Elghifari 24 Posted September 1, 2022 Partager Posted September 1, 2022 Présentation de Danielle Bleitrach Ce texte de 1850, dans le prolongement de l’étude des événements parisiens de 1848 et des révoltes avortées dans toute l’Europe, est un de ceux où est clairement posée la nécessité d’un parti propre à la classe ouvrière que Lénine reprendra et qui deviendra le Que faire? Comme la nécessité de la dictature du prolétariat sera tirée de l’expérience de la Commune. Karl Marx et Engels n’ont pas été que des théoriciens, ils ont été des dirigeants ouvriers, et il est nécessaire de bien mesurer l’articulation théorie pratique, sans dogmatisme, qui leur permet une conception scientifique de la politique, même s’il ne s’agit pas de lectures faciles et de ne pas laisser dire que Lénine n’était pas “marxiste” (note de Danielle Bleitrach). Adresse du Comité Central à la Ligue des communistes Frères [1], Au cours des deux années révolutionnaires 1848-49, la Ligue [2] s’est doublement affirmée ; une fois par le fait que ses membres ont en tous lieux énergiquement pris part au mouvement ; que dans la presse, sur les barricades et les champs de bataille ils ont été au premier rang du prolétariat, la seule classe vraiment révolutionnaire. La Ligue s’est encore affirmée en ce sens que sa conception du mouvement, telle qu’elle était exposée dans les circulaires des congrès et du Comité central de 1847, ainsi que dans le Manifeste communiste, est apparue comme la seule vraie ; que les espoirs formulés dans ces documents se sont entièrement vérifiés, et le point de vue sur la situation actuelle que la Ligue ne propageait auparavant qu’en secret, est maintenant dans la bouche de tous les hommes et est prêché sur la place publique. En même temps, l’ancienne et solide organisation de la Ligue s’est sensiblement affaiblie. Un grand nombre de membres, directement engagés dans le mouvement révolutionnaire, ont cru que le temps des sociétés secrètes était passé et que l’action publique pouvait seule suffire. Certains cercles et communes ont laissé leurs relations avec le Comité central se relâcher et s’assoupir peu à peu. Tandis que le parti démocratique, le parti de la petite bourgeoisie, s’organisait de plus en plus en Allemagne, le parti ouvrier perdait son seul appui solide ; c’est tout au plus s’il conservait, dans quelques localités, son organisation pour des buts locaux ; et c’est ainsi que, dans le mouvement général, il est tombé complètement sous la domination et la direction des démocrates petits-bourgeois. Il faut mettre fin à un tel état de choses ; l’indépendance des ouvriers doit être rétablie. Le Comité central a compris cette nécessité et c’est pourquoi, dès l’hiver 1848-49, il a envoyé en Allemagne un émissaire, Joseph Moll, afin d’y réorganiser la Ligue. La mission de Moll resta cependant sans effet durable, soit que les ouvriers allemands n’eussent pas encore acquis à l’époque assez d’expérience, soit que l’activité de Moll fût interrompue par l’insurrection de mai dernier [3], Moll prit lui-même le fusil, entra dans l’armée de Bade-Palatinat et tomba le 29 juillet au combat de la Murg. En lui, la Ligue perdait un de ses membres les plus anciens, les plus actifs et les plus sûrs, qui avait pris une part active à tous les congrès et Comités centraux et avait antérieurement déjà accompli avec grand succès une série de voyages-missions. Après la défaite des partis révolutionnaires d’Allemagne et de France en juillet 1849, presque tous les membres du Comité central se sont retrouvés à Londres, ont complété leurs rangs par de nouvelles forces révolutionnaires et poursuivi avec une nouvelle ardeur la réorganisation de la Ligue. La réorganisation ne peut s’opérer que par un émissaire, et le Comité central estime éminemment important que l’émissaire parte précisément à cette heure où une nouvelle révolution est imminente, où le parti ouvrier doit se présenter avec le plus d’organisation, le plus d’unité et le plus d’indépendance possible, s’il ne veut pas à nouveau, comme en 1848, être pris à la remorque et exploité par la bourgeoisie. Frères ! Nous vous avons déjà dit, en 1848, que les bourgeois libéraux allemands allaient accéder au pouvoir et tourneraient aussitôt leur puissance nouvellement acquise contre