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Présidentielle. En Algérie, l’abstention record est “une victoire de l’esprit du Hirak sur le régime”


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La présidentielle du 7 septembre a débouché sur une grande confusion. Si le président Tebboune en est sorti comme le grand gagnant en nombre de voix exprimées, le chiffre de participation réel et le très faible nombre de voix recueillies par les deux autres candidats interrogent. “Le Matin d’Algérie” voit dans ce “boycott sans bruit ni fureur” la preuve que le président n’est nullement assuré d’une légitimité démocratique.

 

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Politique Algérie Élections en Algérie

Présidentielle. En Algérie, l’abstention record est “une victoire de l’esprit du Hirak sur le régime”

La présidentielle du 7 septembre a débouché sur une grande confusion. Si le président Tebboune en est sorti comme le grand gagnant en nombre de voix exprimées, le chiffre de participation réel et le très faible nombre de voix recueillies par les deux autres candidats interrogent. “Le Matin d’Algérie” voit dans ce “boycott sans bruit ni fureur” la preuve que le président n’est nullement assuré d’une légitimité démocratique.

 

Le Matin d’Algérie

Lecture 5 min. Publié le 12 septembre 2024 à 12h43

Dans un bureau de vote d’Alger, le 7 septembre 2024.Dans un bureau de vote d’Alger, le 7 septembre 2024. photo Ramzi Boudina/REUTERS

   

Jamais scrutin n’a été aussi entaché d’irrégularités les plus flagrantes. En effet, la “présidentielle” du 7 septembre [en Algérie] appelle plusieurs observations, qui laissent l’électeur pantois. Rupture de confiance entre le peuple et les dirigeants, cafouillage dans les chiffres, déclarations contradictoires… Le grand n’importe quoi !

 

Le chef de l’État cherchait une élection qui puisse effacer celle de décembre 2019 [lors de cette élection présidentielle algérienne, qui avait été boycottée par une forte majorité de la population, Abdelmadjid Tebboune avait été élu dès le premier tour avec 58,13 % des suffrages exprimés].

 

Tout le monde sait qu’il était arrivé par la petite porte au palais d’El Mouradia [siège de la présidence, à Alger]. Le rendez-vous du 7 septembre était fait justement pour lui permettre de rafistoler une popularité largement entamée. Mais patatras, voilà qu’il tombe de Charybde en Scylla.

 

Mascarade

Mais commençons par la fin. Quatre jours après l’annonce des premiers résultats, aucune autorité ne se risque à donner à l’opinion publique les chiffres définitifs de cette mascarade électorale. Mohamed Charfi [le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), dont le communiqué établissant les résultats a été contesté par les trois candidats] a mangé son chapeau, et les hautes autorités gèrent la tension avec des gants de velours.

 

Pendant ce temps, l’APS [Algérie Presse Service], l’ENTV [Entreprise nationale de télévision algérienne] et les télégraphistes du régime continuent de relayer les messages de félicitations à l’heureux vainqueur afin de détourner l’opinion publique du camouflet subi justement par Abdelmadjid Tebboune, en premier. L’entreprise d’enfumage se poursuit de plus belle pour imposer le statu quo. Le temps fera le reste, se rassure-t-on en haut lieu.

 

Les trois candidats contestent dans un communiqué étrangement commun le taux de participation annoncé par le président de l’Anie, Mohamed Charfi. En vrai, ce communiqué énigmatique enfonce le dernier clou dans le cercueil de cette mascarade.

Jamais dans l’histoire [des élections présidentielles], un vainqueur, haut la main, n’a signé un communiqué qui jette le doute sur l’élection avec ses adversaires. En cela, c’est une première. Le taux stratosphérique accordé à Tebboune [94,65 % des suffrages exprimés] n’est pas contesté par les deux candidats malheureux.

 

Ces deux derniers, au cours de deux points presse, ont soulevé de nombreuses irrégularités, sans aller jusqu’à remettre en cause la réélection de Tebboune.

 

Une prise de position renversante, car s’il y a irrégularités et fraudes, cela voudrait normalement dire invalidation de l’élection. Ce qu’évitent d’assumer ces deux candidats qui ont servi de lièvres à Tebboune pendant une campagne insipide et sans enjeu.

 

Entre 23 % et 25 % de participation

Mohamed Charfi [a annoncé] une victoire du chef de l’État avec 94,65 % des voix dimanche 8 septembre. Clairement, selon le président de l’Anie, Abdelmadjid Tebboune a obtenu 5 329 253 voix, soit 94,65 % des suffrages exprimés. Abdelaali Hassani Cherif, candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a été crédité de 178 797 voix (3,17 %).

 

Quant à Youcef Aouchiche, du Front des forces socialistes, il n’a obtenu que 122 146 voix (2,16 %). Il est pourtant facile à trouver suite aux derniers suffrages donnés. Mohamed Charfi a annoncé 5 630 196 de suffrages sur 24 351 551 électeurs composant le corps électoral. Après un rapide calcul, on obtient un taux de participation qui oscille entre 23 % et 25 %.

