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le 1 er NOVEMBRE 1954


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Ils ont pas commit une erreur ils ont exprimé leur choix, ils avaient le choix entre les démocrate, les dictateurs et les islamistes ils ont choisit les islamistes, C'EST LEUR CHOIX personne ne leur a mit le couteau sous la gorge ! et jusqu'a aujourd'hui Benhadj fait vibrer les mosquées et les salles de conférence , faut pas dire "ils ont voté islamiste car ils en avaient marre de la dictature" Mais ils avaient le choix ya khaay ! il y avait le FFS ! meme s'ils sont pas parfait ils sont quand meme pas pire que les islamiste et le FLN quand meme !

 

 

 

 

Quand les GIA pointaient leurs armes sur les civils , les gens criaient "LLA MAT9ATLOUNICHE VOTITE 3LIKOM VOTITE 3LIKOM ! "

Oui les salles de conference pleinnes de moyenne ageux.:D

tres amicalement adel:)

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Ils ont pas commit une erreur ils ont exprimé leur choix, ils avaient le choix entre les démocrate, les dictateurs et les islamistes ils ont choisit les islamistes, C'EST LEUR CHOIX personne ne leur a mit le couteau sous la gorge ! et jusqu'a aujourd'hui Benhadj fait vibrer les mosquées et les salles de conférence , faut pas dire "ils ont voté islamiste car ils en avaient marre de la dictature" Mais ils avaient le choix ya khaay ! il y avait le FFS ! meme s'ils sont pas parfait ils sont quand meme pas pire que les islamiste et le FLN quand meme !

c'est l'amère vérité apres une nuit coloniale D'un siecle et une autre communiste de plus de 20 ans .

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Ils ont pas commit une erreur ils ont exprimé leur choix, ils avaient le choix entre les démocrate, les dictateurs et les islamistes ils ont choisit les islamistes, C'EST LEUR CHOIX personne ne leur a mit le couteau sous la gorge ! et jusqu'a aujourd'hui Benhadj fait vibrer les mosquées et les salles de conférence , faut pas dire "ils ont voté islamiste car ils en avaient marre de la dictature" Mais ils avaient le choix ya khaay ! il y avait le FFS ! meme s'ils sont pas parfait ils sont quand meme pas pire que les islamiste et le FLN quand meme !

 

c'est l'amère vérité apres une nuit coloniale D'un siecle et une autre communiste de plus de 20 ans .

 

bdvhlhz7.gif

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re.....

d'apres tes ecrits je constate que t'as toujours ete loin de la réalité depuis quand les elections dans ce pays sont corrécte et honnete?

pense tu vraiment que le FIS avait remporté le scrutin naif que tu es?

alors tu pense que les gens au pouvoir avait comme ca sur un coup de tete décidé du jour au lendemain d'etre democrate et qu'il allait respecté le choix du peuple mdr

je te rappelle que le numero2 de ce meme parti crié sur tout les toits d'alger ce qui suit avant meme que le fis ne soit agrée:

si les bérbére et les comuniste devait s'exprimés l'algerie deviendrait un terrain de combat entre differente ideologie c'est pour cela que le peuple algerien doit voté pour l'islam sinon il sera considéré comme impie et il faudra le combattre.

ALI BELHADJ 6 mois avant que le fis ne soit agrée............

je n'arrive pas a comprendre d'ou vient cette autorité de c mecs qui décide du jour au lendemain de faire le jihad comme ca sur un coup de tete ............

je trouve vraiment bizare que des gens qui font la lutte armé sensé etre contre l'injustice arrive jusqu'a commettre des massacres de civils.

je trouve vraiment bizare qu'aucun des haut placé n'a ete jugé si comme ils dirigeaient un autre pays ou c'etait eux meme qui etaient deriere c meme massacre va comprendre quelque chose??????

tres amicalement adel

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Déclaration du 1er novembre 1954

 

Déclaration du 1er novembre 1954

 

algeria_flag1.gif

 

Anonyme

 

Secrétariat général du Front de Libération Nationale

 

 

 

Appel au peuple algérien

 

 

PEUPLE ALGÉRIEN, MILITANTS DE LA CAUSE NATIONALE,

 

A vous qui êtes appelés à nous juger

(le premier d’une façon générale, les seconds tout particulièrement),

 

notre souci en diffusant la présente proclamation est de vous éclairer sur les raisons profondes qui nous ont poussés à agir en vous exposant notre programme, le sens de notre action, le bien-fondé de nos vues dont le but demeure l’indépendance nationale dans le cadre nord-africain.

