Hakim Lalam et Dilem...à commenter

[Chavenemak 10]

Toute l’année, je me suis interdit le moindre mensonge dans cette chronique. Aujourd’hui, 31 décembre, souffrez que je vous mente une fois, une seule fois. Allez ! Je me lance

 

Bonne année 2009 !

 

C’était hier, en page 2 du Soir d’Algérie, et nulle part ailleurs. En exclusivité donc, le Periscoop nous apprenait qu’à Ghardaïa, les autorités ont érigé, à un rond-point important de la ville, une stèle représentant une main dont 3 trois doigts sont fièrement levés, symbole du 3e mandat d’Abdekka. Je ne sais pas comment a réagi Boutef’ à la vue de cette «œuvre d’art», mais j’aurais été à sa place, j’aurais très mal pris la chose. M’enfin ! Pourquoi 3 doigts ? Pourquoi 3 doigts, seulement ? Veut-on ainsi signifier de façon perfide et vile au chef de l’Etat bien-aimé que ses ambitions présidentielles doivent se limiter à 3 mandats, et pas un de plus ? Haya Sidi ! Et si demain, Abdekka décide de briguer un 4e mandat, que vont faire les géniaux concepteurs de cette stèle ? La détruire et confier à un autre «artiste» la réalisation d’une autre stèle avec 4 doigts brandis fièrement ? Ça ne règle rien ! D’abord, c’est du gaspillage d’argent, et Boutef’ a bien précisé à partir de Ghardaïa que le temps des vaches maigres était venu. Ensuite, même avec 4 doigts levés, cette stèle contreviendrait à la loi, serait contraire à la Constitution, laquelle, alhamdoulillah, ne restreint pas le nombre de mandats. Alors que faire ? Rappeler tous les cinq ans le sculpteur de mains et lui demander de bricoler les doigts de la main un à un, quinquennat après quinquennat ? Ça ne règle rien non plus. Car, que faudra-t-il faire lorsque tous les doigts de la main auront été dépliés et levés vers le ciel ? Exiger de lui qu’il taille dans la pierre une seconde main ? Là aussi, c’est attentatoire à la dimension atemporelle du règne d’Abdekka que de vouloir limiter sa présence à la tête du pays à dix malheureux petits doigts ! Le peuple des députés lui a donné mandat éternel, et aucun artiste sculpteur, fût-il de Ghardaïa, ne pourra porter atteinte à cette offrande «populaire». Il y aurait bien une solution. Car, comme je le rappelle souvent ici, il y a toujours une solution au pays du 12 novembre. Et la solution serait de sculpter non plus une main, mais carrément un avant-bras. Un avant bras tatoué d’une phrase qui rendrait l’œuvre géniale, universelle parce qu’atemporelle, sublime de simplicité et frappante de lucidité dépouillée : Abdekka, à la vie à la mort ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.

H. L.

 

[Alchimisto 10]

Trop bien dit, et le cauchemar continue...