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POUR MIEUX COMPRENDRE LE POETE CELON : BRASSENS, BREL, ET FERRE

MARTELLER LA POESIE POUR NOUS L'OFFRIR

YouTube - Brel Brassens Ferré : l' ANARCHIE en question

 

BONOUR

TROIS GRANDS POETES

POUR MIEUX COMPRENDRE LE POETE CELON: Brassens, Brel, Ferré

ET MARTELER LA POESIE pour nous l'offrir

 

Saisie : Frederic Douarin - Fredo's mind

 

Trois hommes dans un salon : Brassens, Brel, Ferré

Affichage : Sans frames

 

Le 6 janvier 1969 à Paris, eût lieu une rencontre à jamais unique entre les trois artistes.

Propos recueillis par François-Réne CRISTIANI et Jean-Pierre Leloir

Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, êtes vous conscient du fait que vous êtes les trois plus

grands auteurs-compositeurs-interprètes de la chanson française, depuis des années et avec le

même succès ?

FERRÉ : Moi, je suis conscient d’être d’abord avec mes deux confrères, qui ont un immense talent c’est

vrai, mais d’abord avec deux copains. Et ça, il y a longtemps que je le désirais. Aujourd’hui, les gens

n’arrêtent pas de dire : " Qu’est ce que c’est la chanson pour vous, qu’est ce que c’est la bretelle ?", ça, on

s’en fout. L’important, je crois, c’est un peu d’amour qu’on peut distribuer ou recevoir, comme ca, autour

d’un micro, par exemple. Maintenant, que nous fassions des chansons depuis vingt ans, qu’on y ait

beaucoup travaillé, qu’on ait, comme on dit chez moi, longtemps " zugumé" sur le métier, et

qu’aujourd’hui on puisse chanter tranquillement dans une salle sans savoir ni les flics ni les gens qui

viennent siffler, ce n’est que justice, finalement. On fait ce qu’on peut , on dit ce qu’on a envie de dire et

il n’y a pas besoin de casser des vitres pour ça.

-Vous êtes tous les trois dans la célèbre collection " Poètes d’aujourd’hui" …

BRASSENS : On n’est pas les seuls. Et pis ça ne veut pas dire grand-chose, cette façon de

compartimenter…

-Vous ne vous prenez pas pour un poète, alors ?

BRASSENS : Pas tellement, je ne sais pas si je suis poète, il est possible que je le sois un petit peu, mais

peu m’importe. Je mélange des paroles et da la musique, et puis je les chante.

-Je crois que Jacques Brel aussi se défend d’être un poète ?

BREL : Je suis " chansonnier", c’est le vrai mot ! Je suis un petit artisan de la chanson.

FERRÉ : Les gens qui se disent poètes, ce sont des gens qui ne le sont pas tellement, au fond. Les gens

qui sont honorés qu’on les qualifie de poètes, ce sont des poètes du dimanche qui ont des plaquettes

éditées à compte d’auteur… Cela dit, si on me dit que je suis poète, je veux bien. Mais c’est comme si on

me disait que je suis un cordonnier qui fait de belles chaussures. Je rejoins le point de vue de Brel.

-La chanson est-elle un art, selon vous ? Un art majeur ou un art mineur ?

FERRÉ : Brassens a dit une chose vraie, " je mélange des paroles et de la musique ". Voilà ce que je fais.

BRASSENS : Eh oui, c’est tout a fait différent de ce qu’on appelle couramment la poésie, qui est faite

pour être lue ou dite. La chanson c’est très différent. Même si des types comme Ferré ont réussi à mettre

des poètes en musique, comme Baudelaire, il est difficile d’utiliser la chanson comme les poètes qui nous

ont précédés utilisaient le verbe. Quand on écrit pour l’oreille, on est quand même obligé d’employer un

vocabulaire un peu différent, des mots qui accrochent l’oreille plus vite… Bien qu’on l’aie aussi avec le

disque, le lecteur a plus facilement la possibilité de revenir en arrière…

BREL : Oui, mais le disque est un sous produit de la chanson, il ne faut pas se leurrer… La chanson a été

faite pour être chantée, pas en fonction d’un disque à diffuser.

FERRÉ: Moi je suis exactement de son avis. C’est comme si vous faisiez de bons chocolats, des

chocolats extraordinaires, hors commerce et que vous les gardiez chez vous. Mais à partir du moment où

vous les mettez dans un paquet, où vous les mettez dans le commerce, ça ne vous intéresse plus. Moi, si je

fais de bons chocolats et que les autres les mangent, je m’en fous… Le paquet c’est le disque, et le disque

c’est un peu la mort de la musique.

BRASSENS : Autrefois on chantait. Quand un type faisait une chanson, les gens se la passaient, se

l’apprenaient et se la chantaient. Ils participaient, ils avaient des cahiers de chansons… Aujourd’hui, le

public est devenu plus passif.

FERRÉ : Il y a des gens qui reçoivent d’abord la musique, d’autres qui reçoivent d’abord les paroles. Les

gens les plus intelligents reçoivent d’abord les paroles. Les gens les plus sensibles – et peut être les moins

intelligents, ce qui est possible aussi – reçoivent d’abord la musique. Ce qui fait que j’ai pu faire connaître

Baudelaire à des gens qui ne savaient pas qui était Baudelaire.

BREL : Autrefois, quand un type écrivait une chanson les gens la reproduisaient – comme disait Georges -

, alors qu’aujourd’hui c’est nous qui nous reproduisons. Ca faisait chaîne, avant … je veux dire avant le

microsillon. En fait, le plus grand inventeur de la chanson, c’est cet ingénieur anglais qui a trouvé le

principe du microsillon, pendant la guerre. Ca part dans des couveuses… et maintenant, j’ai l’impression

que je ponds des oeufs, moi.

FERRÉ : C’est ça. Vous disiez tout à l’heure qu’on était des poètes ou artisans, tout ça… non, vous savez

ce qu’on est tous les trois ?

BRASSENS : De pauvres connards devant des micros !

FERRÉ : Non… on est des chanteurs. Parce que si on n’avait pas de voix, on ne pourrait pas se produire.

Parce que si n’avais pas de voix, toi Georges, ou toi jacques, tu n’écrirais pas et moi non plus.

BRASSENS : Tu es bien gentil de me dire ça. Parce que moi, de ce côté là, c’est pas terrible, hein !

FERRÉ: Si, tu as de la voix. Tu chantes. Et lui aussi. S’il n’avait pas voix, qui chanterait les chansons de

Brel ? Tout ce qu’il a fait, il ne l’aurait pas écrit. Il a écrit ses chansons parce qu’il les a " publiées " avec

sa voix. Et moi aussi…

BRASSENS : Oui, il aurait sûrement écrit d’autres choses…

BREL : Ce qui revient à dire qu’on est peut être chanteur… justement parce qu’on a de la voix.

-Avez vous jamais fait autre chose que d’écrire, de composer ou de chanter, et cela vous a-t-il servi

dans votre métier de chanteur ?

