve qu’Arnaud connût les écrits d’Aboulafia, l’historien et spécialiste de l’histoire des juifs d’Espagne, Ytzhak Baer (1888-1980), rapporte qu’Aboulafia, qui avait vécu en Italie, avait été en rapport avec des joachimites (mouvement millénariste issu des franciscains) et des franciscains italiens[viii].

 

 

 

Le premier juif converti au christianisme qui se soit explicitement référé à la kabbale (en utilisant à la manière d’Aboulafia des combinaisons des lettre hébraïques) est Abner de Burgos, converti en 1320, qui prit le nom d’Alphonse Valladolid[ix].

 

 

 

 

 

Le maître de Pic de la Mirandole, un kabbaliste infiltré au Vatican

 

 

 

Au XVe siècle, peu avant l’entrée de Pic de la Mirandole sur la scène de l’Histoire, des kabbalistes juifs convertis au christianisme falsifient des sources kabbalistiques pour les faire converger avec les dogmes chrétiens. Parmi eux, l’on peut mentionner l’ouvrage rédigé en 1450 par le juif marrane Pedro de la Caballeria et qui a pour titre Zelus Christi (« Le zèle du Christ ») dans lequel il fait une interprétation du Trisagion (invocation liturgique, Isaïe, 6,3)[x]. D’autres textes kabbalistiques falsifiés au début du XVIe siècle en Espagne ont été mentionnés par l’historien Heinrich Graetz[xi].

 

 

 

 

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Le maître de Pic de la Mirandole, Flavius Mithridate, se situe dans cette lignée de juifs kabbalistes convertis au christianisme qui falsifièrent délibérément les textes kabbalistiques pour les faire converger avec les dogmes chrétiens et ainsi installer la kabbale au cœur du christianisme, au Vatican même. C’est cette kabbale chrétienne qui ouvrira la voie à la fondation du judéo-christianisme par des phases successives.

 

 

 

Flavius Mithridate est un kabbaliste juif converti au christianisme et qui devint prêtre. Il fut le professeur d’hébreu et de chaldéen de Pic de la Mirandole. C’était un juif sicilien du nom de Samuel ben Nissim Abu’l Faradj, originaire d’Agrigente. A partir de 1467, il prend le nom de Guglielmo Raimondo Moncada et plusieurs autres noms par la suite. Il avait dû fuir Rome pour un crime (non spécifié) dont il était accusé. Avant sa fuite, il jouissait d’une certaine influence au Vatican[xii].

 

 

 

Le théologien et spécialiste de la kabbale au Moyen-Âge et à la Renaissance, Chaïm Wirszubski (1915-1977), rapporte que cinq ans avant d’exécuter ses traductions kabbalistiques pour Pic de la Mirandole, Flavius Mithridate prononça un sermon (Sermon sur la Passion du Seigneur) au palais du Vatican, devant le pape et les cardinaux, le jour du Vendredi saint 1481.

 

Chaïm Wirszubski explique :

 

« Durant ce sermon, il invoquait de prétendues preuves juives secrètes, tirées d’un « ancien Talmud » préchrétien, confirmant les mystères de la Passion du Christ. Quand on voit combien de fois et avec quelle dextérité Mithridate s’arrange au cours de son sermon pour faire dire en latin à ses citations ce que, même trafiquées, elles ne voulaient pas toujours dire en hébreu, la présence dans ses traductions kabbalistiques d’interpolations et de notes visant à rattacher la kabbale au dogme chrétien n’a rien d’étonnant. »[xiii]

 

 

 

 

 

Pic de la Mirandole, cheval de Troie du judaïsme dans l’Europe chrétienne

 

 

 

Si Pic de la Mirandole est identifié comme étant le père de la kabbale chrétienne c’est simplement parce qu’on ignore généralement qu’il eut un maître juif converti ; il y avait d’ailleurs eu des discussions à la maison de Pic avec d’autres érudits juifs proches de Mithridate[xiv].