 

Notre désir aussi est de vous éviter la confusion que pourraient entretenir l’impérialisme et ses agents administratifs et autres politicailleurs véreux.

 

Nous considérons avant tout qu’après des décades de lutte, le mouvement national a atteint sa phase de réalisation.

 

En effet, le but d’un mouvement révolutionnaire étant de créer toutes les conditions d’une action libératrice, nous estimons que, sous ses aspects internes, le peuple est uni derrière le mot d’ordre d’indépendance et d’action et, sous les aspects extérieurs, le climat de détente est favorable pour le règlement des problèmes mineurs, dont le nôtre, avec surtout l’appui diplomatique de nos frères arabo-musulmans.

 

Les évènements du Maroc et de Tunisie sont à ce sujet significatifs et marquent profondément le processus de la lutte de libération de l’Afrique du Nord. ہ noter dans ce domaine que nous avons depuis fort longtemps été les précurseurs de l’unité dans l’action, malheureusement jamais réalisée entre les trois pays.

 

Aujourd’hui, les uns et les autres sont engagés résolument dans cette voie, et nous, relégués à l’arrière, nous subissons le sort de ceux qui sont dépassés. C’est ainsi que notre mouvement national, terrassé par des années d’immobilisme et de routine, mal orienté, privé du soutien indispensable de l’opinion populaire, dépassé par les évènements, se désagrège progressivement à la grande satisfaction du colonialisme qui croit avoir remporté la plus grande victoire de sa lutte contre l’avant-garde algérienne.

 

L’HEURE EST GRAVE !

 

Devant cette situation qui risque de devenir irréparable, une équipe de jeunes responsables et militants conscients, ralliant autour d’elle la majorités des éléments encore sains et décidés, a jugé le moment venu de sortir le mouvement national de l’impasse où l’ont acculé les luttes de personnes et d’influence, pour le lancer aux côtés des frères marocains et tunisiens dans la véritable lutte révolutionnaire.

 

Nous tenons à cet effet à préciser que nous sommes indépendants des deux clans qui se disputent le pouvoir.

 

Plaçant l’intérêt national au-dessus de toutes les considérations mesquines et erronées de personnes et prestige, conformément aux principes révolutionnaires, notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul ennemi et aveugle, qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par des moyens de lutte pacifique.

 

Ce sont là, nous pensons, des raisons suffisantes qui font que notre mouvement de rénovation se présente sous l’étiquette de FRONT DE LIBÉRATION NATIONALE, se dégageant ainsi de toutes les compromissions possibles et offrant la possibilité à tous les patriotes algériens de toutes les couches sociales, de tous les partis et mouvements purement algériens, de s’intégrer dans la lutte de libération sans aucune autre considération.

 

Pour préciser, nous retraçons ci-après, les grandes lignes de notre programme politique :

 

BUT :

L’Indépendance nationale par :

 

La restauration de l'état algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.

Le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions.

OBJECTIFS INTÉRIEURS:

 

Assainissement politique par la remise du mouvement national révolutionnaire dans sa véritable voie et par l’anéantissement de tous les vestiges de corruption et de réformisme, cause de notre régression actuelle.

Rassemblement et organisation de toutes les énergies saines du peuple algérien pour la liquidation du système colonial.

 

OBJECTIFS EXTÉRIEURS:

 

Internationalisation du problème algérien.

Réalisation de l’Unité nord-africaine dans le cadre naturel arabo-musulman.

Dans le cadre de la charte des Nations unies, affirmation de notre sympathie à l’égard de toutes nations qui appuieraient notre action libératrice.

 

MOYENS DE LUTTE :

 

Conformément aux principes révolutionnaires et comptes tenu des situations intérieure et extérieure, la continuation de la lutte par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre but.

 

Pour parvenir à ces fins, le Front de libération nationale aura deux tâches essentielles à mener de front et simultanément : une action intérieure tant sur le plan politique que sur le plan de l’action propre, et une action extérieure en vue de faire du problème algérien une réalité pour le monde entier avec l’appui de tous nos alliés naturels.

 

C’est là une tâche écrasante qui nécessite la mobilisation de toutes les énergies et toutes les ressources nationales. Il est vrai, la lutte sera longue mais l’issue est certaine.

 

En dernier lieu, afin d’éviter les fausses interprétations et les faux-fuyants, pour prouver notre désir de paix, limiter les pertes en vies humains et les effusions de sang, nous avançons une plate-forme honorable de discussion aux autorités françaises si ces dernières sont animées de bonne foi et reconnaissent une fois pour toutes aux peuples qu’elles subjuguent le droit de disposer d’eux-mêmes.

