Le premier cimetière musulman français voit le jour à Strasbourg

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Initiative unique dans l’Hexagone, Strasbourg (Est) va accueillir le premier cimetière musulman français sous gestion publique. Et pour cause, sur les quelque 1 000 concessions musulmanes que compte la ville, il ne resterait que 197 places libres. Or, les musulmans représenteraient environ 10 % de la population strasbourgeoise, soit 27 000 personnes.

 

 

 

Interrogé par france24.com, le président du Conseil régional du culte musulman d’Alsace-Moselle (zone géographique regroupant la région Alsace et le département lorrain de la Moselle), Driss Ayachour, confirme une "augmentation exponentielle" des demandes de concessions. "Parmi la nouvelle génération des musulmans de France, certains n’ont même jamais mis un pied dans leur pays d’origine et d’autres ne s’y rendent que de façon épisodique, constate-t-il. Ainsi, il nous semblait nécessaire de présenter un projet [de cimetière musulman] aux autorités locales, car nous sommes persuadés que ce sont ces initiatives qui favorisent la stabilité et la cohésion sociale.’’

 

 

 

Arguments qui ont convaincu le maire socialiste de Strasbourg, Roland Ries. ‘‘Ce projet constitue un pas en avant qui va permettre de mieux intégrer l’islam à la République’’, déclare-t-il à france24.com. Cela fait maintenant de nombreuses années que les musulmans de France réclament des espaces réservés pour enterrer leurs proches. Alors que les premières générations avaient pris l’habitude de souscrire à des assurances spécifiques pour rapatrier leur corps vers leur pays d’origine, les nouvelles générations souhaitent aujourd’hui être enterrées en France, tout en respectant les rituels d’inhumation islamiques.

 

 

 

Spécificité alsacienne

 

 

 

Certes, quelques initiatives d’ordre privé ont déjà été lancées en France - notamment à Bobigny, dans la région parisienne - mais il s’agit du premier cimetière musulman public qui va voir le jour. Le droit local d'Alsace-Moselle, "le concordat", permet ainsi aux autorités de ne pas se soumettre à la loi de 1901 sur la séparation des Églises et de l’État, et d’organiser les cultes catholique, protestant et israélite. De plus, même si l’islam n'a pas le statut de culte reconnu, ce même droit local permet à la municipalité de traiter avec les associations cultuelles musulmanes.

 

 

 

Par ce geste, ‘’fidèle à sa philosophie de maire laïque’’, Roland Ries tient à ‘’traiter toutes les religions sur un pied d’égalité’’, et se défend de prendre parti. ‘’Je n’ai pas à faire de choix, s’exclame le maire. Les droits et les devoirs sont les mêmes pour tous. A partir du moment où il existe des cimetières juifs, je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas de cimetières musulmans.’’

 

 

 

Alors que la communauté musulmane représenterait cinq à six millions de personnes en France, les 70 carrés réservés aux musulmans ne suffisent plus. Mais la République française ne permet pas aux collectivités locales de créer des cimetières confessionnels. Elle autorise toutefois l’organisation de carrés confessionnels au sein des cimetières publics. Une circulaire ministérielle émanant de l’ancienne ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, et datant du 19 février 2008, encourageait d’ailleurs les maires à développer ce type d’aménagements au sein des cimetières français. Ces aménagements se décident en fonction des demandes et de l’espace disponible sur le site concerné, tout en respectant le principe de neutralité des parties communes du cimetière, ainsi que le principe de croyance individuelle.

 

 

 

En attendant l’inauguration prévue pour la fin 2010, Driss Ayachour espère poursuivre dans cette ‘’voie’’ et solliciter d’autres municipalités d’Alsace-Moselle ‘‘pour créer d’autres cimetières dans les grandes villes, sans oublier de poursuivre la création de carrés dans des villes plus petites’’.

 

 

france24