 

 

 

La singularité de Pic est d’avoir été le premier véritable kabbaliste chrétien non-juif. Il fut utilisé comme cheval de Troie à Rome en particulier et dans l’Europe catholique en général. Car il faut souligner que son fameux ouvrage kabbalistique (Neuf cents conclusions ou thèses) basé sur les textes kabbalistiques traduits par Mithridate[xv] et qui parut en 1486, proposa un syncrétisme chrétien de toutes les religions et de toutes les sciences, incluant la kabbale, ouvrage que Pic entendait soumettre à Rome à une discussion générale[xvi].

 

C’est là la première étape philosophique, avant celle politique initiée par David Reuveni et Solomon Molcho au XVIe siècle (voir mon ouvrage : Occident et Islam – Sources et genèse messianiques du sionisme), de l’édification du judéo-christianisme.

 

 

 

Pic de la Mirandole affirmera que :

 

« Nulle science ne nous apporte davantage de certitude au sujet de la divinité du Christ que la magie et la kabbale. »[xvii]

 

 

 

Au XVIe siècle, le penseur orientaliste et diplomate Johann Albrecht Widmannstadt (1506-1557), avait perçu le danger de cette kabbale chrétienne. D’autant plus qu’il fut un temps le secrétaire du pape Clément VII et de l’Empereur Charles Quint qui furent tous les deux approchés par David Reuveni et Solomon Molcho – épisode historique éminemment important dans l’histoire des débuts du judéo-christianisme, du sionisme et de la stratégie du Choc des civilisations[xviii].

 

 

 

Johan Albrecht Widmannstadt, avec une grande lucidité, après avoir répertorié et décrit quelques éléments conceptuels de la kabbale, écrivit :

 

« Tout ceci je l’ai cité pour montrer comment certaines opinions absolument monstrueuses surgissent de la kabbale des Juifs, comme d’un cheval de Troie, pour s’attaquer à l’Eglise du Christ. »[xix]

 

 

 

Pic n’est en définitive que la passerelle entre kabbale et chrétienté, aboutissant à faire passer cette idée cultivée par les kabbalistes juifs convertis au christianisme depuis le XIIIe siècle : le judaïsme ésotérique s’identifie au christianisme et le confirme[xx].

 

 

 

Cette kabbale chrétienne se répandra par la suite, dès les XVe et XVIe siècles en Italie et en France, puis, à partir du début du XVIIe siècle, le centre de la kabbale chrétienne se déplace en Allemagne et en Angleterre[xxi], deux pays protestants.

 

 

 

Comme je l’ai démontré dans mon ouvrage La mystique de la laïcité, c’est ce projet syncrétique véhiculé par la kabbale chrétienne – déjà bien implantée dans l’Europe du XVIIe siècle – qui pénétrera au cœur de la République française via, notamment, les loges maçonniques.

 

 

 

 

 

Le frankisme comme prolongement de la kabbale chrétienne

 

 

 

Le messianisme juif, qui a muté à partir de la fin du XVIIe siècle sous l’impulsion du sabbataïsme, a donné naissance au frankisme au XVIIIe.

 

Jacob Frank (1726-1791), un rabbin kabbaliste polonais, prétendu messie, a entrainé avec lui des milliers de disciples dans des fausses conversions au Catholicisme[xxii]. Tout comme celui dont il prétendait être la réincarnation, Sabbataï Tsevi (1626-1676), qui s’était, lui et nombre de ses sectateurs, faussement converti à l’islam en se rapprochant du Sultan ottoman[xxiii].

 

Les sabbatéens comme les frankistes se sont volontairement convertis dans le but de détruire à la fois le christianisme et l’islam, dans une visée eschatologique découlant du messianisme kabbalistique[xxiv].

 

 

 

Dans la continuité de la kabbale chrétienne, Jacob Frank et ses proches (dans les années 1750) vont se rapprocher et nouer des liens avec les autorités chrétiennes, notamment avec l’évêque Dembowski, en reconnaissant Jésus comme le Messie, ainsi que la Sainte Trinité.

