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Le temps ne guérira jamais cette blessure


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Par,Joharah Baker

 

Si le droit au retour n’est pas abordé convenablement par la direction et la communauté internationale, aucun accord, aucun règlement, aucune solution de paix - qui serait tronqué - ne doit jamais être tenu pour valable.

Pour les Juifs israéliens, cette semaine a été consacrée à la fête, aux barbecues, avec d’immenses drapeaux bleu et blanc flottant dans la brise printanière pour célébrer le 59è anniversaire de leur indépendance. Pour les Palestiniens, c’est une année de plus de la souffrance d’une blessure ouverte, une année de plus à se souvenir de la catastrophe advenue à leur peuple il y a presque 60 ans, et de l’énormité du problème qu’elle a provoquée.

 

Les Palestiniens appellent le Jour de l’indépendance d’Israël, Al Nakba, la « Catastrophe », qui représente le départ de quelque 800 000 Palestiniens de leurs maisons lors de la guerre de 1948 qui n’ont jamais pu revenir et qui deviendront bientôt l’une des difficultés les plus oppressantes et les plus compliquées pour la direction palestinienne : le problème des réfugiés.

 

Selon l’UNWRA (Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens), il y a plus de 4,3 millions de réfugiés palestiniens enregistrés dans le monde entier, beaucoup vivant dans des camps sordides et tentaculaires montés à l’époque pour eux au Liban, en Jordanie, en Syrie, en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. Des sources palestiniennes portent ce nombre à 6,5 millions, y ajoutant un pourcentage de réfugiés non inscrits à l’UNWRA.

 

La façon dont le problème des réfugiés palestiniens a surgi historiquement a été commentée, interprétée et racontée bien souvent, évidemment avec des divergences significatives entre les récits palestiniens et israéliens. Cependant, les faits, irréfutables, fournissent la meilleure preuve de ce qui est arrivé réellement il y a plus d’un demi-siècle. Des centaines de milliers de Palestiniens ont été obligés de quitter leurs foyers dans une vague de massacres et de meurtres perpétrés par les bandes juives et plus tard par l’armée israélienne. D’autres ont fui craignant pour leur vie, pensant qu’ils reviendraient chez eux, que ce n’était qu’une question de jours.

 

Evidemment, cela ne s’est pas fait et un grand nombre de Palestiniens se sont retrouvés sans foyer, sans Etat et sans ressources, avec seulement leurs enfants et quelques biens précieux gardés en souvenir d’un foyer qu’ils ne reverraient jamais.

 

Durant les mois et les années qui ont suivi, environ 400 villages palestiniens ont été anéantis dans le territoire devenu Etat d’Israël, villages purifiés ethniquement où de nouveaux immigrés juifs ont été installés à la place des habitants. Contrastant de façon saisissante et malheureuse avec les maisons de pierres grises de plusieurs centaines d’années, des implantations nouvelles et rutilantes ont été construites sur ce qui était des champs de culture, des vergers, des écoles et des mosquées. En beaucoup de lieux aujourd’hui, les seules indications qui révèlent qu’il y avait là autrefois un village palestinien sont ces cactus tenaces qui marquaient la limite du village.

 

Tous les Palestiniens, réfugiés on non, sont nés et ont grandi avec l’histoire de la Palestine, ils ont été élevés dans la nostalgie des jours passés. Aussi, avec la cause des réfugiés bien vivante au cœur de tous les Palestiniens, jeunes et vieux, la solution véritable à ce problème se fait sévèrement attendre.

 

Différentes raisons ont été avancées sur cette situation difficile persistante. D’abord et avant tout, la mentalité israélienne à l’égard du droit au retour des réfugiés. Israël, depuis le début a refusé avec véhémence tout retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers d’origine, ou même dans ceux qui restent, au prétexte qu’un tel afflux de Palestiniens nuirait à la réalisation d’une démographie juive et saperait ainsi le caractère juif de l’Etat.

 

Avec cet entêtement - qui émane aussi du négationnisme israélien de toute injustice historique à l’égard des Palestiniens durant la guerre de 1948 -, la demande palestinienne pour que les réfugiés soient garantis de leur droit au retour n’a trouvé la plupart du temps aucun écho. Même les Nations unies qui ont voté la résolution 194 en décembre 1948 n’en tiennent pas compte. La résolution stipule que : « ... les réfugiés qui désirent rentrer dans leurs foyers et vivre en paix avec leurs voisins seront autorisés à le faire à la date possible la plus proche, des indemnités devront être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables. »

 

La communauté internationale a fait de même, mettant de côté la question du droit au retour dans tous les débats internationaux traitant d’un règlement de paix définitif avec les Palestiniens. Alors que les Nations unies, les Etats-Unis et le monde se sont saisis d’eux-mêmes de la situation des réfugiés au Darfour, et auparavant en Bosnie, les Palestiniens attendent encore que ce point soit sous les feux de l’arène internationale.

 

Même l’UNRWA, qui a été créée en tant qu’agence provisoire pour assurer les services humanitaires élémentaires aux Palestiniens déplacés, est devenue un service permanent en Palestine et dans les pays voisins où résident toujours des réfugiés.

 

Cela ne veut pas dire que la direction palestinienne n’a pas toute sa part de bourdes en ce qui concerne les réfugiés. Quand les négociations pour la paix se sont ouvertes officiellement à Madrid en 1991, la représentation de la communauté des réfugiés en a été exclue. Puis, quelques années plus tard, à la signature des accords d’Oslo et à l’instauration de l’Autorité palestinienne sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza, les réfugiés ont une fois encore été rembarrés. Nul Palestinien de la Diaspora n’a pu participer aux élections législatives ou présidentielles, ni à la direction de l’Autorité palestinienne. Naturellement, pour la forme, la direction disait à l’époque, et dit toujours, soutenir la cause des réfugiés, insistant sur le fait qu’une « solution juste » doit être trouvée au problème des réfugiés. Mais, pour reprendre un vieux cliché, agir vaut mieux que parler.

 

Ce qui est fait est fait mais la direction se trouve une nouvelle fois à un carrefour. Tant qu’elle restera liée aux conditions imposées par les accords d’Oslo, il ne sera jamais trop tard pour établir des priorités. Si le gouvernement est réellement représentatif de son peuple, alors il doit considérer le peuple dans son entier, sans exception.

 

Les réfugiés sont traités par-dessus la jambe depuis bien trop longtemps, mais pas assez cependant pour nous les faire oublier à nous tous. Si les réfugiés ou leurs descendants choisissent de revenir dans leurs foyers antérieurs, en Cisjordanie ou dans la Bande de Gaza, ou de s’installer ailleurs, c’est leur droit propre de faire ce choix.

 

Si le droit au retour n’est pas abordé convenablement par la direction et la communauté internationale, aucun accord, aucun règlement, aucune solution de paix - qui serait tronqué - ne doit jamais être tenu pour valable. Justement au moment où des injustices du passé sont redressées, avec le souhait universel du « jamais plus », il faut qu’il en soit de même pour l’effroyable injustice commise à l’encontre des Palestiniens.

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