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SOUMMAM : LE PROJET, LES FAITS, LES DIRES ET… LE RESTE. Par Saïd Sadi


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1-Introduction

Il y a 67 ans de cela, les dirigeants de l’intérieur du FLN se séparaient à Ifri, petit village au-dessus de la vallée de la Soummam, après avoir débattu pendant huit jours des origines de leur insurrection, des moyens qu’elle appelait après deux ans d’affrontements et des objectifs qu’elle devait atteindre une fois l’indépendance acquise. Aucun autre évènement de l’Algérie contemporaine ne connut – et ne connait – un traitement aussi contrasté. Les opinions, quand elles sont exprimées, sur la Soummam sont diamétralement opposées. Pour sa part, le pouvoir a longtemps choisi de mettre ce rendez-vous sous embargo. Ces dernières années, le congrès de la Soummam est cité avec le soulèvement auquel avait appelé Zighout Youcef une année auparavant dans le Nord-constantinois. Ma génération a grandi dans ce marasme. Partagée entre consternation, colère et devoir de toujours remettre les projecteurs sur la vérité des faits afin que le voile du silence et du mensonge n’impose sa loi à l’un des plus éminents moments de notre passé immédiat. À titre personnel, cette exigence fut l’un des aspects les plus prenants de mon combat : faire revivre la Soummam était une nécessité morale et un impératif politique.

Le Président égyptien Gamal Abdenasser – et Ahmed Ben Bella qui s’aligna aussitôt sur sa position – inaugura l’opposition à la Soummam. Il fit immédiatement savoir que la plate-forme qui consacra ces assises devait être combattue pour des raisons stratégiques et doctrinales claires : l’Algérie ne saurait et ne pourrait se concevoir en dehors de la nation arabe dont il fut longtemps reconnu comme le leader incontesté. Depuis, tous les Algériens contestant le projet soummamien ne feront qu’émettre des déclinaisons de la décision égyptienne mais qui, ne s’avouant pas comme telles, peinent à trouver cohérence et crédit. Cela ne veut pas dire que ces postures ne méritent pas d’être analysées. Et débattues.

Premiers à avoir embrayé sur la remise en cause du Congrès, les réseaux du ministère de l’Armement et des Liaisons Générales, le MALG de Boussouf. Ce dernier dont les conceptions, les méthodes de luttes et les objectifs du combat furent en tous points contraires à la vision incarnée par Abane avait de sérieuses raisons de s’y opposer. Le MALG, qui fut relayé ensuite par les militants algériens de la gauche arabe, s’adonna à un inlassable travail de désinformation et de sape contre la mémoire d’Abane, le tout sur fond de révisionnisme voire de négationnisme soummamien.

Le but de cette intervention n’est pas de présenter les résolutions du congrès qui sont accessibles à tous mais de percer les origines objectives et subjectives qui motivent leur contestation. Il est important que nous traitions enfin de façon lucide, sereine et sans complaisance ces allégations car elles disent beaucoup de notre sociologie politique et, donc, de notre passé, de notre présent mais aussi sur notre futur.

Si l’on synthétise les arguments formellement explicités – il y a les non-dits qui sont politiquement tout aussi signifiants – utilisés par les contempteurs de la Soummam, on peut les regrouper en quatre catégories. Les préparatifs de la réunion, la légitimité ou la représentativité des congressistes, le déroulement des assises et le contenu de la plate-forme.

Reprenons un par un ces éléments.

2-Les préparatifs

Si peu d’intervenants contestent la nécessité de donner sens, institutions et doctrine à une insurrection lancée précipitamment sur les décombres d’un mouvement national en fin de cycle – et donc au principe de dépasser une phase de lutte dominée par l’improvisation – des réserves voire des condamnations récurrentes sont assénées pour déplorer les conditions qui ont présidé à la préparation de la rencontre d’aout 1956.

2-1 La meule du MALG

Des sources remontant souvent au MALG ou, plus tard, à l’Association des anciens membres de ce département arguent que des invitations au congrès n’auraient pas été adressées à tous les responsables susceptibles d’y être associés, et comme toutes les campagnes bien organisées, des voix annexes se chargent de les prolonger par des affirmations péjoratives, très souvent en contradiction avec la réalité des faits, mais qui abuseront une partie de l’opinion algérienne. On a ainsi laissé croire que Abane aurait, par ambition personnelle, penchant clanique ou, pire, tentation de dévier sinon de trahir la cause nationale, favorisé la présence des acteurs acquis à ses desseins ou sous son influence. L’allusion à une prédominance kabyle volontairement décidée pour maitriser ce congrès suintera partout mais elle n’est pas exprimée publiquement par les premiers de cordée. Elliptique, l’insinuation sera confiée à des seconds couteaux dont les propos contribueront à jeter le trouble, notamment dans certaines franges de la jeunesse[1]. On verra au cours de cet exposé les outrances, morales, politiques mais aussi intellectuelles engendrées par les cabales du MALG.

