DJAZAIRI 10 Posted December 6, 2008 Partager Posted December 6, 2008 Article paru sur le journal Réflexion Reflexion Il fallait se taire, M. le président! Chadly Bendjedid a parlé et tant pis pour lui. On chasse le naturel, il revient au galop et le ridicule n’a jamais tué personne. C’est que loin de penser qu’il récidive, l’ancien président algérien, se réexplique sur les colonnes de journaux en se demandant ce qui arrive à nos confrères qui le descendent en flammes dès qu’il ouvre la bouche. Vous avez parlé, monsieur le Président et tant pis pour vous. C’est une vieille dame qui étonna plus d’un. Illettrée, pauvre, mais bien dans sa peau, elle demandait au bon Dieu, après chaque prière, de débarrasser la pauvre Algérie d’un raïs catapulté après la catastrophe qui venait de frapper l’Algérie. Son fils y voyait une punition divine. Il pleura un jour. « Moustache », comme on aimait à l’appeler venait d’être enterré. Les services de la présidence, toutes catégories confondues, n’auront plus à user du pseudonyme « Antar ». Désormais, c’est El Marhoum ou simplement Boumédiène. C’était en 1978. Toute l’Algérie est suspendue aux lèvres de Brahim Belbahri qui tarde à annoncer sur l’unique l’heureux candidat à la doublure de Moustache. Il y en avait deux aux vibrisses bien fournies : le colonel Yahiaoui, alors coordonnateur du parti et Bouteflika, ministre des affaires étrangères, qui incarnait l’espoir d’une jeunesse macérée dans la grande école du patrio-tisme et prête à défier les affameurs des damnés de la terre. Une jeunesse qui rêvait. Elle rêvait du monde de Guevara, Giap, Mao, Ho Chi Minh, Nkrumah, Nehru et autres Nasser, Tito ou l’éternel combattant Yasser Arafat. Un monde où le maître-mot était liberté et égalité avec un ventre plein. La gratuité des soins était une réalité et la lutte contre l’analphabétisme battait son plein. Un monde sans frontières et sans famine se dessinait. Un monde en couleurs sans armes et sans contraintes se profilait. Trêve de rêvasseries. Une nomination par la djemaâ. Le Fln, unique parti, doit désigner son unique candidat. Ni Bouteflika, éjecteur d’une Afrique du sud de son siège à l’Onu pour en injecter l’OLP ni Yahiaoui ne faisaient le « poids ». Chadli, le plus âgé des colonels, et la « djemaâ », comme il l’appela alors qu’il s’apprêtait à déménager d’El Mouradia les évincèrent. Inutile de rapporter ce qu’en fit la rue de cette nomination. Une risée. « Un bouche-trou, disent-ils ». Une mascarade, disait-on, malgré les éloges que rabâchait l’Unique. Une déception. Mais, comme d’habitude, on espéra. C’est un militaire convaincu que le commandement ne se partage pas. Le temps et l’histoire ont bien donné raison à la vieille dame. Elle avait bien raison, car à la deuxième apparition, l’homme apparut sans moustaches. On le reconnut à peine. On en rit encore. De commandant de la deuxième région militaire d’Oran, il se vit parachuter coordonnateur des services de sécurité durant la maladie de Houari Boumédiène et puis Raïs. Le bonhomme bafouille, ne parle ni cet arabe officiel dont nous ont habitué nos dirigeants ni ce précieux français que maniait un certain jeune ministre de « Moustache » en roulant les « r », mais un arabe dialectal avec un accent de l’est algérien ponctué de « mada bina ». Et notre premier homme devint autre chose. Grands et petits, hommes et femmes, ne formulent plus « il était une fois Djeha », mais « un jour, Chadly ». La décence ne me permet pas d’écrire ce qui a été raconté et à un si grand débit. Y aura-t-il quelqu’un pour rassembler tout ce patrimoine de la « douzaine de la décadence. » La main de Mitterrand Notre jeunesse a bien scandé « visa, visa ». C’est à en rougir. La honte. Du temps de « Moustache », comme la plupart des pays du monde et comme l’actuel Maroc et l’actuelle Tunisie, voyager était un luxe. Quand Chadly ouvrit les robinets, ce ne sont pas moins de quatre milliards de dollars qui se déversaient sur le Maroc chaque année. Abdelhamid Chorfa, économiste et écrivain de renom, alors