Clouseau 899 Posted May 18, 2007 Partager Posted May 18, 2007 Le télévangéliste américain Jerry Fallwell est décédé, le mardi 15 mai, à l'âge de 73 ans. Il était l'une des figures de la droite ultraconservatrice américaine et il a fortement contribué à l'élection de Ronald Reagan et de George W. Bush. "Cet homme a passé sa carrière à diaboliser les autres", résume le webzine californien Salon. Il est mal vu de dire du mal des morts, mais, dans le cas de Jerry Falwell, comment se taire ? On se souviendra toujours de cet homme pour le commentaire qu'il a fait au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 : "Je suis persuadé que les païens, les partisans de l'avortement et les féministes, les gays et les lesbiennes, l'ACLU (l'Union américaine pour les libertés civiles), l'organisation People for the American Way, tous ces gens qui ont tenté de laïciser les Etats-Unis […] ont une part de responsabilité." Même si Falwell s'en est excusé ultérieurement, le mal était fait. Et c'est bien là l'héritage de Falwell. Il n'a apporté aucune contribution importante à la vie religieuse des Etats-Unis, mais en a fourni une à la vie politique du pays en fondant l'organisation Moral Majority [mouvement fondamentaliste prônant la défense de la famille traditionnelle et de la sécurité nationale, l'interdiction de l'avortement, etc.]. Ce faisant, il a réussi à faire d'un principe sacré – il n'est pas nécessaire d'être chrétien pour admirer la vie et l'enseignement de Jésus – une doctrine partisane et conflictuelle. Malgré le succès des républicains au cours des années Reagan, cette contribution politique a laissé derrière elle un héritage ambivalent. La dissolution, en 1989, de la Moral Majority a conduit les gens à penser que les idées de Falwell n'étaient ni morales ni majoritaires. Faire des conservateurs protestants le socle du Parti républicain était une tâche trop importante pour la confier à un homme aussi fermé aux relations publiques que Falwell. Une fois que Ralph Reed [qui a présidé la Christian Coalition of America] et Karl Rove [qui a été l'un des principaux conseillers de Geoge W. Bush] eurent entrepris d'assurer la fusion entre religion et politique, il n'a plus eu sa place. Mais il y avait la télévision par câble, le support parfait pour un homme comme lui. Sans elle, on aurait oublié Falwell depuis longtemps. C'était l'homme idéal pour le monde créé par Fox News : un monde extrémiste, divisé, manichéen. Cinq minutes de haine suivies d'une pause publicitaire. Les chrétiens conservateurs tentent de se remettre des vingt dernières années passées sous l'égide de Falwell. Avec le développement de l'évangélisme américain, on relève un intérêt nouveau pour la justice sociale, l'écologie et la paix. Ceux qui représentent l'avenir de l'évangélisme veulent avoir le moins de rapport possible – voire aucun – avec l'injustice, la pollution et la guerre. Au lieu de nous interroger sur l'héritage de Jerry Falwell, nous ferions mieux de nous demander comment cet homme a réussi à devenir un personnage public. On a tendance à penser que les Etats-Unis sont devenus un pays plus grand et meilleur depuis le temps où des gens comme lui faisaient des sermons et dénonçaient l'influence pernicieuse du rock and roll. Mais il y a Jerry Falwell. Dans sa mort, comme dans sa vie, il nous rappelle que la démagogie ne disparaît jamais ; elle ne fait que changer de forme. Alan Wolfe Salon Citer Link to post Share on other sites
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