Des documents difficilement contestables décrivent précisément la façon dont l’information a été adressée aux différents responsables en poste en 1956 dans le FLN. Tous les chefs de zones et la délégation extérieure ont reçu leur invitation. Mieux, des recommandations leur ont été expressément faites pour réunir leurs collaborateurs et arriver au congrès avec des rapports les plus fiables possibles sur la situation politique, le potentiel militaire et les ressources financières des régions relevant de leur autorité. C’est du reste ce qui s’est passé puisque les délégations qui ont pu parvenir à Ifri se sont présentées avec des informations recueillies lors d’évaluations effectuées en amont du congrès. On sait que la wilaya II a tenu son précongrès à côté d’El Harrouch et que ce fut Hachemi Hadjeres qui avait déjà quitté le lycée franco-musulman de Constantine pour rejoindre le maquis qui en fut le secrétaire. Même la zone du Sahara qui, pourtant, peinait à se structurer, produisit un écrit où elle faisait part, entre autres, des difficultés que rencontraient les militants chargés d’y implanter le FLN.

On a beaucoup glosé sur l’absence des Aurès à la Soummam. Là encore, les interprétations sont distillées sur plusieurs paliers. On souligne la non-participation de ce qui deviendra la wilaya I avec suffisamment de confusion pour laisser prospérer l’idée que cette absence était souhaitée sinon provoquée. En la circonstance, il y a suffisamment de témoignages qui attestent du contraire. Le congrès fut même retardé pour permettre aux militants aurésiens d’arriver. La vérité, que la propagande tait, c’est que la mort de Mostefa Ben Boulaïd, chef incontesté des Aurès, a été tenue secrète par son entourage, probablement pour ne pas affecter le moral des populations mais aussi pour gérer une succession qui s’avéra problématique. Les relations entre Ben Boulaïd et Krim Belkacem, l’un des organisateurs du congrès, étaient exemplaires. Dans sa préface au livre de Rachid Adjaoud[2], Abdelhamid Djouadi qui a fait son maquis dans les Aurès rapporte le témoignage d’Amar Bellagoun qui a entendu Ben Boulaïd faire la recommandation suivante à ses collaborateurs : « S’il m’arrivait quelque chose, tournez-vous vers vos frères kabyles.» Cette information publiée du vivant des témoins n’a été reprise par aucun des publicitaires des affabulations et autres sous-entendus concernant la Soummam. Signe que la place du responsable des Aurès ne prêtait à aucune équivoque ; malgré son absence, le nom de Ben Boulaïd figure sur la liste des membres du Conseil national de la révolution algérienne, le CNRA, issu des assises d’Ifri.

À l’inverse de ce qui est toujours ressassé, les contestations qui ont agité les Aurès après le congrès furent suscitées par Ahmed Mahsas, homme lige de Ben Bella, et non par les maquisards du cru. On peut multiplier à l’envi le rappel d’intoxications produites par le MALG immédiatement après la disparition d’Abane, c’est-à-dire dès le début de l’année 1958.

2-2 L’influence égyptienne

Les mêmes doutes ont été entretenus à propos de la délégation extérieure. La lettre expédiée par Abane Ramdane aux membres du FLN basés au Caire existe[3]. On y lit :

« La France est décidée à nous écraser ; des cris d’alarme nous parviennent de tous les chefs de zones et de régions, particulièrement du Nord-constantinois et de la Kabylie. Il nous est très difficile de les calmer, ils sont terriblement remontés contre votre carence et nous demandent de vous dénoncer publiquement. Des groupes entiers ont enterré leurs armes faute de munitions et se sont mêlés à la population. Le changement s’est emparé du public qui commence à nous lâcher. Des régions entières demandent la protection de l’armée française, c’est, en un mot, le début de la fin. Nous espérons que vous serez au rendez-vous ; sinon, nous prendrons seuls les grandes décisions et alors, vous ne vous en prendrez qu’à vous-mêmes. (…) les deux délégués qui rentreront du Caire doivent être choisis par le « comité des six », (Khider, Aït Ahmed, Lamine, Ben Bella, Boudiaf et Ben M’hidi). Envoyez de préférence Ben Bella et Aït Ahmed ou Ben Bella et Khider. Il y a une autre voie pour la rentrée des délégués du Caire. Ils pourront venir au Rif, de là rentrer facilement en Oranie et foncer par train jusqu’à Alger. D’Alger nous répondrons de leur sécurité jusqu’au Nord-constantinois[4]. »

Ce document n’a pas empêché les spéculations malveillantes. Sur ce sujet aussi, les détracteurs de la Soummam n’ont pas manqué d’esprit retors ni… d’imagination. Comme il est difficile de nier la réalité de la correspondance ci-dessus, on a entendu et lu que Abane avait fait de sorte qu’Ahmed Ben Bella n’arrive pas à la Soummam. Ce dernier affirmera qu’il avait attendu en vain à San Remo une orientation qui ne lui est jamais parvenue et qu’il n’a pu, de ce fait, accomplir le trajet à son terme. Larbi Ben M’hidi qui se trouvait au Caire au même moment que Ben Bella est bel et bien arrivé à la Soummam où il a présidé le congrès. Khider qui était averti de ce qui se préparait avait reçu instruction d’informer l’ensemble des cadres basés au Caire. Ce qui ne fut pas fait. Aït Ahmed qui était pourtant le beau-frère de ce dernier, déclarera que personne ne l’avait avisé de la tenue du Congrès[5]. Ben Bella, qui avait physiquement agressé Ben M’hidi au Caire, appréhendait de se présenter devant ses pairs de l’intérieur qui lui reprochaient de se préoccuper de ses accointances égyptiennes au lieu de s’employer à fournir en armes les maquis. Dans ses mémoires, Fathi Dib[6] signale à plusieurs repises les confidences que lui faisait Ben Bella contre ses camarades. Les affidés du MALG ne soulèveront jamais la déloyauté d’Ahmed Ben Bella. Sur l’absence de Ben Bella à Ifri, les contestataires de la Soummam valident son explication et évacuent l’idée de son esquive ou d’autres hypothèses qui méritent tout autant d’être envisagées.

