La SPA du livret de famille.

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En Algérie, les mariages ne se font pas entre couples, mais entre familles. Le livret de famille ne signe pas un contrat mais les statuts d’une société par action, une véritable SPA. Les nouveaux époux le découvrent très vite quelques mois après la fête: il s’agit d’un conseil d’administration qui mêle la belle-mère, la sœur, la belle-sœur, la tante, la grand-mère et même parfois les voisins et les voisines. C’est la SPA qui décide pour les prénoms des enfants, le nombre de moutons, la couleur des rideaux et le genre d’assiettes. Lorsqu’une dispute éclate dans le couple, c’est la SPA qui peut soit trouver une solution, soit tout faire pour qu’elle ne soit pas trouvée. On comprend donc pourquoi les divorces se passent très mal dans notre société: tout le monde s’y mêle et ce qui n’était un caprice de couple, devient l’honneur d’une tribu. Dans les divorces en Algérie, ce sont tous les archaïsmes qui remontent à la surface et les séparations aboutissent à d’incroyables violences parfois criminelles. On a beau répéter aux deux ex-époux qu’il s’agit de leur drame, ce sont leurs deux familles qui se sentent insultées, volées, ou escroquées. Les deux familles peuvent même être le premier obstacle à toute réconciliation souhaitée par des ex-mariés. Pire encore, c’est la SPA qui parfois, faute de mieux, s’ingénie à créer des problèmes au couple et à le détruire. On peut avoir le niveau ou le caractère que l’on veut, «la famille» pèse lourd et décide mieux que le cerveau de chacun dans notre société.

 

M.M