Jump to content

SAID SADI-DEPOSITION AU PROCES EN DIFFAMATION INTENTE AU CAPITAINE ABOUD. (TRIBUNAL DE MARSEILLE, 30 JUIN 2023 )


Recommended Posts

 
Madame la présidente, messieurs du tribunal. Je m’appelle Said Sadi, j’ai 76 ans, je suis marié et père de quatre enfants. Je suis médecin psychiatre aujourd’hui à la retraite. J’ai déposé une plainte en diffamation contre monsieur Hichem Aboud, ancien capitaine de la police politique algérienne qui s’est adonné à de nombreuses diffusions d’allégations mensongères, infamantes et dangereuses pour ma famille et ma personne.
Parcours d’une génération
J’appartiens à la génération d’après-guerre qui a rapidement compris que les promesses d’un avenir de liberté, de paix et de progrès promis par les combattants pendant la guerre de libération nationale était une chimère. Confrontée à une indépendance confisquée par l’abus d’autorité et la prédation, ma génération s’est retrouvée rapidement projetée sur le terrain des luttes. Le hasard des naissances a fait que j’appartiens à la communauté kabyle qui, en plus de l’arbitraire infligé à tous les Algériens, devait comprendre et admettre que l’avenir du pays passait par la disparition de notre culture, langue et histoire.
C’est ainsi que lycéen j’ai lutté pour la liberté d’organisation de la jeunesse et la défense de la langue et la culture berbères niées et combattues par le FLN. Ainsi, j’avais été exclus en terminale pour avoir refusé d’arabiser une pièce de théâtre qui devait se jouer en berbère. Il a fallu que mes camarades lancent une grève des cours pour que je sois réintégré.
A l’université, j’ai continué mon combat avec des hommes de lettres comme Kateb Yacine et Mouloud Mammeri. J’aurai ainsi à inviter en 1969 la cantatrice kabyle Marguerite Taos Amrouche à chanter dans notre cité universitaire alors que Boumediène l’avait interdite de participer au festival panafricain qui se déroulait à Alger au simple motif qu’elle était de confession chrétienne. Plus tard, je serai parmi les animateurs du Mouvement culturel berbère qui fut à l’origine de la première insurrection citoyenne pacifique en avril 1980 en déclenchant ce qui sera appelé « le printemps berbère ». Ce qui m’a valu d’être déféré avec 23 de mes camarades à la Cour de sureté de l’Etat. Grâce à une puissante mobilisation de la population,
nous serons libérés après deux mois de tortures et de mise au secret dans les locaux de la police politique
En 1985 je fonde avec d’autres camarades la Ligue algérienne des droits de l’homme. Ce qui me vaut une nouvelle présentation à la cour de sureté de l’Etat où je suis condamné à trois ans de prison et détenu dans le très rigoureux pénitencier de Lambèse.
En 1989, je lance la première section d’Amnesty International en Algérie et avec l’ouverture au pluralisme politique qui a suivi les émeutes d’octobre 1988, je fonde, avec deux autres camarades, un parti politique appelé le RCD, Rassemblement pour la cuture et la démocratie, convaincu que l’émancipation culturelle était le préalable à toute alternative démocratique. Notre formation d’inspiration social-démocrate revendiquait la laïcité, assumait et promouvait la pluralité culturelle du pays et exigeait l’abrogation du code de la famille qui faisait et fait toujours de l’Algérienne une mineure à vie. Nous inscrivions notre démarche dans une perspective nord-africaine et appelions à une lecture dépassionnée de la période coloniale pour construire une relation adulte et féconde avec le partenaire français et, au-delà, l’Europe démocratique. Enfin, et c’est important de le souligner, nous nous prononcions pour la double rupture. C’est à dire que nous refusions de voir la scène politique algérienne réduite au choix toxique du militarisme ou de l’intégrisme qui sont en fait les deux mâchoires d’une même tenaille.
Sous les tirs croisés du pouvoir et des islamistes
Récusant autoritarisme policier et péril théocratique, le projet de société que nous portions sera au coeur du débat public dans l’opposition démocratique pendant une trentaine d’années, ce qui nous mettait sous les tirs croisés des islamistes et des militaires.
