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Mohia était la rigueur personnifiée. Il était sans concession tant dans sa vie quotidienne que dans sa poésie, son théâtre, son enseignement ou ses relations.

 

Dur avec lui-même, il l’était parfois avec les autres aussi. Il ne supportait pas l’hypocrisie. Le “forgeron de mots” qu’il était, n’acceptait pas les paroles truquées, celles qui n’étaient pas à leur place ou qui étaient déviées de leur sens. En mathématicien pratique, il ne supportait pas que l’on privilégie l’accessoire pour délaisser l’essentiel.

 

C’est ce Mohia qui refusait de réduire la berbérité à la seule exhibition du signe Z de amazigh ou du seul salut par le mot azul. Pour lui, la berbérité est un art de vivre selon un certain nombre de valeurs. Comme il faisait une lucide distinction entre valeurs et traditions, entre militantisme et manipulation, il réagissait de manière parfois violente contre toute forme de suivisme irréfléchi. Ce qui déroutait beaucoup de nos militants berbéristes exaltés.

 

En fait, toute la vie et l’œuvre de Mohia ont consisté à démystifier et à démythifier. À un jeune venu lui dire qu’il était prêt à mourir pour tamazight, Mohia répond :“Tu seras un Homme quand tu sauras vivre pour tamazight.” Un soir, en rentrant chez lui, il voit un livre dans une poubelle, il le ramasse, car la place du livre n’est pas dans une poubelle. C’était un livre de Platon. C’est ainsi que Mohia découvre une œuvre sur laquelle il travaillera le reste de sa vie. Il constitue un atelier de jeunes et moins jeunes auxquels il ouvre la voie vers cette fabuleuse source du savoir.

 

 

Le génie de Mohia est de nous amener à oublier que ses œuvres sont des adaptations. Sous sa plume, elles passent allègrement pour des œuvres kabyles authentiques. Parfois même, on se laisse aller jusqu’à croire que leurs auteurs nous ont spoliés de nos œuvres comme cela se fait encore, aujourd’hui, pour les peintures rupestres de notre Tassili.

 

Aujourd’hui on te pleure, mais je sais que tu ne seras fier de nous que le jour où nous saurons distinguer l’essentiel de l’accessoire.

 

Et en attendant, repose en paix Mohia !

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Mohia grand personnage de la culture berbère qui n'a pas été reconnu à sa juste valeur, en algérie du moins !

Ce poète et mathématicien kabyle, polyglotte par excellence, qui a traduit une multitude de manuscrits de grèce antique en plusieurs langue (français, anglais, allemand ..) ce qui lui a valu des distinction de quelques grands instituts européens (Rome, Athènes) pour ses travaux.

Le publique Kabyle le connais que pour ses monologues, dont le fameux "nâal waldin yemmathsen (wen)" qui lui vaudra d'être exilé du pays !

Mohia a été enterré dans la quasi normalité, ce qui est "normal" dans notre pays où on a jamais su mesurer la grandeur des hommes qui ont travaillé pour le pays sans attendre quoi que ce soit en retour !

 

Merci pour ce post Naruto !

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Il continue à exister à travers ses œuvres titanesques (pièces théâtrales et poésie). Que de pièces ont été adaptées et kabylisées par ses soins avec panache et virtuosité.

L’exemple de la jarre, une œuvre de Luigi Pierrot Delanaöe, à laquelle Mohia a insufflé l’âme kabyle dans un décor rustique. Cette comédie tourne autour d’une grande jarre, que le personnage, Jeddi Yevrahim, a achetée pour y stocker l’huile d’olives.

Après quoi, elle (la jarre) s’est fêlée et un gros tesson s’est détaché. Furieux, le vieillard a fait tout un esclandre à son entourage (Ali n Delon, vouvron, wejjir, wejtoti, H’lima n tala, Tajibant et Smina n tazart) qu’il accuse de lui avoir bousillé la jarre. Alors, pour raboter le morceau et calmer le vieux, on fait venir Si Kaci, un réparateur d’ustensiles confectionnés en terre cuite. Celui-ci, après des remues avec l’acariâtre propriétaire de la jarre, pénètre à l’intérieur du gros fut pour recoller le “lambeau”. En faisant ainsi, il essaya de s’extraire mais il ne put le faire, car l’ouverture ne le lui permettait pas. Alors, commençait tout “un feuilleton” tragi-comique.