 

En 1759 et 1760, les frankistes se convertissent massivement au Catholicisme. Frank se fait baptiser le 18 novembre 1759 par l’évêque Zaluski, parrainé par Auguste III de Pologne et de Saxe, le grand-père du futur roi Louis XVI[xxv].

 

En cela, les sabbatéens et les frankistes n’innovent en rien ; ils sont les continuateurs de ces kabbalistes chrétiens contre lesquels a mis en garde au XVIe siècle Widmannstadt.

 

On retrouvera dans le frankisme, et notamment avec le petit cousin de Jacob Frank, Junius Frey (voir mon ouvrage : La mystique de la laïcité), ce fameux syncrétisme religieux d’apparence chrétienne que prônait Pic de la Mirandole, consistant à détruire toute orthodoxie, toute Eglise, tout dogme, pour révéler la « véritable » religion de Jésus.

 

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De Jacob Frank à Jean-Paul II via Adam Mickiewicz

 

 

 

Dans sa biographie de Jacob Frank, Charles Novak explique que pour bien comprendre les frankistes, il nous faut insister sur le fait que le frankisme transgresse le judaïsme et le christianisme. Il est divisé entre convertis au christianisme et non convertis… Les frankistes de Bohême-Moravie ou d’Autriche viennent de familles aisées et ne se convertissent pas au christianisme, alors que les frankistes polonais issus des pauvres Shtetls ou bourgades, se convertissent et connaissent des ascensions sociales fulgurantes. Les premiers prépareront le terrain au judaïsme reformé, et les seconds à un conservatisme teinté de réforme, mais les deux resteront constamment en parallèle… Les descendants de la famille Brandeis adhèrent au judaïsme réformé américain, pendant qu’au même moment un Iwaskiewicz devient écrivain célèbre en Pologne où il prône un catholicisme plus ouvert et plus tolérant…[xxvi]

 

 

 

Parmi ces juifs issus des frankistes convertis au Catholicisme, l’on trouve Adam Mickiewicz, dont l’abbé Francesco Ricossa a retracé avec précision le parcours édifiant[xxvii] :

 

 

 

« Né en Lituanie le 24 décembre 1798 (200 ans avant l’élection de K. Wojtyla), sous la domination tzariste, il fonde à l’Université de Vilna, en 1815, la Société des Philomathes (puis Philarèthes, puis Rayonnants) “à des fins apparemment littéraires (…) en réalité politiques”, motif pour lequel il est arrêté et exilé en Russie, d’où il est expulsé en 1829. Il se rend alors à Rome: “il avait eu une formation spirituelle illuministe et voltairienne ; à Rome il retrouvait la conscience de la puissance créatrice supérieure de la foi face à la seule raison; et c’est de ce concept que devait désormais s’inspirer toute sa poésie”. “En 1831, après avoir tenté en vain de rejoindre sa patrie insurgée, Mickiewicz partit pour Paris”. Là il fréquente les milieux de l’émigration polonaise… »

 

 

 

C’est dans cette période, après 1831, que Mickiewicz fonda l’ordre religieux des Résurrectionnistes. Dès son élection au Pontificat Suprême, rapporte Buttiglione (cité par l’abbé Ricossa), le premier lieu où Jean-Paul II s’est rendu en pèlerinage a été le sanctuaire de la Mentorella, près de Rome, tenu par les Résurrectionnistes.

