JUSTICE 10 Posted December 17, 2008 Partager Posted December 17, 2008 Djurdjura ou le triste record de suicides. CRISE SOCIALE EN ALGERIE, Kabylie, Suicides au Djurdjura par Radjef Saïd. Depuis quelques jours, le Djurdjura alors sous la grisaille et les flocons de neiges, est envahi par un flot d’émotions ou se bousculent tristesse, angoisse, tourmente, regrets et culpabilité des parents, des voisins et des amis. A l’origine de cette situation, une série de suicides. En effet pas moins de quatre personnes se sont suicidées depuis la veille de l’Aid à ce jour dans la seule wilaya de Tizi-ouzou. Selon les chiffres, encore non exhaustifs, de la gendarmerie nationale, une trentaine de suicides ont été enregistrés dans la daira de Tizi Ghennif depuis janvier 2008 à ce jour. Il en est de même dans les circonscriptions de Ouadhias, Azzazga, Tigzirt, Ait-Yenni, Ouacifs et Drâa-El-Mizan ou le nombre de suicides constitue désormais l’une ses premières causes de mortalité, notamment chez la frange des 25-45 ans. En dépit de l’ampleur qu’a pris ces dernières années le suicide, aussi bien au Djurdjura qu’ailleurs, la presse ne donne que peu de détails sur ce fléau, alors que les associations devant jouer un rôle de sensibilisation contre le suicide dans les écoles, les hôpitaux et les prisons n’existent même pas. Pourtant, le taux de suicides qui aurait atteint un cas par jour au Djurdjura, selon les statistiques partielles et souvent inaccessibles de la gendarmerie, n’est pas très rassurant, pour le moins qu’on puisse dire.. Deux cas sur trois, se suicident par pendaison, alors que le reste recourt à la noyade, la consommation de poison ou autres comme c’est le cas le plus souvent chez les jeunes filles dont le suicide est déguisé généralement, avec la complicité de l’entourage et le silence des autorités locales, en mort naturelle. A cela s’ajoutent désormais le suicide criminel et le parricide dont les chiffres sont tout simplement ahurissants au cours de ces cinq dernières années: pas moins de trois cent cas ont été recensés à ce jour, rien que dans la seule wilaya de Tizi-ouzou. Souvent la presse algérienne lorsqu’elle rapporte une information sur le suicide, évoque l’argument de la démence, de la folie, de l’aliénation mentale ou de l’amour contrarié. Mais qu’en est-il dans la réalité des faits? Le suicide, selon les démographes, les psychologues, les psychiatres et les sociologues interrogés, constitue un acte de rupture radicale qui remet en cause l’ensemble des structures sociales. Se suicider, c’est ne plus tenir compte de la famille, de la religion, des partis politiques, de l’Etat et de ses différentes représentations locales. En somme, c’est remettre en cause les principes de solidarité et de n’avoir confiance en personne. C’est sortir totalement du cadre légal de la société et rendre dérisoire la mort. Ce n’est pas sans raison que le suicide à augmenté de façon spectaculaire au Djurdjura, au cours de ces cinq dernières années. Outre les violences terroristes, la délinquance qui a atteint des seuils alarmants et l’augmentation des tensions sociales et politiques, le déchirement de la structure familiale sur fond d’une crise économique qui a conduit à l’un des taux de chômage les plus élevés du pays, sont autant de facteurs dans la banalisation du suicide comme étant un acte de courage contre le sort et l’ordre établi. De même, la perte de l’individualité et l’identité collective qui n’a pas encore trouvé les mécanismes nécessaires à sa construction et à son accomplissement en raison de l’embrigadement culturel imposé par l’État à travers l’école et les médias, constituent aussi l’une des causes à l’augmentation du suicide au Djurdjura. S.R Le Quotidien d’Algérie, le journal de l’éveil algérien - Djurdjura ou le triste record de suicides. Citer Link to post Share on other sites
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