FERRÉ : Parallèlement on ne peut pas faire autre chose. Maintenant ce qu’on a fait avant, on a tous été à

l’école, fait des études, des petits boulots, etc.

BRASSENS : On a vécu, quoi. Mais, en fait, on a toujours fait des chansons.

FERRÉ : On a dû gagner notre vie, parfois. Quand Brel est arrivé à Paris avec sa guitare, je ne sais pas ce

qu’il faisait pour gagner sa vie, mais ça ne devait pas être marrant. Il n’a pas envie d’en parler, je

suppose…

BREL : Oh, ça m’est égal, je ne faisais rien du tout ! [rire]

FERRÉ : C’est mieux, d’ailleurs… c’est beaucoup mieux comme ça ! [rire]

BRASSENS : Tu n’étais pas le seul d’ailleurs. Moi , je n’ai jamais rien fait que ça…

-Avez vous jamais fait autre chose que d’écrire, de composer ou de chanter, et cela vous a-t-il servi

dans votre métier de chanteur ?

FERRÉ : Parallèlement on ne peut pas faire autre chose. Maintenant ce qu’on a fait avant, on a tous été à

l’école, fait des études, des petits boulots, etc.

BRASSENS : On a vécu, quoi. Mais, en fait, on a toujours fait des chansons.

FERRÉ : On a dû gagner notre vie, parfois. Quand Brel est arrivé à Paris avec sa guitare, je ne sais pas ce

qu’il faisait pour gagner sa vie, mais ça ne devait pas être marrant. Il n’a pas envie d’en parler, je

suppose…

BREL : Oh, ça m’est égal, je ne faisais rien du tout ! [rire]

FERRÉ : C’est mieux, d’ailleurs… c’est beaucoup mieux comme ça ! [rire]

BRASSENS : Tu n’étais pas le seul d’ailleurs. Moi, je n’ai jamais rien fait que ça…

-Vous avez tous les trois, plus ou moins fait du cinéma. Pensez-vous qu’il y ait des liens entre le

comédien et le chanteur ?

FERRÉ : Moi, je n’ai jamais joué la comédie. J’aimerais bien le faire mais je crois que je ne saurais pas.

J’aimerais comme on aimerait faire une chose qu’on ne sait pas faire.

BRASSENS : Je ne sais pas non plus faire cela, très sincèrement… Je ne sais pas.

BREL : J’ai fait deux films. Pas pour le cinéma, du cinématographe des frères lumières, mais parce que

les deux fois il y avait une idée de liberté… Et je suis très attaché à mes petites idées de liberté ! La

première fois, c’était Les risques du métier, l’autre fois, La bande à Bonnot. C’est l’idée qui m’a séduit.

Et je crois que, si on peut donner un coup de main à une idée, il faut le faire.

-Le cinéma, c’est avant tout un travail d’équipe… Cela vous a-t-il vraiment changé du travail

solitaire du chanteur ?

BREL : Non… Pour la comédie musicale, on peut beaucoup plus parler de travail d’équipe.

BRASSENS : Je ne crois pas que ce soit le travail d’équipe, ou quoi que ce soit d’autre, qui apporte ou

n’apporte pas quelque chose de plus… Un type aime jouer la comédie ou il n’aime pas. Moi, je n’aime

pas ça, mais je n’ai rien contre le travail d’équipe. Le film que j’ai fait, Porte des Lilas, je l’ai fait avec

des copains comme Brasseur, Bussières, ça marchait très bien. Ils ne me gênaient pas. Je ne les gênais

pas. Ce que je n’aime pas, c’est le côté technique, mécanique ; pas plus que ce micro que vous nous avez

foutu sous le nez !

FERRÉ : Quand nous chantons, que nous sommes seuls devant les projecteurs, avec juste le costume, la

guitare ou le piano, nous savons ce qu’est la solitude d’un chanteur. On s’en arrange avec ce qu’on

appelle " du métier", mais ce n’est pas toujours facile. Ce que je me demande, c’est si, pour Brel, la

solitude au théâtre est la même qu’au tour de chant ?

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BREL : Oui c’est la même solitude.

FERRÉ : Tu veux dire quand tu tiens ton rôle, au milieu des autres, tu es aussi seul que quand tu chantes

dans une salle pendant deux heures ? Ca, c’est nouveau pour moi… je ne me rends pas compte.

BRASSENS : Mais si… Parce que si ça n’est pas bon, on dira que c’est lui qui n’est pas bien. Il faut

quand même qu’il pousse son cri…

FERRÉ : Il est déjà dans sa carapace au moment où il entre en scène…

BREL : Pour L’Homme de la Mancha, c’est un peu différent parce que c’est moi qui ai provoqué cette

folie. Donc je reste un peu seul avec ma folie.

-Les autres ne la partagent pas ?

BREL : Si, ils la partagent ! Mais il est vraisemblable qu’ils ne considèrent pas tous cela comme une

folie. Enfin moi, dans l’instant où je joue, je suis aussi seul que dans le tour de chant.

BRASSENS : Ne t’inquiètes pas. De toute façon, tu es toujours seul partout, tout le temps. Et tu n’es pas

le seul d’ailleurs !

BREL : Mais bien sûr ! Le type qui me dit qu’il n’est pas seul dans la vie, c’est qu’il est plus Belge que

moi !

-Quoi que fassiez, vous êtes toujours seuls ? Est-ce à dire que, pour faire de grandes et belles choses

il faut être seul et malheureux ?

FERRÉ : Ah oui ! Les seules choses valables se font dans la tristesse et la solitude. Je crois que l’art est

une excroissance de la solitude. Les artistes sont seuls…

BREL : L’artiste c’est un brave homme totalement inadapté qui n’arrive qu’à dire publiquement ce qu’un

type normal dit à sa bobonne le soir.

FERRÉ : Plutôt ce qu’un type normal pourrait dire à sa femme le soir.

BRASSENS : Quelquefois, il le dit mieux, quand même ! [rires]

BREL : Oui, mais l’artiste, c’est un timide, c’est un type qui n’ose pas aborder les choses " de face "

comme on dit, et qui n’arrive qu’à dire publiquement ce qu’il devrait dire d’une manière courante dans la

vie… Il est un peu orgueilleux aussi. C’est finalement très clinique, très médical, l’artiste. Cela dit, le pire

c’est l’artiste qui n’est pas artiste, le timide qui ne pond pas son oeuf. Alors là c’est effroyable, parce

qu’on tombe carrément dans le cas clinique.

-Ce n’est plus un artiste, alors ?

BREL : Au sens propre, non.

FERRÉ : Il n’y a qu’un mot pour cela, c’est " amateur".

-Peut-on dire que, dans ce métier, vous avez toujours fait ce que vous vouliez faire ?

FERRÉ : Sûrement pas. Si je faisais ce métier comme je le voulais, je viderais les salles. Et encore, je ne

me gêne pas, vous le savez… Alors je fais aussi des concessions.