 

La reconnaissance de la nationalité algérienne par une déclaration officielle abrogeant les édits, décrets et lois faisant de l’Algérie une terre française en déni de l’histoire, de la géographie, de la langue, de la religion et des mœurs du peuple algérien.

 

L’ouverture des négociations avec les porte-parole autorisés du peuple algérien sur les bases de la reconnaissance de la souveraineté algérienne, une et indivisible.

 

La création d’un climat de confiance par la libération de tous les détenus politiques, la levée de toutes les mesures d’exception et l’arrêt de toute poursuite contre les forces combattantes.

 

EN CONTREPARTIE :

 

Les intérêts français, culturels et économiques, honnêtement acquis, seront respectés ainsi que les personnes et les familles.

 

Tous les français désirant rester en Algérie auront le choix entre leur nationalité et seront de ce fait considérés comme étrangers vis-à-vis des lois en vigueur ou opteront pour la nationalité algérienne et, dans ce cas, seront considérés comme tels en droits et en devoirs.

 

Les liens entre la France et l’Algérie seront définis et feront l’objet d’un accord entre les deux puissances sur la base de l’égalité et du respect de chacun.

Algérien ! nous t’invitons à méditer notre charte ci-dessus. Ton devoir est de t’y associer pour sauver notre pays et lui rendre sa liberté ; le Front de libération nationale est ton front, sa victoire est la tienne.

 

Quant à nous, résolus à poursuivre la lutte, sûrs de tes sentiments anti-impérialistes, nous donnons le meilleur de nous-mêmes à la patrie.

 

Le Secrétariat national.

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Cette déclaration dégage une sincérité indiscutable.

Raison pour laquelle la nation algerienne a réussie à relever le défi avec si peu de moyens mais avec beaucoup de conviction.

Aujourd’hui, l’hypocrisie et la magouille ont pris le pas sur la sincérité.

A quoi va-t-on aboutir ?

Wait and see !!!

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J'adore cette chanson , j'ai la chaire de poule quand je l'entend

 

من جبالنا

 

 

من جبالنا طلع صوت الأحرار ينادينا لللإستقلال

 

ينــــــــاديــــــــنا للإســتـــقــــلالا لإستقلال لوطننا

 

تضحيتنا للوطن خير من الحياة أضحي بحياتي وبمالي عليه

 

يا بلادي يا بلادي أنا لا أهوى سواك

 

قد سلا الدنيا فؤادي وتفاني في هواك

 

كل يوم فيك ينمو حبه مثل النبات

 

يا ترى يأتيك يوم تزدهي فيه الحياة

 

نحن سور بك دائر وجبال راسيات نحن أبناء الجزائر أهل عز وثبات

 

نحن بالأنفس نفدي كل جزء من ثراك

 

إننا أشبال أسد فاصرفينا لعداك

 

 

 

نشيد الجزائر

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1er novembre 1954: le début de la guerre d'Algérie

 

 

1er novembre 1954.

Un peu après minuit, des bombes explosent à Alger.

Dans l'Aurès, l'instituteur Monnerot et un caïd local sont abattus par des fellagas.

Il ne s'agit pas d'une simple flambée de banditisme.

Même si elle ne fait «que» sept morts, la «Toussaint rouge» marque le début d'une longue et douloureuse épreuve pour la France: la guerre d'Algérie.

 

Qu'on se rappelle les prémices:

la répression sanglante de Sétif en 1945; le statut voté par le Parlement français en 1947; les élections «arrangées» par le gouverneur Naegelen en 1948; et l'aveuglement dont ont fait preuve les autorités face aux premières velléités de lutte armée exprimées par les nationalistes algériens en 1953 et 1954.

Un homme avait pourtant prévenu.

Jean Vaujour, directeur de la Sûreté en Algérie, avait averti le ministre de l'Intérieur, un certain François Mitterrand, de l'imminence de l'insurrection.

 

Quarante ans après, Jean Vaujour s'est confié à Patrick Rotman.

 

Voici son témoignage.

 

LEXPRESS:

 

Quand vous prenez vos fonctions de directeur de la Sûreté, à Alger, en 1953, ce pays paraît plutôt calme par rapport au reste du Maghreb. Quand avez-vous appris qu'il se préparait quelque chose?

JEAN VAUJOUR:

 

Dès l'été de 1953, je me suis fait apporter le dossier de l'Organisation secrète (OS), que dirigeaient Ahmed Ben Bella et quelques-uns de ses amis, récemment sortis de prison. Il fallait s'attendre à voir réapparaître ce mouvement.

Je disposais d'informations précises là-dessus, venant du Caire.

 

- Quels étaient vos informateurs au Caire?