Yevrahim entra dans un tourbillon de colère et Si Kaci demanda à ce qu’on casse la jarre pour qu’il puisse sortir. Jeddi “vriro”, comme l’appelait le réparateur, refusa catégoriquement. Les autres suivaient la scène dans une risée générale. On fait venir l’avocat, mais celui-ci, devant l’opiniâtreté de Si Kaci, ne put résoudre le problème. Jeddi Yevrahim voulait que l’infortuné réparateur lui dédommage la jarre pour qu’il puisse la casser et le faire sortir. Ce dernier ne voulut rien savoir. Alors, à la nuit tombante, le vieux et son ami l’avocat rentrèrent, las, à la maison. Après, Si Kaci voulut fêter, avec sarcasme, sa nouvelle “demeure” (la jarre). Il fit acheter du vin et des sardines et provoquait, avec le reste des protagonistes, le tintamarre en chantant. Le vieux Yevrahim sortit tout furibond et donna un violent coup de pied à la jarre. “Hakh ! Inaâl slaltek !” (Tiens ! Maudite soit ta lignée !).

Celle-ci s’en alla s’écraser et voler en éclat dans une ravine. Si Kaci, indemne, sera porté par la petite foule en scandant : “Vive Si Kaci, champion

 

“Le Ressuscité” de luxun, un dramaturge chinois, laquelle fut adaptée par notre artiste d’une manière remarquable et transformée en “Mohand U Chaâbane”. Dans cette œuvre, l’auteur raconte les mésaventures de ce personnage où le tragique et le comique s’entrelacent. En allant étancher sa soif dans une rigole, Muhend U Chaâbane remarqua un os. Se posa des tas de questions sur l’humain, propriétaire de ce bout de squelette. Il décida, pour avoir des réponses d’abjurer Sidi Abderrahmane de ressuciter cet homme. Son vœu fut excaucé, et voilà qu’un jeune homme, un gaillard d’une trentaine d’année, se tint debout et tout nu devant lui. “Qu’est-ce que ?... ma valise, mon parapluie... où sont-ils ?” demanda le ressucité à Muhend U Chaâbane. Celui-ci lui raconta tout mais le jeune, qu’on fit revenir à la vie, ne croyait pas un mot et somma U Chaâbane de lui remettre ses affaires, en l’étranglant. Ce dernier regretta d’avoir insisté auprès du Saint pour ressuciter son antagoniste et l’implora une deuxième fois pour qu’il fasse disparaître le revenant, mais peine perdue. Auparavant, Muhend U Chaâbane sut que le jeune était mort depuis 5 siècles, assassiné.

 

D’autres pièces ne manquent pas de génie, à l’exemple de Moh Parpouche qui voulut aller au paradis, et qui se prit pour un mort en insistant auprès de son entourage pour qu’il l’inhume. Tous les médecins que ses parents firent venir ne purent le guérir. Le dernier eut une astuce qui s’avéra payante. En aménageant une pièce, très bien décorée, on fit croire à Moh Parpouche que c’était là le paradis. Tout content, il se mit à manger, alors qu’avant, il n’avalait rien pour justement, mourir, jusqu’au point où il devient rabougri. Puis las de ne gober que du miel et du beurre au “paradis”, et puis l’inexistence des toilettes pour ses besoins, et puis encore cela faisait un bon moment qu’il ne voiyait pas sa dulcinée piloucha et ses parents. Las, il demanda aux “anges”, qui étaient des femmes déguisées, de redescendre sur terre. Après, on le fit sortir de la pièce les yeux bandées, et devant sa famille, on lui ôta le bandeau. Ce fut ainsi que Moh parpouche guérit. Ce sont là trois exemples de pièces théâtrales magistralement adaptées par Mohnd U Yahya. Sidérant à la fin ! La poésie, elle aussi, ne manque pas de talent. L’auteur de “Ah Yaddine qessam” qui raconte le calvaire qu’endurait le prisonnier politique et militant des causes justes, et qui fut interprété par l’indétrônable monstre de la chanson engagée, Ali Ideflawen, qui a d’ailleurs repris beaucoup de textes, tout aussi percutants les uns que les autres de Mohia Brahim Izri, Malika Domrane, Ferhat, le groupe Djurdjura et tant d’autres artistes, ont pris ses textes et les ont chantés. Pour l’anecdote, un chanteur que Mohand U Yehya n’a pas cité, voulait un texte pour le chanter. Le poète lui proposa “Berzidane”; le demandeur a refusé le poème en disant à celui qui le lui proposa : “Tu veux qu’en m’emmène en prison ?” Et à Mohia de rétorquer : “L’aârtiste !” Mohia a, durant toute sa vie de poète-dramaturge, vécu dans l’ombre, loin des feux de la rampe. Il faisait son travail par conviction et militantisme pour la cause amazighe. Il n’éditait pas ses œuvres mais les enregistrait par ses soins dans des cassettes qu’il revendait comme il les achetait (à leur prix d’achat).