BRASSENS : Tu entends par là que tu ne dis pas exactement tout ce que tu veux, comme tu veux ? Oui,

bien sûr, mais, enfin tuas tout de même la possibilité de chanter quand tu veux et à peu près ce que tu

veux, en le criant un petit peu…

FERRÉ : Ah oui, mais pourquoi ? Parce que maintenant nous sommes des hommes publics. Mais quand

j’ai débuté, je me faisais foutre à la porte des maisons d’édition. Je leur crachais à la figure, bien entendu,

mais tout de suite j’étais fichu à la porte…

BREL : Moi, je n’ai pas ce sentiment-là. J’ai le sentiment de faire relativement ce que j’ai envie. Depuis

toujours… Je ne dis pas que j’ai été heureux tout le temps, ça n’a rien à voir, et je ne l’ai pas été, mais en

gros, j’ai toujours fait à peu près comme j’ai voulu.

BRASSENS : Nous sommes quand même parmi ceux qui peuvent faire à peu près ce qu’ils veulent…

Bien sûr, on ne va pas aller en scène menacer le public ou lui tirer dessus à la mitraillette. On fait ce qu’on

veut, en restant dans certaines limites, avec un peu de civilité…

FERRÉ : Moi j’ai un problème qui est le même depuis des années : chaque fois que je fais des chansons,

c’est parce que j’en ai besoin pour mon tour de chant, alors je les fais vite et puis après je suis paresseux,

j’attends… Et chaque fois je me dis : est-ce que je vais savoir encore en faire ? Et ça, je ne sais si c’est

pareil pour vous ?

BREL : Mais oui… bien sûr ! Chaque fois qu’on en fait une, on se dit : celle-ci c’est la dernière. C’est

normal.

BRASSENS : Moi, chaque fois que je m’y remets, je ne sais plus les faire non plus…

BREL : Et moi, je ne sais plus vraiment les faire… J’ai oublié comment on faisait !

BRASSENS : Oui, mais ça revient très vite.

-Et si vous deviez ne plus chanter, si vous étiez obligés de choisir un autre métier ?

BRASSENS : Ah ! Vous savez… On choisirait la retraite ! A l’âge que j’ai, moi, c’est le seul métier que

je serais capable de choisir. [rires]

-Qu’avez-vous fait de votre premier cachet ?

FERRÉ : On l’a bouffé, je crois…

- Au début, peut-être. Mais ensuite, avec le succès et l’argent que vous avez gagné grâce à lui,

n’avez-vous pas eu l’impression que vos rapports avec les gens s’étaient modifiés ?

FERRÉ : L’argent, ça donne l’indépendance absolue. C’est important, ça coûte cher l’indépendance.

Maintenant, le trop d’argent, je crois que tous les trois on s’en fout. Je ne sais pas ce qu’est un bas de

laine…

BRASSENS : C’est très emmerdant, cette histoire d’argent. Parce que beaucoup de types se lancent dans

la chanson uniquement pour ça. Nous, on était très content de gagner notre vie avec nos petites chansons,

mais on n’a pas fait ça dans cette intention, on l’a fait parce que ça nous plaisait. Ça ne nous rapporterait

rien qu’on le ferait quand même ! On ne vendrait pas des sardines à l’huile – je ne sais pas si ça rapporte

d’ailleurs – si ça rapportait plus que de faire des chansons. Si on était payé comme un fonctionnaire pour

faire ce que l’on fait, on continuerait quand même. Parce qu’on aime ça. Et depuis quelques années,

justement, on n’entend parler que de cachets mirifiques. Il y a des tas de types qui se lancent dans cette

aventure et qui s’y cassent les dents.

BREL : Parce qu’ils en font une aventure financière.

-Avez-vous la hantise de devenir de vieux chanteurs, de vieillir avec vos chansons ?

 

BRASSENS : En ce qui me concerne, moi et Ferré – l’autre, là, il est plus jeune que nous –, on approche

tranquillement de la cinquantaine. Pour un jeune type ou pour vous, on est des vieux, c’est vrai, il faut

dire les choses telles qu’elles sont… mais, ne vous inquiétez pas, on ne s’en aperçoit pas tellement !

[rires] Toute fin est pénible. Tout ce qui finit est triste. C’est rare que les choses finissent bien… C’est

toujours triste de vieillir, de ne plus faire ce qu’on aimait ou ce qu’on savait faire. Et de prendre sa

retraite, bien sûr c’est triste…

- Et l’angoisse de la mort ? Vous la ressentez ?

BRASSENS : Non… en acceptant de vivre, j’ai accepté de mourir aussi. Alors…

FERRÉ : Ceux qui écrivent, comme nous, sont naturellement obsédés par la mort. On y pense tous les

jours…

BRASSENS : C’est un de nos sujets favoris, forcément. Il n’y a pas trente-six sujets, vous savez ; quand

on écrit on est obligé de rencontrer la mort.

FERRÉ : Mais ça n’est pas forcément triste. La chanson de Georges sur son enterrement n’est pas

triste…

BRASSENS : A ce sujet, Léo, je te signale que je m’en fous d’être enterré sur la plage de Sète ! Ca m’est

complètement égal… J’ai fait ça pour m’amuser, quoi. Pour aller au bain de mer. [rires]

-Avez-vous le sentiment d’être devenu des adultes ?

BRASSENS : Aïe, aïe, aïe !

BREL : Moi non.

FERRÉ : Moi non plus.

BRASSENS : On est tous un peu demeurés ! Pour devenir adulte, il faut déjà faire son service militaire,

 

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BRASSENS : A ce sujet, Léo, je te signale que je m’en fous d’être enterré sur la plage de Sète ! Ca m’est

complètement égal… J’ai fait ça pour m’amuser, quoi. Pour aller au bain de mer. [rires]

-Avez-vous le sentiment d’être devenu des adultes ?

BRASSENS : Aïe, aïe, aïe !

BREL : Moi non.

FERRÉ : Moi non plus.

BRASSENS : On est tous un peu demeurés ! Pour devenir adulte, il faut déjà faire son service militaire,

se marier, avoir des enfants. Il faut embrasser une carrière, il faut la suivre, monter en grade. C’est comme

ça qu’on devient adulte… Nous autres, nous avons un peu une vie en marge de la vie normale, en dehors

du réel. On ne peut pas devenir adultes.

- Peut-être parce que vous n’avez pas voulu vous adapter au système traditionnel ?

BREL : Ou qu’on n’a pas pu !

BRASSENS : Parce que c’était notre caractère de ne pas nous y adapter ; voilà tout. On ne l’a pas fait

exprès. Il n’y a pas de vantardise à dire qu’on est solitaire. On est comme ça.

FERRÉ : Ca rejoint l’enfant-poète. Quant Brel chante sans rire, et qu’il y croit, quand il dit cette chose

merveilleuse, " j’allumerai ma guitare, on se croira espagnol", il n’y a qu’un gosse qui puisse dire ça !

BREL : Bien sûr. C’est une question de tempérament finalement… Le tout, c’est de savoir ce qu’on fait

devant un mur : est-ce qu’on passe à côté, est-ce qu’on saute par-dessus, ou est-ce qu’on le défonce ?

