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DÉCLARATION DE SAID SADI DEVANT LE TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE MARSEILLE LE 11 MARS 2022 SUITE À LA PLAINTE DÉPOSÉE CONTRE LE DÉNOMMÉ SALIM LAIBI


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♦️La Présidente demande un exposé du parcours pour situer le contexte qui a conduit au dépôt de plainte.
Je m’appelle Said Sadi, je suis né le 26 aout 1947, marié, père de quatre enfants et psychiatre de formation, aujourd’hui en retraite.
Je milite depuis ma prime jeunesse pour l’avènement d’une Algérie démocratique et laïque. Ce qui m’a amené à m’opposer au système FLN dès mon adolescence puis aux intégristes quand ces derniers, ayant proliféré à l’ombre du régime qui leur avait abandonné école, mosquée, justice et médias, ont décidé d’instaurer un ordre théocratique. Je suis donc l’un des acteurs politiques qui œuvrent à ce que l’on appelle en Algérie « la double rupture » qui aspire à libérer le pays du militarisme et de l’islamisme.
Je suis membre fondateur de la Ligue algérienne des droits de l’homme et à l’origine de l’installation de la section d’Amnesty International à l’époque du parti unique qui considérait comme une haute trahison toute création d’organisation en dehors de ses instances.
Au moment de l’ouverture politique arrachée après les émeutes sanglantes d’octobre 1988, j’ai fondé un parti, le Rassemblement pour la culture et la démocratie, RCD, qui prônait la promotion de la démocratie par l’émancipation culturelle. Dans le cas algérien, cela impliquait la réhabilitation de la composante berbère de la nation aliénée par un arabo-islamisme négateur d’altérité, l’intégration de la culture française comme un des éléments constitutifs de notre histoire, l’égalité des sexes alors que le Code de la famille réduisait et réduit toujours la femme à un statut de mineure à vie, la consécration de la laïcité dans un pays ayant fait de l’islam une religion d’État et enfin une refondation nationale face à un pouvoir qui concentre tous les inconvénients du jacobinisme français et du centralisme démocratique hérité du léninisme par la nébuleuse FLN ; magma ne disposant ni de la culture républicaine léguée par la Révolution française ni même de la cohérence doctrinale du marxisme… Enfin, notre projet postulait la fédération des États nord-africains adossée à leur substrat berbère comme l’horizon qui inscrirait la région dans une perspective géopolitique libérée des involutions arabo-islamistes dans lesquelles ont replongé nos pays au lendemain de la décolonisation.
La pédagogie du combat pacifique est je crois ce dont nous sommes le plus fiers puisque nos sacrifices ont permis de faire valoir la non-violence lors de l’insurrection citoyenne qui a mobilisé en 2019 pendant plusieurs mois des millions d’Algériens en faveur du changement radical de système politique.
Notre objectif n’était pas de prendre le pouvoir mais de permettre à la citoyenneté de créer les conditions de l’avènement de la cité démocratique en mettant au cœur du débat public les sujets sociétaux évacués de la scène publique par le parti unique.
Nous savions que cela serait long et risqué. Il faut bien saisir que le régime militaire comme les islamistes ne sont pas opposés sur la nature du projet sociétal à imposer en Algérie mais sur la maitrise du pouvoir permettant de contrôler la rente pétrolière. La société algérienne se trouve ainsi prise en otage entre le militarisme et l’islamisme qui sont en fait deux mâchoires d’une même tenaille.
Il est donc essentiel de comprendre qu’en dépit de luttes féroces et même sanglantes opposant des clans de l’armée aux islamistes, le projet islamo-conservateur fait consensus chez les deux factions qui ont pour adversaires communs les démocrates contre lesquels les uns comme les autres ne s’interdisent aucun abus.
Si vous vous déclarez hostile au militarisme, l’armée vous catalogue intégriste et si vous vous battez contre la théocratie, les islamistes vous accusent d’être un affidé des militaires, quand bien même auriez-vous subi leurs supplices. Cette complicité n’est jamais démentie. Il y a un accord tacite entre les deux autoritarismes : le champ politique algérien doit être réduit au binôme militaro-islamiste et le courant démocratique doit être étouffé et même néantisé.
Cette double oppression dure toujours ; aux agressions des islamistes, dont certains en appellent à mon assassinat sur la toile, font écho les menaces du pouvoir. Je suis convoqué par la justice, soumise à l’armée, suite à une plainte dont je ne connais ni le plaignant ni la nature.
Madame la présidente, Mesdames, Monsieur du tribunal,
J’en viens maintenant aux faits.
Qu’est-ce qui motive le regain actuel de l’acharnement islamique contre ma personne ?
En février 2019, un mouvement insurrectionnel massif engageant essentiellement les femmes et les jeunes, c’est-à-dire les victimes les plus sévèrement atteintes par le régime, ébranle le système politique algérien. J’interviens régulièrement à travers des contributions publiques pour demander à l’armée de rentrer dans les casernes avant que la colère ne gagne des foules jusque-là demeurées pacifiques et j’alerte sur les risques de l’islamisme toujours à l’affut et qui serait tenté de surfer sur une révolution citoyenne ayant clairement revendiqué, du moins au début, un changement démocratique. J’explique que l’irruption islamiste serait une aubaine pour le régime qui se saisirait, une fois de plus, de cette pollution pour justifier sa répression. J’ai résumé cette hypothèque d’une formule : l’islamisme est, au fond, l’assurance vie du militarisme. En effet, à chaque fois que le peuple algérien entame un mouvement de contestation démocratique, l’islamisme instrumentalisé ou pressé de se voir au pouvoir fait avorter la mobilisation populaire. Cette récurrence a prévalu cette fois encore. Rachad infiltrait la révolution populaire tout en menant une campagne acharnée de négationnisme dont l’objectif était de dédouaner totalement le courant islamiste de ses assassinats. L’insurrection inaugurée en février 2019 n’a malheureusement pas échappé à la règle : une fois de plus l’islamisme et les ambiguïtés des élites ont fait avorter « le miracle algérien ».