 

En outre, le père De Lubac rapporte que « Au soir de son élection, le 16 octobre 1978, du balcon de Saint-Pierre de Rome, le cardinal Karol Wojtyla, devenu Jean-Paul II, saluait Mickiewicz, témoin de la foi catholique et de la liberté. Et dans la lointaine Cracovie, que le poète exilé n’avait jamais pu voir, cette nuit même, ‘les cortège qui fêtaient l’élection pontificale en honorant les héros de l’histoire polonaise nous signifiaient que d’Adam Mickiewicz à Karol Wojtyla s’est poursuivie la continuité d’une même espérance à laquelle paraît enfin répondre un sourire de l’histoire’ (La Croix, 27/10/1978) »

 

 

 

L’abbé Ricossa expose ensuite les origines frankistes de Mickiewicz :

 

 

 

« L’Encyclopedia Judaica est explicite: dans le drame intitulé Dziady (1832), Mickiewicz “trace un portrait du futur sauveur de la Pologne, personnage en qui l’interprétation a cru voir l’auteur lui-même. Selon la vision de l’un des personnages, ce sauveur serait “un fils d’une femme étrangère; son sang serait celui d’anciens héros; et son nom serait Quarante-quatre. La mère de Mickiewicz, descendante d’une famille frankiste convertie, était une “étrangère”; et son nom à lui, Adam, ( ) si l’on omet le “A” non prononcé a la valeur numérique 44. Ces notions cabalistes avaient été glanées dans les écrits du mystique français, Louis-Claude de Saint-Martin”.

 

La même Encyclopédie, mais à la rubrique ‘Frank’, ajoute ce qui suit: “…Le poète lui-même témoigne clairement de cette affiliation [frankiste] (du côté de sa mère) (…) Les origines frankistes de Mickiewicz étaient bien connues de la communauté juive de Varsovie dès 1838. Les parents de la femme du poète [Céline Szymanowska qu’il épousa en 1834] provenaient également de familles frankistes”.

 

La mère et la femme de Mickiewicz étaient donc issues de familles juives frankistes. »

 

 

 

Mickiewicz défend l’idée frankiste que la religion véritable, en l’occurrence celle du Christ, est cachée par le Catholicisme et l’Eglise. Ainsi il écrit : « Il ne s’agit pourtant, qu’on le sache bien, ni de réformes, ni d’innovations, ni de révolutions religieuses, mais on s’attend à une nouvelle manifestation de l’esprit chrétien. Le papillon qui, au lever d’un soleil printanier, s’élève sous le ciel, n’est pas une chrysalide réformée, révolue ou innovée ; c’est toujours le même être, mais élevé à une seconde puissance de vie ; c’est une chrysalide transfigurée. L’esprit chrétien est prêt à sortir de l’Eglise catholique : seulement le clergé officiel n’a pas assez de lumière et de chaleur pour le faire éclore »[xxviii]

 

 

 

L’abbé Ricossa pose, à raison, cette question : Vatican II ne fut-il pas « le printemps de l’Eglise » et sa « nouvelle Pentecôte » ?

 

 

 

Cet esprit de subversion sous couvert de révélation de la véritable religion cachée, nous allons le retrouver précisément dans le concile de Vatican II. Ce qu’affirmait explicitement Jean-Paul II lorsqu’il déclarait que :

 

« Vatican II a vu la naissance d’une nouvelle figure de l’Eglise restée cachée pendant deux millénaires dans l’Eglise préconciliaire »[xxix].

 

 

 

Or, la conception selon laquelle la religion n’est que l’écorce de la véritable religion, écorce qui doit être détruite pour révéler la religion vraie, est purement kabbalistique et frankiste[xxx] ; comme l’explique Gershom Scholem, cette religion vraie est, dans la conception frankiste, recouverte par les diverses législations et religions, donc il faut, pour parvenir à la source du bien, revêtir tous les vêtements et les mépriser tous, passer par toutes les religions et les abroger toutes. Ce sont autant d’écorces qu’il faut briser[xxxi]. Car Jacob Frank espère des bouleversements politiques et la chute de l’Eglise au sein de laquelle il a amené un millier de ses sectateurs[xxxii].