Il faut bien savoir que nous sommes au début de 1956. Après le 1er novembre, ceux qui avaient déclenché l’insurrection étaient restés silencieux pendant cinq mois. Le premier tract du FLN a été publié en mars 1955 par… Abane, entre-temps sorti de prison, et qui n’eut pas de mots assez durs pour dénoncer l’impréparation du déclenchement de la lutte armée. Les communications étaient contraintes par un quadrillage de plus en plus serré et, contrairement à ce que se plaisent à marteler les propagandistes, la population algérienne n’avait pas encore massivement basculé en faveur du FLN.

2-3 Une organisation inédite

Compte tenu du contexte politique et sécuritaire de l’époque, il était difficile de faire plus en matière d’organisation et de communication avant le congrès. N’ont pas assisté aux assises de la Soummam ceux qui étaient en prison ou tués et dont leurs camarades ignoraient la disparition, certains des éléments pressentis pour gérer le grand Sud qui étaient face à des hostilités locales qui limitaient ou interdisaient leurs déplacements ou, Ben Bella, qui, lui, aurait très bien pu faire le choix de ne pas figurer dans un conclave dont il redoutait les débats et les conclusions qu’il savait réfractaires aux désidératas des mentors égyptiens. Les lettres envoyées d’Alger exigeant la complète autonomie de la direction du FLN vis-à-vis du Caire annonçaient les termes qui devaient prévaloir entre les nationalistes algériens et le gouvernement égyptien. On voit mal Ben Bella, proconsul de Nasser, lui présentant une plate-forme proclamant que « la révolution algérienne n’est inféodée ni au Caire, ni à Londres ni à Moscou ni à Washington. »

Ni les 22 qui ont pris une décision aussi lourde de conséquences que celle de déclencher la guerre, ni les 6 et les 3 de la délégation extérieure qui en ont précisé les modalités n’ont consulté et encore moins demandé l’avis des cadres intermédiaires sur la création de ce qui deviendra le FLN. Nul n’a entendu le MALG ou les militants panarabistes soulever la question de la légitimité des 22 ou des 6+3. Les mêmes critères politiques et moraux seront implacables envers Abane et la Soummam et magnanimes voire favorables quand il s’agira de les appliquer à d’autres circonstances ou personnages.

La répression policière et le déploiement des troupes françaises en 1954 étaient pourtant bien moins contraignants que ce que devront affronter les acteurs qui ont maturé les différentes étapes ayant précédé le congrès de la Soummam.

3-Légitimité et représentativité des congressistes

L’une des insinuations les plus répandues par les anti-soummamiens est la qualité des congressistes. Pourtant, la légitimité des responsables des régions qui deviendront les wilayas II, III, IV, V et la zone autonome d’Alger présents à la Soummam étaient incontestable. Zighout sur le Constantinois, Krim pour la Kabylie, Ouamrane dans l’Algérois, Ben M’hidi s’agissant de l’Oranie étaient les cadres qui avaient organisé, dès le début de la guerre, les réseaux militaires et installé les structures de soutien aux maquis. La ville d’Alger était sous la responsabilité de Abane qui avait déjà structuré les étudiants, les travailleurs et les commerçants. La supercherie la plus honteuse proférée par ceux qui travaillent au discrédit de la Soummam fut l’occultation de la présence de la région oranaise.

3-1 Désinformation stalinienne

Des lettres avaient été envoyées aux militants de l’ouest pour parer à l’éventualité où Ben M’hidi, qui en était le responsable, serait, pour une raison ou une autre, retenu au Caire. Ce sera, du reste, lui qui installera son successeur en la personne d’Abdelhafidh Boussouf à l’ouest une fois qu’il sera devenu membre du CCE. Une désignation qui ne sera discutée par personne. La mécanique infernale des agents du MALG fera valoir que Ben M’hidi était illégitime pour représenter l’Oranie mais tout à fait qualifié pour désigner à la tête de cette région celui qui deviendra le créateur de leur instance.