 

A l’époque de la police politique, une K-7 de Muh U Yehya, trouvée sur son porteur, équivalait à de gros ennuis.Il est du devoir de tout un chacun de pérenniser son nom et de lui rendre des hommages, et ce en dehors de ses dates de naissance et de décès. Il a trop donné à notre culture pour qu’il soit oublié.

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Merci à vous massi et hograbaraket ,d'avoir participé pour ce post,

 

Mohia était une perle rare,c'est vraiment désolant de voir une telle perle disparaître ainsi.

j'ai fais quelques statistiques et j'ai trouvé que plus de 50% des gens que j'ai questionné ne connaissaient pas cet homme.

Je suppose que c'est normal,le faite qu'on n'en parle que rarement,

Il est vraiment de notre devoir de ne pas laisser des noms d'étoiles partir à l'oubliette

Matoub a di:" ah a mimezran ur ettru &eben-a& yetran"

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Mohya, de son vrai nom MOHIA Abdellah, est écrivain, poète et traducteur de langue amazigh (kabyle). Mohia Abdellah (ou Muhya, Muhend u Yehya) est né le 1er novembre 1950 à Iazzugen (Azazga). Sa famille est originaire d’At-Rbah (commune d’Ibudraren) dans la célèbre tribu des At-Wasif mais son père, tailleur de profession, s’est installé depuis quelques années à Iazzugan.

Mohya a passé une partie de son enfance dans cette région avant que sa famille ne déménage à Tizi-Ouzou. Interne au Lycée Amirouche à Tizi-Ouzou, le jeune Mohya était un brillant élève, il décroche son bac en 1968. Il rejoint l’Université d’Alger où il poursuit des études supérieures en mathématiques. Il obtient sa licence en 1972. Il participe à un concours qu’il obtient, il est alors autorisé à s’inscrire à l’Ecole d’Ingénieurs en Hydraulique en France. En 1973, il part donc en France, plus précisément à Strasbourg, mais au cours de la même année il rejoint Paris. Il intègre le Groupe d’Etudes amazighs créé à l’Université Paris VIII (Vincennes). Il sera un des animateurs des revues publiées par ce groupe : Bulletin d’Etudes amazighs (BEA) puis Tisuraf. En parallèle, il travaillait comme veilleur de nuit dans un hôtel du 7ème arrondissement. Il a animé la troupe Asalu à partir de 1983. C’est autour de cette dernière qu’un atelier de traduction-adaptation s’est constitué. Pendant de nombreuses années, il tenait un commerce d‘alimentation générale à Paris. Il a par ailleurs enseigné l'amazigh à l’ACB.

Il a publié des poèmes, des nouvelles ainsi que de nombreuses traductions vers le kabyle de pièces de théâtres (plus d’une vingtaine), nouvelles, poésies...

 

L’œuvre de Mohya est très diverse et s’inscrit dans trois domaines différents :

1. L’œuvre littéraire proprement dite constituée de poèmes, de nouvelles et autres textes littéraires divers, créations propres de l’auteur.

2. L’œuvre littéraire populaire recueillie et/ou complétée par l’auteur.

3. Les œuvres traduites et adaptées vers le kabyle à partir du français et qui faisant partie de patrimoines littéraires (et/ou artistiques) étrangers.

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Merci à naruto pour ce quart d'heure Culturel Ultra intéressant :)

 

 

Merci à HB ( le meilleur des Kabyles ):showoff: pour avoir eu la générosité de venir alimenter ce sujet des plus passionant ....

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Merci à naruto pour ce quart d'heure Culturel Ultra intéressant :)

 

 

Merci à HB ( le meilleur des Kabyles ):showoff: pour avoir eu la générosité de venir alimenter ce sujet des plus passionant ....

 

merci à toi d'être intéressée:)

voici ci dessous un interview audio de MOHIA ,avec Ben Muhemed, et Idir, où on découvre Mohia , le génie;)

 

[DM]x10hkp[/DM]

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