BRASSENS : Moi, je réfléchis !

BREL : Moi je le défonce ! Enfin, j’ai envie de prendre une pioche…

FERRÉ : Moi je le contourne !

BREL : Oui, mais le point commun, c’est que tous les mois, instantanément, on a envie d’aller de l’autre

côté du mur qui se dresse. Il n’y a que ça d’important, et c’est ce qui prouve que nous ne sommes pas des

adultes. Un type normal, qu’est-ce qu’il fait ? Il construit un autre mur devant, il met un toit dessus et il

s’installe. C’est ce qui s’appelle bâtir ! [rires]

- Vous avez tous, à un moment ou à un autre de votre existence, ou même encore maintenant, flirté

avec les mouvements anarchistes ou libertaires, Pour Brassens ce fût une époque, pour Brel un

surnom, et pour Ferré c’est encore une cause militante, un prétexte à des récitals presque

insurrectionnels…

FERRÉ : Non ! Je ne suis pas, je ne peux pas être un militant. Je ne peux pas militer pour quelque idée

que ce soit car je ne serais pas libre. Et je crois que Brassens et Brel sont comme moi, parce que

l’anarchie est d’abord la négation de toute autorité, d’où qu’elle vienne. L’anarchie a d’abord fait peur

aux gens, à la fin du XIXe siècle, parce qu’il y avait des bombes. Après ça les a fait rigoler. Ensuite, le

mot anarchie a pris comme un goût mauvais dans la bouche des gens. Et puis, depuis quelques mois,

singulièrement depuis mai, les choses se sont remises en place. Je vous assure que quand vous prononcez

le mot anarchie, ou anarchistes, même en scène, les gens ne rigolent plus, ils sont d’accord, et ils veulent

savoir ce que c’est.

BRASSENS : C’est difficile à expliquer, l’anarchie… Les anarchistes eux-mêmes ont du mal à

l’expliquer. Quand j’étais au mouvement anarchiste – j’y suis resté deux ou trois ans, je faisais Le

Libertaire en 45-46-47, et je n’ai jamais complètement rompu avec, mais enfin je ne milite plus comme

avant – , chacun avait de l’anarchie une idée tout à fait personnelle. C’est d’ailleurs ce qui est exaltant

dans l’anarchie : c’est qu’il n’y a pas de véritable dogme. C’est une morale, une façon de concevoir la vie,

je crois…

BREL : …Et qui accorde une priorité à l’individu !

FERRÉ : C’est une morale du refus. Car s’il n’y avait pas eu au long des millénaires quelques

énergumènes pour dire non à certains moments, nous serions encore dans les arbres !

BREL : Je suis entièrement d’accord avec ce que dit Léo. Cela dit, il y a des gens qui ne se sentent pas

seuls ni inadaptés et qui trouvent leur salut collectivement.

BRASSENS : Bien sûr. En ce qui me concerne, je ne désapprouve jamais rien, les gens font à peu près ce

qu’ils veulent. Je suis d’accord ou je ne suis pas d’accord, c’est tout. Parce que j’avais dit ça, on m’a

souvent reproché de ne pas vouloir refaire la société. C’est que je ne m’en sens pas capable. Si j’avais des

solutions collectives…

BREL : Mais qui, qui a la solution collective ?

BRASSENS : Il y en a qui prétendent l’avoir. Mais dans le monde actuel, il n’y en a pas beaucoup qui

semblent la détenir… [rires] Moi, je ne sais pas ce qu’il faut faire. Si je le savais, si j’étais persuadé qu’en

tournant à droite ou à gauche, en faisant ceci ou cela, le monde allait changer, je la sacrifierais ma petite

tranquillité ! Mais je n’y crois pas tellement…

- Léo Ferré ?

FERRÉ : Moi je suis moins lyrique que lui…

BRASSENS : …Toi, Léo, tu es complètement désespéré !

BREL : Il y a un phénomène d’impuissance aussi, qui est absolument affreux, quoi…

- Vous avez donc vraiment l’impression de ne rien pouvoir faire ?

BRASSENS : Non, je fais quelque chose auprès de mes voisins, de mes amis, dans mes petites limites. Je

pense d’ailleurs que c’est aussi valable que si je militais quelque part… Ne pas crier haro sur le baudet,

c’est une forme d’engagement comme une autre.

FERRÉ : Je trouve que Georges, dans son coeur, il milite bien plus que moi. Parce que moi, je ne crois

plus en bien des choses auxquelles il veut croire.

BRASSENS : Je fais semblant, Léo. Je fais comme lorsque l’amour s’en va. Je fais semblant d’y croire,

et ça le fait durer un petit peu…

FERRÉ : Non, non. Quand l’amour s’en va, il est déjà parti depuis longtemps.

- S’il n’y a pas selon vous, de solution politique, y a-t-il une solution "mystique" ? Dieu… ou toute

forme de religion ?

BREL : Ah ! là… c’est une autre chose ! [Eclat de rire général] Je crois effectivement…

BRASSENS : Alors là, nous sommes plus à notre aise !

FERRÉ : Oui ! Eh bien, j’ai été dans un collège religieux, j’ai servi la messe pendant huit ans, j’ai été

enfant ce choeur, et voilà… Je ne vais plus à la messe, évidemment, depuis cette époque-là.

BREL : J’ai été dans un collège religieux, j’ai servi la messe. Pas huit ans, un an je crois, juste le temps

d’acheter un vélo avec ce qu’on me donnait.

BRASSENS : Moi, j’ai été scout de France.

BREL : Moi aussi mais pas de France. J’étais scout belge !

BRASSENS : Ne croyant pas, il m’est difficile de parler de Dieu…

- Dieu, ce serait une sorte de fétichisme, à vos yeux ?

FERRÉ : Non, nous ne sommes pas fétichistes. Ou si… nous le sommes. Avec les femmes.

BRASSENS : Dans une certaine mesure, oui, ça pourrait bien être une sorte de fétichisme. D’ailleurs

quelqu’un l’a appelé le Grand Fétiche, Dieu. J’en parle beaucoup dans mes chansons, mais seulement

pour que l’on comprenne ce que je veux dire.

- Avez-vous l’impression des fois que vous avez une tradition derrière vous, le folklore français, les

Béranger, etc. ?

BRASSENS : On a derrière nous tout ce qu’on a entendu, tout ce qu’on a lu, tout ce qu’on a aimé…

FERRÉ : Tout ce qu’on a fait ! Tout ce qui fait qu’aujourd’hui on sait un peu quelque chose de notre

métier.

BREL : Tout ce qu’on a pas fait, aussi… ça joue beaucoup. Moi, quand j’écris, tout ce que je n’ai pas fait

– et qui m’attire un peu – joue beaucoup.

- Pensez-vous qu’il y ait une différence entre la chanson telle que vous l’écrivez, la chantez, et la

chanson "actuelle", un peu électrique, avec du mouvement, du cliquant, d’un Gainsbourg par

exemple ?

