khodorkovski jugé de nouveau

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Mikhaïl Khodorkovski, qui purge sa peine dans une prison sibérienne à quelque 6.400km à l'est de Moscou, a été transféré la semaine dernière à la prison moscovite Matrosskaïa Tichina.

 

Le parquet russe avait annoncé le 16 février que Khodorkovski faisait l'objet de nouvelles accusations de malversations financières. On l'accuse d'avoir détourné avec des associés quelque 25 milliards de dollars (19,8 milliards d'euros) au détriment de Ioukos sur une période de six ans.

 

Arrêté en 2003 et condamné en 2005 à huit ans de prison, l'ancien PDG âgé de 45 ans s'est vu refuser la libération conditionnelle en août dernier. Son ancien associé Platon Lebedev a aussi écopé de huit ans de prison et fait l'objet des mêmes nouvelles accusations. Il a également été transféré à Moscou. Après l'arrestation de son PDG, Ioukos qui fut le principal groupe pétrolier russe a été démantelé, ses principales activités étant reprises par un groupe contrôlé par l'Etat.

 

Les avocats de Mikhaïl Khodorkovski dénoncent depuis le début un procès politique. Le seul véritable crime de l'ancien oligarque, font-ils valoir, est d'avoir eu des ambitions politiques et tenté de concurrencer Vladimir Poutine, alors président et actuel Premier ministre, en finançant notamment des mouvements d'opposition. Mikhaïl Khodorkovski a été considéré comme l'homme le plus riche de Russie avec une fortune estimée par le magazine "Forbes" à 15 milliards de dollars (11,9 milliards d'euros).

 

"Parlez à n'importe quelle personne, un avocat, un économiste, juste à n'importe quelle personne, la soi-disant logique de cette affaire est impossible" à comprendre, plaide Vadim Kluvgant, principal avocat de l'accusé. Me Kluvgant dit se demander comment Ioukos aurait pu devenir l'une des entreprises les plus puissantes de Russie avec de telles malversations.

 

Les accusations, en définitive, ne tiennent pas, ajoutent les avocats. On veut maintenir Khodorkovski sous les barreaux au-delà de 2012, l'année de la prochaine élection présidentielle, soulignent-ils. Comme les autres oligarques passés ou présents, enrichis pendant les années qui ont suivi l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, Mikhaïl Khodorkovski n'est pas soutenu par l'opinion publique russe.

 

Les avocats de l'ex-hommes d'affaires se sont efforcés de médiatiser l'affaire, pour éviter que leur client sombre dans l'oubli, à des milliers de kilomètres de Moscou. Ils ont dénoncé les jugements qualifiés d'arbitraires des tribunaux sibériens le condamnant à l'isolement pour avoir donné une interview à un magazine, ou pour détention de documents sur les droits des prisonniers.

 

La semaine dernière, un homme affirmant être un de ses compagnons de cellule l'a accusé de lui avoir fait des avances. Un tribunal de Moscou a débouté l'accusateur, mais les partisans de Mikhaïl Khodorkovski dénoncent une nouvelle tentative pour le diffamer.

 

Elu il y a un an, le président russe Dimitri Medvedev a promis, notamment durant sa campagne électorale, de réformer le système judiciaire. Mais selon Allison Gill, directrice de l'antenne moscovite de l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch, "il n'a pas tenu ses promesses".

 

"Avec les poursuites contre Khodorkovski, le Kremlin a envoyé deux messages. Le premier est que le Kremlin joue un rôle concernant les ressources naturelles du pays, comme le pétrole, et le second est un avertissement aux hommes d'affaires, pour réfréner leurs ambitions politiques. Renouveler les charges maintenant est un moyen de renforcer ces messages, particulièrement en cette période d'incertitude économique en Russie", estime-t-elle.

 

Boris Khodorkovski, 75 ans, le père de l'ex-oligarque, dit espérer malgré tout un procès équitable. "Je mets vraiment tous mes espoirs dans l'actuel président. Jusqu'à présent, j'ai eu beaucoup de respect pour lui, mais je n'ai aucune idée de ce qui va se passer". AP