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Des clandestins naufragés, accrochés à des cages à poisson


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l.gifa photo a fait le tour du monde. Elle est le symbole d'une nouvelle limite franchie dans l'odyssée des immigrants clandestins, celle de l'indifférence. Cette photo, c'est celle de 27 immigrants qui ont survécu au naufrage de leur embarcation au large de Malte en s'accrochant en mer à la partie émergée des cages métalliques destinées à l'élevage de thons.

 

Un navire de la marine militaire italienne a secouru le groupe samedi 26 mai. Le même jour, 26 autres immigrants naufragés, accrochés eux aussi à des cages métalliques d'élevage de poisson en pleine mer, ont été recueillis par un chalutier espagnol.

 

 

Emmenés sur l'île de Lampedusa au sud de la Sicile, les rescapés ont raconté avoir été laissés, en mer, dans ces conditions pendant plusieurs jours. Un remorqueur maltais a même refusé de les prendre à bord. "Ils nous ont dit que c'était dangereux et qu'il valait mieux rester agrippés", a raconté au quotidien italien La Repubblica l'un des naufragés, Robert, d'origine nigériane.

 

 

On leur a lancé des vivres le premier jour, puis plus rien. D'autres embarcations sont passées sans intervenir. Certaines ont fait semblant de ne pas les voir. Seule l'une d'elles a tenté, en vain, de leur prêter secours.

Ces candidats à l'immigration étaient partis du port libyen de Zawarah, près de la frontière tunisienne, dix jours auparavant, a raconté un rescapé ghanéen. On leur avait dit : "En 24 heures, nous aurons atteint la Sicile."

Mais l'embarcation est vite tombée en panne. Ce que les naufragés n'ont pas compris tout de suite, c'est qu'aucun secours n'arrivait, car les bureaucraties maltaise et libyenne se renvoyaient mutuellement la responsabilité d'intervenir.

Le ministre maltais de l'intérieur, Tonio Borg, a déclaré que son pays n'avait "aucune obligation au regard de la loi internationale" en ce qui concerne le groupe secouru par les Espagnols, étant donné qu'il se trouvait "dans la zone de recherche et de secours libyenne".

 

"NE PAS NOUS LAISSER MOURIR"

Malte a ainsi refusé au chalutier espagnol l'autorisation de débarquer les immigrants. C'est ce qui s'était déjà passé en 2006 quand un autre chalutier espagnol, avec à son bord 51 naufragés sauvés au large, s'était vu refuser l'accès des ports maltais.

Pour finir, samedi après-midi, les autorités maltaises se sont enfin décidées à prévenir les services de sécurité italiens, qui ont envoyé alors un navire de la marine militaire dans la zone. Robert, le naufragé, raconte que, quand il a vu d'abord un avion de reconnaissance, puis le navire battant drapeau italien, il a compris qu'au moins "les Italiens n'allaient pas (les) laisser mourir".

 

 

Embarrassée par le scandale, une porte-parole de la Commission européenne a admis, mardi, que la coopération européenne "ne marchait pas encore" dans ce domaine. Il a par ailleurs annoncé le lancement d'"une étude sur l'analyse des lois maritimes applicables" dans ce genre de cas, où "il y a toujours l'obligation de sauver la vie humaine".

Pour le moment, aucune date n'a été avancée pour la publication de cette étude.

 

Salvatore Aloïse (Le Monde)

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