 

À partir de là, il y a lieu de conclure que cette “élection”, en dépit du bourrage des urnes et des cerveaux des Algériens, a la valeur d’un cinglant référendum contre l’autoproclamé président Tebboune

Costume de dictateur

Au-delà du boycott monumental, si on voulait porter atteinte à l’élection et à Tebboune, on ne se serait pas pris autrement que par cette annonce faite par Mohamed Charfi, dimanche, de 94,65 % de voix. Ce taux stratosphérique qui tutoie le ridicule met le candidat Tebboune dans un costume de dictateur à la soviétique.

 

“Ceux qui ont décidé ce taux veulent son humiliation, il n’y a pas une autre explication”, sourit un journaliste d’un média public. “On savait qu’il allait passer, mais pas à ce taux hilarant”, poursuit-il.

 

Le communiqué des trois candidats pour dézinguer l’Anie et Charfi ? Un écran de fumée. On veut créer la polémique autour de l’accessoire – quelques centaines de milliers de voix en plus ou en moins pour un candidat ou un autre – pour détourner l’attention de l’essentiel. Car Mohamed Charfi, grand serviteur zélé qu’il est, ne pouvait donner des chiffres sans l’assentiment de décideurs.

 

Le président sortant “réélu” ? On le savait dès le 21 mars 2024, le jour où il annonçait une présidentielle anticipée. “Réélu” avec un large score ? Qui pouvait en douter une seconde ? Les chancelleries qui se sont empressées de féliciter Tebboune ne pouvaient l’ignorer également.

 

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Présidentielle. En Algérie, l’abstention record est “une victoire de l’esprit du Hirak sur le régime”

La présidentielle du 7 septembre a débouché sur une grande confusion. Si le président Tebboune en est sorti comme le grand gagnant en nombre de voix exprimées, le chiffre de participation réel et le très faible nombre de voix recueillies par les deux autres candidats interrogent. “Le Matin d’Algérie” voit dans ce “boycott sans bruit ni fureur” la preuve que le président n’est nullement assuré d’une légitimité démocratique.

 

Le Matin d’Algérie

Lecture 5 min. Publié le 12 septembre 2024 à 12h43

Dans un bureau de vote d’Alger, le 7 septembre 2024.Dans un bureau de vote d’Alger, le 7 septembre 2024. photo Ramzi Boudina/REUTERS

   

Jamais scrutin n’a été aussi entaché d’irrégularités les plus flagrantes. En effet, la “présidentielle” du 7 septembre [en Algérie] appelle plusieurs observations, qui laissent l’électeur pantois. Rupture de confiance entre le peuple et les dirigeants, cafouillage dans les chiffres, déclarations contradictoires… Le grand n’importe quoi !

 

Le chef de l’État cherchait une élection qui puisse effacer celle de décembre 2019 [lors de cette élection présidentielle algérienne, qui avait été boycottée par une forte majorité de la population, Abdelmadjid Tebboune avait été élu dès le premier tour avec 58,13 % des suffrages exprimés].

 

Tout le monde sait qu’il était arrivé par la petite porte au palais d’El Mouradia [siège de la présidence, à Alger]. Le rendez-vous du 7 septembre était fait justement pour lui permettre de rafistoler une popularité largement entamée. Mais patatras, voilà qu’il tombe de Charybde en Scylla.

 

Mascarade

Mais commençons par la fin. Quatre jours après l’annonce des premiers résultats, aucune autorité ne se risque à donner à l’opinion publique les chiffres définitifs de cette mascarade électorale. Mohamed Charfi [le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), dont le communiqué établissant les résultats a été contesté par les trois candidats] a mangé son chapeau, et les hautes autorités gèrent la tension avec des gants de velours.

 

Pendant ce temps, l’APS [Algérie Presse Service], l’ENTV [Entreprise nationale de télévision algérienne] et les télégraphistes du régime continuent de relayer les messages de félicitations à l’heureux vainqueur afin de détourner l’opinion publique du camouflet subi justement par Abdelmadjid Tebboune, en premier. L’entreprise d’enfumage se poursuit de plus belle pour imposer le statu quo. Le temps fera le reste, se rassure-t-on en haut lieu.

 

Les trois candidats contestent dans un communiqué étrangement commun le taux de participation annoncé par le président de l’Anie, Mohamed Charfi. En vrai, ce communiqué énigmatique enfonce le dernier clou dans le cercueil de cette mascarade.

 

Lire aussi : Politique. “Opacité” et “mascarade” : les résultats de la présidentielle algérienne contestés

Jamais dans l’histoire [des élections présidentielles], un vainqueur, haut la main, n’a signé un communiqué qui jette le doute sur l’élection avec ses adversaires. En cela, c’est une première. Le taux stratosphérique accordé à Tebboune [94,65 % des suffrages exprimés] n’est pas contesté par les deux candidats malheureux.

 

Ces deux derniers, au cours de deux points presse, ont soulevé de nombreuses irrégularités, sans aller jusqu’à remettre en cause la réélection de Tebboune.

 

Une prise de position renversante, car s’il y a irrégularités et fraudes, cela voudrait normalement dire invalidation de l’élection. Ce qu’évitent d’assumer ces deux candidats qui ont servi de lièvres à Tebboune pendant une campagne insipide et sans enjeu.