C’est dans cette exacerbation des tensions politiques que survient l’agression dont j’ai été l’objet le 2 novembre 2019 à Marseille de la part de deux individus qui s’avèreront être messieurs Salim Laibi et Moungi Rouaiguia. Le premier, enfant de la nomenklatura, capté par l’islamisme et partisan enfiévré du complotisme, se présente comme un influenceur « libre penseur », le second, islamiste radical connu qui a fui l’Algérie, est conférencier de l’organisation Rachad, instance basée à Genève ayant ressuscité le FIS après sa dissolution en Algérie. Il est important de retenir le nom de cette organisation Rachad puisque c’est d’elle que part tout ce qui concerne ma plainte et c’est vers elle que tout renvoie. Je suis en procès contre quatre de ses militants et monsieur Laibi qui se défendra certainement d’appartenir à cette nébuleuse est le premier d’entre eux.
Le 2 novembre 2019 vers 16 heures donc, je quittais la rue de Rome pour m’engager sur la Place Felix Baret quand j’ai entendu quelqu’un dire en arabe « C’est lui, c’est lui ! ». Puis j’ai entendu mon nom. Souvent reconnu en France par nos compatriotes, je n’ai pas accordé plus d’importance à l’évocation de mon identité. Moins d’une minute après, je suis pris à partie par Salim Laibi qui crie : « Alors, le criminel complice de 200 000 morts, comment vont tes amis les généraux Nezzar et Toufik (le premier est ancien ministre de la Défense et le second responsable de la police politique) ? Tu sais, tu paieras chèrement tes crimes. Tu ne pourras pas échapper à la justice du peuple ! Alors ! Tu vis bien dans tes villas à Marseille que tu as payées avec l’argent du peuple. Comment as-tu constitué ton patrimoine immobilier alors que tu n’as jamais travaillé de ta vie ? Voleur !» Avant de s’en prendre à moi, Laibi et Rouaguia étaient assis sur les bords de la fontaine de la Place de la préfecture et avaient devant eux des pancartes et des banderoles à connotation islamiste.
Ne voulant pas répondre à une provocation qui reprenait le verbiage distillé par les médias islamistes sur la toile depuis la sortie de mon livre Révolution du 22 février, Un Miracle algérien, j’ai décidé de continuer mon chemin. Je fus aussitôt rattrapé par les deux individus qui me prirent en sandwich, Laibi placé devant moi, m’empêchant d’avancer, pendant que Rouaiguia me collait derrière. Les insultes, auxquelles s’ajoutaient menaces et accusations, fusaient. Les deux compères filmaient avec leurs portables. Redoutant un acte violent, j’essayai de sortir de leur étau, en vain. Je ne saurai donner avec précision le temps qui s’est écoulé mais nous avons mis une bonne dizaine de minutes pour traverser la place Felix Baret sous les regard ébahis de quelques jeunes consommateurs. J’ai essayé de bloquer le bras de Laibi qui filmait en masquant l’écran de son téléphone qui tomba dans l’altercation. Mais il a pu le ramasser et je n’ai pas pu l’empêcher de continuer à filmer car je devais faire attention à Rouaiguia qui me marchait sur les talons et me donnait de discrets coups de coude dans le dos. Pendant tout ce temps, les insultes et les accusations continuaient de pleuvoir. Rouaiguia intervenait aussi mais le plus virulent et le plus prolixe était de loin Laibi. Ce dernier m’accusa d’être indigne d’avoir écrit un livre sur la révolution citoyenne. Mon éditeur dont on trouvera la témoignage écrit dans les documents mis à la disposition du tribunal, m’avait informé que mon ouvrage qui fut le livre de la rentrée littéraire en Algérie avait sérieusement contrarié les islamistes qui ne désespéraient pas de neutraliser le message moderniste de la rue pour détourner la révolution en cours.
Une fois arrivés à la rue Montgrand, je pus m’extraire de la pression de mes deux agresseurs et passer sur le trottoir opposé. Laibi, filmant en plan large, adopta alors un propos toujours inquisitoire mais plus édulcoré et dont le ton contrastait avec la virulence et la vulgarité des propos précédents. Il osa même parfois un temps mielleux. Les accusations se drapaient maintenant de la nécessité de répondre devant « un État de droit » de ma complicité avec les tortionnaires qui ont exécuté 200 000 citoyens et de détournements de biens publics dont je me serais rendu coupable pour, disait-il, me constituer un confortable patrimoine immobilier en France… Le souci d’éviter des propos susceptibles d’être l’objet de condamnation m’a frappé. J’étais à ce moment persuadé que j’avais à faire à un provocateur professionnel qui s’apprêtait à diffuser sur la toile une version présentable de son agression.
Alors que j’essayais de répondre qu’apparemment les islamistes n’étaient pas rassasiés d’assassinats et de viols, monsieur Laibi recourut à la rhétorique de l’organisation Rachad qui mobilisait tous ses médias et relais depuis une année pour marteler la campagne que je viens d’évoquer et qui consiste à exonérer le fondamentalisme des crimes des années 90 ; lesquels crimes furent revendiqués en leur temps par les dirigeants intégristes. Le mot d’ordre était simple : répéter en boucle que les groupes armés islamistes étaient en fait des éléments de la police politique qui voulaient décimer le peuple. La thèse est farfelue. D’une part les premiers responsables du FIS avaient publiquement assumé la lutte armée ; d’autre part, si la police politique algérienne est responsable de bien des problèmes du pays, on voit mal pourquoi elle aurait éliminé 40 à 50 000 de ses soldats, policiers et gendarmes par lesquels elle s’assurait une main mise sans partage sur le pays. L’incohérence de la démonstration ne gênait pas le néo FIS qui comptait, à raison, sur la détestation populaire unanime des militaires pour faire avaler un discours incohérent et grotesque. C’était donc la vulgate du dédouanement des islamistes que venait de réciter Salim Laibi. Cette campagne avait un autre pendant : il fallait disqualifier les démocrates non pas en engageant un débat de fond avec eux – il ne doit pas y avoir d’autres forces politiques en dehors du militarisme et de l’islamisme - mais en alimentant une propagande qui les présente comme des appendices d’un régime maffieux dont ils récoltent quelques miettes.