 

 

 

De plus, le Pape Jean-Paul II, originaire de Cracovie – haut lieu du frankisme – fut ordonné prêtre par le Cardinal-archevêque de Cracovie, descendant de la famille frankiste Komorowski (convertie au catholicisme en 1759). Ce à quoi il faut ajouter, qu’un descendant des frankistes Turoski, Jerzy Turowicz, était son conseiller et ami intime[xxxiii].

 

 

 

Toujours dans la même veine reliant le frankisme à Jean-Paul II en passant par Mickiewicz, l’on peut citer le jésuite P. Henri Brouillard, de l’école d’un des pères de la réforme Vatican II, qui affirmait que « quand l’esprit évolue, une vérité immuable ne se maintient que grâce à une évolution simultanée et corrélative de toutes les notions… Une théologie que ne serait pas actuelle serait une théologie fausse »[xxxiv]. Une théologie progressive et progressiste en quelque sorte…

 

 

 

 

 

Jean-Paul II affirma sans détour son lien avec les juifs et le judaïsme lorsqu’il raconta :

 

 

 

« Elu au Siège de Pierre, je conserve au fond de l’âme ce qui a des racines très profondes dans ma vie. A l’occasion de mes voyages apostoliques dans le monde, je cherche toujours à rencontrer les représentants des communautés juives. Mais la visite à la synagogue de Rome a été pour moi sans aucun doute une expérience tout à fait exceptionnelle. (…) Lors de cette visite mémorable, j’ai défini les juifs comme frères aînés dans la foi. Ces mots résument ce qu’a dit le Concile et ce qui ne peut pas ne pas être une conviction profonde de l’Eglise. (…) Ce peuple extraordinaire porte toujours en lui les signes de l’élection divine. (…) Il est vrai qu’Israël a payé bien cher son ‘élection’. C’est peut-être grâce à cela qu’il est devenu plus semblable au Fils de l’homme (Jésus) »[xxxv]

 

 

 

Jean-Paul II n’a rien dit d’autre que ce qu’affirmait celui qui exerça manifestement une grande influence sur lui, Adam Mickiewicz :

 

 

 

« Le privilège unique de la révélation faite au peuple hébreu fut qu’elle préparait la révélation définitive. Mais une empreinte en est demeurée dans ce peuple, qui lui assigne un rôle pour l’avenir… Mais dans les contrées habitées par notre race (la Pologne) les parcelles de vérité qui nous arrivent ont été conquises à la sueur de l’esprit. Là demeurent des millions d’hommes appartenant à un peuple bien connu, à un peuple qui est l’aîné de l’Europe, l’aîné de tous les peuples civilisés, le peuple juif qui, du fond des synagogues, ne cesse depuis des siècles de pousser des cris auxquels rien dans le monde ne ressemble, de ces cris dont l’humanité a perdu la tradition… »[xxxvi]

 

 

 

Une tradition que toute l’Humanité aurait perdu et dont les juifs seraient les seuls et derniers porteurs. Par conséquent, nous devons tous, l’Humanité entière aller vers le peuple élu et nous soumettre à ses rabbins pour revenir à la tradition.

 

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Maçonnerie et Eglise conciliaire

 

 

 

 

 

Si de l’appartenance de Mickiewicz à la maçonnerie à proprement parler nous n’avons pas de preuve formelle, l’abbé Ricossa rapporte toutefois que Mickiewicz fonde en 1817 la société secrète des Philomathes, et en 1820 il fait partie d’une autre société secrète, celle des Philarèthes. Par la suite, il est initié au Martinisme par Josef Oleszkiewick (peintre, mystique et disciple de Saint-Martin).

 

 

 

Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803) est le porte-drapeau de l’Illuminisme. Ce courant illuministe, appelé « le martinisme », a été fondé, non pas par Saint-Martin, mais par le théosophe et thaumaturge juif marrane Martinès de Pasqually[xxxvii] (1727-1774) – fondateur, en 1761 du rite initiatique illuministe L’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Cohen de l’Univers. Martinès influença Saint-Martin qui fut d’ailleurs son secrétaire.

