dawson 10 Posted November 14, 2008 Partager Posted November 14, 2008 Dans la grande famille des mots, il y avait des bons et des méchants. Les gentils n’étaient pas toujours ceux qu’on croyait. Parfois, on était surpris, un mot avait l’air comme ça inoffensif, et soudain se révélait agressif et désagréable. D’autres fois, c’était le contraire : un mot semblait rébarbatif, peu avenant, puis, quand on avait dépassé son côté rude du premier abord, on découvrait finalement qu’il était plein de bonté. Voici par exemple, l’histoire de Miroir et Volcan. Miroir était un mot à priori aimable, toujours à réfléchir le bon côté de la personnalité. Il préférait les personnes souriantes et les inciter à le rester, en renvoyant, sitôt qu’elles quittaient le sourire, une vilaine image d’eux. Volcan, lui, faisait peur. Il était imposant, l’air revêche et peu causant. Pendant des lustres, il ne disait rien puis, alors qu’on finissait par l’oublier, patatras, bing bang boum, il explosait en milliers de grondements sonores. Brrh ! Peu de gens se sentaient bien en compagnie de Volcan. Mais, un jour, tout changea. Miroir se mit à déformer les visages, et à montrer une image difforme qui affolait les personnes. -« Ciel ! J’ai un œil de travers ! Quelle horreur ! Vite, il faut le redresser ! » s’écria une dame prête à recourir à la chirurgie esthétique pour retrouver son aspect d’antan. -« Mes dents ! Elles ont grandi ! On dirait celles d’un lapin ! Ce n’est pas possible, c’est un cauchemar ! » geint un autre, en se prenant la tête entre les mains. -« Et mon menton ! Ratatiné ! On dirait qu’il a été écrasé suite à une vilaine chute… Pourtant, je ne suis pas tombé, récemment ! » s’étonna un troisième. Miroir s’amusait beaucoup de ces réactions déconvenues et continuait de plus belle ! Intérieurement, il jubilait ! Volcan, lui, venait de crier très fort, et se retrouvait maintenant, seul au milieu de ses cendres. -« Enfin débarrassés de tous ces êtres qui ennuient ! Ouf ! Me voilà tranquille… » Mais la quiétude lui amena l’ennui. Finalement, il les regrettait les autres. Certes, leur compagnie était parfois soûlante, mais bon, ils n’étaient pas méchants. Et puis là, tant pis, il l’avouait : ils lui manquaient ! Comment les faire revenir ? Alors Volcan fertilisa les terres de ses flancs, et donna les plus fabuleuses récoltes qu’un paysan n’ait jamais produites ! Charmés par cette générosité, petit à petit, les hommes revinrent. Miroir fut alors amené à rencontrer le grand Volcan. En effet, une femme très attentionnée à son image, le portait toujours sur elle. Quand elle le sortit pour la première fois, près du Volcan, Miroir fut d’abord éberlué par ce mot qu’il n’imaginait pas aussi grand, une force de la nature. -« Fichtre ! Comme tu es immense ! Jamais ton image ne pourra tenir dans mon cadre… Dommage… Que vais-je donc pouvoir te renvoyer ? » -« Ce que tu veux… Tu sais, mon image ne m’intéresse pas beaucoup ! » -« Mais si, forcément ! Regarde, là, je vais te réfléchir ton cratère… » proposa le Miroir. Volcan regarda son reflet et n’y vit qu’une image réduite de ce qu’il était réellement. -« Mais, il manque les bords, et au fond, on n’y voit pas bien… » s’étonna celui-ci. -« Ben oui, forcément, tu es trop gros… Dommage pour toi, faudrait que tu fasses un régime ! » -« Un régime, mais comment ? » demanda Volcan. -« Ben, c’est à toi de voir, mais c’est le prix à payer pour entrer dans mon cadre. Volcan réduisit sa consommation de terre et de cailloux. Il laissa tomber ses vieilles laves, et se refit une ligne. Voilà, tout fin, tout svelte, il allait pouvoir tenir dans le Miroir. -« Non, ce n’est pas bon encore, le trou est trop évasé… Pince-le un peu ! » Volcan comprima son cratère et attendit. -« Tu es encore trop haut ! Il faut te tasser ! Allez, rapetisse-toi, et ce sera presque bon… » Volcan dégringola alors quelques couches de magma tectonique, et diminua considérablement sa hauteur. -« C’est parfait ! Tu rentres dans mon cadre ! Tiens, profite ! C’est sans doute la première fois que tu peux te voir en entier… » Oui, mais à quel prix ! Volcan ne se reconnut pas. Lui, cet être autrefois si vigoureux et imposant, ressembler à une ridicule bouche en ***-de-poule… Quel désappointement ! Pas question de se laisser contenir par cette image ! Il se préférait avant ! Alors, bien qu’il n’eût cette fois, pas spécialement envie de se soulager, il explosa pour regagner ses formes d’antan. Il veilla à préserver pendant sa transformation, les champs de ses chers paysans. Il leur aménagea même à proximité, un point d’eau pour qu’ils puissent aisément irriguer leurs cultures. Ah, comme il se sentait mieux, redevenu lui-même ! Et tant pis s’il ne pourrait plus se voir dans le miroir… Que lui importait ? Seul comptait désormais son amour des autres… Citer Link to post Share on other sites
Guest lady Posted November 14, 2008 Partager Posted November 14, 2008 jolie histoire avec une bonne morale Citer Link to post Share on other sites
Guest Chamane Posted November 14, 2008 Partager Posted November 14, 2008 Belle histoire, la famille des mots nage dans le bonheur alors:goodluck::goodluck: Citer Link to post Share on other sites
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