Pendant que je tentais d’atteindre la rue Paradis, les deux individus continuaient leurs obstructions et vitupérations. De temps en temps, l’un d’eux me bousculait ; probablement pour m’amener à une réaction violente. Tout en filmant, Laibi déclara alors que lui aussi était kabyle comme moi, qu’il me connaissait bien et que son oncle Kasdi Merbah, avait des dossiers sur tous ceux qui avaient assassiné des citoyens innocents et volé le pays, engeance dont je faisais partie… Ne pouvant pas avancer, je rebroussais chemin à vive allure. Je ne fus pas suivi. Une fois sur la place Felix Baret, j’essayai de retrouver les jeunes qui s’étaient émus de voir deux personnes s’en prendre à une autre pour demander à quelques-uns de témoigner mais le groupe avait quitté les lieux. Je repris mon chemin vers la rue Paradis pour récupérer ma montre déposée chez l’horloger. Mal m’en prit. Mes agresseurs étaient encore là. Les insultes reprirent de plus belle. J’essayai de les calmer en utilisant une formule kabyle qui dit en substance : « Allez maintenant ça suffit, vous avez eu ce que vous voulez, partez, que Dieu guide vos pas. » La réponse fut hystérique : « Comment un mécréant de ton acabit ose invoquer Dieu ? Voleur… ». Les deux individus continuaient à filmer leur esclandre comme s’il leur fallait, cette fois, présenter à une hiérarchie une preuve de la bravoure de deux djihadistes accablant un apostat.
Je refis demi-tour et décidai de rentrer chez mes enfants avant de partir déposer aussitôt plainte contre X au commissariat du 8ème arrondissement.
Le surlendemain, en sortant avec mon fils, j’ai remarqué la présence d’un jeune homme âgé d’une trentaine d’années posté au coin de la rue et scrutant avec insistance l’entrée de notre bâtiment. Comme nous étions à deux, nous décidâmes de poursuivre notre route tout en observant de près celui qui semblait être un vigile. Une fois arrivés à sa hauteur, il nous dit dans un français sans accent : « Alors, on vous a bien eu avant-hier. ». Mon fils eut le réflexe de prendre en photo le jeune homme qui s’engouffra dans un bureau d’intérim en se protégeant le visage de ses mains. Je me rendis aussitôt au commissariat du 8ème pour un complément de plainte et donner la photo du jeune inconnu.
Le soir même, #Salim_Laibi posta une vidéo sur sa web télé. Comme je le pressentais, il avait élagué les propos insultants ainsi que les menaces de mort. Les télévisions islamo-populistes, qu’elles soient basées en Algérie comme Echourouk, Ennahar ou à l’étranger comme Ouma, Wafa, diffusèrent en boucle la vidéo de Laibi. La chaine Al Maghribia, dirigée par le fils d’Abassi Madani, fondateur du FIS ouvrit ses antennes à Laibi qui jubila de son exploit. Malgré le soin pris à présenter un discours légalement tolérable, la virulence et surtout les contre-vérités colportées dans la vidéo étaient lourdement handicapante pour un opposant qui a passé sa vie à défendre les droits de l’homme et à combattre l’illégitimité du régime et les violences islamistes. Les chaines qui ont relayé Laibi le présentaient comme un paisible citoyen interpelant un « éradicateur » de musulmans qui avait contribué à éliminer 200 000 des leurs.
Madame la Présidente, mesdames, monsieur du Tribunal,
Depuis cette agression, Salim Laibi m’a consacré une demi-douzaine d’émissions sur sa web télé, laquelle a été enfin interdite le 20 avril 2021 par YouTube. Quels sont ceux qui ont produit des mensonges ayant servi ses attaques ? Sur quoi portent les accusations de Salim Laibi et que suggèrent-elles ?
Les matières qui ont servi à cette ignominie sont :
1) Des publications émanant d’anciens militants exclus par le parti que je présidais ;
2) Des interprétations tendancieuses de documents écrits ou photographiques.
3) Des caricatures ou des falsifications de mon parcours ou positions politiques ;
4) Des affabulations sorties du cerveau de Laibi où il n’hésite pas à impliquer la justice française.
S’agissant des anciens militants, Laibi se réjouit de trois aveux, délivrés au moins une quinzaine d’années après les faits desquels il est fait état.
La première déclaration émanait d’un avocat qui avait tardivement rejoint les rangs de l’opposition démocratique. Auparavant, il avait milité dans le FLN pendant de longues années. Il en fut même candidat aux législatives de 1977. Fervent admirateur de Saddam Hussein, sa greffe démocratique ne tarda pas à être rejetée. Il n’hésita pas à déclarer sur un plateau de télévision son soutien au dictateur irakien pendant la première guerre du Golfe alors que notre parti, tout en se démarquant de l’archaïsme du régime koweitien, avait condamné la violation du droit international et le gazage des 5000 kurdes d’Hallabja. L’avertissement l’invitant à respecter les positions du parti fut vain puisque quelques semaines plus tard, il commit une autre sortie de route en déclarant que le RCD était disposé à composer avec les gens raisonnables du FLN, alors qu’aucune discussion n’avait été entamée sur ce sujet au sein du RCD. Son dossier fut envoyé en commission de discipline, il ne s’y présenta pas et fut exclus du RCD. Une quinzaine d’années plus tard, il s’adonna à des tournages de vidéos où il dit se souvenir avoir vu des sacs d’argent s’échanger dans les couloirs du parti et qu’il se rappelait que les décisions du RCD étaient prises en dehors de ses structures. Un classique de la culture politique du FLN où le débat, évacuant le fond, est pollué par les accusations de vénalité pour faire diversion sur ses propres revirements.
En effet, entre temps, l’auteur du « témoignage » que produit Monsieur Laibi avait été installé au Sénat par le général Président Zeroual et fut, en 2019, directeur de campagne d’un autre général candidat à l’élection présidentielle aujourd’hui emprisonné suite à une guerre de clans. Naturellement, Laibi qui ne fait jamais cas de ces indications devant ses followers.