 

 

 

En 1780, le petit cousin de Jacob Frank (cité plus haut), Moses Dobruska (1753-1794) alias Franz-Thomas von Schönfeld alias Junius Frey (converti au Catholicisme) et les frères Ecker von Eckoffen ont fondé sur la kabbale et les secrets sabbataïstes l’importante loge maçonnique judéo-chrétienne de L’Ordre des Frères de Saint-Jean l’Evangéliste d’Asie et d’Europe.

 

Cette loge rassemblait l’élite de l’époque qui allait de certains disciples de Saint-Martin appartenant à la noblesse autrichienne au rabbin d’Ukraine Barouch Ben Jacob de Skhlov, en passant par Beethoven, le Prince du Liechtenstein, le ministre autrichien de la Justice, le comte de Westenburg, le futur Roi de Prusse Frédéric-Guillaume II, des révolutionnaires et de grands banquiers juifs comme Isaac Oppenheimer ou Eskeles[xxxviii].

 

Comme l’a expliqué Charles Novak, cette loge frankiste amène les chrétiens à « revenir aux racines juives pour casser le dogme de l’Eglise catholique qui n’a de cesse de séparer juifs et chrétiens »[xxxix].

 

 

 

Cette loge sera succédée par la loge du Grand Orient, dont les membres sont majoritairement des athées militants mais dont le cérémonial est empreint de mysticisme juif et chrétien[xl].

 

 

 

Ce même Grand Orient a voulu conférer le prix maçonnique Galileo Galilei à Jean-Paul II (qui l’a refusé), affirmant que « les idéaux promus par ce dernier sont les mêmes que ceux de la Franc-Maçonnerie »[xli].

 

 

 

Le Grand Maître du Grand-Orient d’Italie rendit d’ailleurs hommage à la mémoire de Jean-Paul II ainsi :

 

« Pour nous, c’est la mort de celui qui a fait tomber la condamnation de la Franc-Maçonnerie par Clément XII et ses successeurs. C’est la première fois, dans l’histoire de la Franc-Maçonnerie moderne, que le chef de la plus grande religion occidentale meurt sans être en état d’hostilité avec les francs-maçons… Pour la première fois dans l’histoire, les francs-maçons peuvent rendre hommage au tombeau d’un Pape, sans ambiguïté ni contradiction. »[xlii]

 

 

 

 

 

 

 

Le judaïsme et Vatican II

 

 

 

Parmi ceux qui travailleront dans le cadre du Concile Vatican II à achever de soumettre l’Eglise au judaïsme, se trouve le juif français Jules Isaac (1877-1962), un des pionniers des Amitiés judéo-chrétiennes.

 

Ce à quoi travaillera entre autres choses Jules Isaac, c’est à extirper de l’Eglise le ressentiment contre les juifs pour le crime de « déicide ». Il écrivit à ce propos dans son ouvrage « L’enseignement du mépris » (1962) :

 

« L’accusation chrétienne portée contre Israël, l’accusation de déicide, accusation de meurtre elle-même meurtrière, est la plus grave, la plus nocive, elle est aussi la plus inique. »[xliii]

 

En 1956, il écrivait dans son livre « Genèse de l’antisémitisme » (1956) :

 

« On doit le reconnaître avec tristesse, presque tous les Pères de l’Eglise ont participé de leur pierre à cette entreprise de lapidation morale (non sans suites matérielles) : saint Hillaire de Poitiers comme saint Jérôme, saint Ephrem comme saint Grégoire de Nysse et saint Ambroise et saint Epiphane – celui-ci juif de naissance –, et saint Cyrille de Jérusalem, et j’en passe… »[xliv]

 

