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Abdelmadjid Tebboune, éduqué dans la pire des versions de la culture traditionnelle algérienne et du soviétisme, n'est pas programmé pour réfléchir, avoir un avis ou dire non. Sans aucune ambition, ni pour lui-même ni pour le pays, il est une sorte d'automate dont la seule mission possible est d'obéir et de perpétuer ainsi la longue tradition de servitude qui caractérise l'exercice du pouvoir en Algérie, depuis la période ottomane mais aussi du temps des royaumes numides. Dans cette Ifrikiya centrale qu'est l'Algérie d'aujourd'hui, on ne pense jamais à être maître de son destin. Le maître, c'est toujours l'autre. Quant à nous, on ne doit chercher notre salut que dans la servitude et le plus heureux pour nous, c'est souvent le plus servile.

Depuis Massinissa et Juba II, en passant par les dynasties berbères du Moyen-âge jusqu'aux bachaghas, aux caïds et ministres et autres présidents que nous connaissons depuis l'indépendance, tous ceux qui ont eu un mot à dire en Algérie, depuis l'Antiquité à ce jour, ont été les esclaves de quelqu'un. L'histoire politique de l'Algérie, à l'exception de quelques courtes périodes du Moyen-âge et de celle de la résistance anticoloniale qui a pu offrir un destin autonome aux Algériens, est l'histoire d'une inexprimable propension à la servitude.

Abdelmadjid Tebboune, même s'il se permet une gestuelle arrogante dans le moindre de ses discours, n'échappe pas à cette tendance générale qui a marqué et marque encore notre trajectoire historique. Il a beau être un individu, mais Abdelmadjid Tebboune est la synthèse de nos tares millénaires dont la source première et ultime est l'ignorance. L'ignorance qui a crée un malentendu historique entre nous et la liberté: à force d'être asservis par les autres, nous avons fini par croire à tort que nous sommes inaptes à la liberté. Ce sentiment d'inaptitude et d'impuissance qui nous habite secrètement et que nous avons une honte monumentale à exprimer, Abdelmadjid Tebboune l'incarne de la plus splendide des manières. Appelons-le donc le tebbounisme.

Le tebbounisme, c'est l'art d'être servile et de croire que la liberté est une maladie ; c'est l'art d'exalter l'ignorance et de croire que le savoir est une hérésie ; c'est l'art d'échouer sans regrets et de recommencer sans enthousiasme en croyant que l'Histoire ne va pas fermer... Pour sortir du tebbounisme, cet héritage honteux de nos ancêtres, il y a une seule voie : le savoir.

Amar Ingrachen
Journaliste

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