Une deuxième vidéo est le fait d’un autre ancien militant du FLN ayant rejoint le RCD. Je m’en suis démarqué publiquement le jour où il déclara à de grands électeurs de notre parti que je l’avais mandaté pour leur demander de saborder la candidature au Sénat d’un cadre du RCD qui avait refusé de céder à sa tentative d’extorsion de fonds. Mon désaveu le mit dans une rage folle. Il se présenta alors sur le plateau de la chaine Berbère télévision pour proférer les accusations reprises par Salim Laibi, alors qu’elles avaient été condamnées en appel par la 17éme chambre correctionnelle de Paris en mai 2019. Je tiens à souligner que Monsieur Laibi, qui avoue suivre ma page Facebook, connaissait cette condamnation puisque qu’elle y figure en bonne place.
Pour donner du crédit à ses allégations, Laibi dit que ces deux personnes furent des membres fondateurs du RCD, ce qui est faux. Les noms des fondateurs publiés au Journal officiel de la République algérienne sont versés au dossier soumis à votre honorable attention.
La dernière vidéo montre un autre ancien responsable du RCD qui appelle aujourd’hui à l’indépendance de la Kabylie. Comme j’ai publiquement exprimé mes réserves sur la légèreté d’un projet lancé sans réflexion ni concertation, le personnage ne manque pas une occasion de se rendre disponible pour mes détracteurs, y compris quand il faut appeler à la rescousse un capitaine des services spéciaux sur lequel je reviendrai.
Que dit et écrit précisément Salim Laibi depuis bientôt deux ans ?
Nous avons vu que pour l’essentiel, les accusations sont extraites du catalogue des médias islamistes.
Laibi ressasse à l’envi qu’ayant soutenu l’arrêt du processus électoral, j’étais en fait un faux démocrate.
Autres angles d’attaque islamiste chevauché par Monsieur Laibi. Le RCD ayant intégré le gouvernement en 1999, je serais en fait un agent des services spéciaux algériens, un « traitre », a-t-il asséné à plusieurs reprises. Il assure que le terrain sur lequel j’ai fait construire ma maison à Alger à l’âge de soixante ans, m’a été offert par le responsable de la police politique. Il écrit que je disposerais d’un substantiel patrimoine immobilier en France composé de plusieurs villas à Marseille, de terrains à Aubagne et même de florissantes sociétés que j’aurais créées, utilisant mes enfants comme prête-noms. Bref, le dirigeant que les Algériens connaissent depuis un demi-siècle comme le précurseur des luttes démocratiques et des droits de l’homme, l’auteur dont ils ont apprécié les livres ne serait qu’un imposteur qui a abusé de leur naïveté et que le citoyen Laibi se propose de démasquer.
Pour donner consistance à ses affabulations, Laibi ne s’encombre pas de scrupules. Dans un paragraphe qu’il me consacre dans une de ses publications, il assure avoir consulté et obtenu des documents de la part de greffiers marseillais qui confirment ses révélations. Sans se soucier le moins du monde de la possibilité de voir toutes ses accusations démenties par les faits, Salim Laibi écrit que je n’ai jamais travaillé de ma vie, ce qui, dit-il, rend encore plus révoltantes les richesses qu’il m’attribue. Reprenant à son compte une autre litanie islamiste, Laibi m’accuse d’avoir été complice de l’assassinat de mon ami, le chantre de la chanson kabyle Matoub Lounès, survenu en 1998, autre fadaise qui a déjà été condamnée par la justice française.
Comme ses compères, Laibi exploite une provocation exécutée par des nervis du chef d’état-major en poste jusqu’en 2020 et aujourd’hui décédé pour affirmer que j’ai été chassé par les manifestants en Kabylie.
Enfin, Laibi déclare que lorsque j’ai fait inscrire l’égalité des sexes dans le programme de notre parti, ce n’était pas pour assurer l’émancipation de la femme algérienne mais parce que, je le cite, : « Said Sadi déteste l’islam et les Musulmans ».
L’autre manipulation à laquelle ont recouru les médias islamistes et que n’hésite pas à endosser Laibi c’est le détournement d’images que je vais traiter ultérieurement.
Mais auparavant, je vais essayer de dire rapidement ce qu’il en est de ce florilège d’indécences repris en boucle depuis maintenant deux ans par monsieur Laibi et ses acolytes.
1) Arrêt du processus électoral de 1991,
Le soir du premier tour des législatives de 1991, je déclarais au journal de 20 heures de la radio algérienne que si les estimations annoncées étaient confirmées par les urnes, il fallait les respecter. Le problème est que trois jours plus tard, le FIS déclare abolir la constitution, instaurer immédiatement la chariaa, interdire les partis de gauche…Simultanément ses dirigeants décrètent l’obligation d’adapter ses conduites alimentaires et tenues vestimentaires aux codes islamistes. A ce moment-là, je déclarais sur les ondes de la même radio que « je ne voulais pas assister à l’enterrement de mon pays. »
2) Intégration au gouvernement.