Il est rapporté dans l’ouvrage collectif « Vatican II : L’Eglise à la croisée des chemins, Tome I : Les pionniers du concile » que « Jules Isaac a lancé dès la fin de la Seconde Guerre mondiale des réunions internationales et œcuméniques pour lutter contre ce qu’il appelait « l’enseignement du mépris » dispensé par l’Eglise. Avec des amis catholiques et protestants, il a fondé l’Amitié Judéo-chrétienne et a même réussi à se faire recevoir par Jean XXIII à la veille du concile, le 13 juin 1960. Il suggéra au Pape la création d’une commission chargée d’étudier ce problème. Détail curieux, le groupe de travail fondé pour s’occuper de la réhabilitation du judaïsme ne dépendra pas du Secrétariat pour les non-chrétiens, mais du Secrétariat pour l’unité des chrétiens. Comme pour mieux souligner que le but, à plus ou moins long terme, était de réussir à faire l’unité avec le judaïsme.

 

 

 

Le 18 septembre 1960, Jean XXIII demanda au cardinal Béa d’introduire dans le document sur l’œcuménisme un schéma sur les juifs. Immédiatement, des rencontres secrètes avec les représentants du judaïsme furent organisées. L’activisme pro-juif du prélat fut si intense qu’il finit par attirer l’attention. Des libelles circulèrent à Rome, l’accusant d’être un agent secrets du B’naï Brith, une organisation maçonnique réservée aux juifs. Le quotidien égyptien Al Gomhuria accusa Augustin Béa d’être un juif du nom de Béhar infiltré dans le catholicisme. D’autres insistèrent sur l’origine juive de ses adjoints (Mgr Baum et Mgr Oesterreicher). D’autres encore s’étonnèrent de l’installation à Rome de Chaïm Wardi, envoyé par l’Etat d’Israël pour suivre les travaux du concile, qui laissa entendre par la presse qu’il pourrait assister en qualité d’observateur aux sessions du concile, alors que le Secrétariat pour l’unité n’avait rien annoncé de tel. »[xlv]

 

La rencontres secrète entre les représentants juifs et un envoyé du Pape fut révélée par un des participants, Lazare Landau, en 1987 (dans : Tribune Juive, n. 1001, du 25 au 31 décembre 1987. Cf. Itinéraires, seconde série, n. III, automne 1990, pp. 1 à 21).

 

Le 20 juin 1962, le cardinal Béa a rencontré à Rome le président du Congrès Juif Mondial, le professeur Nahoum Goldman. Le 15 février 1963, il rencontra deux dirigeants du B’naï Brith : le docteur Label Katz et le docteur Saul Joftes (rencontres signalées par le Giornale d’Italia, 16 février 1963).

 

Le directeur pour l’Europe de l’American Jewish Committee a déclaré le 12 novembre 1963 : « Sans crainte de se tromper, on peut affirmer qu’il n’y a pas une seule communauté juive, une seule tendance juive, un seul penseur juif renommé qui n’ait pu exposer son opinion aux autorités romaines, à qui en revenait l’initiative. »[xlvi]

 

Le 8 novembre 1963, un communiqué du Secrétariat pour l’Unité des chrétiens annonça que le chapitre 4 du texte sur l’œcuménisme, Unitatis redintegratio, serait consacré à l’attitude des catholiques envers les juifs. Or, à peine dix jours plus tard, on apprit qu’un texte à ce sujet avait été rédigé par le B’naï Brith et remis au Secrétariat pour l’unité des chrétiens.

 

 

 

Une dépêche de l’AFP, datée du 17 novembre 1963 et envoyée de Washington, citait une déclaration du docteur Label Katz, qui disait :

 

« L’organisation juive a exprimé le désir d’établir des rapports plus étroits avec l’Eglise catholique et a présenté au concile œcuménique une déclaration dans laquelle est affirmée la responsabilité de toute l’humanité dans la mort du Christ. »[xlvii]

 

Le texte fut critiqué par les évêques des pays arabes redoutant que les musulmans soient mécontents de cette avance faite aux juifs, et que les minorités chrétiennes des pays musulmans en souffrent. Il fallut donc compenser le passage sur le judaïsme par un passage sur l’islam, s’en ait suivi une proposition sur le bouddhisme, l’hindouisme…[xlviii]

