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Vietnam : l’Islam des Chams Banidimanche


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Vietnam : l’Islam des Chams Banidimanche 22 avril 2007, par Buddhachannel

 

 

 

Le Courrier du Vietnam annonçait en 2006 un fort développement de l’Islam dans dix villes et provinces du pays, avec plus de 60 000 fidèles à travers tout le pays. Une bonne nouvelle pour un pays où les différentes communautés religieuses connaissent encore une répression active de la part des autorités communistes. Même si les Musulmans convertis et les Musulmans issus de métissages anciens sont nombreux, la plus grande majorité des Musulmans vietnamiens est issue de l’ethnie Chame, l’une des 53 minorités ethniques présentes au Vietnam. Les Chams pratiquent un Islam très controversé, car teinté d’Hindouisme et de Bouddhisme.

 

 

Le peuple Cham est l’héritier du royaume Champa fondé à la fin du IIème siècle et disparu complètement en 1835, pour les besoins de l’expansionisme vietnamien. Il s’étendait au départ, du Centre de l’actuel Vietnam à sa pointe Sud.

Le "Nam Tiên", cette "marche vers le Sud" du peuple Viêt poussa le dernier roi musulman Po Chong Chan à migrer vers le Sud du Cambodge, emportant avec lui les habitants des plaines. Ensemble, ils formèrent le Kompong Cham, région Chame par excellence encore de nos jours. Ceux des littoraux voguèrent vers la Malaisie, une autre partie vers l’île chinoise de Hainan. Quant aux Chams qui restèrent au Vietnam, ils occupent actuellement les provinces de Nha Trang, Phan Rang, Phan Ri et Phan Thiêt.

 

 

 

 

Ce peuple à l’origine hindouiste, s’est converti à l’Islam sous l’influence des marchands indiens présents en Asie du Sud Est dès le 13ème siècle. L’Islam s’implante dans le pays à la fin du XVIème siècle et se développe au XVIIème siècle par contact avec les marchands arabes, indiens, persans et chinois musulmans. Son introduction tardive au sein de la population chame se greffe à un socle originellement shivaïste, vishnouïste et bouddhiste. Ceci explique la distinction aujourd’hui faite au Vietnam entre les Chams brahmanistes et les Chams musulmans dits "bani" ("fils du prophète"). Ces derniers ne représentent q’un tiers de la population chame. Autre conséquence, Les Chams bani sont considérés par les musulmans du Moyen Orient, comme des marginaux en ce sens qu’ils pratiquent un Islam dénué de toutes les obligations relatives à la voie majoritaire de l’Islam, et hybride de surcroît, par son fort penchant hindouïste et bouddhiste.

 

 

 

 

Les cinq pilliers de l’Islam majoritaire : [1]

 

la Chahâda : profession de foi incluant

 

le Tawhîd : l’unicité de Dieu.

 

la Salât : la prière cinq fois par jour.

 

la Zakât : l’aumône légale aux pauvres.

 

le Sawm : le jeûne du Ramadan.

 

le Hajj : le pélerinage à la Mecque.

 

 

Rappellons que dans l’Islam sunnite, il n’y a pas de clergé, tous les musulmans devant être sur un pied d’égalité.

 

 

L’Islam tel que le pratique les Cham bani :

 

Existence d’une classe de dignitaires religieux : les Accar.

Ils sont drapés de blanc et portent des turbans à franges rouges.

Eux seuls, sont habilités à lire le Coran, dont la divulgation est interdite hors du Clergé.

 

Le prophète Mohammad et Abraham sont divinisés, au même titre que Allah.

 

Des éléments d’autres cultures sont intégrés dans la décoration des mosquées bani dites "tangki" : le Yin et le Yang taoïstes, les dragons ou encore la svastika bouddhique sur le chapeau des accar.

 

Les Accar font la prière à la place des fidèles qui ne prient que durant les nuits de Ramadan, prosternés de tout leur corps sur le sol, à l’image des Bouddhistes tibétains.

 

 

Le Ramadan :

Seuls les Accar le font pour le compte des fidèles, exécutant exceptionnellement les cinq prières quotidiennes.

Ils rompent le jeûne une heure avant le crépuscule.

 

Personne n’a jamais accompli le Hajj faute de moyens.

 

La circoncision n’est que simulée.

 

La consommation d’alcool n’est pas exclue, sauf pendant les cérémonies et le porc n’est pas consommé au sein du village mais à l’extérieur, oui.

 

 

Les avis des spécialistes du monde cham semblent diverger quant au rôle de la femme au sein de la société chame. Il faut savoir que les Chams obéissent avant tout à la loi de la matrilinéarité, qui ordonne que l’héritage passe de mère en fille. Le nouveau marié est destiné à rejoindre la famille de son épouse et reposera après sa mort auprès de sa mère.

En se basant sur l’application stricte de cette loi par les Chams ainsi que sur la forte présence des femmes dans les tangki, il a été dit que les femmes chames constituent le pillier de la culture. Toutefois, nombre de chercheurs s’accordent aussi à dire que les femmes chames font preuve d’un sens du sacrifice hors norme, qui les pousse à endurer une vie au service exclusif de leurs époux.

 

 

Bien que houleuse en d’autres temps, la cohabitation des Chams brahmanistes et bani semble aujourd’hui harmonieuse. A tel point qu’il continue de s’opérer un syncrétisme islamo-hindouïste, facteur de cohésion sociale.

En effet, à l’initiative du roi Po Romé (1627-1651), qui lui-même ne s’était pas converti à l’Islam, Allah fut rajouté au panthéon brahmanique, rendant ainsi plus aisée l’acceptation des divinités brahmaniques chez les Chams bani.

Actuellement, les deux communautés s’entraident au quotidien et font coïncider chaque année les deux calendriers religieux afin que tous puissent se rendre aux différentes festivités brahmanistes et bani. Plus que de respect, il est question d’un syncrétisme qui porte concrètement ses fruits, en matière religieuse.

 

 

 

 

Les Chams bani font l’objet d’une controverse quant à la manière dont ils interprètent l’Islam. Au dire des Chams du Cambodge coupés de leur terre originelle et convertis à l’Islam chaféite (Islam de rigueur en Asie du Sud-Est), les Chams bani se doivent de réformer leur pratique de l’Islam. Mais en dépit des différentes tentatives de conversion de la part des migrants musulmans venus d’Inde ou de Malaisie, l’Islam orthodoxe trouve ses opposants dans les partisans d’un Islam modéré qui s’adapte à la culture chame bani, et au sein de laquelle la matrilinéarité est plus forte que tout.

Dans le Vietnam des syncrétismes, l’originalité de cette vision du monde n’étonne personne.

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