BREL : C’est pas du clinquant, c’est du mouvement…

BRASSENS : Il y a des différences entre tout le monde, vous savez. Lui, il cherche quelque chose.

FERRÉ : Il y a un parti pris, chez lui, au départ. Mais il a trouvé quelque chose. C’est pas mal fait, c’est

rythmiquement bien foutu. Et puis, c’est un "érotomane" ; moi j’aime assez les érotomanes, parce que je

n’en suis pas, sans doute. Il s’en vante, d’ailleurs, ce n’est pas un secret. Maintenant il a joué une carte,

quoi, peut-être qu’il l’a jouée consciemment… mais c’est pas mal.

BRASSENS : Et puis, ça correspond à sa nature, à son caractère, c’est tout simple.

-suite

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Et la pop music… Les Beatles ? Quels sentiments vous inspirent ces gens-là, cette musique-là ?

BRASSENS : J’aime beaucoup ça sur le plan musical. Pour ce qui est des paroles, je ne comprends pas

l’anglais, alors ça va tout seul.

FERRÉ : Comme Georges, j’aime beaucoup sur le plan musical et je ne cherche pas tellement à

comprendre les paroles, sauf celles d’une chanson qui s’appelle "Hey Jude" et qui se termine par une

chose qui n’en finit plus, je voudrais bien savoir pourquoi et ce que ce la veut dire. Ce sont des musiciens.

BREL : Moi, je suis très content que l’on rende publiques les harmonies de Gabriel Fauré. Ils ont ajouté

une pédale charleston aux harmonies de Gabriel Fauré. C’est très faurien tout ça et je trouve très bien

qu’ils en aient fait une chose populaire. C’est très joli. Pour le reste, j’ai les mêmes ennuis que Georges

avec l’anglais, je ne sais jamais exactement de quoi ils parlent, mais je crois que çà n’a pas beaucoup

d’importance.

BRASSENS : Le tout est de savoir comment les gens les aiment. S’ils les aiment profondément ou s’ils

les aiment parce que c’est une mode.

FERRÉ : En plus, je crois que, politiquement, ce sont des gens bien.

- Ils s’insèrent plus ou moins dans le mouvement "hippie". Que pensez-vous, précisément, de ces

hippies ou des beatniks ?

BREL : C’est l’anarchie moderne ! Une forme de refus. C’est quelque chose de nouveau et qui, en tout

cas, n’a rien de guerrier, ça c’est déjà sympathique. J’aime beaucoup moins les colliers et tous ces trucslà,

ça me fatigue un peu. Mais ça n’a rien de violent. C’est pas mal ça, si l’on songe que les gens de vingt

ans sont élevés depuis toujours pour tuer… Où ça se complique un peu, c’est qu’il y a un petit coup

américain dedans ; il y a les Hindous qui s’en mêlent aussi, on ne sait plus très bien.

BRASSENS : Il y a toujours un peu de snobisme aussi, les gens qui font semblant de trouver ça bien…

BREL : Oui… mais ça a une couleur qui n’est pas vraiment antipathique.

FERRÉ : Vous avez la réponse, on aime beaucoup.

- Comment réagissez-vous à la publicité ? Vous sert-elle, vous intéresse-t-elle ?

FERRÉ : Il faut bien qu’on sache où nous chantons.

BRASSENS : Quand on signe un contrat, on ne refuse pas que les gens parlent de nous, évidemment.

Mais il y a publicité et publicité, c’est toujours pareil.

BREL : Il y a publicité et conditionnement.

BRASSENS : Quand on passe en public, on l’annonce et c’est tout. On ne va pas jusqu’à faire la

parade… C’était sympathique, d’ailleurs. Ca ne se fait plus guère. Tu nous vois, faisant la parade ?

BREL : L’hiver, non. L’été, oui !

FERRÉ : [à voix basse] Moi j’ai une idée. Enfin, je ne sais pas, mais je leur dis ça à tous les deux. Je

voudrais qu’un jour, ce serait extraordinaire, qu’on choisisse les dix plus grandes salles de France, tous les

trois, qu’on choisisse chacun douze chansons, et qu’on fasse la parade s’il le faut, puis qu’on rentre en

scène, Brassens, une chanson, il s’en va, Brel, une chanson, puis moi, puis Brel, puis Brassens, puis

moi… pendant deux heures. Voilà, c’est une idée de fou que j’ai…

[silence]

BREL : C’est assez fou ! [silence] Donc j’aime assez !

BRASSENS : Oui, ça n’est pas une mauvaise idée. Mais tu risquerais d’emmerder les gens qui

voudraient en voir d’autres aussi. Pourquoi nous trois, tu comprends ?

FERRÉ : Eh, parce que, nous trois, enfin… Un petit syndicat, comme ça.

BREL : Ah, on y vient ! [rires]

FERRÉ : C’est quelque chose de fraternel que je dis en ce moment, évidemment. Et sans aucune idée

d’argent ou quoi que ce soit derrière la tête. Ca me plairait beaucoup.

BRASSENS : Oui, on peut le faire, pourquoi pas, on n’a rien contre. On pourrait le faire à l’occasion

d’un truc, mais faire ça tous les jours, je ne sais pas si c’est faisable.

FERRÉ : Non, deux ou trois fois. Ca ne serait pas mal, non ?

BREL : Ah oui ! Moi, dès que c’est dément, je plonge !

- Comment vivez-vous ? Avec des copains ? Une femme ? En compagnie d’animaux ? Comment ?

FERRÉ : Les gens sont toujours intrigués par nos vies. Ils voudraient rentrer dans nos vies… Chaque fois

que les gens sont entrés chez moi par effraction sentimentale, il m’est toujours arrivé des salades

abominables. Il y a des gens qui se démerdent pour rentrer dans la vie des artistes… Et ce sont de sales

gens !

- C’est peut-être, en partie, parce qu’à cause de votre talent, vous êtes des hommes publics ?

BRASSENS : Ah oui ! Mais cela n’implique pas que je doive tout faire, tout accepter, tout dire. On a

quand même des droits. Les droits que personne ne conteste aux autres, pourquoi nous les contesterait-on

à nous ?

FERRÉ : Nous sommes des hommes publics, d’accord. Mais avec le métier que nous faisons, nous ne

pouvons pas ne pas souffrir de ça. Je vais vous raconter une histoire… Chaque fois que je rencontre dans

la rue une femme qui vend son corps – c’est à dire une ****** – , si elle me reconnaît, elle ne me fait

jamais l’article. J’ai longtemps cherché pourquoi et j’ai trouvé : c’est parce que je fais le même métier

qu’elle, parce que je vends quelque chose de mon corps. Quand on est sous les projecteurs, les gens

payent, ils achètent un billet, ils viennent nous voir, ils attendent que vous leur plaisiez ou que vous vous

cassiez la gueule. De toute façon, ils attendent quelque chose : c’est vous avec votre corps ! Et vous

vendez quoi ? Votre voix ! Eh bien, entre le dessus et le dessous, il n’y pas beaucoup de différence…

Voilà, pourquoi les putains ne me font pas l’article quand elles me reconnaissent. Et je suis sûr que pour

vous, c’est la même chose…

suite

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SUITE ET FIN BONNE LECTURE

 

BRASSENS : Tu sais, on ne va pas traîner souvent dans les endroits où se trouvent les dames dont tu

parles ! [Eclat de rire général]

BREL : De toute façon, en gros, elles sont aussi tristes que nous, et nous sommes aussi putains qu’elles.