Quand les arguments manquent, les « Malgaches [7]» recourent à la disqualification par la rumeur. Vieilles mœurs staliniennes. Des contacts secrets qui ont avorté entre le FLN et le gouvernement français eurent lieu en juillet 1956 en Yougoslavie. Les représentants algériens devaient être Krim, Zighout et Ben Boulaïd. Sitôt les premiers comptes-rendus reçus, Abane informa la délégation extérieure du Caire. Après son assassinat, des gorges profondes furent chargées de répandre l’idée que celui qui avait conçu et animé la Soummam était en fait un assoiffé de pouvoir qui n’hésitait pas à engager le destin du pays à travers des réseaux douteux qui allaient brader le pays. Ces sources omettaient de dire que les trois délégués pressentis étaient les chefs des régions les plus engagés dans la lutte (Krim, Zighout et Ben Boulaïd). Par la suite, cette initiative fut présentée par Ali Kafi comme une trahison. Un second assassinat sur lequel surferont tant et plus les agents du MALG dont le poison libérera la parole du pire. En novembre 2015, Daho Ould Kablia, responsable de l’association des anciens du MALG, justifie l’assassinat d’Abane dans un entretien accordé au quotidien arabophone Ecchourouk. Cette ignominie contamina un peu plus un monde universitaire déjà gagné par une profonde crise éthique et déontologique. Le 1er janvier 2018, l’historien Mohamed Lamine Belghit, invité au colloque islamiste qui s’était déroulé au centre culturel d’Alger et organisé par des institutions de l’État déclara : « Le congrès de la Soummam a été un putsch de harkis contre les musulmans (…) C’est un putsch contre la génération qui a lancé la révolution avec les valeurs islamiques qui parlaient un bel arabe qui est la langue du Coran. Et je prends toute la responsabilité sur ce que je vais révéler. C’était un putsch dans tous les sens du terme. Un putsch contre les valeurs. Un putsch contre la proclamation du premier novembre 1954. Et c’est là le secret du différend qui opposait les braves et les arrivistes comme je les qualifie dans mes livres. »

Passons sur les contre-vérités élisant des islamistes formés en arabe au rang d’acteurs qui auraient déclenché la guerre. Les islamistes n’étaient pas seulement absents mais opposés à la lutte armée en 1954. Relevons que cette infamie n’a suscité aucune réaction officielle et que cet imprécateur panarabiste enseignant-chercheur de son état sévit toujours sur les plateaux de télévision. Sans aller jusqu’à ces indignités, d’autres universitaires se posant en hériter de l’éminence nationale s’arrogent le droit de discréditer et même de déshonorer tout intervenant cherchant à réintroduire dans le débat historique la Soummam ou Abane.

Nous étions profondément révoltés que l’accusation de Kafi ne fut pas dénoncée par l’Organisation nationale des moudjahidines, l’ONM, ni par le ministère des Anciens combattants. Ce fut la veuve du défunt, seule, qui attaqua Kafi en diffamation pour protéger la mémoire du disparu faute d’avoir pu sauvegarder son œuvre. Pendant toute cette procédure, les historiens se tinrent à l’écart des débats. Les mêmes historiens développeront une aménité sans borne quand il fallut blanchir les dérives d’un Messali qui avait constitué des contre-maquis armés par l’État français pour affronter les troupes du FLN[8]. La déchéance qui précéda la folle compromission du vieux leader rencontre toujours une bienveillance qui n’a d’égal que l’acharnement mis à dégrader l’image de l’architecte de la Soummam.

3-2 Aveuglement et sectarisme

La partialité des raisonnements utilisés pour remettre en cause la représentativité et la crédibilité de certains dirigeants retenus dans la direction du FLN à la Soummam est l’autre facette de l’opération de démolition systématique de l’œuvre d’Abane et de Ben M’hidi. Ce duo était solidaire mais les attaques cibleront exclusivement le premier. Des intervenants susurrent que les acteurs qu’il a associés sont des marginaux sans envergure ni légitimité choisis dans l’opacité. Un procès d’intention qui ne sera évidemment pas appliqué au groupe des 22 qui se sont cooptés. Pouvait-il en être autrement après le démantèlement en 1950 de l’Organisation spéciale, l’OS, qui agissait dans la clandestinité ?

L’invitation de centralistes, comme Benyoucef Benkhedda ou Saad Dahlab, d’oulémistes comme Tewfik El Madani, de certains udmistes ou d’autres personnalités apporta au Front des compétences politiques difficilement contestables mais, au-delà de cet aspect, la décision d’ouvrir les rangs de la révolution créa une dynamique d’adhésion irréversible dans la société algérienne ; ce qui fit avorter le redoutable plan de « la troisième voie » que la France ne désespérait pas de pouvoir imposer dans une situation de profond désarroi. La lettre de Abane qui, lui, était dans la fournaise, donne une idée précise des rapports de force en présence. C’est à partir du 20 aout 1956 que le Front devint une entité représentative d’un peuple mobilisé pour un seul et unique objectif : l’indépendance du pays qui sera consacrée par « un État démocratique et social ». La répercussion politique du congrès dans les maquis est résumée par cette phrase de Ali Lounici, officier de la wilaya IV : « Le congrès de la Soummam nous donna ce formidable sentiment que nous avions déjà un État. »