les ouvriers. Vous avez vu comment la chose s’est faite. Ce furent, en effet, les bourgeois qui, après le mouvement de mars 1848, s’emparèrent immédiatement du pouvoir d’État et s’en servirent aussitôt pour refouler tout de suite les ouvriers, leurs alliés de la veille au combat, dans leur ancienne situation d’opprimés. Si la bourgeoisie n’a pu atteindre ce but sans faire alliance avec le parti féodal écarté en mars et sans même, en fin de compte, abandonner à nouveau le pouvoir à ce parti féodal absolutiste, elle s’est du moins assurée des conditions qui, par suite des embarras financiers du gouvernement, mettraient enfin tout le pouvoir entre ses mains et lui garantiraient tous ses intérêts, si le mouvement révolutionnaire se trouvait à même, dès à présent, de s’engager dans une évolution dite pacifique. La bourgeoisie n’aurait même pas besoin, pour asseoir sa domination, de se rendre odieuse par des mesures de violence dirigées contre le peuple, toutes ces mesures de violence ayant déjà été exécutées par la contre-révolution féodale. Mais l’évolution ne suivra pas cette voie pacifique. La révolution qui doit la précipiter est, au contraire, imminente, qu’elle soit provoquée par le soulèvement autonome du prolétariat français, ou par l’invasion de la Babel moderne révolutionnaire [4] par la Sainte-Alliance [5]. Et le rôle que les bourgeois libéraux allemands ont, en 1848, joué vis-à-vis du peuple ce rôle si perfide, sera, dans la révolution prochaine, assumé par les petits bourgeois démocrates, qui occupent actuellement dans l’opposition la même place que les bourgeois libéraux avant 1848. Ce parti, le parti démocratique, bien plus dangereux pour les ouvriers que l’ancien parti libéral, se compose de trois éléments : Les fractions les plus avancées de la grande bourgeoisie qui se proposent comme but la subversion immédiate et totale du féodalisme et de l’absolutisme. Cette tendance a pour représentants les conciliateurs de Berlin qui préconisaient autrefois le refus de l’impôt. Les petits bourgeois démocrates-constitutionnels qui ont surtout poursuivi, pendant le dernier mouvement, l’établissement d’un Etat fédéral plus ou moins démocratique, tel que le voulaient leurs représentants, la gauche de l’Assemblée de Francfort et, plus tard, le Parlement de Stuttgart, et aussi eux-mêmes dans leur campagne en faveur d’une constitution d’empire [6]. III. Les petits bourgeois républicains dont l’idéal est une république fédérative allemande dans le genre de la Suisse, et qui se donnent aujourd’hui le nom de rouges et de sociaux-démocrates, parce qu’ils se bercent de la douce illusion de supprimer l’oppression du petit capital par le gros capital, du petit bourgeois par le gros bourgeois. Les représentants de cette fraction furent membres des congrès et comités démocratiques, dirigeants des associations démocratiques, rédacteurs des journaux démocratiques. Maintenant, après leur défaite, toutes ces fractions s’intitulent républicaines ou rouges, tout comme en France les petits bourgeois républicains se donnent aujourd’hui le nom de socialistes. Là où, comme au Wurtemberg, en Bavière, etc., la possibilité s’offre encore à eux de poursuivre leurs buts dans la voie constitutionnelle, ils profitent de l’occasion pour s’en tenir leur ancienne phraséologie et démontrer dans les faits qu’ils n’ont pas le moins du monde changé. Il va de soi d’ailleurs que le changement de nom de ce parti ne modifie nullement son attitude à l’égard des ouvriers, mais prouve simplement qu’il est actuellement obligé de faire front contre la bourgeoisie alliée à l’absolutisme et de prendre appui sur le prolétariat. Le parti petit-bourgeois démocratique est très puissant en Allemagne, il n’embrasse pas seulement la grande majorité des habitants bourgeois des villes, les petits commerçants industriels et les maîtres-artisans ; il compte parmi ses adhérents les paysans et le prolétariat rural, tant que ce dernier n’a pas encore trouvé d’appui dans le prolétariat autonome des villes. L’attitude du parti ouvrier révolutionnaire vis-à-vis de la démocratie petite-bourgeoise est la suivante : il marche avec elle contre la fraction dont il poursuit la chute ; il la combat sur tous les points dont elle veut se servir pour s’établir elle-même