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Hommage à Shimon Tzabar


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L'inventeur de la doctrine du drapeau blanc a disparu

 

par,Gilad Atzmon, 22 mars 2007

 

Shimon Tzabar, un des très rares partisans israéliens enthousiastes, sincères et authentiques de la paix, est mort il y a trois jours (19 mars 2007). Il avait 81 ans. Shimon était un ami. Nous n’étions pas toujours d’accord sur tout et il était parfois très dur dans ses critiques, mais il a toujours réussi à rester un homme charmant, aimable et rigolard. Peut-être même le plus grand blagueur à la ronde.

 

 

 

Il était non seulement un artiste fabuleux – il peignait des paysages et des portraits – mais probablement l’un des meilleurs conteurs d’histoire qu’on puisse rencontrer. Ce n’est pas suprenant, car l’homme en avait, des histoires à raconter ! Il était né à Tel Aviv in 1926. Avant même d’avoir vingt ans, il avait réussi à participer dans toutes les organisations paramilitaire israéliennes. Il connaissait tout le monde et il est plus que probable que tout le monde le connaissait.

 

Shimon avait participé à trios guerres israéliennes. Mais ce n’est qu’après 1967 qu’il intériorisa pleinement le caractère fallacieux du sionisme. Éprouvant une répulsion pour l’impérialisme israélien émergent, il quitta Israël et s’installa à Londres. Je crois que c’est alors que Shimon a commencé à se considérer comme un “Palestinien parlant hébreu”. Ce faisant, il se détachait de l’attribution collective à la communauté juive mondiale du sionisme, préférant s’identifier par une orientation géographique ésotérique.

 

Comme les gens de ma génération, j’ai découvert son nom lorsque j’étais enfant. Tout enfant israélien connaît ‘Tusberindi le Héros’ (Tusberindi Ha’gibor), de Tzabar. Nous avons grandi avec ses sketches particulèrement humouristiques et captivants.

 

 

 

Avant de quitter Israël, Shimon était un auteur bien établi. Il fut aussi chroniqueur pendant de longues années à la fois pour le quotidien Haaretz et pour le magazine d’ Uri Avnery Ha’olam Haze. Et d’ailleurs, jusqu’à ses derniers jours, tout journaliste, intellectuel, chercheur universitaire ou militant de la solidarité israélien en visite à Londres cherchait à l’approcher pour connaître son point de vue sur les événements et les choses.

 

 

 

Shimon aimait être toujours entouré de gens créatifs. Quand nous nous sommes connus, il m’a demandé de rejoindre l’équipe de redaction de Israel Imperial News et j’ai donc fait partie du comité de rédaction pendant un certain temps. En 2004, il m’a demandé d’apporter ma contribution à la production de “Better than the Michelin Guide to Israeli Prisons, Jails, Concentration Camps and Torture Chambers" (“Mieux que le guide Michelin des prisons, geôles, camps de concentration et salles de torture israéliens »). Apporter sa contribution à la réalisation d’une idée de Shimon ou être dans son comité de rédaction, ça voulait dire venir boire un café et le regarder travailler. Il n’y avait jamais grand-chose à faire, ni pour moi ni pour qui que ce soit.

 

 

 

Shimon était un bourreau de travail, sa drogue, c’était travailler dur. En 1967, alors qu’il avait atteint la quarantaine, après son émigration à Londres, Shimon est devenu ouvrier dans le bâtiment. Ce n’est pas exactement ce à quoi on s’attend d’un écrivain célèbre. De toute évidence, il était tout sauf gâté. Mais à Londres Shimon trouva néanmoins le temps d’écrire l’un des livres les plus marrants jamais publiés : “The White Flag Principle, How to Lose a War and Why” (« Le drapeau blanc : pourquoi et comment perdre une guerre »). C’est une doctrine militaire, qui suggère que le meilleur moyen de gagner le futur, c’est toujours de perdre une guerre. Le principe du drapeau blanc devait enseigner aux généraux et aux seigneurs de guerre comment faire tout de travers, comment entraîner leurs soldats à courir en marche arrière, pour mettre leur pays à genoux. “Connaître la défaite est la solution pour aller de l’avant”, disait Tzabar.

 

 

 

Je crois que la clé nécessaire pour comprendre la contribution unique de Shimon au discours israélo-palestinien est à chercher du côté du fait qu’il était avant tout un artiste. Plutôt que de sauter d’une campagne politique à l’autre et de se coltiner les luttes pour le pouvoir dans les milieux militants, Shimon était toujours focalisé sur lui-même, sur ses propres actes sur son art, sur sa manière créative particulière de dire les choses. Shimon avait toujours un fer au feu, que ce soit un grand tableau paysager, une impression, un portrait, une brochure sur l’occupation israélienne, un livre sur les atrocités israéliennes ou un barrage routier virtuel devant le Parlement. Bien que n’étant pas d’accord avec Shimon sur beaucoup de choses, j’ai appris beaucoup de cet homme.

Suivant en cela Shimon, j’ai tendance à croire que les artistes font mieux de laisser la politique aux politiciens. Les artistes devraient travailler de manière indépendante. Nous ne devrions jamais nous affilier à rien d’autre qu’à notre conscience. Même si Shimon ne l’a jamais exprimé d’une manière aussi claire, en pensant à cet homme et à son rôle, je crois que c’est ça qui le résumait le mieux, un engagement total. Il était toujours en train de faire son truc, engagé dans ce qu’il pensait être la chose à faire. Shimon va nous manquer.

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