consultant à notre Institut d’Études et de Stratégie Globale et consultant en prospective auprès du Premier Ministre algérien ne manqua pas rappeler au président en termes crus les désagréments causés à une économie chancelante et à un pays criblés de dettes. « Monsieur le président, lui avait-il dit, vous faites à l’Algérie ce que n’aurait pas fait un ennemi ». Artisan de la double-nationalité, algérienne et française soit dit, avec Mouloud Hamrouche, au lieu de remédier à faire de notre émigration une manne de rentrées de devises comme en ont fait et font toujours Marocains, Tunisiens et Portugais, il poussa notre jeunesse à rêver de quitter « Bled Miki » pour trimer chez l’ancien colon, affameur de leurs parents. Que de larmes ont été versées ce jour-là, quand provenant de New York, atterrit l’avion présidentiel avec à son bord l’ancien compagnon d’armes des légionnaires, chasseurs alpins et autres paras de Bigeard. Chadly Bendjeddid est hôte de celui qui légalisa la torture en Algérie. Mitterrand, le tortionnaire d’hier, la haine personnifiée des fellagas d’hier se frottent les mains. L’Internationale socialiste, ennemie jurée de l’Algérie indépendante vient de triompher. Ennemie jurée qui, jusqu’à présent demande l’intervention de forces étrangères en Algérie. Et une campagne anti-généraux algériens, « qui tue qui », consé-quence d’une politique désastreuse et d’un cataclysme que subirent nos services de sécurité firent perdurer l’incendie que causa une démission à celui que Chadly accuse aujourd’hui de l’avoir espionné au profit du commandement de la Révolution algérienne. De la fuite d’un président. Loin de reconnaître ses erreurs, l’homme qui, un jour jura sur la Coran d’agir conformément à la Constitution et lois de la République, est me semble-t-il encore mal entouré. Le « fromage » en son bec, qui le guette ? Qui le flatte ? Ou est-ce les remords qui lui donnent des insomnies qui le font divaguer ? Et c’est devant un parterre de Moudjahidine qui, surement profitant du compagnon d’hier bien haut placé, ont décroché la fameuse « fiche communale » au détriment de centaines de milliers d’autres, à travers le territoire national, qui croient toujours au devoir accompli moins que ceux qui y ont laissé leurs vies. Des Moudjahidine qui ont cru et croient toujours qu’il y a eu Djihad avec un grand « djim », une guerre sainte et qu’ils n’attendent rien en retour. Et le récidiviste accuse Khaled Nezzar qui, par un jour d’hiver prit la barre d’un bateau abandonné par un capitaine fuyant une houle qu’il a généré lui-même. Le président désigné dans les coulisses par la magouille et coups bas et puis des élections truquées ne peut être qu’ainsi. Loin de respecter la constitution, il l’a bafouillée jusque dans sa chair. Et la faucheuse fut actionnée. Trois cents mille morts. Boudiaf y laissa sa vie. Et combien d’attentats ont visé Khaled Nezzar ? Et d’autres généraux faillirent y laisser leur peau dont Talbi et Benali. D’autres n’eurent pas de chance tels le général Khelil. Des savants, chercheurs, écrivains et autres personnalités éminentes furent assassinées. Liabès, Senhadri, Mekbel, Djaout, Belkaïd, Boucebci, Belkhanchir et la liste est longue. Au lieu d’un parterre de Moudjahidine, anciens compagnons d’armes ou d’étudiants de sa wilaya d’origine, il aurait été plus judicieux pour libérer sa conscience de s’adresser à un parterre de membres de l’ONVTAD (devinez ce que c’est !) et l’Association « Dja-zaïrouna ». Faire revenir Boumaza et donner toutes les opportunités à l’ennemi d’hier pour négliger le 8 mai 1945 dont il a fait son cheval de bataille reviendrait à cracher dans sa soupe. Dans un autre contexte, et sans ordre particulier de « préférence », je cite les legs : 54 partis, une anarchie pour démocratie, une économie chancelante, une dette extérieure hors normes, des fleurons de l’économie de jadis réduits à la mendicité, une école défaillante et j’en oublie. Citer Link to post Share on other sites
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