FERRÉ : Bravo ! C’est merveilleux…

BREL : Pour en revenir à nos petites vies, je crois que si l’on écrit, c’est qu’on ne vit pas tellement.

FERRÉ : On vit comme tout le monde. Brassens, lui, il aime la peinture, je ne sais pas quoi, le café au

lait, les chats… Brel… il aime quoi ?

BREL : Moi ? Le travail ! N’importe quoi. J’aime travailler, [rire] c’est mon vieux vice !

BRASSENS : Vous prenez la vie de n’importe qui, c’est la nôtre, quoi. Chacun a ses tics, ses manies, ses

habitudes.

- Quelle place tient la femme dans votre vie ?

BRASSENS : Ca, c’est une autre histoire !

[rie de Brel]

FERRÉ : On est tous logés à la même enseigne.

BREL : Je crois qu’on a tous les trois répondu ! [rires]

BRASSENS : Oh, la femme, c’est un être charmant quand elle s’en donne la peine, et pénible sans s’en

donner la peine ! [rires]

BREL : Moi je crois que la femme est un être qui se donne toujours et de toute façon beaucoup de

peine… Mais l’homme aussi ! [rires]

- Qu’est que vous appréciez chez une femme ?

BRASSENS : [silence] Ca dépend de ce qu’on attend…

BREL : …Ce qu’on espère ou ce qu’on redoute.

BRASSENS : C’est tout simple ; un type rencontre une femme, il est amoureux d’elle, ça dure deux

mois, deux ans, vingt ans et puis c’est tout. C’est comme pour tout le monde. Là aussi c’est pareil…

- Pensez-vous que la femme soit capable d’apporter quelque chose d’important à l’homme ?

L’équilibre, par exemple ?

FERRÉ : Non !

- Pourquoi ?

FERRÉ : [silence] Parce que.

BRASSENS : Je pense que nous sommes, nous trois, des types qui, sur le plan de l’équilibre, pouvons

nous passer de femme. Sur un autre plan, non. A-t-on besoin tellement d’équilibre d’ailleurs ? Peut-être

qu’on n’en a pas besoin. [rires] Non, une femme peut être emmerdante, une femme peut être charmante,

ça dépend desquelles. Ca dépend de la femme à laquelle tu as affaire, de sa nature, de son caractère ou des

atomes crochus qu’on a avec elle… La femme en général, c’est une autre histoire.

- Léo Ferré, lui est beaucoup plus catégorique…

FERRÉ : Je dis non, parce que la femme n’a de cesse qu’arrive – après l’amour- la tendresse, ce bâtard

insoutenable de l’amour, qui fout tout par terre ; et qui, moi, me rend encore plus seul que tout. La

tendresse, c’est la fin du monde… Parce qu’on est chocolat. Quand quelqu’un est tendre avec moi, je suis

marron, je suis un esclave. Et si je suis un esclave je ne suis plus un homme ! Voilà, c’est tout. On n’a pas

le droit de se foutre dans les pattes d’une bonne femme qui vous tient en laisse !

BREL : Moi, je suis trop jeune pour parler de tout ça ! [rires]

BRASSENS : Je crois que sur le plan de notre vie de chanteur, nous n’avons pas tellement besoin des

femmes ; nous en avons besoin comme tout le monde, vous savez bien pourquoi…

BREL : Pour faire le marché !

BRASSENS : L’amour est une chose difficile… D’ailleurs, vous le voyez bien, ça ne réussit pas

tellement à la plupart des gens.

BREL : Mais il y a très peu de gens qui sont faits pour l’amour, très peu…

BRASSENS : Bien sûr. La plupart des gens, si on ne leur en avait pas parlé, ils n’y auraient pas même

pas pensé !

BREL : C’est une invention de la littérature de la Renaissance, enfin…

BRASSENS : Et puis, il ne faut pas oublier que la vie sexuelle a de l’importance chez les individus. C’est

même l’une des choses les plus importantes, après…

FERRÉ : L’amour, c’est une chose instantanée. C’est l’histoire du rêve familier de Verlaine, ou de la

passante de Baudelaire… Il faudrait pouvoir faire l’amour – je dis cela en toute quiétude, sans aucune

mauvaise pensée – avec une femme instantanément. Et ça c’est pas possible. Et pourtant, parfois, il vous

est arrivé de rencontrer une fille dans la rue, avec qui vous auriez fait l’amour immédiatement. Mais ça

n’est pas possible ; il y a dix mille tabous autour de ça…

BREL : On est tous les trois beaucoup trop féminins pour apprécier follement les femmes…

FERRÉ : On est, finalement, toujours exploités par les femmes !

BREL : Ah non ! non ! Moi qui ai une réputation de misogyne, je ne suis pas de ton avis. Je suis

relativement misogyne, mais je ne trouve pas que toutes les femmes exploitent tous les hommes.

FERRÉ : J’aime bien le "relativement" ! Explique-moi ce que ça veut dire "relativement misogyne"…

BRASSENS : Moi, je ne suis pas du tout misogyne. Une femme me plaît, elle me plaît. Une femme ne

me plaît pas, elle ne me plaît pas, ça ne va pas plus loin. Ce n’est pas un parti pris.

FERRÉ : Mais misogyne, ça ne veut pas dire ça.

BRASSENS : Oui… c’est plutôt le type qui se méfie des femmes.

BREL : C’est ça, je suis méfiant. Je ne crois pas tout leur baratin.

BRASSENS : Oui, mais, d’un autre côté, sont-elles vraiment responsables, les femmes ?

BREL : Non pas du tout. C’est pour cela que je dis " relativement misogyne ". Elles sont élevées comme

ça, souvent, avec cet instinct de propriété dans l’amour… Mais comme nous, nous sommes élevés aussi

d’une certaine façon.

FERRÉ : Vous savez, moi, je crois que l’homme est un enfant, alors que la femme n’est pas un enfant.

Voilà.

- Avez-vous le sentiment, tous les trois, d’avoir bien… ou très bien " réussi votre vie " ?

BREL : Elle n’est pas encore finie !

BRASSENS : On verra ça à la fin. Peut-être que ça va mal finir ? Jusque-là, on a fait à peu près ce qu’on

a voulu, comme on disait tout à l’heure.

FERRÉ : On est libre. On fait ce que l’on veut, tout de même…

BRASSENS : Ecoutez, faire des chansons, les chanter en public, et avoir le plaisir de voir que le public

les accepte et les reçoive, c’est quand même pas mal. Il y a de quoi être content, oui.