L’aveuglement poussera les plus cyniques jusqu’à contester le patriotisme de dirigeants comme Benkhedda et Dahlab et célébrer celui… des messalistes ! Un groupe qui se constitue contre la Soummam est nécessairement motivé par de dignes et respectables motivations. Abane travaillant à fédérer des militants issus de diverses sensibilités du Mouvement national est dénoncé comme un despote animé par un césarisme refusant l’existence de partis. Cet appel au rassemblement autour de la citoyenneté et non d’organisations fut aussi adressé aux Juifs et aux Européens d’Algérie désireux de vivre dans une nation souveraine. La Soummam avait posé les fondements de l’État de droit avec le respect des libertés de conscience et d’opinion mais elle n’avait pas décidé les orientations programmatiques qu’il revenait à chacun de défendre devant le peuple et dans le cadre de formations que les uns et les autres auront choisi de créer ou auxquelles ils auront décidé d’adhérer une fois le pays libéré. La clarté de la démarche n’empêchera pas les procès en sorcellerie. Abane qui a appelé au rassemblement de citoyens patriotes pour la libération du pays fut condamné par les agents du MALG, antre et matrice de la pensée linéaire et du pouvoir absolu, ou leurs relais comme étant le responsable de l’avènement du parti unique en Algérie. Un comble. Le principe de ne pas accepter des partis dans une libération nationale impliquant tous les patriotes était déjà arrêté en novembre 1954. Mais on l’a déjà signalé sur d’autres registres, les mêmes règles n’ont jamais la même portée selon qu’on les projette sur la Soummam ou qu’on les applique à d’autres séquences.

4. Le déroulement des assises

L’opinion publique retient que le congrès s’est tenu à Ifri où a été érigé le monument commémorant l’événement. Un village situé à quelques encablures de l’une des plus grandes casernes installées par l’armée française dans la vallée de la Soummam. En fait, les congressistes qui furent déplacés pour des raisons de sécurité travaillèrent dans plusieurs villages.

4-1 Débats vifs

Rachid Adjaoud qui dactylographiait les résolutions au fur et à mesure de leur adoption dit comment, à plusieurs reprises, un point qui avait été âprement discuté dut être repris et retapé ensuite pour être conforme au compromis dégagé. Et des discussions, il y en eut. Y compris des virulentes. Notamment entre Abane et Zighout lorsque fut abordée l’évaluation des deux années qui suivirent le 1er novembre. Le premier reprocha sèchement au second la stratégie qui avait consisté à lancer ses militants contre des civils européens dont des femmes et des enfants. Le même esclandre avait éclaté à propos de la Nuit rouge de la Soummam. Le ton est alors monté entre le même Abane et Krim qui voulait protéger Amirouche, responsable de la zone où avait été commis le massacre. Les tensions ont également prévalu quand furent abordées les mutilations infligées à ceux qui consommaient du tabac. Ces incidents furent l’occasion de décider l’interdiction des expéditions punitives et des égorgements et l’obligation d’instaurer un tribunal avec un avocat pour le prévenu. Des exemples qui démentent la thèse d’une plate-forme écrite et lue par un Abane autoritaire devant lequel se seraient inclinés les autres participants. Arrivé au maquis juste après la fin de la rencontre, Djoudi Attoumi a récupéré les documents du congrès. Il confirme les dires de Rachid Adjaoud. Des écrits avaient bien été ramenés par l’équipe d’Alger dirigée par Abane mais ils furent discutés un par un. Certains furent plus amendés que d’autres, des opinions et propositions furent intégrées et toutes les décisions furent votées… d’où la durée de la réunion. C’est ce qui se fait dans ce genre de rencontre. Y compris dans les pays dont les traditions démocratiques sont solidement établies.

4-2 Épouvantail kabyle

Venons-en maintenant à un autre reproche imputé à la Soummam. Cette problématique, rarement explicitée publiquement, n’en représente pas moins l’un des angles d’attaque les plus pernicieux et les plus dommageables tant il a pesé sur la portée politique et organique du congrès et, par la suite, la construction de l’Algérie indépendante. Le discours du MALG expliquait que sous couvert de vouloir unifier les patriotes, Abane visait, en fait, à constituer un clan kabyle, pour contrôler la Révolution. Restons sur les faits connus de la masse des combattants ou ceux qui sont formellement documentés. Les hommes que Abane a contribué à faire monter dans la hiérarchie du FLN sont Benyoucef Benkhedda et Saad Dahlab. Aucun des deux n’est kabyle. Les rapports entre Krim et Abane étaient, et c’est le moins que l’on puisse en dire, loin d’avoir été dictés par leur appartenance régionale. Abane, et c’est peut-être la seule faute de jugement moral et d’appréciation politique qui marquera un parcours d’exception, aura contribué à faire condamner les berbéristes avec les messalistes. Il savait pourtant que les premiers qui étaient aux avant-postes de la lutte armée avaient simplement demandé l’ouverture d’un débat sur le fonctionnement du parti et l’avenir de la nation algérienne. En revanche, les seconds ont fait le choix de suivre un homme que le pouvoir personnel a conduit à une guerre fratricide dans les rangs du mouvement national. Une tragique concession qui n’aura pas protégé Abane d’une accusation de régionalisme, à l’opposé de ses actes et propos. On relèvera que le trio Boussouf, Bentobbal, Kafi qui ne faisait pas mystère d’une solidarité régionale jamais démentie ne constitua pas un sujet de débat dans les niches du MALG.

