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Commemoration du 20 Avril, l'heure des bilans des acquis de Tamazight en Algérie


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Abderzak Dourari, directeur du CNPLET, a évoqué le développement de tamazight

“Le rapport de la commission Benzaghou a disparu”

 

 

Évoquant les missions du Centre national de standardisation et d’aménagement de la langue amazigh, le conférencier est revenu sur les recommandations du rapport de la défunte Commission de réforme de l’éducation.

 

C’est un membre de la Commission nationale de réforme du système éducatif (CNRSE) qui l’affirme : le rapport ayant sanctionné les travaux de la commission Benzaghou a disparu.

 

Intervenant lors d’une conférence, animée hier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, sur les missions du Centre national de standardisation et d’aménagement de la langue amazighe, le professeur Abderzak Dourari est revenu sur le travail effectué dans la commission Benzaghou, dont certaines recommandations avaient trait à l’enseignement de tamazight. Selon lui, les recommandations ont été synthétisées dans un rapport de 52 mesures applicables qui a été remis à la présidence de la République. “Mais malheureusement, les recommandations ont été abandonnées”, regrette d’emblée M. Dourari.

 

Celui-ci n’a pas manqué de rappeler les divergences qui traversaient la composante humaine de la commission, balancée entre une ouverture moderniste et une orientation franchement conservatrice. C’est dans ce contexte que des choix ont été imposés à l’État.

 

Les recommandations de la commission Benzaghou étant remises aux calendes grecques, “le ministère de l’Éducation nationale a décidé de faire sa propre réforme qu’il a d’ailleurs appliquée sur le champ”, explique l’orateur. Tamazight a besoin de l’État-nation, estime le directeur du CNPLET. “Si l’État-nation est dépassé dans les démocraties occidentales, chez nous, il constitue un horizon de modernisation”, estime le conférencier.

 

Ce dernier dira que l’institutionnalisation de tamazight en tant que langue nationale est le fruit de luttes politiques et sociales, dont les prémices remontent à la naissance du Mouvement national et la crise dite berbériste de 1949. Une crise due à l’affrontement entre deux idéologies, l’une “panarabiste” et l’autre “algérianiste”. La question amazigh est née. Le cheminement a été certes long mais des acquis ont pu être engrangés entre temps, et ce, grâce aux sacrifices de générations entières de militants. Le repère le plus lumineux de la question identitaire reste, sans doute, Tafsut Imazighen.

C’est que le 20 Avril 1980 constitue un repère indéniable pour toute la militance berbère. Ce qui n’a pas échappé au conférencier qui est revenu sur la décision du pouvoir d’institutionnaliser la langue amazigh, via le Parlement en 2002. Cet acquis a été suivi par la création du CNPLET le 2 décembre 2003 par arrêté exécutif 03-470. L’organisation et le fonctionnement de cet établissement public à caractère administratif sont définis par arrêté interministériel datant du 21 février 2007. Depuis sa nomination en décembre 2004 à la tête de cet établissement, M. Dourari ne cesse de se lamenter sur le manque de moyens aussi bien humains et financiers qu’institutionnels.

 

 

Faisant le parallèle avec l’Ircam marocain, le conférencier notera qu’il y a loin de la coupe aux lèvres. Ce qui fera dire à l’intervenant que la prise en charge institutionnelle de tamazight est beaucoup plus en avance au Maroc qu’en Algérie. “Le centre ne peut pas prendre en charge la question. On manque de chercheurs”, a-t-il pesté. Les chercheurs, il faut les trouver à l’université, mais considère Dourari, quand on apprend que la première université algérienne, celle de Tlemcen en l’occurrence, est classée au rang de

6 855e sur les 7 000 universités du monde, il faut savoir raison gardée. “Nous avons réalisé un grand gâchis dans l’enseignement supérieur”, révèle-t-il encore. Dourari recommande la création de plusieurs centres du même genre, s’il on veut que tamazight avance.

 

Bien plus, aux yeux du conférencier, l’institutionnalisation d’une académie sous tutelle de la présidence de la République est plus qu’indispensable. Auparavant, Madjid Benyaou, enseignant à l’université de Tizi Ouzou, a donné une communication sur la revendication amazigh et l’État-nation. Cet exposé de sociologie politique a permis à l’intervenant de répertorier deux phases essentielles qu’a traversées la revendication amazigh depuis l’indépendance. Une première phase marquée par l’emprise du parti unique, substrat du projet arabo-islamique hégémonique ; et la seconde phase qui date depuis les années 1990 où l’État devient désormais réceptif à la problématique identitaire amazigh. Une période marquée par l’intégration des référents identitaires dans le corpus de l’État-nation.

 

Lors des débats, un militant du FLN s’est cru obligé de dire que c’est grâce à Bouteflika que tamazight a arraché des acquis, avant d’être rappelé à l’ordre par des militants de tamazight présents dans la salle en l’apostrophant en ces termes. “On vous connaît, la campagne électorale est finie ; on ne vous a jamais vu dans une marche en faveur de tamazight.” Son intervention s’est terminée en queue de poisson, laissant le débat à ceux qui ont des choses à dire. C’est ainsi que l’épopée du Mouvement culturel berbère (MCB) est remise au centre des débats. Certains intervenants feront remarquer que des acquis ont été arrachés, mais beaucoup reste à faire. Mais alors, comment

poursuivre la lutte ? Telle est la question de l’heure.

 

Yahia Arkat

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