solidement. Les petits bourgeois démocratiques, bien loin de vouloir bouleverser toute la société au profit des prolétaires révolutionnaires, tendent à modifier l’ordre social de façon à leur rendre la société existante aussi supportable et aussi commode que possible. Ils réclament donc avant tout que l’on réduise les dépenses publiques en limitant la bureaucratie et en reportant les principales impositions sur les grands propriétaires fonciers et les bourgeois. Ils réclament ensuite que la pression exercée par le grand capital sur le petit soit abolie par la création d’établissements de crédit publics et des lois contre l’usure, ce qui leur permettrait, à eux et aux paysans, d’obtenir, à des conditions favorables des avances de l’Etat, au lieu de les obtenir des capitalistes. Ils réclament enfin que, par la suppression complète du système féodal, le régime de propriété bourgeois soit partout introduit à la campagne. Pour réaliser tout cela, il leur faut un mode de gouvernement démocratique, soit constitutionnel ou républicain, qui leur assure la majorité, à eux-mêmes et à leurs alliés, les paysans, et une autonomie administrative, qui mettrait entre leurs mains le contrôle direct de la propriété communale et une série de fonctions actuellement exercées par les bureaucrates. Quant à la domination et à l’accroissement rapide du capital, on aura soin de faire obstacle, soit en limitant le droit de succession, soit en remettant à l’Etat autant de travaux que possible. Pour ce qui est des ouvriers, il est avant tout bien établi qu’ils resteront, comme avant, des salariés ; mais ce que les petits bourgeois démocratiques souhaitent aux ouvriers, c’est un meilleur salaire et une existence plus assurée ; ils espèrent y arriver soit au moyen de l’occupation des ouvriers par l’Etat, soit par des actes de bienfaisance ; bref, ils espèrent corrompre les ouvriers par des aumônes plus ou moins déguisées et briser leur force révolutionnaire en leur rendant leur situation momentanément supportable. Les revendications résumées ici ne sont pas défendues en même temps par toutes les fractions de la démocratie petite-bourgeoise, et rares sont ceux pour qui elles apparaissent, dans leur ensemble, comme des buts bien définis. Plus des individus ou des fractions vont loin, et plus ils feront leur une grande partie de ces revendications ; et les rares personnes qui voient, dans ce qui précède, leur propre programme, se figureraient avoir ainsi établi le maximum de ce qu’on peut réclamer de la révolution. Ces revendications toutefois ne sauraient en aucune manière suffire au parti du prolétariat. Tandis que les petits bourgeois démocratiques veulent terminer la révolution au plus vite et après avoir tout au plus réalisé les revendications ci-dessus, il est de notre intérêt et de notre devoir de rendre la révolution permanente, jusqu’à ce que toutes les classes plus ou moins possédantes aient été écartées du pouvoir, que le prolétariat ait conquis le pouvoir et que non seulement dans un pays, mais dans tous les pays régnants du monde l’association des prolétaires ait fait assez de progrès pour faire cesser dans ces pays la concurrence des prolétaires et concentrer dans leurs mains au moins les forces productives décisives. Il ne peut s’agir pour nous de transformer la propriété privée, mais Seulement de l’anéantir ; ni de masquer les antagonismes de classes, mais d’abolir les classes ; ni d’améliorer la société existante, mais d’en fonder une nouvelle. Que la démocratie petite-bourgeoise, au fur et à mesure du développement incessant de la révolution, exerce pour un temps une influence prépondérante en Allemagne, ceci ne laisse subsister aucun doute. Il s’agit donc de savoir quelle sera, à son égard, la position du prolétariat et spécialement de la Ligue : pendant que durera la situation actuelle où les démocrates petits-bourgeois sont également opprimés ; 2. dans la prochaine lutte révolutionnaire qui leur donnera la prépondérance ; 3. après cette lutte, aussi longtemps que durera cette prépondérance des démocrates petits-bourgeois sur les classes déchues et sur le prolétariat. En ce moment où les petits bourgeois démocratiques sont partout opprimés, ils prêchent en général au prolétariat l’union et la réconciliation ; ils lui