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M. Driencourt : Avec des diplomates comme vous, la France n’a pas besoin de l’Algérie pour s’effondrer


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Mon ami Ahmed Bensaada, canadien depuis 30 ans mais natif d’Algérie, et qui garde dans ce pays des « antennes », publie un court article décoiffant sur un diplomate français, ambassadeur de France en Algérie à deux reprises en réponse à un article de celui ci publié dans le Figaro Vox1.

Son titre ? « M. Driencourt : Avec des diplomates comme vous, la France n’a pas besoin de l’Algérie pour s’effondrer ».

Ce qu’il y dénonce est argumenté et sourcé. Son propos s’inscrit dans le droit fil du livre publié par Vincent Jauvert, journaliste d’investigation français connu et reconnu, en Avril 2017 : « La face cachée du Quai d’Orsay : Enquête sur un ministère à la dérive »2.

Les pratiques « copains-coquins » que l’auteur dénonce dans son court article font apparaître le niveau de conflits d’intérêt et de corruption qui gangrène, toujours plus, une partie de la haute administration française.

Ce qui est dommageable pour notre pays, c’est que les faits dénoncés par l’auteur sont désormais connus à l’étranger (Canada, Algérie et ailleurs dans les pays francophones…) et qu’ils portent atteinte à la crédibilité de toute notre diplomatie sans que personne ne songe vraiment à s’en émouvoir dans les cercles du pouvoir, bardés de certitudes, où la complicité et la connivence semblent être la règle.

Dominique Delawarde

***

par Ahmed Bensaada

Non, M. Driencourt. La France n’a pas besoin de l’Algérie pour s’effondrer, comme vous l’avez beuglé dans votre récent article. Avec des diplomates comme vous, elle sombre toute seule, sans assistance aucune.

Il faut juste admirer les « succès » diplomatiques de la France pour s’en rendre compte : un désastre en Ukraine, une débâcle au Sahel, un camouflet en Australie, et j’en passe.

Mais dites-moi : est-ce dans les prestigieuses écoles que vous avez fréquentées qu’on vous a inculqué ce style si éminemment anti-diplomatique ? Est-ce dans ces temples de la diplomatie qu’on vous a enseigné la provocation, l’acrimonie et l’inimitié ? Est-ce dans ces lieux que vous avez appris à exceller dans la tartuferie ?

M. Driencourt, sachez que vous êtes exactement à l’image de ce qui a été nommé « Quai d’Orsay à la dérive ».

N’est-ce pas vous qui avez déclaré que « le rôle d’un ambassadeur français à Alger, ce n’est pas de remettre de l’huile sur le feu, fût-ce de l’huile d’olive ! C’est au contraire de rapprocher, de raccommoder quand il le faut, de faire de la dentelle. Et quand on fait de la dentelle parfois on se pique avec une épingle. […] Il faut éviter les piqûres d’épingles » ?

Une fois en retraite, vous avez hypocritement troqué votre coiffe de dentellière contre un vulgaire casque militaire. Il ne s’agit plus de piqures d’épingles, mais d’une attaque avec des missiles à tête nucléaire ! D’ailleurs, n’avez-vous pas été chef du service des ventes de matériels militaires au ministère des Affaires étrangères ?

Dans votre violente diatribe contre l’Algérie, vous avez parlé de « corruption » et « d’affairisme ». Mais en consultant votre parcours professionnel, on se rend rapidement compte que vous êtes très certainement un expert en la matière.

Au fait, connaissez-vous un certain Reda Kouninef ? Oui, oui, l’oligarque algérien, membre du cercle restreint de la mafia boutefliklienne actuellement en prison, emporté par le Hirak. Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez réussi à lui vendre la superbe villa « Les Zebboudj », propriété de la France depuis 1936, pour moins de la moitié de la somme affichée par l’état français ? Une villa sise à El Biar, d’une superficie de 250 mètres carrés habitables, construite sur un terrain de plus d’un hectare !

En effet, sur le site du Sénat français, on peut voir que le prix affiché est de 10 millions d’euros alors que la vente a été conclue à 4,87 millions d’euros.

 
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Le document précise aussi que cette cession a été approuvée le 22 mars 2011, date à laquelle vous étiez en poste à Alger.

Certains observateurs pensent que cet oligarque est un de vos amis. Tiens donc, est-ce vrai ? Si c’est le cas, ceci expliquerait cela.

Autres questions : pourquoi cela a pris cinq relances pour que le député François Cornut-Gentille obtienne une réponse (après une attente de près de 18 mois) ? Et pourquoi le nom de l’acquéreur, en l’occurrence Reda Kouninef, ne figure pas dans la réponse officielle ? Est-ce si gênant que ça ?

Alors, on parle toujours de « corruption » et « d’affairisme » ?

Continuons dans la même veine.

Vous devez aussi connaitre un certain Bruno Delaye, ancien ambassadeur de France en Espagne (2007-2012) ? Mais oui, le dandy de la diplomatie française présenté comme « hâbleur, gouailleur, charmeur », « brillant, bon vivant », « l’enfant chéri du Quai d’Orsay » « qui aime le vin, les femmes et la corrida » et qui « tutoie François Hollande et Carla Bruni ».