Propos recueillis par François-René CRISTIANI et Jean-Pierre LELOIR

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SUITE ET FIN BONNE LECTURE

 

BRASSENS : Tu sais, on ne va pas traîner souvent dans les endroits où se trouvent les dames dont tu

parles ! [Eclat de rire général]

BREL : De toute façon, en gros, elles sont aussi tristes que nous, et nous sommes aussi putains qu’elles.

FERRÉ : Bravo ! C’est merveilleux…

BREL : Pour en revenir à nos petites vies, je crois que si l’on écrit, c’est qu’on ne vit pas tellement.

FERRÉ : On vit comme tout le monde. Brassens, lui, il aime la peinture, je ne sais pas quoi, le café au

lait, les chats… Brel… il aime quoi ?

BREL : Moi ? Le travail ! N’importe quoi. J’aime travailler, [rire] c’est mon vieux vice !

BRASSENS : Vous prenez la vie de n’importe qui, c’est la nôtre, quoi. Chacun a ses tics, ses manies, ses

habitudes.

- Quelle place tient la femme dans votre vie ?

BRASSENS : Ca, c’est une autre histoire !

[rie de Brel]

FERRÉ : On est tous logés à la même enseigne.

BREL : Je crois qu’on a tous les trois répondu ! [rires]

BRASSENS : Oh, la femme, c’est un être charmant quand elle s’en donne la peine, et pénible sans s’en

donner la peine ! [rires]

BREL : Moi je crois que la femme est un être qui se donne toujours et de toute façon beaucoup de

peine… Mais l’homme aussi ! [rires]

- Qu’est que vous appréciez chez une femme ?

BRASSENS : [silence] Ca dépend de ce qu’on attend…

BREL : …Ce qu’on espère ou ce qu’on redoute.

BRASSENS : C’est tout simple ; un type rencontre une femme, il est amoureux d’elle, ça dure deux

mois, deux ans, vingt ans et puis c’est tout. C’est comme pour tout le monde. Là aussi c’est pareil…

- Pensez-vous que la femme soit capable d’apporter quelque chose d’important à l’homme ?

L’équilibre, par exemple ?

FERRÉ : Non !

- Pourquoi ?

FERRÉ : [silence] Parce que.

BRASSENS : Je pense que nous sommes, nous trois, des types qui, sur le plan de l’équilibre, pouvons

nous passer de femme. Sur un autre plan, non. A-t-on besoin tellement d’équilibre d’ailleurs ? Peut-être

qu’on n’en a pas besoin. [rires] Non, une femme peut être emmerdante, une femme peut être charmante,

ça dépend desquelles. Ca dépend de la femme à laquelle tu as affaire, de sa nature, de son caractère ou des

atomes crochus qu’on a avec elle… La femme en général, c’est une autre histoire.

- Léo Ferré, lui est beaucoup plus catégorique…

FERRÉ : Je dis non, parce que la femme n’a de cesse qu’arrive – après l’amour- la tendresse, ce bâtard

insoutenable de l’amour, qui fout tout par terre ; et qui, moi, me rend encore plus seul que tout. La

tendresse, c’est la fin du monde… Parce qu’on est chocolat. Quand quelqu’un est tendre avec moi, je suis

marron, je suis un esclave. Et si je suis un esclave je ne suis plus un homme ! Voilà, c’est tout. On n’a pas

le droit de se foutre dans les pattes d’une bonne femme qui vous tient en laisse !

BREL : Moi, je suis trop jeune pour parler de tout ça ! [rires]

BRASSENS : Je crois que sur le plan de notre vie de chanteur, nous n’avons pas tellement besoin des

femmes ; nous en avons besoin comme tout le monde, vous savez bien pourquoi…

BREL : Pour faire le marché !

BRASSENS : L’amour est une chose difficile… D’ailleurs, vous le voyez bien, ça ne réussit pas

tellement à la plupart des gens.

BREL : Mais il y a très peu de gens qui sont faits pour l’amour, très peu…

BRASSENS : Bien sûr. La plupart des gens, si on ne leur en avait pas parlé, ils n’y auraient pas même

pas pensé !

BREL : C’est une invention de la littérature de la Renaissance, enfin…

BRASSENS : Et puis, il ne faut pas oublier que la vie sexuelle a de l’importance chez les individus. C’est

même l’une des choses les plus importantes, après…

FERRÉ : L’amour, c’est une chose instantanée. C’est l’histoire du rêve familier de Verlaine, ou de la

passante de Baudelaire… Il faudrait pouvoir faire l’amour – je dis cela en toute quiétude, sans aucune

mauvaise pensée – avec une femme instantanément. Et ça c’est pas possible. Et pourtant, parfois, il vous

est arrivé de rencontrer une fille dans la rue, avec qui vous auriez fait l’amour immédiatement. Mais ça

n’est pas possible ; il y a dix mille tabous autour de ça…

BREL : On est tous les trois beaucoup trop féminins pour apprécier follement les femmes…

FERRÉ : On est, finalement, toujours exploités par les femmes !

BREL : Ah non ! non ! Moi qui ai une réputation de misogyne, je ne suis pas de ton avis. Je suis

relativement misogyne, mais je ne trouve pas que toutes les femmes exploitent tous les hommes.

FERRÉ : J’aime bien le "relativement" ! Explique-moi ce que ça veut dire "relativement misogyne"…

BRASSENS : Moi, je ne suis pas du tout misogyne. Une femme me plaît, elle me plaît. Une femme ne

me plaît pas, elle ne me plaît pas, ça ne va pas plus loin. Ce n’est pas un parti pris.

FERRÉ : Mais misogyne, ça ne veut pas dire ça.

BRASSENS : Oui… c’est plutôt le type qui se méfie des femmes.

BREL : C’est ça, je suis méfiant. Je ne crois pas tout leur baratin.

BRASSENS : Oui, mais, d’un autre côté, sont-elles vraiment responsables, les femmes ?

BREL : Non pas du tout. C’est pour cela que je dis " relativement misogyne ". Elles sont élevées comme

ça, souvent, avec cet instinct de propriété dans l’amour… Mais comme nous, nous sommes élevés aussi

d’une certaine façon.

FERRÉ : Vous savez, moi, je crois que l’homme est un enfant, alors que la femme n’est pas un enfant.

Voilà.

- Avez-vous le sentiment, tous les trois, d’avoir bien… ou très bien " réussi votre vie " ?

BREL : Elle n’est pas encore finie !

BRASSENS : On verra ça à la fin. Peut-être que ça va mal finir ? Jusque-là, on a fait à peu près ce qu’on

a voulu, comme on disait tout à l’heure.

FERRÉ : On est libre. On fait ce que l’on veut, tout de même…

BRASSENS : Ecoutez, faire des chansons, les chanter en public, et avoir le plaisir de voir que le public

les accepte et les reçoive, c’est quand même pas mal. Il y a de quoi être content, oui.

Propos recueillis par François-René CRISTIANI et Jean-Pierre LELOIR

 

ils existent en video

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Leo Ferre - La Solitude

 

Leo Ferre -

 

La Solitude

 

Je suis d'un autre pays que le votre, d'un autre quartier, d'une autre solitude.