Lors de son retour aux affaires en 1999, après une vingtaine d’années de mise à l’écart du pouvoir, Abdelaziz Bouteflika se présente comme l’homme qui allait mettre un terme au système qui sévissait depuis l’indépendance. L’ayant bien connu de l’intérieur, il s’estimait, disait-il, être le mieux à même de le démanteler. Il s’exprime en français et s’affiche dans des cénacles internationaux comme l’homme qui va garantir une rupture transitionnelle apaisée. L’opinion publique algérienne, lassée par plus de trente ans de gabegie et une décennie de terrorisme, se prend à rêver d’un nouveau départ pour le pays. La communauté internationale s’enthousiasme pour une occasion unique qui allait assurer évolution ordonnée et stabilité dans un pays proche et si important pour l’Europe du Sud. J’ai reçu 46 ambassadeurs qui, tous, ont dit ne pas comprendre les réticences de l’opposition démocratique à accompagner cette opportunité. Comme d’autres partis, nous avons participé aux discussions auxquelles avait appelé le nouveau chef de l’État. J’ai rencontré Bouteflika à plusieurs reprises et j’ai régulièrement rendu public le contenu de mes entrevues avec lui. Je lui ai dit que s’il avait effectivement pris la mesure des problèmes qui handicapaient le pays, il devait assumer publiquement un certain nombre de réformes essentielles pour le développement national. J’ajoutai qu’en ce qui nous concernait nous ne soutiendrions aucune démarche si les réformes de l’Éducation nationale, de la Justice et de l’État qui constituaient le cœur de notre programme n’étaient pas assumées. Il promit de s’y engager. J’exigeais et obtins que l’annonce de ces chantiers soit faite lors d’une conférence des cadres de la nation et qu’elle soit retransmise en direct à la télévision nationale. Pour la réforme de la justice, j’avais proposé le nom du professeur Mohand Issad, éminent universitaire dont la compétence et l’intégrité font l’unanimité. Tous ces préalables furent respectés. Naturellement, Bouteflika, voulant offrir une vitrine démocratique aux opinions nationale et internationale, souhaitait me voir rentrer dans le gouvernement. Je répliquai que je me donnais une à deux années pour apprécier la volonté politique d’appliquer les termes de notre accord avant de participer personnellement à l’exécutif. Quelques mois plus tard, aucune décision n‘ayant été prise, notre conseil national publia un communiqué pour dire que la présence du RCD au gouvernement était « une participation vigilante ». En 2001, une répression sanglante provoqua la mort de 128 jeunes en Kabylie. Le RCD déclare qu’il ne siège pas dans un gouvernement qui tire sur la jeunesse et retire ses deux ministres.
C’est la première fois dans l’histoire de l’Algérie indépendante qu’un parti politique s’associe au pouvoir sur la base d’un compromis porté à la connaissance du public et qu’il le quitte après une violation du contrat. Il faut savoir qu’auparavant, tous les partis politiques algériens qui n’ont pas pris les armes ont, à un moment ou un autre, participé à la coalition gouvernementale sans jamais avoir donné les motifs de leur décision. Ces collaborations obliques ne semblent pas avoir indisposé Monsieur Laibi ni les autres islamistes. Le RCD serait en quelque sorte coupable de délit de transparence.
Je n’insisterai pas sur les collusions dont m’accable Laibi avec les services de renseignement ou l’attribution du terrain dont j’aurai bénéficié à Alger. Il y a dans le dossier suffisamment de documents écrits qui attestent de mon engagement historique contre la police politique dont j’ai toujours dit que la dissolution était une condition de la renaissance algérienne. Je rappelle que Monsieur Laibi lui-même sait que ces diffamations ont fait l’objet d’une condamnation en mai 2019 à Paris.
3) Patrimoine
S’agissant du patrimoine en France dont m’ont généreusement gratifié Laibi et ses amis, il est tout simplement imaginaire. Je n’ai aucun bien en dehors d’Algérie. Il est loisible au tribunal de consulter les documents mis à sa disposition. La déclaration qui s’y trouve est sans la moindre ambiguïté*.
Pour des raisons de sécurité, ma famille a dû changer neuf fois de résidence. Mon fils a passé son baccalauréat sous pseudonyme et pendant treize ans je ne pouvais pas venir en France si je n’acceptais pas une protection rapprochée mise en place par le ministère de l’Intérieur français.
Mes agresseurs se sont donné le mot pour lister l’ensemble des adresses où ont vécu les miens et les publier sur le net comme des biens acquis. Même le logement de fonction loué par la compagnie Point Afrique a été présenté par monsieur Laibi comme une propriété de mon fils.
Contrairement à ce qu’écrit et annonce Laibi à longueur d’émission pour valider ses propos mensongers, il n’a vu aucun greffier. Ou plus exactement, aucun greffier ne peut lui avoir dit que mes enfants seraient propriétaires de terrains à Aubagne. Pour une raison très simple. Aucun d’eux ne possède le moindre mètre carré de terrain ni à Aubagne ni ailleurs. Le même démenti peut être opposé aux supposées sociétés dont Laibi gratifie mon fils.
Il est utile de souligner que les dignitaires du régime algérien qui ont mis le pays en coupe réglée ont souvent acquis des biens à l’étranger. Ces attaques visent donc un double objectif : me faire passer pour un corrompu et m’associer à un pouvoir honni et contre lequel je me bats depuis un demi-siècle. On observera qu’aucun argument politique n’est avancé dans cette campagne.
Mais le plus grave dans ces attaques est la mise en ligne des adresses de mes enfants. Dans la mouvance islamiste il y a des Kelkal ou des Merah pour lesquels l’engagement violent est assumé mais en seconde ligne il y en a qui travaillent aux conditionnements d’esprits faibles auxquels on propose des cibles désignées comme des adversaires de l’islam. On sait qu’il y aura toujours un déséquilibré pour passer à l’acte. La suggestibilité est la deuxième arme du crime islamiste.
4) Désinformation :
Venons-en maintenant à l’incident qui a eu lieu à Bejaïa en Kabylie le 5 avril 2019 et dont Salim Laibi et les islamistes ont fait leurs gorges chaudes.
J’ai dit auparavant que dès le début de l’insurrection citoyenne qui a commencé en février 2019, j’avais interpelé l’armée pour lui demander de saisir cette opportunité pour quitter la scène politique qu’elle monopolise depuis l’indépendance. Le 5 avril 2019, je manifestai parmi les citoyens qui prenaient des selfies où me demandaient des autographes quand, devant deux grosses caméras, trois individus m’invectivent. Dans un fourgon placé six mètres plus loin était installée une table de montage. Huit minutes plus tard, les images sont sur la toile et les télévisons islamistes relaient en boucle « la population qui chahutait Said Sadi en Kabylie ». Comme par hasard, la télévision qui avait préparé son matériel sur le lieu de la provocation est financée par les proches du chef d’état-major auquel j’avais adressé une lettre ouverte pour l’inviter à mettre un terme à la militarisation du pays ; le chef de l’équipe qui tournait n’était autre que le directeur du comité de campagne de Bouteflika pour la région de Bejaïa pour une candidature à un cinquième mandat qui fut à l’origine des manifestations populaires. L’agression comme son exploitation suscite une indignation dans le pays. Des intellectuels, dont le tribunal pourra lire certaines réactions, condamnent l’acte et des comités citoyens exigent mon retour pour la manifestation du weekend suivant, où des banderoles de bienvenue étaient déployées sur tout le parcours de la manifestation. Évidemment, aucun média islamiste ne s’est fait l’écho de l’accueil populaire qui me fut réservé.