5-Le contenu de la plate-forme de la Soummam

On a déjà évoqué les principes généraux édictés par la Soummam. Revendiquer l’indépendance du territoire algérien. Déclarer que le régime républicain serait l’alternative à l’ordre colonial pour mettre un terme aux prétentions de certains héritiers d’Abdelkader, qui aspiraient toujours à réhabiliter le khalifat.

5-1 Principes généraux pollués par la rumeur

Baliser le périmètre de l’État de droit où le citoyen, indépendamment de son sexe, sa foi et son origine serait acteur et arbitre de la cité algérienne fut un objectif assumé. En ce sens, la mise en échec de la Soummam repose aujourd‘hui encore et avec acuité des questions abordées et résolues il y a 67 ans de cela. Faute de pouvoir attaquer frontalement ces préalables démocratiques, les censeurs du projet soummamien s’adonnent à une exégèse fielleuse. La primauté du politique sur le militaire est vidée de son sens pour servir une polémique de basse substance. Ce principe remarquablement décliné par Reda Malek[9] postulait que l’action militaire devait être mise au service d’une vision politique, une idée qui vaut dans toutes les luttes de libération. Les adversaires de la Soummam dégradèrent la nature générique du concept pour la réduire à une interprétation sommaire et triviale. Ils martelèrent que Abane avait pour objectif de marginaliser les éléments issus de la paysannerie pour les asservir par des petits bourgeois. En la matière, il ne se s’agissait pas d’appréhender la problématique à travers les individus mais de poser des principes. Dans la plate-forme, les termes militaire et politique sont tous les deux au singulier. L’idée est claire : soumettre (à la vision) politique (l’action) militaire et non des hommes à d’autres.

5-2 Résonnance internationale de la Soummam

L’apport et l’écho de la plate-forme sur la scène internationale furent rapportés par Ali Haroun[10] lors d’une réunion organisée par le RCD à Aouzellaguene, commune dont relèvent les hameaux qui accueillirent le Congrès :

« Abane nous avait demandé de traduire la plate-forme dans toutes les langues. Il avait même insisté pour qu’il y ait une version en hébreu. Il faut bien savoir, en effet, que jusqu’à la Soummam, nous étions vus comme des fanatiques religieux manipulés par Nasser. La proclamation du premier novembre qui a eu le mérite de dépasser le blocage du mouvement national est un appel à prendre les armes qui ne précisait pas les outils, les règles et les objectifs ultimes de notre combat. Or, ce sont ces considérations qui déterminent la position des Etats ou des grandes organisations, professionnelles, syndicales, culturelles ou scientifiques susceptibles d’apporter leur soutien à une cause. Eh bien je vais vous dire, jusqu’à aout 1956, nous étions considérés comme des aventuriers, y compris par des personnalités progressistes. La Soummam a donné un sens et une visibilité à notre combat[11]. »

5-3 Opposition factice Soummam-Novembre

Pour réduire la portée de la Soummam, la gauche arabe lui oppose la proclamation du 1er novembre qui serait un document élaboré dans des conditions plus consensuelles. Précisons que cette proclamation fut écrite à la Casbah par le journaliste Mohamed Laïchaoui avec Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad à ses côtés. Les cadres du FLN ont découvert la teneur de la déclaration une fois celle-ci diffusée. On n’a entendu aucun des dépréciateurs de la Soummam déplorer l’absence de concertation autour d’un document présenté comme l’essence de la nation. Des personnes sans scrupule affichent la traduction en arabe comme la version originale de la proclamation alors qu’elle avait été rédigée en français.

Considérons maintenant le fond. L’opposition Soummam-Novembre est malsaine. La proclamation du 1er novembre est un appel à la guerre. Comme l’explique Ali Haroun, elle ne donne pas d’indication sur les procédures, les structures ou les doctrines qui doivent guider la lutte ni d’ailleurs sur le cadre national appelé à consacrer le combat. Ce n’était du reste pas le vœu ni l’intention des rédacteurs qui s’étaient donné pour mission d’allumer la mèche de l’insurrection pour sortir d’une situation de blocage politique et de marasme organique. Conférer après coup à cette initiative une signification philosophique, institutionnelle ou civilisationnelle qu’elle n’a pas revient à enfermer l’Algérie dans des interprétations ou même des divinations ou celui qui détient le pouvoir peut faire de la nation l’objet de ses ambitions et désirs. Novembre et la Soummam sont complémentaires. Ils eurent deux fonctions utiles mais différentes. Avant Novembre, il y eut mai 1945 et au XIXème siècle, il y eut des insurrections tout aussi généreuses et résolues. Certaines n’ont pas manqué de panache. Elles ont tourné court parce qu’il n’y eut pas de Soummam pour les féconder. Sans le congrès d’aout 1956, Novembre aurait pu être une autre révolte sans lendemain. La Révolution française n’est pas assimilée à la prise de la Bastille, la révolte du Potemkine n’a pas engendré la révolution bolchévique… Il y a toujours dans l’histoire des peuples un moment qui cristallise des révoltes, des insurrections ou des prises de positions conjoncturelles parce qu’il a pu leur donner sens pertinent, moyens adaptés et objectifs satisfaisants.