Je m'invente aujourd'hui des chemins de traverse.

Je ne suis plus de chez vous, j'attends des mutants.

Biologiquement je m'arrange avec l'idée que je me fais de la biologie: je pisse, j'éjacule, je pleure.

Il est de toute première instance que nous faconnions nos idées comme s'il s'agissait d'objets manufacturés.

Je suis pret à vous procurer les moules.

Mais, la solitude.

Les moules sont d'une texture nouvelle, je vous avertis.

Ils ont été coulés demain matin.

Si vous n'avez pas dès ce jour, le sentiment relatif de votre durée,

il est inutile de regarder devant vous car devant c'est derrière, la nuit c'est le jour.

Et la solitude.

Il est de toute première instance que les laveries automatiques, au coin des rues,

soient aussi imperturbables que les feux d'arret ou de voie libre.

Les flics du détersif vous indiqueront la case où il vous sera loisible de laver ce que vous croyez etre votre conscience et qui n'est qu'une dépendance de l'ordinateur neurophile qui vous sert de cerveau.

Et pourtant la solitude.

Le désespoir est une forme supérieure de la critique.

Pour le moment, nous l'appellerons "bonheur",

les mots que vous employez n'étant plus "les mots" mais une sorte de conduit à travers lequels, les analphabètes se font bonne conscience.

Mais la solitude.

Le Code civil nous en parlerons plus tard.

Pour le moment, je voudrais codifier l'incodifiable.

Je voudrais mesurer vos danaides démocraties.

Je voudrais m'insérer dans le vide absolu et devenir le non-dit,

le non-avenu, le non-vierge par manque de lucidité.

La lucidité se tient dans mon froc...

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Jacques Brel Ne me quitte pas

 

Jacques Brel

 

Ne me quitte pas

 

Ne me quitte pas

Il faut oublier

Tout peut s'oublier

Qui s'enfuit déjà

Oublier le temps

Des malentendus

Et le temps perdu

A savoir comment

Oublier ces heures

Qui tuaient parfois

A coups de pourquoi

Le cœur du bonheur

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

 

Moi je t'offrirai

Des perles de pluie

Venues de pays

Où il ne pleut pas

Je creuserai la terre

Jusqu'après ma mort

Pour couvrir ton corps

D'or et de lumière

Je ferai un domaine

Où l'amour sera roi

Où l'amour sera loi

Où tu seras reine

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

 

Ne me quitte pas

Je t'inventerai

Des mots insensés

Que tu comprendras

Je te parlerai

De ces amants-là

Qui ont vu deux fois

Leurs cœurs s'embraser

Je te raconterai

L'histoire de ce roi

Mort de n'avoir pas

Pu te rencontrer

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

 

On a vu souvent

Rejaillir le feu

De l'ancien volcan

Qu'on croyait trop vieux

Il est paraît-il

Des terres brûlées

Donnant plus de blé

Qu'un meilleur avril

Et quand vient le soir

Pour qu'un ciel flamboie

Le rouge et le noir

Ne s'épousent-ils pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

 

Ne me quitte pas

Je n'vais plus pleurer

Je n'vais plus parler

Je me cacherai là

A te regarder

Danser et sourire

Et à t'écouter

Chanter et puis rire

Laisse-moi devenir

L'ombre de ton ombre

L'ombre de ta main

L'ombre de ton chien

Mais

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas

Ne me quitte pas.

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Georges Brassens Il n'y a pas d'amour heureux

 

POUR BRASSENS JE LUI EST PREFER CELLE LA A LA PLACE DE BANC PUBLIC

Georges Brassens

 

Il n'y a pas d'amour heureux

Georges Brassens

Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force

Ni sa faiblesse ni son cœur. Et quand il croit

Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix

Et quand il croit serrer son bonheur il le broie

Sa vie est un étrange et douloureux divorce

 

Il n'y a pas d'amour heureux

 

Sa vie elle ressemble à ces soldats sans armes

Qu'on avait habillés pour un autre destin

A quoi peut leur servir de ce lever matin

Eux qu'on retrouve au soir désarmés incertains

Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes

 

Il n'y a pas d'amour heureux

 

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure

Je te porte dans moi comme un oiseau blessé

Et ceux-là sans savoir nous regardent passer

Répétant après moi les mots que j'ai tressés

Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent

 

Il n'y a pas d'amour heureux

 

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard

Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l'unisson

Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson

Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson

Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare

 

Il n'y a pas d'amour heureux

 

Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur

Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri

Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri

Et pas plus que de toi l'amour de la patrie

Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs

 

Il n'y a pas d'amour heureux

Mais c'est notre amour à tous deux

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OUI voila trois stauge sont ils les meilleurs?

du moment oui

 

ils ont ete bon

bien d'autre l'ont été

 

mais eux sont des artiste contestataire

nuance et complaisance s'annonce

non bien sur pas qu'en France

partout et la ou il y a la souffrance

comme les pas de cadence

et l'arrogance

comme sentence

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  • 4 weeks later...

Economiser Et Laimer

 

Deux Principes Fondamentales De La Vie: Economiser Et Aimer

De L'immanence De La Survie Materielle Assurer Par L'economie Par Laquelle L'homme Prend En Charge Son Moyen De Subsistance, En Charge De Sa Destinee, Etant Libre Et 2) De La Transcendance De La Survie Par L'amour Qui Assure La Conservation De L'homme Ou De L'humanite A Travers Le Jeu De Naissances, La Repdrouction Biologique De L'homme. Economiser Sans Aimer C'est La Mort De L'humanite Dans Un Siecle. Aimer Sans Economiser C'est La Mort De L'homme Dans Ou De L'humanite Dans Un Mois Ou Un An. Vivre C'est Survre Et Transcender, Economiser Et Aimer. Tout Le Reste S'en Suit

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Deux Principes Fondamentales De La Vie: Economiser Et Aimer

De L'immanence De La Survie Materielle Assurer Par L'economie Par Laquelle L'homme Prend En Charge Son Moyen De Subsistance, En Charge De Sa Destinee, Etant Libre Et 2) De La Transcendance De La Survie Par L'amour Qui Assure La Conservation De L'homme Ou De L'humanite A Travers Le Jeu De Naissances, La Repdrouction Biologique De L'homme. Economiser Sans Aimer C'est La Mort De L'humanite Dans Un Siecle. Aimer Sans Economiser C'est La Mort De L'homme Dans Ou De L'humanite Dans Un Mois Ou Un An. Vivre C'est Survre Et Transcender, Economiser Et Aimer. Tout Le Reste S'en Suit

 

belle leçon de vie

 

Ne faut il pas etre organiser a vivre?

 

l'enseigner encore et ncore

 

devant la surproduction

et les manqu a gagner des uns

pour eviter les suicides

 

devant la manie de la mondialisation et ses pouvoirs a tuer l'autre

 

on aura rendu bete l'homme

 

comme si on a tout pour lui

 

il a plus rien a faire

 

on a ds pays du sud qui ne plante rien tout leur vien par bateau

 

grace a leur petrole

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