tendent la main et s’efforcent de mettre sur pied un grand parti d’opposition, qui embrasserait toutes les nuances du parti démocratique ; en d’autres termes, ils s’efforcent de prendre les ouvriers au piège d’une organisation de parti où prédomine la phraséologie social-démocrate générale, qui sert de paravent à leurs intérêts particuliers et où, pour ne pas troubler la bonne entente, les revendications particulières du prolétariat ne doivent pas être formulées. Une telle union tournerait au seul avantage des petits bourgeois démocratiques et absolument tout au désavantage du prolétariat. Le prolétariat perdrait toute sa position indépendante, conquise au prix de tant de peines, et retomberait au rang de simple appendice de la démocratie bourgeoise officielle. Cette union doit donc être repoussée de la façon la plus catégorique. Au lieu de se ravaler une fois encore à servir de claque aux démocrates bourgeois, les ouvriers, et surtout la Ligue, doivent travailler à constituer, à côté des démocrates officiels, une organisation distincte, secrète et publique du parti ouvrier, et faire de chaque communauté le centre et le noyau de groupements ouvriers où la position et les intérêts du prolétariat seraient discutés indépendamment des influences bourgeoises. Combien peu les démocrates bourgeois prennent au sérieux une alliance où les prolétaires auraient la même puissance et les mêmes droits qu’eux-mêmes, c’est ce que montrent par exemple les démocrates de Breslau qui, dans leur organe, la Neue Oder-Zeitung[7], attaquent furieusement les ouvriers qu’ils appellent socialistes, groupés en organisations distinctes. S’il s’agit de livrer combat à un adversaire commun, point n’est besoin d’union particulière. Dès qu’il faut combattre directement un tel adversaire, les intérêts des deux partis coïncident momentanément ; et dans l’avenir, comme jusqu’à ce jour, cette alliance prévue simplement pour l’heure s’établira d’elle-même. Il va de soi que, dans les conflits sanglants imminents, ce sont surtout les ouvriers qui devront remporter, comme autrefois, la victoire par leur courage, leur résolution et leur esprit de sacrifice. Comme par le passé, dans cette lutte, les petits bourgeois se montreront en masse, et aussi longtemps que possible, hésitants, indécis et inactifs. Mais, dès que la victoire sera remportée, ils l’accapareront, inviteront les ouvriers à garder le calme, à rentrer chez eux et à se remettre à leur travail ; ils éviteront les prétendus excès et frustreront le prolétariat des fruits de la victoire. Il n’est pas au pouvoir des ouvriers d’empêcher les démocrates petits-bourgeois d’agir ainsi ; mais il est en leur pouvoir de rendre difficile cette montée des démocrates en face du prolétariat en armes, et de leur dicter des conditions telles que la domination des démocrates bourgeois renferme, dès son origine, le germe de sa déchéance et que son éviction ultérieure par la domination du prolétariat s’en trouve singulièrement facilitée. Il importe surtout que les ouvriers, pendant le conflit et immédiatement après le combat, réagissent autant que faire se peut contre l’apaisement préconisé par les bourgeois et forcent les démocrates à mettre à exécution leurs présentes phrases terroristes. Leurs efforts doivent tendre à ce que l’effervescence révolutionnaire directe ne soit pas une nouvelle fois réprimée aussitôt après la victoire. Il faut, au contraire, qu’ils la maintiennent le plus longtemps possible. Bien loin de s’opposer aux prétendus excès, aux exemples de vengeance populaire contre des individus haïs ou des édifices publics auxquels ne se rattachent que des souvenirs odieux, il faut non seulement tolérer ces exemples, mais encore en assumer soi-même la direction. (...) Source : UPML icor https://upml.org/2022/01/k-marx-f-engels-la-necessite-dun-parti-de-la-classe-ouvriere-autonome/ Citer Link to post Share on other sites
Elghifari 24 Posted September 7, 2022 Author Partager Posted September 7, 2022 Nous manquons affreusement en ALGÉRIE d'un grand parti ouvrier unifié groupant les forces populaires contre notre bourgeoisie rapace et improductive qui a ravagé l'Algérie !! KLAOU LEBLAD YA MHAINEK !! Citer Link to post Share on other sites
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