5-4 Soummam : matrice de l’État national

Parce qu’ils sont connus de tous, nous n’insisterons pas sur les institutions, lois, règlements et découpages territoriaux adoptés à la Soummam. Le Comité de coordination et d’exécution, le CCE[12], le Conseil national de la révolution algérienne, le CNRA, la délimitation des territoires en wilayates, entités qui, en fait, recoupaient les régions naturelles du pays, et leur subdivision en zones et secteurs, les grades et le règlement militaires de l’Armée de libération nationale, l’ALN, furent des outils décidés à la Soummam et qui furent opérationnels de 1956 jusqu’à 1962. Pour des raisons politiquement peu avouables et par des artifices tout aussi alambiqués, ces évidences sont niées. Pour donner consistance à leurs réfutations, des individus recourent souvent à des interprétations tendancieuses des propos de certains dirigeants, dont ceux de Bentobbal.

Voici ce que l’ancien dirigeant de la wilaya II a dit en 1990 à l’auteur de ces lignes qui le pressait de s’exprimer sur l’affaire Abane et, plus généralement, sur la Soummam :

« Eh bien, je vais vous répondre. Abane n’était pas facile mais il était au-dessus de nous tous. Sans lui il n’y aurait pas eu la Soummam et sans la Soummam, je vais vous le dire, il n’y aurait pas eu l’indépendance. Nous étions des chefs de bandes. Chacun essayait d’accaparer une zone, une ville pour satisfaire ses besoins. Il y avait de grandes tensions et même des attaques entre nous. L’armée française pouvait nous observer en train de nous entretuer. Voilà la réalité avant la Soummam. Mais après le Caire, il y avait une situation où par ses menaces de rendre publics nos désaccords, Abane pouvait mettre en péril la révolution. Alors nous nous sommes concertés et nous avons pris la décision de le mettre à l’écart. À l’écart mais pas le tuer. Personnellement, j’ai même ajouté à la fin du document et de ma propre main que nous étions bien d’accord pour un isolement et non une élimination physique. J’ai d’ailleurs fait déposer un exemplaire de ce procès-verbal au Musée du Moudjahed. Il faut faire vite si tu veux le consulter… Si ces gens-là ne l’ont pas fait disparaitre. »

La citation ci-dessus appelle les précisions suivantes :

  1. Ces propos ont été portés à la connaissance de l’opinion avec l’autorisation de leur auteur,
  2. Ils ont été relatés dans différentes conférences publiques organisées de son vivant,
  3. Aucune polémique ou protestation n’est venue les démentir.

EN GUISE DE CONCLUSION

La seule contestation politiquement lisible du congrès de la Soummam fut la première. Celle qui vint de Gamal Abdenasser. Son attaque était frontale et cohérente. Elle interdisait aux congressistes du FLN le droit de se donner une autonomie stratégique avec tout ce que cela impliquait comme conséquences politique, culturelle, institutionnelle et géopolitique dans l’Algérie indépendante. Pour le leader égyptien, le pays avait vocation à être une province de la nation arabe dont le Caire devait être l’épicentre. Tout ce qui contrariait ce dessein devait, d’une manière ou d’une autre, être neutralisé. Il n’est pas déraisonnable de dire que la mort symbolique d’Abane était inscrite dans l’énoncé de cette décision, ce qui ne veut pas dire que nous devons évacuer de nos investigations les responsabilités internes aux FLN qui ont conduit à son assassinat.

On peut discuter de la légitimité de cet impérium mais il est difficile d’en contester la cohérence. Ben Bella qui se rangea derrière Nasser fait aussi partie de ceux dont le rejet du projet adopté à la Soummam peut être compris même quand on n’en admet pas le bien-fondé. Ce ne sont pas ces deux oppositions qui ont pollué la discussion sur la Soummam, piégeant du même coup l’Algérie d’après-guerre. Directes et structurées, elles pouvaient être combattues par d’autres arguments que feraient valoir les tenants d’une Algérie assumant son histoire et sa pluralité et immergée dans une matrice nord-africaine démocratique.