Ce « beau gosse » diplomate a juste confondu la caisse du Quai d’Orsay avec son propre portefeuille ! C’est vrai qu’avec son train de vie, il avait besoin de cash. Il s’est donc servi en piquant près de cent mille (1000 000) euros pour assaisonner sa « dolce vita ». Sauf qu’il s’est fait prendre la main dans le sac, et le sac était plein. Le dossier a été transmis à l’inspection générale du Quai d’Orsay, surnommée les « bœuf-carottes » des diplomates. Et qui était à la tête de cette inspection ? Je vous le donne en mille : Xavier Driencourt. Ce dernier, qui venait de quitter Alger en 2012 a été nommé à la tête de cette inspection. Mais au lieu d’agir comme il se doit dans ce type de dossier, il décida de « patienter » pendant plusieurs mois avant de lancer une enquête. Mais pourquoi avoir attendu si longtemps alors que « l’article 40 du Code de la procédure pénale contraint tout fonctionnaire qui acquiert la connaissance d’un possible délit d’en informer sans délai le procureur général » ?

Questionné par le journaliste Vincent Jauvert, auteur du livre « La face cachée du Quai d’Orsay », Driencourt « refusa de parler en détail de l’affaire ». Selon un diplomate important interviewé par l’auteur, « plusieurs agents d’ambassade ont été radié pour avoir détourné quelques milliers d’euros ». Mais quelle sanction pour Bruno Delaye ? Pas de quoi fouetter un chat. Pour Vincent Jauvert, « le cas Delaye a été traité avec une grande mansuétude ». Bien sûr avec « l’indulgence active » du chef des « bœuf-carottes », M. Xavier Driencourt.

Alors comme ça, on protège les copains appartenant à la secte des diplomates détourneurs de fonds ? Et c’est vous qui venez nous parler de « corruption », « d’affairisme » et « d’effondrement de la France ? Vous ne vous rendez pas compte que vos agissements baignent dans les deux premiers et provoque le troisième ?

Ce n’est pas tout. Qu’avez-vous à dire au sujet de cette grave affaire d’espionnage lorsque vous étiez en poste à Alger ? Les employés de votre ambassade n’avaient-ils pas des relations étroites avec un « baron de la drogue » reconverti dans des trafics maffieux de tous genres grâce à la collaboration de fonctionnaires malhonnêtes à qui on promettait « d’accélérer leurs procédures de visas » ?

Comme pour l’auteur du livre, vous avez répondu au journaliste qui vous a contacté que cette affaire ne vous dit « absolument rien, mais rien du tout ». Ah oui ? Une affaire d’espionnage montée par vos services, menée par votre personnel, au profit de votre ambassade et vous n’en savez rien ? Allons donc M. l’ex-ambassadeur, votre diplomatie n’a plus rien à voir avec la dentelle, mais plutôt avec la plomberie des eaux usées !

Et avec ça, vous osez écrire que vous avez de « l’amitié pour l’Algérie » et du « respect pour le peuple algérien » ! En l’espionnant ?

En Algérie, nous n’avons pas la même conception de l’amitié et du respect, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais pourquoi avoir choisi ce timing pour faire tout ce tintamarre belliqueux contre l’Algérie et ses institutions ? Certainement pour soutenir Radio M car, comme je l’ai écrit récemment, toutes les occasions sont bonnes pour diaboliser notre pays.

Mais ce qui m’étonne dans votre raisonnement, c’est que vous insinuez que ce média n’a pas reçu de financement étranger alors que c’est le Quai d’Orsay où vous travaillez en 2014 qui l’a subventionné par l’intermédiaire du CFI (Canal France International). Pour en avoir le cœur net, vous pouvez consulter les comptes de cet organisme et demander à M. Bernard Émié (ambassadeur de France en Algérie 2014-2017) actuellement directeur de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure) comment cet argent a été investi par Radio M. De notre côté, on en sait quelque chose, mais des précisions sur la question seraient les bienvenues.

En définitive, M. le diplomate, vos faits d’armes en diplomatie ne riment qu’avec la compromission, l’affairisme, la fréquentation d’oligarques véreux, l’espionnage ou le copinage avec des collègues escrocs.

C’est pour toutes ces raisons que votre logorrhée insipide qui ne contient aucun, mais alors aucun argument tangible, montre à quel point la diplomatie française est en crise.

Non, M. Driencourt. La France n’a pas besoin de l’Algérie pour s’effondrer. À cause de vous et des fonctionnaires de votre acabit, elle s’effondrera toute seule.

Et ce que vous ne comprenez pas malgré vos études dans ces écoles prestigieuses, c’est que tout l’Occident, obnubilé comme vous par son complexe de supériorité, est en train de s’écrouler. Le tsunami arrive et vous vous mettez en maillot pour aller vous baigner. Faites attention, votre caleçon risque de ne pas résister à la vague !

source : Ahmed Ben Saada

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