 

Entre 23 % et 25 % de participation

Mohamed Charfi [a annoncé] une victoire du chef de l’État avec 94,65 % des voix dimanche 8 septembre. Clairement, selon le président de l’Anie, Abdelmadjid Tebboune a obtenu 5 329 253 voix, soit 94,65 % des suffrages exprimés. Abdelaali Hassani Cherif, candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a été crédité de 178 797 voix (3,17 %).

(...)

Costume de dictateur

Au-delà du boycott monumental, si on voulait porter atteinte à l’élection et à Tebboune, on ne se serait pas pris autrement que par cette annonce faite par Mohamed Charfi, dimanche, de 94,65 % de voix. Ce taux stratosphérique qui tutoie le ridicule met le candidat Tebboune dans un costume de dictateur à la soviétique.

 

“Ceux qui ont décidé ce taux veulent son humiliation, il n’y a pas une autre explication”, sourit un journaliste d’un média public. “On savait qu’il allait passer, mais pas à ce taux hilarant”, poursuit-il.

(...)

 

Réveil Courrier Présidentielle américaine 2024 Guerre en Ukraine Guerre Israël-Hamas L’hebdo Horoscope Courrier Stories

Politique Algérie Élections en Algérie

Présidentielle. En Algérie, l’abstention record est “une victoire de l’esprit du Hirak sur le régime”

La présidentielle du 7 septembre a débouché sur une grande confusion. Si le président Tebboune en est sorti comme le grand gagnant en nombre de voix exprimées, le chiffre de participation réel et le très faible nombre de voix recueillies par les deux autres candidats interrogent. “Le Matin d’Algérie” voit dans ce “boycott sans bruit ni fureur” la preuve que le président n’est nullement assuré d’une légitimité démocratique.

 

Le Matin d’Algérie

Lecture 5 min. Publié le 12 septembre 2024 à 12h43

Dans un bureau de vote d’Alger, le 7 septembre 2024.Dans un bureau de vote d’Alger, le 7 septembre 2024. photo Ramzi Boudina/REUTERS

   

Jamais scrutin n’a été aussi entaché d’irrégularités les plus flagrantes. En effet, la “présidentielle” du 7 septembre [en Algérie] appelle plusieurs observations, qui laissent l’électeur pantois. Rupture de confiance entre le peuple et les dirigeants, cafouillage dans les chiffres, déclarations contradictoires… Le grand n’importe quoi !

 

Le chef de l’État cherchait une élection qui puisse effacer celle de décembre 2019 [lors de cette élection présidentielle algérienne, qui avait été boycottée par une forte majorité de la population, Abdelmadjid Tebboune avait été élu dès le premier tour avec 58,13 % des suffrages exprimés].

 

Tout le monde sait qu’il était arrivé par la petite porte au palais d’El Mouradia [siège de la présidence, à Alger]. Le rendez-vous du 7 septembre était fait justement pour lui permettre de rafistoler une popularité largement entamée. Mais patatras, voilà qu’il tombe de Charybde en Scylla.

 

Mascarade

Mais commençons par la fin. Quatre jours après l’annonce des premiers résultats, aucune autorité ne se risque à donner à l’opinion publique les chiffres définitifs de cette mascarade électorale. Mohamed Charfi [le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), dont le communiqué établissant les résultats a été contesté par les trois candidats] a mangé son chapeau, et les hautes autorités gèrent la tension avec des gants de velours.

 

Pendant ce temps, l’APS [Algérie Presse Service], l’ENTV [Entreprise nationale de télévision algérienne] et les télégraphistes du régime continuent de relayer les messages de félicitations à l’heureux vainqueur afin de détourner l’opinion publique du camouflet subi justement par Abdelmadjid Tebboune, en premier. L’entreprise d’enfumage se poursuit de plus belle pour imposer le statu quo. Le temps fera le reste, se rassure-t-on en haut lieu.

 

Les trois candidats contestent dans un communiqué étrangement commun le taux de participation annoncé par le président de l’Anie, Mohamed Charfi. En vrai, ce communiqué énigmatique enfonce le dernier clou dans le cercueil de cette mascarade.

 

Lire aussi : Politique. “Opacité” et “mascarade” : les résultats de la présidentielle algérienne contestés

Jamais dans l’histoire [des élections présidentielles], un vainqueur, haut la main, n’a signé un communiqué qui jette le doute sur l’élection avec ses adversaires. En cela, c’est une première. Le taux stratosphérique accordé à Tebboune [94,65 % des suffrages exprimés] n’est pas contesté par les deux candidats malheureux.

 

Ces deux derniers, au cours de deux points presse, ont soulevé de nombreuses irrégularités, sans aller jusqu’à remettre en cause la réélection de Tebboune.

 

Une prise de position renversante, car s’il y a irrégularités et fraudes, cela voudrait normalement dire invalidation de l’élection. Ce qu’évitent d’assumer ces deux candidats qui ont servi de lièvres à Tebboune pendant une campagne insipide et sans enjeu.

 

 

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