 

Dans son Atlas du Mondialisme Pierre Hillard rapporte un dossier de la revue américaine Look, du 25 janvier 1966, dont le titre ne laisse place à aucune ambigüité : « How the Jews changed catholic thinking » (« Comment les Juifs ont changé la manière de penser catholique »). Le dossier en question rapporte les mêmes informations que celles mentionnées par l’ouvrage collectif que j’ai cité plus haut concernant l’activisme pro-juif du cardinal Béa (Vatican II : L’Eglise à la croisée des chemins) et la judéité de ses collaborateurs Mgr John M. Oesterreicher et le père Augustin Baum. Concernant ces deux là, Pierre Hillard cite Gerhard Riegner qui apporte des précisions non négligeables :

 

« Mgr John M. Oesterreicher de l’Institute for Judeo-Christian Studies à la Seton Hall University aux Etats-Unis. C’était un prêtre catholique d’origine juive, né en Tchécoslovaquie. On prétendait que dans sa Slovaquie natale, il avait fait partie de l’organisation de jeunesse juive Hashomer Hatzaïr, proche de l’extrême gauche. Je ne sais pas comment il a été amené à changer de religion. Pendant des années, il faisait éditer une publication annuelle, The Bridge (Le Pont), sur laquelle nous émettions beaucoup de réserves. Nous avions toujours l’impression que la tendance à la conversion n’en était pas absente. Pendant le Concile, Mgr Oesterreicher était le conseiller du cardinal Köning de Vienne. Le deuxième membre de la Commission était également d’origine juive : Grégory Baum, un augustin, pour qui j’ai toujours eu une grande estime. Baum était de douze ans plus jeune que moi. Il est entré à l’école quand je l’ai quitté. Il venait d’une famille juive complètement assimilée. Ses parents étaient divorcés et, dans sa famille, la religion ne jouait plus aucun rôle. »[xlix]

 

Pierre Hillard ajoute : « Après moult rebondissements, les deux parties s’entendirent pour la rédaction d’un texte « Nostra aetate » (« De notre temps ») voté les 14 et 15 octobre 1965. Confondant et mélangeant volontairement le judaïsme talmudique de la nouvelle synagogue construit en opposition au christianisme avec le judaïsme mosaïque authentique avant l’arrivée du Messie, les points essentiels de ce texte reconnaissent que l’on ne peut oublier la révélation de l’Ancien Testament par les Juifs , « Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le Concile veut encourager et recommander entre eux la reconnaissance et l’estime mutuelle, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que des dialogues fraternels » ; les Juifs de notre temps ne sont pas responsables de la Passion du Christ. Cette déclaration fut unanimement saluée par le CJM (Congrès Juif Mondial) et ses alliés, texte considéré comme un départ dans les relations judéo-chrétiennes. »[l]

 

 

 

Comme dit au début du présent article, Vatican II ne fut que l’étape (ultime ?) d’un mouvement continue de subversion démarré au Moyen-Âge par la kabbale chrétienne en vue d’aboutir à la formation d’un judéo-christianisme.

 

Ce profond et vaste mouvement messianique qui a travaillé à la subversion du Catholicisme est entré dans sa dernière phase : la dissolution complète des grandes spiritualités dont résulterait la naissance d’une religion mondiale dont la caste sacerdotale devrait être le rabbinat.

 

Un projet déjà en gestation… en témoigne la déclaration du représentant du judaïsme au Congrès Mondial des Religions, le rabbin ashkénaze d’Israël Yona Metsger : « Mon rêve est de construire quelque chose de similaire à ce que sont les Nations Unis pour les diplomates, il s’agirait d’unifier les religieux, les dignitaires de chaque nation, de chaque pays, y compris ceux qui n’ont pas de relation diplomatique. »[li]

 

 

 

Youssef Hindi

17 août 2017

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