 

- Les services spéciaux français. L'Egypte de Nasser était une base du nationalisme algérien.

 

- Qu'avez-vous fait?

 

- J'ai effectué quelques missions au Maroc et en Tunisie, alors en pleine effervescence, pour y rencontrer mes homologues de la Sûreté. J'ai compris qu'il s'agissait d'un mouvement assez profond, avec des ramifications internationales. A mon retour, j'ai rédigé un rapport intitulé: "Les Commandos nord-africains".

 

- Qu'y disiez-vous?

 

- Qu'il y avait des camps, en Egypte et en Libye, où s'instruisaient des Marocains, des Tunisiens et des Algériens.

 

J'en indiquais les emplacements, le nombre de "recrues", le type d'enseignement dispensé, la nature des armes d'entraînement, les filières qui leur permettaient de rallier le Maroc ou l'Algérie...

 

 

- Ce rapport était daté...?

 

-... de mars 1954. Il a été diffusé à 50 exemplaires: président du Conseil, ministères intéressés, ambassades concernées, etc. J'y demandais aux destinataires d'en confirmer ou d'en démentir les informations.

 

- Avez-vous eu des échos?

 

 

- Un seul: le directeur de la Sûreté en Tunisie, un ami, m'a envoyé un gentil accusé de réception. C'est tout. De la métropole, aucune réponse, rien.

 

- Quand avez-vous entendu parler pour la première fois du Comité révolutionnaire d'unité et d'action?

 

 

- Le Crua avait été créé par Mohammed Boudiaf en mars.

Le colonel Schoen, chef du service des liaisons nord-africaines - un arabisant distingué, intelligent - l'avait su aussitôt. Il m'en a informé.

Il l'a également signalé dans son bulletin d'information confidentiel, destiné au gouverneur général et aux chefs des services de renseignement (RG et DST).

 

A l'époque, le MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) était déchiré entre les "messalistes" de Messali Hadj et leurs adversaires "centralistes", dirigés par Hocine Lahouel. Schoen, qui avait pourtant de bons informateurs, a cru que le Crua était une initiative de Lahouel, alors qu'il s'agissait d'une initiative de Mohammed Boudiaf pour court-circuiter les uns et les autres et faire démarrer ainsi l'action armée. Je croyais, pour ma part, que le Crua était la reconstitution de l'OS, dirigée par des dissidents.

 

- A quel moment avez-vous identifié ses membres?

 

- Dès le mois de mai, pour ce qui est des neuf dirigeants "historiques". Mais nous apprendrons avec retard la réunion des "vingt-deux", c'est-à-dire des délégués des départements et des casbahs, à Alger, fin juin.

 

- Avez-vous prévenu les autorités qu'un groupe fomentait une action armée?

 

- Oui, mais j'ai ajouté que rien ne se produirait avant le congrès du MTLD, lequel s'est tenu à Hornu, en Belgique, à la mi-juillet 1954. Je l'ai appris par le biais des délégués, mais, chose extraordinaire, ni les Renseignements généraux ni la Sûreté nationale, à Paris, ne nous ont signalé le moindre franchissement de frontière...

 

- En août 1954, vous effectuez un séjour à Paris. Est-ce qu'on s'y intéresse à tout cela?

 

- Le mois d'août n'est pas un mois favorable...

J'ai vu Henri Queuille, l'ancien président du Conseil, qui fut l'un de mes patrons. J'ai vu le directeur du cabinet du président du Conseil, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur. Je leur ai dit qu'il fallait s'attendre que l'Algérie entrerait, comme ses voisins, dans un cycle d'attentats. Ils m'ont écouté avec intérêt.

 

A peine rentré à Alger, j'ai eu des renseignements beaucoup plus précis, par un informateur membre du groupe terroriste clandestin de la Casbah. J'ai envoyé une lettre personnelle à Queuille, qui l'a fait remettre au président du Conseil. Je lui disais redouter non seulement des attentats dispersés, sporadiques, mais même «un véritable soulèvement dans les semaines ou les mois à venir». J'écrivais que les "séparatistes" - comme on disait alors - passeraient à l'action d'ici à un mois. C'était le 25 septembre.

 

 

à suivre !!

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suite :

 

- Pourquoi ne pas avoir fait un rapport au ministère de l'Intérieur?

 

- J'ai fait envoyer au ministère de l'Intérieur, au début d'octobre, le "papier" du chef des RG d'Alger qui me disait qu'on était à la veille d'incidents.

 

- De quelles informations précises disposiez-vous alors?