Les menaces sur ma personne et ma famille en Algérie étaient permanentes. En 1994 je suis ciblé par un attentat qui avait fait deux morts tombés à moins d’un mètre de moi et 71 blessés. Les bombes que l’on a fait exploser visaient une gigantesque manifestation où nous exigions la vérité sur l’assassinat du président Boudiaf exécuté en direct à la télévision. L’opération était clairement programmée par un clan de la police politique qui ne voulait surtout pas que le dossier Boudiaf soit réouvert.
D’un autre côté, 123 militants du RCD sont assassinés par les groupes armés islamistes. En France le danger était aussi permanent et pendant treize ans les ministres de l’intérieur Charles Pasqua et Jean Pierre Chevènement m’ont imposé une garde rapprochée à chacun de mes séjours sur le sol français.
En 2012, je quitte mes responsabilités organiques dans un congrès où je soumets mon bilan moral, politique et financier devant 3200 participants. C’était la première fois dans l’Algérie indépendante qu’un dirigeant quitte ses fonctions dans ces conditions. Au-delà des convictions doctrinales et politiques qui fondent et animent notre combat, notre action était aussi une pédagogie qui ambitionnait d’ancrer dans la société l’idée qu’une fonction politique n’était pas un métier mais une mission.
Aujourd’hui je n’ai aucune responsabilité partisane. Je continue à intervenir dans le débat public à travers des contributions qui, je pense pouvoir le dire, participent sinon à éviter du moins à réduire les confusions et les amalgames dont se nourrissent les despotismes et les populistes.
Un apparatchik opportuniste
C’est cette vie de luttes et d’engagements que s’emploie à attaquer, par des procédés particulièrement indignes, monsieur Hichem Aboud ; un capitaine des services spéciaux algériens activant sous la couverture de journaliste. Apparatchik pendant toute la période du parti unique où il a, entre autres, eu à gérer la revue de l’armée El Djeich qui désignait aux gémonies toute personne osant une opinion libre, il fut un agent zélé du régime. Il prénomma l’un de ses enfants Houari Boumediène et gravit rapidement les échelons pour devenir le chef de cabinet du général Betchine, le responsable de la police politique qui fut, lors des émeutes d’octobre 1988 réprimées dans le sang, l’inspirateur et le coordinateur des tortures de masse infligées aux manifestants voire de simples citoyens suspectés d’idées hostiles au pouvoir. Le livre blanc qui atteste de ces crimes est mis à la disposition du tribunal.
Après quelques déboires dont de sombres querelles d’argent l’opposant à son mentor, le capitaine Aboud quitte le pays et devint un transhumant politique naviguant d’un clan à l’autre, ce qui n’alla pas sans lui causer quelques problèmes conjoncturels quand il faisait le choix d’une secte en perte d’influence.
Deux repères rapides pour souligner la plasticité politique de cet officier. En 2018 il lance avec le soutien des proches de Bouteflika une web télé destinée à justifier le cinquième mandat du chef de l’Etat. L’un de ses tous premiers invités fut le premier ministre de l’époque, aujourd’hui en prison, qui était directeur de campagne de Bouteflika. Sitôt ce dernier éjecté par les manifestations en 2019, le capitaine Aboud retourne casaque et se fait le chantre de la protestation populaire. Autre exemple : le 20 aout 2021, il intervient par visio-conférence pour apporter son soutien au parti Rachad, une organisation appartenant à la nébuleuse de l’internationale islamique, où les dirigeants de l’ex-FIS s’adonnent à une vigoureuse campagne négationniste quant à la responsabilité de ce parti dans les crimes des années 90 mais aussi à semer la confusion en préconisant une projection politique qui interdit de faire état de différences idéologiques qu’ils appellent « clivages idéologiques » - une donnée qui fonde tout combat politique démocratique - en attendant de reprendre la main.
Aujourd’hui le capitaine Aboud est repéré au Maroc où il célèbre la légitimité de la marocanité du Sahara occidental, lui qui avait dirigé des années durant l’organe de l’armée qui n’avait pas cessé de désigner cette annexion comme la dernière et plus odieuse colonisation dont il fallait libérer le continent africain. Je m’en tiens à ce bref rappel car les sinuosités du parcours du capitaine Aboud demanderaient trop de temps.
Mais à la faveur de ce résumé, on peut observer que, mon parcours est moralement et politiquement l’exact contraire de celui de cet ancien officier de la police politique.
