Le Hammam, la veille de l’Aïd.

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La veille de l’Aïd, il y a une tradition pour les femmes: le Hammam. Dans les villages, on y va par Mazda pleine, par Hilux qui déborde ou même par camion. Dans les villes on y va par voisines et dans les grandes villes, on y va avec son cabas comme compagnon. C’est la seule nuit de l’année où le Hammam appartient aux femmes exclusivement. Pourquoi? On ne sait pas. Peut-être parce que durant ce mois les femmes ont travaillé deux fois plus. Tellement qu’il leur faut se laver non seulement le corps des odeurs de cuisines, mais aussi la mémoire. Le hammam, dans notre tradition, reste le vrai sénat des femmes: c’est l’endroit où on marie les jeunes filles, fait divorcer les plus naïves, où on échange les rumeurs, les prix et les scandales. L’espace où on vend et on achète de l’air et du vent, où on montre ses bijoux et ses dernières robes, où on réconcilie les voisines en mauvais termes et le lieu où on se repose de sa condition de femme. Car dans le bain, les femmes ne sont pas nues mais sans corps. Elles y oublient tous et se débarrassent de plus que de la peau morte. Logique donc qu’à la fin de ce mois de travaux forcés, c’est là qu’on va pour paraître plus neuve le lendemain du défilé de sourire qu’est devenu l’Aïd. Le seul ennui, c’est là aussi, les enfants ne vous lâchent pas. Il faut les y amener, les laver, les supporter, les sortir enveloppés dans les serviettes, les faire surveiller par la patronne, puis revenir très vite pour les habiller et les faire attendre. Cela vous laisse à la fin une demi-heure de liberté pour apprécier le hammam. Une seule demi-heure pour un mois d’attente et puis le retour à la maison. En Hilux, en Mazda, à pied, avec des voisines, avec son cabas ou seulement avec moins de poids sur le dos.

 

M.M