Autre fantaisie distillée par Salim Laibi et le faisceau de télévisions islamistes de façon récurrente : je n’aurai jamais travaillé de ma vie. De tous, monsieur Laibi est celui qui est supposé connaître le plus mon parcours professionnel. Il est fils d’un médecin exerçant en Kabylie, c’est à dire la même région que moi, à l’époque où le pouvoir, ayant déjà aboli le serment d’Hippocrate, s’apprêtait à supprimer les modules d’éthique et de déontologie dans le cursus de la profession médicale pour les remplacer par des codes islamistes. Pour ce faire, il décida de rattacher l’Union médicale algérienne aux organisations de masse du FLN. En Kabylie, il s’opéra alors un schisme dans la communauté médicale. Certains, dont le père de Laibi, acceptèrent de composer avec le pouvoir et furent recrutés comme des clients du FLN, tandis qu’avec d’autres confrères, nous refusons cette aliénation et lançons l’Union médicale autonome qui préserve les principes et valeurs universelles qui organisent notre profession. L’affaire fit grand bruit puisque partout où notre organisation s’était imposée, les résultats des soins curatifs et les stratégies de prévention étaient reconnus comme étant nettement meilleurs que dans les sites où dominait l’union médicale affiliée au FLN. Mieux, des praticiens de la capitale préféraient venir en Kabylie assister à nos journées de formation post-universitaires. Depuis, des reportages ont rapporté les bénéfices de cette émancipation du parti unique. Cette épopée certifiée par des témoignages de praticiens versés au dossier ne peut pas être inconnue de monsieur Laibi qui, comme tous les lycéens originaires de Kabylie ou de l’Algérois, a suivi un épisode qui a duré une dizaine d’années et qui a marqué à jamais l’histoire de la vie de la médecine en Kabylie. J’étais l’un des principaux initiateurs de cette instance, Salim Laibi ne peut ignorer mon parcours professionnel. En dehors des périodes passées en prison, je ne suis jamais resté sans travailler. Cette rumeur a été inlassablement répétée avec l’arrière-pensée de laisser entendre que n’ayant jamais eu de revenus, je ne pouvais pas disposer de moyens pour construire ma maison. Pour l’islamiste, l’objectif est toujours le même : faute de pouvoir éliminer son adversaire politique, il faut initier sa mort sociale dès lors que l’on ne peut pas lui apporter la contradiction sur les faits ou les idées.
5) Manipulations d’images
S’agissant de l’exploitation d’un certain nombre d’images, je citerai les trois plus couramment instrumentalisées par les médias islamistes et Laibi. La première photo sur laquelle Salim Laibi, plus que d’autres, a épanché des pulsions xénophobes et antisémites me montre à côté de Bernard-Henri Lévy. C’est une photo prise au Festival de Cannes lors de la projection du film C’est dur d’être aimé par des cons réalisé par mon ami Daniel Leconte, témoin dans ce procès, à la suite de la première attaque dont fut victime Charlie Hebdo. Ayant spontanément apporté mon soutien à l’hebdomadaire satirique, je fus invité à la projection à Cannes. Laibi et ses amis font circuler cette photo en tant que preuve de ma complicité avec Israël. Ils ajoutent qu’elle a été prise à l’occasion du diner du CRIF où auraient été, entre autres décidée, l’attaque contre Gaza. A noter que c’est un journaliste turc, présent au festival de Cannes, qui a transmis cette image à l’organisation Rachad.
Le second cliché me présente attablé avec l’ancien ministre de la Défense Khaled Nezzar. De quoi s’agit-il ? C’est la célébration du vingtième anniversaire du journal El Khabar, le plus grand quotidien algérien indépendant. Les organisateurs installaient les 500 invités au fur et à mesure de leur arrivée. Parvenu sur site, cinq minutes plus tôt ou plus tard, j’aurais pu me retrouver assis à côté d’un universitaire, un sportif, un artiste ou un ministre. Les islamistes légendent le cliché comme un festoiement rassemblant dans un diner secret un éradicateur de musulmans et un criminel de guerre.
Troisième photo. On me voit avec un ancien dirigeant du FIS appartenant apparemment à une faction rivale de Rachad. Elle est prise lors d’une rencontre de l’ensemble de l’opposition algérienne qui avait rassemblé plus de 600 personnes dans un grand chapiteau installé dans la banlieue ouest d’Alger. J’étais à peine assis qu’un individu se précipite sur moi pour me donner l’accolade devant un photographe avec qui il devisait quelques minutes auparavant. Laibi l’exhibe régulièrement en assurant que la photo a été prise dans mon bureau, ce qui est faux.
Les deux dernières photos ont été prises par les agents du service documentation de la police politique. Il faut relever que parmi la demi-douzaine de journaux indépendants algériens, aucun titre n’a accepté de les publier à ce jour. Mais aucun de ces organes de presse ne trouve grâce aux yeux de monsieur Laibi qui les brocarde tous en tant que relais du régime, malgré le lourd, très lourd tribut payé par la famille des journalistes algériens à la barbarie islamiste ou aux abus du pouvoir qui les poursuit de sa répression assidue aujourd’hui encore. A ce sujet, il est intéressant prendre connaissance du témoignage de Monsieur Omar Belhouchet, ancien directeur du premier quotidien algérien francophone versé au dossier.
La présidente demande s’il y a une explication particulière pouvant éclairer ce comportement ?
J’ai essayé de réfléchir à la raison qui peut avoir animé autant de zèle et d’irresponsabilité. J’ai quelques éléments de réponse tout en sachant que venant de ma part cette interprétation peut avoir une part de subjectivité.