Le capitaine Aboud aurait pu ouvrir un débat politique pour attaquer ou contester mes positions. Ce n’est pas la manière qu’il a retenue.
Acharnement islamo-militaire
Depuis 2015, le capitaine Hichem Aboud me diffame en alternance avec un autre militant islamiste dont les affabulations ont été sévèrement condamnées en première instance par ce tribunal.
La présidente qui ouvre un dossier demande :
Vous parlez bien de monsieur Salim Laibi qui a été jugé ici et qu’en est-il d’ailleurs des poursuites que devait engager la procureure pour l’agression de rue dont vous avez été l’objet ?
Oui, oui madame, il s’agit du même individu. Je ne sais pas à quel stade se trouve le dossier de l’agression. Ce que je peux dire c’est que le catalogue des mensonges et les douteux témoignages de Laibi a été intégralement repris par le capitaine Aboud.
Lui aussi a passé son temps à me présenter comme un imposteur qui s’est inventé un parcours d’opposant alors que, selon lui, j’aurais été un sous-marin rattaché à la police politique qui l’employait. Il n’y a pas un acteur de l’opposition algérienne qui a publiquement attaqué la police politique comme je l’ai fait. Un exemple parmi tous ceux qui sont mis à la disposition du tribunal. Le discours-testament que j’ai prononcé devant les 3200 congressistes en mars 2012 dure 53 minutes. 29 minutes sont consacrées à la police politique que je désignais comme notre ennemi historique et dont je disais que tant qu’elle n’était pas dissoute, aucune perspective, aucun avenir viable ne pouvait être dessiné en Algérie.
Reprenant les ignobles attaques proférées par Salim Laibi, il m’accuse de malversation, de concussion, jure que je n’ai jamais travaillé de ma vie, assure que la maison que j’ai fait construire à Alger avec mes enfants est le produit de détournement dont je me serais rendu coupable et que le terrain sur lequel nous avons réalisé cette demeure familiale m’a été offert par le responsable de la police politique. Le tribunal trouvera dans le dossier qui lui a été remis les documents attestant de la vacuité de ces accusations.
Il est peut-être utile de dire au tribunal que j’ai quatre enfants. Mes eux contempteurs allèguent que je leur aurais constitué des pactoles La première âgée de 50 ans, diplômée de l’école supérieure de commerce est cadre dans les banques ; elle est mariée à un médecin pneumologue. Le second est diplômé de l’école supérieure de commerce d’Amiens ; Il a été, entre autres, responsable commercial d’une compagnie d’aviation et d’une entreprise de fabrication de matériel médico-chrurgical et chargé du département communication du premier groupe privé algérien ; lui est marié à une chirurgienne maxillo-faciale. La troisième est architecte à Genève. La quatrième est diplômée d’Euromed et a exercé dans les banques et les assurances. Les seuls faveur que mon épouse et moi leur avons fait est d’avoir veillé à ce qu’ils fassent des études.
Le capitaine Aboud m’a consacré une demi-douzaine d’émissions sur sa web télé pour me gratifier-de biens immobiliers qui n’existent pas. A chaque déplacement de ma famille il comptabilise le lieu d’habitation faisant mine d’ignorer que c’est la vente du précédent logis qui permettait de payer le suivant. Mes enfants ont constitué une SCI pour faire l’acquisition d’un appartement commun à Marseille où ma famille a fini par atterrir après une dizaine de déménagements dictés par des considérations sécuritaires. Le but de cette avalanche de contre-vérités était triple.
Entretenir les rumeurs malveillantes me trainant dans des tentations bassement matérielles car il ne faut surtout pas m’évoquer dans des considérations politiques qui laisseraient deviner qu’il existe une autre perspective à l’islamisme et au militarisme décrétés comme seuls et uniques repères et issues possible pour la nation.
Le second objectif de cette campagne qui est la conséquence directe du premier est de provoquer la mort sociale d’un opposant que l’on ne pouvait pas atteindre par des arguments politiques. J’ai écrit quinze livres, dont l’ouvrage le plus vendu de l’Algérie indépendante. Le capitaine Aboud et ses acolytes islamistes n’ont jamais engagé le combat sur le contenu de l’un de ces titres. L’audience gêne de ces productions gêne, il fallait recourir à l’insulte et la souillure.
