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Observée à la loupe Un trouble-fête nommé Sonatrach


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Sonatrach s'invite sur le marché européen de l'énergie. En début de semaine, le titre de Suez a été très entouré à la Bourse de Paris, après la révélation par le quotidien belge Le Soir de discussions entre le groupe français de l'énergie et Sonatrach en vue d'un rapprochement.

 

Fausse alerte: engagées depuis plus d'un an, les discussions portent sur l'appui que pourrait apporter Sonatrach à Suez qui souhaite se développer en Algérie dans d'autres domaines que l'énergie. Hier, les révélations du quotidien économique français La Tribune sur le manque d'intérêt du groupe pétrolier algérien pour une alliance avec Gaz de France (GDF) ont suscité de nombreuses réactions en France. Ce projet, cher à Nicolas Sarkozy, devait permettre un renforcement de GDF dans un contexte européen marqué par des concentrations dans le secteur de l'énergie et la persistance de tensions entre l'Union européenne et la Russie sur les prix du gaz. Ce refus de Sonatrach, même s'il n'a pas été confirmé officiellement, va obliger le nouveau président français à repenser toute sa stratégie pour l'avenir énergétique de la France.

 

Depuis quelques mois, Sonatrach joue les trouble-fête dans un marché européen de l'énergie en pleine recomposition. S'agit-il d'une stratégie destinée à servir les intérêts politiques et diplomatiques d'Alger ? L'Europe, qui se méfie de la Russie de Vladmir Poutine, pense trouver dans l'Algérie un allié plus sûr pour sécuriser son avenir énergétique. Alger semble favorable pour jouer un tel rôle mais souhaite en échange obtenir des concessions de la part des Européens.

 

Et les sujets de désaccord entre les deux parties ne manquent pas: le Sahara Occidental, le transferts de technologies et de savoir-faire, l'immigration et les visas, la mémoire... Sans aller jusqu'à brandir la menace de fermer le robinet du gaz comme le font parfois les Russes, les Algériens font passer des messages. Le plus ferme vient sans doute d'être adressé au nouveau président français Nicolas Sarkozy. Ce dernier reçoit ainsi une première réponse à ses déclarations imprudentes durant la campagne électorale sur la colonisation et la repentance et qui ont été peu appréciées par Alger. Mais au-delà des intérêts politiques, Sonatrach profite aujourd'hui pleinement des retombées de sa nouvelles stratégie, largement inspirée par le ministre Chakib Khelil et mise en place par le nouveau management du groupe autour de deux axes prioritaires. Le premier concerne le développement à l'international via des acquisitions ciblées et des partenariats stratégiques. En 2020, le géant pétrolier et gazier algérien Sonatrach prévoit de réaliser 30% de son chiffre d'affaires à l'international, contre une part insignifiante aujourd'hui. Pour y parvenir, il s'est lancé dans de nombreuses acquisitions à l'étranger, n'hésitant pas à investir dans des zones de conflits. Il détient déjà des parts importantes dans des champs pétroliers et gaziers en Afrique et il vient de conclure un accord avec un groupe indien pour se développer en Irak. Sonatrach ambitionne également de devenir le principal fournisseur de gaz de l'Europe.

 

Actuellement, le groupe algérien détient 11% de parts de marché dans le Vieux Continent. Une part qu'il souhaite voir passer à 20% très rapidement. Pour atteindre cet objectif, il investit massivement dans la mise en place de nouveaux gazoducs d'une capacité de 8 milliards de m3 chacun: le Medgaz, prévu en 2009, et le Galsi qui sera mis en place. Sonatrach est également partenaire du nouveau gazoduc géant, d'une capacité de 20 à 30 milliards de m3, qui reliera dès 2015 le Nigéria à l'Europe.

 

Deuxième axe de développement mis en place: développer directement en Algérie des produits de première et deuxième générations issus de la transformation du gaz et les exporter vers l'Europe. Le groupe algérien cherche ainsi à profiter d'un marché très dynamique, avec des marges confortables qui dépassent de très loin les revenus issus de la vente directe de pétrole brut. Mais pas seulement: en 2017, les accords de libre-échange entre l'Algérie et l'Union européenne entreront en vigueur. Ils vont lui permettre de vendre librement ses produits dans les pays d'Europe, comme n'importe quelle compagnie pétrolière européenne. Pour y parvenir, le groupe algérien se donne les moyens de ses ambitions: en quelques années, la Sonatrach a investi 14 milliards de dollars dans les métiers de la pétrochimie et la gazochimie: raffinage, production de méthanol, de l'hélium, de l'éthane, de l'ammoniac... Pour accélérer la mise en place de ces chantiers prioritaires, le groupe algérien s'appuie sur des partenaires étrangers qui lui apportent du savoir-faire et surtout un accès plus facile aux marchés internationaux. En échange, ces groupes ont obtenu des facilités pour investir en Algérie.

 

Aujourd'hui, grâce à cette stratégie, Sonatrach s'est imposé comme un groupe international capable de rivaliser avec les géants mondiaux du secteur. Désormais, sa stratégie est regardée de très près par ses concurrents à travers le monde.

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