Pourquoi, de tous les spadassins envoyés au front ces derniers temps contre moi par les islamistes, Salim Laibi, est-il le plus virulent ; celui qui est en première ligne ? Il faut toujours avoir à l’esprit que nous sommes face à une internationale islamiste qui a une stratégie spécifique pour les pays occidentaux et une autre pour les pays musulmans, qu’elle a des moyens importants qu’elle répartit et adapte en fonction des objectifs et des territoires qu’elle cible. Rien n’est laissé au hasard et aucun scrupule ne peut et ne doit empêcher l’accomplissement du devoir sacré.
On sait que le crime, le mensonge ou le vol sont légitimés voire sacralisés au motif que le djihad est accompli pour abattre ceux que l’on catalogue comme des ennemis de Dieu dont l’islamiste se désigne représentant attitré. Cette loi générale n’empêche pas d’adopter des manœuvres plus subtiles. Monsieur Laibi est Kabyle comme moi. Le mettre en tête de gondole dans la lutte islamiste présente le double avantage de montrer que la secte recrute aussi en Kabylie, région culturellement réfractaire à l’islamisme, et, par la même occasion, de faire porter à un Kabyle l’agression contre une personne qui a porté l’essentiel des luttes qui sont nées et se sont développées dans cette région.
Lors de l’agression du 2 novembre c’est le kabylophone Laibi qui fut le plus outrancier et le plus violent. A un moment donné, il se filme en criant à la cantonade que lui aussi est Kabyle. Il sera difficile de dire si cette proclamation est le fait du zèle d’un converti ou l’exécution d’une instruction de responsables ayant demandé de faire connaître au public ses origines pour attester de leur conquête.
Nous savons tous que lorsqu’une idéologie sectaire ou mortifère doit asservir des territoires historiquement hostiles, les basses œuvres sont généralement confiées aux autochtones. Ce sont les Kurdes de la Savak du Shah d’Iran qui ont commis les pires exactions au Kurdistan iranien, la Gestapo ne dédaignait pas faire faire les sales besognes à la police française et pendant la guerre d’Algérie, il n’était pas rare que des supplétifs de l’armée française soient désignés pour des tâches criminelles ou dégradantes…
Pourquoi monsieur Laibi s’est-il abîmé dans des accusations déjà condamnées par la justice française ou avance-t-il des informations infondées dont il est loisible de démontrer l’insanité ?
Quand le sentiment d’impunité est acquis très jeune, il est difficile de s’en libérer. La moindre contrariété, la moindre frustration soulève une colère incontrôlable. Et en Algérie, les enfants de la nomenklatura ont plus qu’abusé de l’impunité. J’étais maitre d’internat dans un lycée algérois où, de ce qui m’a été dit, Salim Laibi a fait ses études secondaires. Trois adolescents étrangers à l’établissement, neveux d’un colonel de l’armée qui, lui aussi, finira Premier ministre, y ont fait irruption pour récupérer des sommes d’argent chez des élèves auxquels ils avaient vendu du cannabis. Le maitre d’internat, qui ne les connaissait pas, tenta de les bloquer dans le hall. Les jeunes intrus le molestèrent et quand la police arriva sur les lieux, ils furent relâchés après avoir fait état de leur lien de parenté. J’ai vu les larmes couler sur les joues de notre proviseur.
Aucune règle, aucune retenue, aucune contrainte n’est applicable aux enfants des dirigeants algériens. Il y a trois ans et demi de cela, Salim Laibi insultait face caméra les Algériens restés au pays comme ceux de la diaspora, les considérant comme des sous-êtres évoluant « dans le quart monde ». Il décréta que leur hymne national était un borborygme indigne d’être entendu dans la mesure où il n’y a rien au-dessus du Coran et annonça que leur drapeau était un chiffon fabriqué par les francs-maçons…Je ferai observer au tribunal que des jeunes qui ont posté un message ironisant sur un dirigeant dorment aujourd’hui en prison. Apparemment, ces outrages ne semblent gêner le pouvoir algérien quand ils émanent d’un descendant de l’aristocratie militaire héréditaire.
Quand on s’est autorisé des jugements aussi définitifs sur un peuple, le moins que l’on puisse faire est de ne plus se prévaloir d’une quelconque relation ou autorité sur lui. Ce n’est pas ce qu’a fait monsieur Laibi.
Sitôt les manifestations populaires de février 2019 apparues, l’imprécateur s’est autoproclamé patriote algérien émérite. Et gare à celui qui contesterait sa nouvelle prétention.
Rappelons que Monsieur Salim Laibi est le neveu de Kasdi Merbah.
La présidente demande des précisions sur cet homme politique.
C’est l’homme qui dirigea la police politique algérienne pendant 16 ans avant d’occuper divers postes ministériels et celui de chef du gouvernement. Il convient de savoir que cette structure, bras politique de l’armée, fait et défait les rois en Algérie, qu’elle dispose de tous les pouvoirs et qu’elle n’est contrôlée par personne. Seul un affrontement clanique peut mettre un terme à l’omnipotence de l’un de ses dirigeants. C’est d’ailleurs un autre clan qui a assassiné en 1993 Kasdi Merbah alors qu’il était engagé dans des pourparlers avec des militants du FIS qui fonderont plus tard l’organisation Rachad, pendant qu’une tendance adverse du pouvoir traitait avec une autre branche islamiste. Je tiens à dire ici que bien qu’ayant été torturé et emprisonné par la structure dirigée par l’oncle de monsieur Laibi, j’ai tenu à dénoncer dans un livre publié chez Flammarion en 1996 son assassinat comme un crime politique que j’ai assimilé à celui du président Boudiaf.
Ayant grandi dans un univers ignorant les privations et le droit, monsieur Laibi se laisse aller volontiers à des dérapages verbaux et des agressions compulsives au point d’oublier qu’il y a des pays où la loi construit et arbitre la cité.
