SOLAS 79 Posted June 6, 2022 Partager Posted June 6, 2022 juin 6, 2022 - 9:33Rédaction 14 Commentaires Manuel Valls assommé par sa déroute bien que largement prévisible. D. R. Par Karim B. – Ça y est. Il se retire. Sur la pointe des pieds. Laminé, éliminé dès le premier tour aux législatives françaises, le caméléon Manuel Valls a décidé de jeter l’éponge, foudroyé par une profonde mélancolie à la découverte de ce qu’il vaut réellement aux yeux des électeurs français et espagnols. Après un interlude dans sa ville natale, Barcelone, l’ancien Premier ministre de François Hollande a cru pouvoir revenir aux affaires par le vasistas de La République en marche de son ancien collègue au gouvernement. «Il m’appartient lucidement d’en tirer les conséquences. La vie est suffisamment belle pour tourner tranquillement les pages», écrit le Catalan dans un message post-débâcle. Les Bérézina successives qu’il a essuyées dans toutes les élections auxquelles il a participé n’ont pas suffi à arrêter l’ancien socialiste qui s’est vendu au mouvement fondé par Emmanuel Macron pour, rêvait-il, se voir offrir l’opportunité de demeurer dans les salons mondains de la monarchie déguisée française. Il n’en fut rien. Coutumier du trottoir politique, il cultive l’art du tête-à-queue, virant sa cuti au gré de ses intérêts propres. C’est ainsi qu’il a vendu la cause palestinienne contre un hypothétique appui du lobby sioniste. Ce même lobby sioniste qui l’a jeté dans les bras du régime monarchique de Rabat. «Combien le Maroc paye-t-il le mercenaire Manuel Valls pour défendre le Makhzen ?» interrogeait, en 2020, Algeriepatriotique, qui rappelait qu’il n’en était déjà pas à sa première ignominie. L’ancien candidat malheureux à la mairie de Barcelone avait joint sa voix à celle des outils de propagande du Makhzen qui accusaient le Front Polisario de «trafic d’armes, d’êtres humains et de drogue». «Lors de la diffusion de l’émission Espejo Publico sur Antena 3, Manuel Valls a été interrogé sur les relations diplomatiques hispano-marocaines alors qu’ils discutaient de la crise migratoire qui s’est déchaînée aux Canaries après l’arrivée de centaines de migrants sur des bateaux. Valls est allé plus loin, en accusant directement et explicitement le gouvernement sahraoui de trafic de drogue, de trafic d’êtres humains et d’armes dans tout le Sahel», rapportaient les médias espagnols. Dispensant ses conseils au gouvernement espagnol – Pedro Sanchez les suivra quelques années plus tard –, le machiavélique ancien candidat à la présidentielle française, accusé par les militants du Parti socialiste d’avoir été le «traître fossoyeur du PS», avait affirmé que «les déclarations ou positions du Podemos concernant le Sahara espagnol et le Polisario sont irresponsables, surtout quand on sait que le Polisario a beaucoup changé, qu’il a participé au trafic d’armes, d’êtres humains, de drogue». «Le gouvernement espagnol doit être très responsable et à la hauteur du défi que nous avons et une coopération bien sûr avec le Maroc», avait-il insisté. Les virevoltes de Manuel Valls ne datent pas d’aujourd’hui. En 2014, l’ancien locataire de Matignon réaffirmait également son allégeance à l’entité sioniste, fortement applaudi par Bernard-Henri Lévy. Il promettait de combattre en France les manifestations d’antisionisme qu’il amalgamait avec l’antisémitisme. Faisant preuve d’une dualité criante, de 1980 à 2008, Valls donnait l’impression d’être pleinement engagé en faveur du combat antisioniste des Palestiniens, en se proclamant «militant de la cause palestinienne». Après 2008, opérant un revirement total, il devient chantre du sionisme, «éternellement lié à la communauté juive et à Israël», comme il l’avait hurlé, sur le ton du fanatisme, dans une déclaration filmée. Le vrai visage de Manuel Valls a été dévoilé par l’écrivain français Emmanuel Ratier dans un livre qui porte ce titre. C’est cette dualité qui le poussera certainement à multiplier les gages à l’entité sioniste pour prouver que son revirement n’était pas une manœuvre d’opportuniste aveuglé par ses ambitions de pouvoir mais l’expression de vraies convictions. En décembre 2013, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, avait interrompu une visite officielle en Algérie pour rester à Paris et ne pas rater la cérémonie du 70e anniversaire du Crif, la très influente organisation de la communauté juive en France. Ce sont les musulmans de France qui paieront cher le repositionnement de Valls, d’autant plus que, menacé par le Front national, il était contraint par des considérations électoralistes de chasser sur les terres de l’extrême-droite raciste. Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie en France l’avait aligné, en qualifiant son discours sur l’islam de «nauséabond». «Des hommes politiques sur le déclin et en mal de reconnaissance médiatique ont trouvé dans l’islam et les musulmans de France leur nouveau bouc émissaire», s’était indigné Abdallah Zekri. «Il en est ainsi de Manuel Valls qui, avant de quitter la France pour se lancer dans une carrière politique hypothétique en Espagne, veut semer la discorde entre les Français», avait-il dénoncé, en fustigeant un débat sur l’islam «instrumentalisé par certains politiques et personnalités médiatiques». «Il est temps qu’ils se ressaisissent et cessent d’accabler l’islam et les musulmans de tous les maux», avait conseillé le président de la mosquée de la Paix à Nîmes, pour qui «il est également temps que les politiques respectent la loi de 1905 instaurant la séparation entre l’Etat et les cultes et ne s’ingèrent en aucune manière dans la gestion du culte musulman». Manuel Valls a dansé sa dernière valse ce dimanche. Il retourne à l’anonymat, dans l’arrière-scène du théâtre du vaudeville politique français, hier dramatique, aujourd’hui burlesque. K. B. Citer Link to post Share on other sites
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