gkader 10 Posted July 28, 2009 Partager Posted July 28, 2009 Presque toutes les femmes d’immigrés de la première génération se ressemblent. Parties jeunes durant les années soixante, elles sont comme leur maris qu’elles ne connaissaient pas avant : analphabètes, peu scolarisées et souvent de milieux ruraux. En règle générale, c’était la première fois qu’elles voyaient leur futur mari, c’était la première fois qu’elles prenaient la mer ou l’avion, c’était la première fois qu’elles sortaient du douar vers Paris ou Toulouse et c’était la première fois qu’elles pouvaient voir des femmes dehors sans maris, des cuisinières et des mixeurs ou des douches à la maison. Comme leurs maris, leur vie fut dure. Elles connaîtront le sens des droits mais aussi le racisme doublé du mépris, la violence des maris eux-mêmes victimes des violences xénophobes, la coupure brutale avec l’univers d’origine et la terrible nostalgie. Par la suite, si l’argent commençait à venir, les enfants des cités HLM commençaient à partir. Et c’est là le second drame des femmes immigrées : après le départ, le retour impossible. Et c’est ainsi qu’elles ont continué leur vie : entre proches parents qui décèdent, d’autres qui leur reprochent la richesse et le faux confort de l’Europe, et les derniers qui ne savent même plus comment elles s’appellent. Pour finir, sans mari devenu un fantôme, sans enfants emportés par le déracinement dans les HLM, il ne leur restait alors que les bijoux. Les femmes d’immigrés en ont d’énormes quantités qu’elles exhibent chaque été dans les mariages et lors des visites familiales. C’est leur thérapie douce, leur salaire et leur complexe. Les bijoux pour cacher la tristesse et l’or pour compenser la vie. Chaque saison d’été. M.M Citer Link to post Share on other sites
yildis 10 Posted July 29, 2009 Partager Posted July 29, 2009 Presque toutes les femmes d’immigrés de la première génération se ressemblent. Parties jeunes durant les années soixante, elles sont comme leur maris qu’elles ne connaissaient pas avant : analphabètes, peu scolarisées et souvent de milieux ruraux. En règle générale, c’était la première fois qu’elles voyaient leur futur mari, c’était la première fois qu’elles prenaient la mer ou l’avion, c’était la première fois qu’elles sortaient du douar vers Paris ou Toulouse et c’était la première fois qu’elles pouvaient voir des femmes dehors sans maris, des cuisinières et des mixeurs ou des douches à la maison. Comme leurs maris, leur vie fut dure. Elles connaîtront le sens des droits mais aussi le racisme doublé du mépris, la violence des maris eux-mêmes victimes des violences xénophobes, la coupure brutale avec l’univers d’origine et la terrible nostalgie. Par la suite, si l’argent commençait à venir, les enfants des cités HLM commençaient à partir. Et c’est là le second drame des femmes immigrées : après le départ, le retour impossible. Et c’est ainsi qu’elles ont continué leur vie : entre proches parents qui décèdent, d’autres qui leur reprochent la richesse et le faux confort de l’Europe, et les derniers qui ne savent même plus comment elles s’appellent. Pour finir, sans mari devenu un fantôme, sans enfants emportés par le déracinement dans les HLM, il ne leur restait alors que les bijoux. Les femmes d’immigrés en ont d’énormes quantités qu’elles exhibent chaque été dans les mariages et lors des visites familiales. C’est leur thérapie douce, leur salaire et leur complexe. Les bijoux pour cacher la tristesse et l’or pour compenser la vie. Chaque saison d’été. M.M C'est rigolo ce que tu écris, pas toujours vrai : elles ne viennent pas toutes des douars (mais c'est vrai en majorité), elles ne croulent pas toutes sous les bijoux, elles n'ont pas toutes le sens de l'ostentation. Citer Link to post Share on other sites
Jasmine77 10 Posted July 30, 2009 Partager Posted July 30, 2009 L'or chez les femmes algériennes c'est plutôt perçu comme un investissement, la possibilité de revendre la quincaillerie en cas de vache maigre. Moi j'ai toujours du mal à faire comprendre à ma mère que c'est plus intéressant de placer son argent sur un produit financier ou dans l'immobilier qu'acheter de l'or... Mais c'est vrai que cet attrait pour l'or est un peu étrange. Mais en Algérie, il me semble que c'est pire. Une mariée préfèrera toujours se faire offrir une parure en or par son mari quitte à se priver d'une machine à laver. Et puis que dire des ceintures et autres bracelets en or qui pèsent 3 tonnes et qui résistent à toutes les modes depuis 100 ans ? Pour moi, cette forme de thésaurisation, je la mets ça en lien avec le non développement économique de l'Algérie et la peur de l'avenir. Le jour où le pays sortira de son sous développement on verra d'autres formes de consommation et on privilégiera notamment la haute joaillerie sur les les bijoux traditionnels en or. Citer Link to post Share on other sites
