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Mahrez, Bengrina et… par Hassan Zerrouky


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A défaut de vraies propositions de sortie de crise, c’est l’instrumentalisation politicienne à tout-va, où football et religion sont au premier rang de cette campagne électorale. Voilà Riyad Mahrez, la star de Manchester City, élevé à son insu au statut de «moudjahid pour la cause divine» par l’islamiste Abdelkader Bengrina. Alors que pour son alter ego Larbi Zitout — car au fond rien ne sépare les deux hommes au plan idéologique- l’international algérien est coupable de ne pas se solidariser avec les détenus hirakistes.  
Or, c’était courageux de la part de Mahrez d’avoir brandi l’emblème palestinien à Manchester, pour saluer à sa manière le titre de champion d’Angleterre sous le regard de plusieurs millions de téléspectateurs. Aussi, sous toute réserve, son geste de solidarité avec les habitants Sheikh Jarrah (Jérusalem) n’est peut-être pas étranger au fait qu’il ne figure pas dans le onze-type de la Ligue des champions 2020-21, établi par l’UEFA, dont fait partie Israël qui compte beaucoup d’amis au sein des instances européennes de football. 
Mais ce n’est pas tout. Lu dans El Watan : Tayeb Zitouni, SG du RND – à ne pas confondre avec son homonyme l’actuel ministre des Moudjahidine — affirme au cours d’un meeting électoral que Biskra est la «troisième ville sainte de l’Islam» ! Alors qu’aux yeux du croyant lambda, il n’existe que trois lieux saints : La Mecque, Médine et Jérusalem. Raison invoquée par le dirigeant du RND pour sacraliser Biskra : des compagnons du prophète seraient tombés devant la capitale des Ziban ! Problème, c’est qu’il existe de très, très nombreuses villes égyptiennes, irakiennes, syriennes, iraniennes, tunisiennes, turques et même d’Asie centrale, qui ont été conquises bien avant Biskra par les forces du calife Omar Ibn el Khatab, et qui n’ont pas pour autant été élevées au statut de villes saintes ! On notera toutefois que ni le ministère des Affaires religieuses, ni le Haut Conseil islamique (HCA) n’ont jugé utile de le faire savoir au dirigeant du RND. Un oubli ? 
Face à cette instrumentalisation du religieux à des fins politiques dont usent et abusent la plupart les leaders de ces mêmes formations, le président de l’Anie n’y trouve rien à redire du moment où, explique-t-il, «le discours de haine, par exemple, n’est pas présent dans cette campagne». Il n’en reste pas moins que ces partis, qui vont puiser leur argumentaire dans le religieux, éprouvent beaucoup de peine à susciter l’intérêt des électeurs potentiels, toujours aussi peu nombreux à venir les écouter.  
Et comment peut-il en être autrement quand, par exemple, la question des libertés politiques et démocratiques et de l’État de droit, voire même les questions sociales, sont devenues presque des sujets tabous. En effet, qui hormis Jil Jadid de Soufiane Djilali, évoque au sein de cette galaxie islamo-nationaliste l’État de droit ? Personne. Qui évoque cette économie informelle qui représente près d’un tiers du PIB (la richesse produite) algérien, qui échappe au contrôle de l’État et qui nourrit la corruption ?  Et que dire du silence observé par ces partis en matière de mesures préventives contre le risque d’une nouvelle explosion de la pandémie de Covid-19 ? Et ce, sans compter tous ces sujets qui importent le plus aux Algériens, à savoir le chômage, l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, l’éradication de la pauvreté, le logement et cette corruption endémique… 
En fait – je mets de côté les listes indépendantes que je ne connais pas – la préoccupation majeure de ces formations islamo-nationalistes, qui ont servi sans état d’âme le pouvoir de Bouteflika au nom de la continuité, est qu’elles sont dans une logique d’accompagnement visant à garantir leurs places ou leurs quotas d’élus dans la future APN et, partant, de sauvegarder leurs appareils, et non dans cette logique de changement, sans vrai contenu, dont ils se revendiquent. D’où ce discours de diversion politico-religieux afin de ne pas aborder les questions d’actualité qui fâchent, même avec modération, en y mettant ne serait-ce que le ton et la forme. Petite éclaircie, la jeune journaliste Kenza Khattou a écopé de trois mois de prison avec sursis alors qu’elle avait été condamnée en premier appel à un an de prison ferme. Au moins elle est libre…  
H. Z. 

NB. : Cette chronique est dédiée à Zoubir Soussi, un grand monsieur, un journaliste engagé et courageux comme il l’a montré durant les années 1990, un homme chaleureux à l’humour communicatif et dont je garde de nombreux et précieux souvenirs.  
À sa famille et ses proches, mes sincères condoléances. 

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