Pour monsieur Laibi, il est scandaleux que j’aie pu construire ma maison à Alger après trente ans de travail mais il est tout à fait normal et évident que son oncle se soit gracieusement attribué une villa dans le plus beau quartier de la capitale et une résidence secondaire sur la côte algéroise. La logique ou la loi ne sont pas des limites qui s’appliqueraient aux dirigeants du FLN ou à leur progéniture. Dans ses publications, Salim Laibi continue d’encenser son oncle Kasdi Merbah qui fut responsable d’une organisation qui a éliminé des centaines d’opposants parmi lesquels un certain Krim Belkacem, le signataire des Accords d’Évian, étranglé dans sa chambre d’hôtel à Francfort en octobre 1970 ; une structure qui a enlevé des milliers de citoyens sans qu’ils aient pu voir un avocat, dépossédé des milliers d’autres de leurs biens sans la moindre explication… Voilà la gouvernance qui a construit l’imaginaire et les repères de monsieur Laibi. Chez ce genre d’individu, l’idée d’équité est une prétention plébéienne, le respect réciproque une anomalie voire une déviance sociale et la retenue un déni de droit inné. Le dimanche 23 mai 2021, monsieur Laibi a été manifester devant le Parlement européen avec des dirigeants de Rachad pour imputer l’exclusivité des assassinats de la décennie noire au pouvoir algérien et en exonérer les islamistes devant l’opinion occidentale auprès de laquelle il ne faut pas hésiter à jouer, si besoin, de la culpabilité post-coloniale. Investi de la nécessité de répandre la parole sainte chez les infidèles, ces individus s’estiment légitimes pour accuser, agresser, diffamer, menacer faute de pouvoir tuer.
Le jeune Laibi qui a grandi dans l’ivresse de l’omnipotence est un être désinhibé assuré de toujours bénéficier de protections occultes.
Il a gardé des relations étroites avec des gradés de la police politique. Une de ses dernières publications est préfacée par un colonel des services spéciaux...un certain Samraoui qui est membre fondateur de l’organisation Rachad. En somme, Salim Laibi est un étalon de l’absolutisme islamo-militariste que je combats depuis toujours.
Monsieur Laibi, traumatisé par l’assassinat de son oncle engagé dans un deal avec les islamistes a-t-il été installé dès le départ par la nébuleuse fondamentaliste dans les rangs complotistes, comme d’autres agents ont été affectés dans les mondes sportif, culturel, caritatif ou diverses institutions ? Est-ce une recrue repérée par une pieuvre qui doit infiltrer tous les espaces que les failles de la démocratie permettent d’atteindre avant de les pervertir ? Il sera difficile d’apporter une démonstration formelle de son statut organique, la nébuleuse Rachad ayant choisi une forme d’organisation dans laquelle les adhérents doivent activer sans nécessairement assumer leur appartenance. En l’occurrence, cet aspect est secondaire. Il s’agit d’apprécier des actes et propos à la mesure de leur gravité.
Il me tenait à cœur de rétablir la vérité des faits face à une campagne calomnieuse attentatoire à l’engagement d’une vie et à la mémoire des camarades qui m’ont accompagné dans ce long et périlleux combat. Je me dois de dire cependant que ma démarche vise aussi à freiner les abus des islamistes qui, en Algérie comme en France ou ailleurs s’en prennent à des citoyennes et des citoyens qui refusent d’abdiquer devant leurs oukases. Si des Laibi s’autorisent des exactions et des affabulations aussi éhontées contre un homme public, on peut imaginer ce qu’ils peuvent commettre dans un quartier, une cage d’escalier ou un lieu de travail contre un jeune, femme ou homme, qui ne se soumet pas.
Monsieur Laibi n’est pas un histrion dont on peut tolérer les saillies ; il n’est pas non plus un libre penseur obsédé par l’emprise des francs-maçons ou les lobbies juifs auquel on ferait crédit d’une bonne foi paranoïaque qui se donne pour mission d’alerter contre les maléfices des ordres et conglomérats occultes qui rongeraient la société française.
C’est un enfant gâté que la disparition du parrain familial a projeté vers une vie dans laquelle il n’admet pas que l’homme doive assumer ses propos et gestes.
N’ayant pas pu murir pour assumer un vécu garanti par le droit et limité par le devoir, Il profite de la mission qui lui est assignée pour dissoudre ses frustrations dans le complotisme. En soi, ce travers relève souvent de la délinquance et de la perversion ; quand il est couplé à l’islamisme, la mixture échappe rarement à la dérive criminelle.
Je vous remercie pour votre patience et demeure disponible pour d’éventuelles questions ou précision.
Marseille le 11 mars 2021.
* Mes enfants basés en Europe que mes adversaires présentent comme des adolescents auxquels j’aurais offert leurs logements sont, pour l’un, âgé de 44 ans. Il est diplômé de l’École de commerce d’Amiens et a été responsable aux grands comptes de la multinationale du travail par intérim Synergie, responsable commercial de la compagnie d’aviation Point Afrique, medias manager du premier consortium privé algérien, directeur-adjoint d’une grande compagnie de production de matériel médico-chirurgical à Lyon… Son épouse est chirurgienne maxillo-faciale. Mon autre enfant est âgée de 41 ans. Elle est diplômée de l’École d’architecture de Genève où elle exerce depuis une douzaine d’années. Son mari est avocat dans la même ville. Enfin, ma dernière fille est âgée de 37 ans, elle est diplômée d’Euromed et a travaillé dans les banques et les assurances. L’ainée, diplômée de l’école de commerce, est cadre dans la Banque. Elle vient de s’installer au Canada avec son époux qui est pneumologue.
Quel est leur patrimoine ? Un appartement acheté à Marseille au nom d’une SCI, où a résidé mon fils avec sa famille, sa sœur et sa mère. Une maison appartenant à ma fille architecte et son époux, implantée dans l’Ain. Un studio de 34 mètres carrés acheté par la benjamine, situé dans la banlieue parisienne. Ces biens ont tous été acquis avec des prêts bancaires. Ce sont là les seuls possessions immobilières détenues par mes enfants. Cela est vérifiable sur la toile. 🖊 Source : Page FB #Said_Sadi / 12 Mars 2022
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