Ryline 10 Posted July 30, 2009 Partager Posted July 30, 2009 Bonjour Gkader, les gens... Je pense effectivement qu'il y a différentes façons "d'exposer" son or. Certaines en sont recouvertes dès l'avion à destination de l'Algérie, le bling-bling immétable réhaussé d'une décoloration ratée "jaune poussin", là effectivement on peut y voir une forme "d'exposition de sa richesse" :D Mais comme le dit Jasmine, c'est une tradition ancrée que d'investir dans l'or. Il est d'ailleurs difficile de leurs parler de produits financiers ou d'investissement dans le bâti quand la crise et les montagnes russes des cours de la bourse n'ont préservé que leur métal jaune. C'est culturel avant tout, autant que les sorties "mariage" qui permettent aux femmes de s'amuser et de se retrouver. Personnellement, je serais davantage éblouie par une belle robe brodée que par le bijoux qui l'accompagne. Mais je crois qu'elles investissent dans les deux :p Citer Link to post Share on other sites
yildis 10 Posted July 30, 2009 Partager Posted July 30, 2009 c'est plus intéressant de placer son argent sur un produit financier ou dans l'immobilier qu'acheter de l'or... Pas d'accord du tout, je pense que les chiffres de l'économie actuelle le prouvent largement. L'or ne perd pas sa valeur. Le risque de perte est relativement faible. Citer Link to post Share on other sites
Jasmine77 10 Posted August 2, 2009 Partager Posted August 2, 2009 Pas d'accord du tout, je pense que les chiffres de l'économie actuelle le prouvent largement. L'or ne perd pas sa valeur. Le risque de perte est relativement faible. Certes, mais si je ne me trompe pas, quand on achète un bijou et qu'on souhaite le revendre, c'est le poids de l'or qui compte puisqu'il sera destiné à être fondu. Donc même un bijou superbement travaillé et qui aura coûté une fortune ne vaudra pas plus à la revente que son poids calculé en fonction du cours de l'once d'or (mais peut-être qu'en Algérie c'est différent). Sur le long terme, il est toujours plus intéressant d'investir dans un bien immobiler, d'autant que c'est le seul bien dont on jouit réellement au quotidien, qu'on peut le transmettre et qu'il peut constituer une garantie pour un autre investissement. Et puis il y a d'autres formes d'investissements : les placements sans risque, l'éducation des enfants, etc. Il y a un autre élément à prendre en compte, c'est que l'or est le seul bien que la femme algérienne possède en propre. C'est sa propriété à elle, qu'elle ne partage pas avec son mari. Dans une société pas si clémente que ça avec les femmes en cas d'"accident de la vie" (divorce, veuvage...), posséder de l'or ça sécurise... Et puis ça permet de frimer devant les copines. Ryline, je pense que si les femmes algériennes sont tellement bling-bling, c'est parce qu'à un moment donné faut bien qu'elles rentabilisent cet investissement (fruit de beaucoup d'années de privation et/ou de labeur) en trouvant un max d'occasion de l'exposer. Après, il y a de la surenchère : les femmes qui portent du plaqué or (l'équivalent de celles qui portent de fausses Rolex). Mais on peut encore creuser plus profondément... souvent, les femmes qui possèdent beaucoup de bijoux ne se les sont pas fait offrir par leur mari, c'est le fruit de leur salaire, si elles travaillent. La séparation des bien en droit musulman étant théoriquement la règle, la femme en s'achetant de l'or ne fait qu'appliquer ce principe, sans complexe. S'acheter de l'or pour une femme indépendante financièrement lui permet des faire sortir du pot commun une partie de ses revenus auxquels le mari pourrait vouloir lorgner ! C'est un peu hardcore de refuser à son mari un peu d'argent quand il le demande, ou de refuser de participer à un grand projet en commun sans que sa fasse mesquin, donc se dépêcher de transformer ses sousous en métal non monétisable c'est la solution. Et quel mari aimant pourrait interdire à son épouse de se faire plaisir (surtout que c'est son pognon à elle) et même si ça peut le faire grincer des dents ("quand je pense qu'avec le contenu de tout le coffret de bijoux, ON pourrait se payer un 4x4, que JE pourrais conduire tous les jours pour aller au boulot). Hein, en fait, quand au creuse un peu, on y découvre pas seulement de la coquetterie, mais une forme de résistance au pouvoir de l'Homme : le bijou en or est strictement féminin donc il ne peut être emprunté par un membre mâle de la famille ; il est prestigieux et le fait de l'exhiber apporte du prestige à l'époux par ricochet (ça flatte un peu on ego), il reste un investissement non risqué dans le temps. Tout cela explique que depuis toujours (nos arrières grands-mères avaient le même comportement) les femmes algériennes aiment accumuler l'or. Faut dire aussi, que le plaisir de l'accumulation est inné chez l'homme (même chez certains animaux parfois). Puisque tu évoque aussi les femmes immigrées, moi perso, je trouve qu'elles devraient être beaucoup plus émancipées que ça, mais tu sais bien que nous autres autres maghrébins sommes particulièrement conservateurs avec nos coutumes et quand on trouve le moyen de les faire perdurer même en terre hostile:04:, on se gêne pas... et puis que veux-tu, quand une femme a consacré les plus belles années de sa vie à élever ses gosses elle peut aussi estimer qu'il est tout à fait légitime pour elle de blanchir l'argent de la CAF (après tout rien ne dit que les allocs doivent servir exclusivement aux enfants), au moins elle ne harcèle pas son mari pour la gâter et tout le monde est heureux:cool: La vraie question dans tout cela, où se niche le bon goût algérien ? Citer Link to post Share on other sites
Recommended Posts
Join the conversation
You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.