Situation désastreuse en Afrique de l'Ouest - une nouvelle guerre se prépare-t-elle ? par Larry C. Johnson, vétéran de la CIA

[SOLAS 79]

Le coup d'État de la semaine dernière au #Niger incite l'Europe et les #USA à revenir sur leur position selon laquelle l'ordre international fondé sur des règles exige qu'aucun pays n'envahisse un autre pays à moins qu'il ne soit attaqué par ce dernier. (Bien sûr, l'Occident a ignoré cette "règle" en Irak, en Afghanistan, en Libye et dans les Balkans, mais la cohérence n'est pas le point fort de Washington, de Londres ou de Paris). Jusqu'à présent, l'hypocrisie de l'Occident a été discrète puisqu'il a condamné l'invasion "illégale" de l'Ukraine par la #Russie. Cette attitude est sur le point de changer. Contrairement à la Russie, qui a regardé l'Ukraine bombarder et tuer des Ukrainiens russophones pendant neuf ans, le Niger n'a pas attaqué de citoyens américains ou européens. Il ne l'a pas fait. Il a simplement pris l'initiative audacieuse d'affirmer son contrôle sur l'uranium extrait au Niger. Mais nous ne pouvons pas permettre aux esclaves des plantations occidentales de devenir arrogants et de commencer à agir comme s'ils avaient des droits, n'est-ce pas ? La réaction occidentale est prévisible : les étrangers blancs sont évacués, tandis que les États-Unis et la France préparent une opération militaire pour déposer les auteurs du coup d'État. Pour jeter de l'huile sur le feu, les nouveaux chefs militaires du Niger auraient fermé une base militaire américaine abritant une flotte de drones. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dirigée par le Nigeria, a volé au secours de l'Occident. La CEDEAO menace de prendre des mesures militaires contre le Niger, qui est également membre de la CEDEAO. Cela n'est pas du goût des nouveaux chefs militaires nigériens : Chef rebelle : Le Niger ne cédera pas à la pression et ne rétablira pas Bazum à la présidence. Abdurrahman Tchiani a également déclaré que personne ne menaçait les citoyens français dans la république et qu'il n'y avait aucune raison de les expulser. Le Niger ne cédera pas aux pressions internationales et les militaires qui ont pris le pouvoir dans le pays ne rétabliront pas Mohamed Bazum à la tête du pays. C'est ce qu'a déclaré mercredi à la télévision nationale le chef du Conseil national pour le salut de la patrie, le général Abdurakhman Tchiani, proclamé chef de l'État par les rebelles. Le Niger ne pliera pas sous la pression régionale et internationale pour rétablir le président Bazum, a déclaré le général Tchiani cité par Reuters. Tchiani a ajouté que personne au Niger ne menaçait les citoyens français et qu'il n'y avait aucune raison de les expulser. "Les Français n'ont aucune raison objective de quitter le Niger", selon l'Agence France Presse. "Les citoyens français n'ont jamais fait l'objet d'une quelconque menace au Niger. La France a commencé à évacuer ses ressortissants du Niger le 1er août. Selon les autorités, 600 des 1,2 mille ressortissants français inscrits à l'ambassade dans ce pays africain ont exprimé le souhait de rentrer chez eux. Ils seront suivis par quelque 800 ressortissants de Belgique, d'Allemagne, de Grèce, du Danemark, du Luxembourg et d'autres pays. Le Niger n'est pas seul, du moins en termes de soutien rhétorique : la Guinée, le Mali et le Burkina Faso (également membres de la CEDEAO) avertissent que toute attaque contre le Niger sera considérée comme une attaque contre eux. Il sera intéressant de voir quelle sera la position de la Russie, de la Chine et de l'Inde dans cette conflagration naissante. La dépendance de l'Europe, et en particulier de la France, à l'égard de l'uranium nigérien oblige l'Occident à se défaire de son masque de défenseur de la démocratie. Il ne s'agit pas de rétablir un régime démocratique au Niger (comme ce principe a été mis de côté à l'occasion du Maïdan en Ukraine en 2014), mais de contrôler une ressource économique essentielle dont la France 2. et le reste de l'Europe ont besoin. Au diable la démocratie et les droits du peuple nigérien à contrôler ses ressources ; la France entend affirmer son contrôle sur sa colonie de fait. Ceux qui placent leurs espoirs dans la logique et la raison pour désamorcer les tensions et proposer une solution diplomatique pourraient tout aussi bien espérer capturer un mastodonte trottant dans le désert nigérian. Cela n'arrivera pas. L'ancêtre poilu des éléphants a disparu depuis longtemps. Allons-nous assister à la disparition de la capacité de la France à ordonner à ses sous-fifres au Niger d'aller chercher de l'uranium, et de le faire rapidement ?