Avant d’expatrier en France ses attaques, le capitaine Aboud avait lancé une autre campagne calomnieuse contre mon défunt père à travers les deux journaux qu’il avait lancés après l’un de ses retours au pays. Il faut savoir que des journalistes professionnels pouvaient attendre des mois voire des années sans obtenir l’agrément qui lui a été délivré en quelques jours.
Ma famille dépose plainte pour diffamation. Après plus de trois ans de tergiversations, la justice algérienne condamne enfin le capitaine Aboud. Non pas parce que l’institution judiciaire avait retrouvé son indépendance mais parce que l’indignité des attaques avaient suscité une telle colère dans la population de Kabylie que les magistrats ont été contraints de lâcher un ancien officier des services spéciaux car la manoeuvre de disqualification visant à attenter à l’honneur de ma famille s’était avérée politiquement contre-productive. A ce jour et malgré son engagement public, il n’a toujours pas payé l’amende que nous lui avions demandé de verser sur le compte du comité de notre village.
Mais les campagnes du capitaine Aboud ne visaient pas seulement à provoquer la mort sociale d’un opposant. En donnant sur la toile les adresses de mes enfants, cet ancien officier des services spéciaux savait parfaitement qu’il exposait les miens à de possibles sinon probables agressions. Celles-ci pouvaient venir d’un agent actif de l’internationale islamiste ou d’un déséquilibré dont la suggestibilité favoriserait un passage à l’acte.
J’aimerai souligner que quand le capitaine Aboud a lancé ses ignominies contre moi, il savait bien qu’il proférait des contre-vérités puisqu’en tant qu’officier qui fut longtemps chargé de suivre le monde estudiantin, il connaissait parfaitement mes convictions et ma conduite sociale et morale. Par ailleurs, la 17éme chambre correctionnelle de Paris avait condamné les mêmes allégations quand elles avaient été proférées par un ancien cadre du parti dont j’avais dénoncé le racket qu’il voulait imposer à un de nos élus. Enfin, il sait également que ces mêmes attaques ont été sanctionnées par ce tribunal en première instance et que la Cour d’appel d’Aix en Provence en a fait de même en appel.
C’est donc en toute connaissance de cause et avec le sentiment d’impunité propre aux agents d’une police politique au-dessus des lois que le capitaine Aboud a relayé des diffamations qui attentent à mon honneur et à la mémoire des 123 militants qui ont perdu la vie pour le combat que j’ai partagé avec eux ; c’est aussi en toute connaissance de cause qu’il a désigné les miens à la mort.
En outre, il est peut-être utile de porter à la connaissance du tribunal que le capitaine Aboud a déjà été condamné par le tribunal de Lille pour avoir diffamé un homme d’affaire algérien qui refusait de se faire racketter.
Par ailleurs, ce procès vient rappeler une évidence que les Algériens connaissent bien et que les étrangers peinent à saisir. Quand il s’agit de se liguer contre les démocrates, les militaires et les islamistes, qui peuvent s’opposer, au besoin violemment sur la rente, se retrouvent sans difficultés. Le capitaine Aboud qui a prêté allégeance à Rachad est un cas typique de cette criminelle endogamie.
Une dernière chose. Depuis que la cour d’appel d’Aix en Provence a condamné le dénommé Salim Laibi pour les mêmes accusations, le capitaine Aboud a fait profil bas. Cela veut dire qu’en démocratie, les décisions d’une justice indépendante dissuadent les imposteurs et protègent le citoyen.
Merci de m’avoir écouté. Je reste à la disposition du tribunal pour des compléments d’information qu’il jugerait utiles.
NB1 : Pendant une demi-heure, Maitre Jean Boudot s’est employé à révéler la nature profonde de la personnalité du capitaine Aboud et démontrer la préméditation de ses actes malveillants. Il a ensuite exposé devant le tribunal les preuves sde sa volonté d’avoir exposé à plusieurs à plusieurs reprises les membres de ma famille aux pires dangers.
NB2 : Cette publication s’adresse aussi à mes amis démocrates marocains, notamment les militants de la cause amazigh, chez lesquels tente de s’incruster le capitaine Hichem Aboud.
 
 
Link to post
Share on other sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Guest
Répondre

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

×
×
  • Create New...