N'sina koulchi

[achimy 10]

N'sina koulchi

par El-Guellil

 

ça y est n'sina koulchi. El bled avant tout. N'sina les détournements, le chômage. On a oublié le «pouffoir» d'achat. Les classes surchargées, l'université qui ne cesse de reporter sa rentrée. Le temps d'une victoire des Verts, nsina el harraga qui mettent le cap vers le Nord. Les jeunes militaires réservistes fauchés par les bombes assassines. Le temps d'une victoire, ces mêmes femmes brimées lancent leurs youyous dans la profondeur des nuits du code de la famille, comme pour nous rappeler que ce sont elles qui ont enfanté tous ces joueurs.

 

Le temps d'une victoire, on oublie de demander à ces milliers de jeunes, scandant «one two tree viva l'Algérie», d'arabiser leur joie. Le temps d'une victoire, on charge toute la famille faisant fi des amortisseurs «taiwan» et de toutes les pièces contrefaites.

 

Les bombes d'insecticide se transforment, le temps d'une victoire, en torche «khelli el moustique tranquille». Oublions aussi les torchères et tous ces gaz qui partent en fumée. Le temps d'une victoire, l'état d'urgence a été levé, mais les urgences demeurent. Le temps d'une victoire, on insulte l'arbitrage et on oublie les arbitrages bafoués dans des conflits sociaux. Le temps d'une victoire, on permet à sa soeur de sortir le soir partager un moment de bonheur qu'elle n'aura pas toute la durée d'un mariage forcé ou arrangé. Le temps dune victoire, on comptabilise les buts pour et les buts contre et on oublie ceux qui, toute la journée, errent sans but.

 

Le temps d'une victoire, tout le peuple se transforme en spécialiste du football, maîtrisant tous les domaines. Le temps d'une victoire, on s'aperçoit que le foot peut rassembler plus que tous les partis, partis de rien et qui font beaucoup, et les partis, partis de beaucoup qui ne font rien. Le temps d'une victoire est trop court, vivons la joie en attendant la joie de vivre.

 

Le Quotidien d'Oran

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