Ce qui brouilla et parasita le débat, ce furent les variantes nées de la condamnation égyptienne. La meule que fit rouler le MALG sur Abane et la Soummam à coup de slogans, anathèmes et désinformations, créèrent un climat d’autant plus irrespirable qu’il était impossible d’identifier les auteurs d’une campagne sournoise et permanente. La défaite du MALG en 1962 au profit de l’armée des frontières de Boumediene n’élimina pas les méfaits de la propagande anti-soummamienne dans la mesure où ce dernier, adepte de l’autoritarisme politique, en partageait également les objectifs. Un autre facteur vint donner prise à la géhenne qui animaient les ennemis d’Abane : la contamination de secteurs non négligeables du monde universitaire qui reproduisirent les méthodes malgaches quitte à occulter des évènements historiquement vérifiés, quitte à spéculer sur ce qu’aurait exprimé ou pensé un disparu sur un point indéfendable mais où il faut emporter l’adhésion, quitte à inventer d’autres faits. Si les tenants du panarabisme et de l’islamisme comme du despotisme ont des raisons objectives de s’opposer au projet de la Soummam – qui est une projection politique et sociétale contraire à leurs idées – les universitaires qui revendiquent la rationalité et la rigueur académique devraient renoncer à la sous-traitance de falsifications historiques qui aggravent le discrédit qui frappe les élites sans pour autant parvenir à anesthésier durablement l’ensemble de la population. En pleine insurrection citoyenne, le vendredi 27 décembre 2019, date anniversaire de l’assassinat d’Abane, des milliers de jeunes et de moins jeunes défilèrent dans les rues de la capitale avec les portraits de l’architecte de la Soummam. Quelques jours auparavant, on put voir parmi les manifestants une vieille dame, les chevaux blanchis par les épreuves de la vie, qui avançait parmi les manifestants. Elle portait une pancarte où on pouvait lire : « Retour à la Soummam ». Elle s’appelle Drifa Hassani Ben M’hidi. C’est la sœur de l’illustre président du Congrès. Cette image interpelle, car oui, la Soummam peut apporter aujourd’hui encore.

Si elle veut survivre et si elle doit se démocratiser, l’Algérie ne peut faire l’économie d’un débat loyal et ouvert sur le congrès de la Soummam et sur les raisons directes et indirectes de l’assassinat de son concepteur. Il ne s’agit pas de sacrifier aux émotions nostalgiques mais de répondre à des paradigmes politiques et moraux qui ont conditionné l’émergence de toutes les nations démocratiques. Refouler les appels de l’histoire ou, pire, en frelater les significations, a toujours conduit les peuples aux plus effroyables régressions. L’Algérie n’a que trop expérimenté cette funeste démarche. On peut ne pas être d’accord sur les fondamentaux qui doivent porter la nation, on peut s’opposer sur les objectifs qui assurent l’émancipation citoyenne. Assumons ces divergences et tirons-en les conséquences. En adultes responsables de ce qu’impliquent leurs convictions. Mais nul n’a le droit de mutiler ou de souiller l’histoire pour fragiliser la position de son adversaire parce qu’il a été incapable de convaincre par son offre politique. Nul n’est arbitre ou légitime par principe. Ces manœuvres ont déjà trop coûté au pays. Seul le débat peut aider à sortir de l’impasse qui dure depuis le premier jour d’une indépendance qui n’a pas apporté la liberté, la justice et le progrès aux Algériens parce qu’en leur nom, des dirigeants addicts d’un pouvoir immérité ont enterré la Soummam.


[1] En janvier 2020, Rabah Drif, Directeur de la culture de la wilaya de Msila qualifia Abane de traitre. L’offense fit scandale. Au bout de quelques jours, le fonctionnaire fut licencié et mit sous mandat de dépôt.

[2] Rachid Adjaoud, Le Dernier témoin, Éditions Casbah, Alger, 2012.

[3] Mabrouk Belhocine Le Courrier Alger- Le Caire, 1954-1956 ) : le congrès de la Soummam dans la révolution. Éditions Casbah, Alger, 2000.

[4] Dans un premier temps, la rencontre devait se tenir dans le Nord-constantinois, région dirigée par Zighout. Par la suite, la Qalaa des Beni Abbas, située sur la rive droite de la Soummam, où est enterré El Mokrani, fut retenue. L’encadrement politique et militaire de cette zone, alors sous la responsabilité du capitaine Amirouche et la situation centrale du lieu, qui le mettait à des distances raisonnables pour toutes les délégations, furent, entre autres, des éléments qui présidèrent au choix de cette région. Un incident rocambolesque vint annihiler cette option. La mule qui transportait les fonds et les documents du FLN rua vers une ferme où elle avait longtemps servi et qui était devenue une caserne de l’armée française. Un imprévu qui obligea les organisateurs à changer de site pour s’établir à Ifri sur la rive gauche de la rivière…

[5] Voir Mohamed Harbi, FLN Mirage et réalité, Éditions Jeune Afrique, 1985, et la déclaration faite à la radio de Hocine Ait Ahmed ; Dailymotion https/www.dailymotion.com/video/x6u3rrq .

[6] Fathi Dib Abdel Nasser et la révolution algérienne, Éditions L’Harmattan, 1985

[7] Malgaches, terme par lequel les cadres du FLN non enrôlés dans le MALG désignaient les éléments de cette institution.

[8] En France, Ali Haroun rapporte que les commandos de Messali appuyés par la police française avaient fait des milliers de victimes parmi les membres de la Fédération de France du FLN qui finit par réagir par des expéditions punitives. À ce jour, les anti-soummamiens présentent les messalistes comme d’innocentes victimes du FLN.

[9] Reda Malek, Guerre de libération et révolution démocratique, Casbah éditions, Alger, 2010

[10] Chargé de la communication à la Fédération de France du FLN.

[11] Conférence donnée par Ali Haroun dans la salle du CEM d’Aouzellaguene en aout 1998 à l’occasion d’un séminaire organisé par le RCD pour commémorer le 42éme anniversaire du Congrès de la Soummam.

[12] Le CCE sera remplacé en septembre 1958 par le Gouvernement provisoire de la république algérienne, GPRA.

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