Clouseau 899 Posted June 5, 2007 Partager Posted June 5, 2007 Chaker Al-Abassi et l'homme qui lit une feuille . Des sacs poubelle éventrés, des masures en parpaing et devant l'école flanquée du drapeau bleu de l'ONU, des gamins qui se chamaillent : "Fils de **** de Sharon !" Non loin, des femmes en noir et des vieux silencieux. Wehdat, à Amman en Jordanie, offre un spectacle semblable aux autres camps de réfugiés palestiniens du Moyen-Orient. Dans ce lieu, où afficher profil bas est le meilleur moyen d'échapper au harcèlement des services de sécurité jordaniens, a vécu Chaker Al-Abssi, un enfant qui aimait jouer au ping-pong, doué pour les études, devenu commandant du Fatah Al-Islam en guerre contre l'armée libanaise dans un autre camp palestinien, à Nahr Al-Bared. "Wehdat vaut mieux que n'importe quel camp du Liban, dit une cousine de Chaker. Mais c'est un lieu sans espoir. Quarante-quatre ans que j'y vis, sans avoir obtenu de passeport jordanien." Chaker Al-Abssi, lui, possédait trois passeports : libyen, yéménite et jordanien, avant d'avoir été déchu de cette dernière nationalité en 2003. Les autorités jordaniennes l'ont jugé par contumace et condamné à mort pour son implication dans l'assassinat, à Amman, en octobre 2002, du diplomate américain Lawrence Foley. A Wehdat, beaucoup le croient innocent. Chaker, dit-on, n'a jamais remis les pieds en Jordanie depuis son départ en 1973, quand il s'est engagé dans les rangs du Fatah de Yasser Arafat. C'est aussi l'avis de son frère, Abdel Razaq, médecin, qui a quitté Wehdat pour Zarqa, un faubourg d'Amman rendu célèbre par Abou Moussab Al-Zarkaoui, le chef défunt d'Al-Qaida en Irak. "Le djihadisme international n'attirait pas Chaker. Sa cause a toujours été la libération de Jérusalem", affirme Abdel Razaq. De la Palestine, Chaker n'a connu que le camp d'Ain Al-Sultan, près de Jéricho. C'est Abdel Razaq qui accepte de raconter son parcours. La guerre de 1967 provoque le départ de la famille vers Wehdat, où se trouve une partie du clan Al-Abssi. Chaker a 12 ans et "ce caractère commun à la jeunesse palestinienne des camps qui a vu ses parents humiliés et dépossédés : la colère et la frustration qui conduisent à l'activisme". Il adhère à une organisation secrète des jeunesses du Fatah et, après son baccalauréat, rejoint l'organisation palestinienne. AU LIBAN EN 1982 Le Fatah l'aide à obtenir une bourse d'étude en médecine, en Tunisie, en 1973. "Mais au bout d'un an, il a déclaré qu'il souhaitait étudier une discipline plus utile à la cause palestinienne", se souvient Abdel Razaq. Chaker veut devenir pilote. Son frère possède une seule photo de lui, posant en uniforme d'aviateur libyen. C'est en Libye que le Fatah lui trouve une place à l'Académie d'aviation où il suit une formation d'au moins trois ans. La période qui suit est floue. Chaker se serait engagé dans la guérilla sandiniste au Nicaragua. Il revient au Proche-Orient, au Liban, se battre aux côtés d'Arafat. Après le siège israélien de Beyrouth en 1982, les combattants palestiniens sont dispersés. Chaker va au Yémen du Nord, où il devient instructeur pour pilotes de chasse. Fin 1983, la discorde s'empare du Fatah. "Chaker reprochait à ses dirigeants d'être corrompus et d'être basés trop loin de la Palestine. Il a rejoint la faction dissidente de Fatah Al-Intifada, dans le camp palestinien de Hajar Al-Assouad, près de Damas", un groupe contrôlé par le régime syrien. Eclate alors la guerre libyo-tchadienne. En signe d'attachement au pays qui l'a formé, il se porte volontaire auprès de l'armée libyenne. Puis s'établit à Tripoli jusqu'à la décision de Mouammar Kadhafi, en 1995, après les accords d'Oslo, de "jeter les Palestiniens dans le désert, leur disant qu'ils n'avaient qu'à rentrer chez eux. Mon frère avait obtenu la nationalité libyenne. Personne ne lui demandait de partir. Mais il a vécu cela comme une humiliation et est reparti pour Damas". A partir de là, il effectue des allers-retours au Liban, dans les camps d'entraînement du Fatah Al-Intifada. S'opère alors un changement radical. "Chaker est devenu très religieux. Il se rendait à la mosquée tous les jours pour étudier le Coran, qu'il a appris par coeur en trois ans." Pourquoi ce changement ? " Les Palestiniens ont essayé le marxisme et le nationalisme arabe. Tout a échoué. Je crois que pour Chaker, l'islamisme était la solution ultime." Abdel Razaq affirme avoir revu son frère une dernière fois en 2005, à Damas, alors qu'il sortait d'un long emprisonnement en Syrie pour trafic d'armes. Ensuite, il s'est installé à Nahr Al-Bared, au Liban, et a fondé le Fatah Al-Islam. Puis il y a eu les actualités à la télévision, les combats. Et la fièvre dans le camp de Wehdat. "Les gens ont dit à ma mère : "Regarde, on parle de ton fils à la télé". Elle a prié pour que Dieu lui donne la victoire. Ses angoisses l'ont tuée. Elle est morte il y a une semaine, elle avait 87 ans... Maintenant, nous attendons qu'il devienne martyr, en espérant que sa mort sera le combustible qui enflammera la cause palestinienne." Plusieurs islamistes du Fatah Al-Islam se sont rendus au Fatah Un nombre inconnu d'islamistes du Fatah Al-Islam, retranchés dans le camp de Nahr Al-Bared au Liban, se sont rendus au Fatah, selon Khaled Al-Aref, numéro deux du mouvement palestinien au Liban."Ils se sont rendus lundi et mardi aux hommes du Fatah", a-t-il affirmé depuis le camp palestinien de Rachidiyeh, ajoutant qu'il n'avait pas "encore de chiffres exacts". Un autre responsable du Fatah, Fathi Abou Ardat a, pour sa part, confirmé deux redditions. Les autorités libanaises, qui détiennent déjà 20 suspects, exigent la reddition du groupuscule islamiste, engagé dans des combats avec l'armée libanaise depuis le 20 mai. Citer Link to post Share on other sites
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