 

- Un de mes commissaires manipulait un membre du groupe de la Casbah. Vers le 15 octobre, notre informateur, ancien artificier de l'armée française, nous signale: "On me demande de fabriquer des bombes, que dois-je faire?"

 

La femme de mon commissaire était pharmacienne; je lui ai demandé de trouver un produit capable de faire beaucoup de bruit, mais peu de mal. Elle a préconisé le chlorate de potasse. Une centaine de bombes ont été ainsi confectionnées, à base de petites boîtes d'Esso (un peu comme les boîtes de Coca d'aujourd'hui), avec du chlorate de potasse!

 

- Les bombes d'Alger ont été fabriquées selon vos indications!

 

- J'ai même sorti 2 000 francs de mon portefeuille pour acheter le chlorate de potasse! De fait, les bombes qui exploseront le 1er novembre feront peu de dégâts, sauf à un endroit, à Baba Ali, où elles provoqueront l'incendie d'un stock d'alfa.

- Vous avez même prévenu le ministre de l'Intérieur, François Mitterrand?

 

- Oui. Du 15 au 23 octobre, le ministre était venu mesurer les conséquences du tremblement de terre d'Orléansville. J'ai informé Pierre Nicolaï, son directeur du cabinet, de cette histoire de bombes.

 

Il m'a dit: "Oui, oui, parlez-en au ministre". J'ai donc parlé à Mitterrand. Je lui ai exposé deux hypothèses: soit je coffre tout le groupe, mais je perds toutes mes informations pour l'avenir; soit je le fais surveiller et je n'interviens que la veille du jour où il passe à l'action. Mitterrand a dit à Nicolaï: "Nous verrons cela à Paris, et vous transmettrez mes instructions à Vaujour."

 

- Vous avez reçu des instructions?

 

- Le 2 novembre! Une lettre disant: vous pouvez les coffrer...

- Le 23 octobre, vous aviez aussi signé un rapport prémonitoire...

- Oui. A peine Mitterrand et Nicolaï s'étaient-ils envolés pour Bône, ce jour-là, que trois commissaires des RG font irruption dans mon bureau, avec des renseignements très précis sur la préparation d'attentats imminents et, au-delà, sur le déclenchement souterrain et clandestin de l'insurrection.

 

- Dans toute l'Algérie?

 

- Leur compétence s'exerçait seulement sur la région d'Alger. J'ai aussitôt dicté une page, signée par le gouverneur général, Roger Léonard. Accompagné de "papiers" bourrés de détails, ce rapport était clair. J'ai prévenu la Sûreté et le cabinet du ministre, à Paris, par téléphone, que je remettais un document d'une extrême importance au pilote de l'avion d'Air France qui décollait, ce samedi 23 octobre, à 11 heures du soir. Le commissaire de permanence l'a récupéré à Orly, porté à la Sûreté et au permanent du ministère de l'Intérieur. Le dimanche se passe. Le lundi, toujours aucun écho. Le lundi soir ou le mardi matin, je ne sais plus, j'appelle le directeur général de la Sûreté nationale, Jean Mairey, qui m'avoue ne pas avoir eu le temps de le lire!

 

- Et dans l'entourage du ministre?

 

- J'ai appelé Jean-Paul Martin, chef adjoint du cabinet, qui m'a dit: "Nous nous en préoccupons, nous allons vous envoyer des renforts." En l'occurrence, trois ou quatre compagnies de CRS, plus des unités militaires. Lesquelles débarqueront à Alger la veille même du déclenchement de l'insurrection.

 

- Et à Oran, à Constantine?

 

- Le dimanche 31 octobre, le commissaire des RG d'Oran, qui se nommait Lajeunesse, est venu spécialement m'apporter une bombe en tuyau de fonte, qui n'avait rien à voir avec les miennes. L'un de ses informateurs lui avait promis de l'alerter vingt-quatre heures avant les attentats. J'en ai déduit - à tort - que rien ne se passerait avant le lundi 1er novembre au soir.

Dans le Constantinois, j'avais été prévenu vers le 25 octobre, par un commissaire des RG, que 300 fellagas se baladaient clandestinement dans les Aurès.

 

Dès le 29, j'ai réuni, à la préfecture de Constantine, les responsables locaux, qui m'ont tous dit: "Si c'était vrai, nous le saurions." Seul l'administrateur d'Arris, au coeur de l'Aurès, m'a confié, après la réunion, qu'un de ses caïds s'était vu proposer le plan de l'insurrection de l'Aurès pour 1 million de francs, mais qu'il n'y avait pas cru.

J'ai aussitôt monté un rendez-vous: 1 million contre le plan, à remettre en gare de l'Agha, à Alger, par l'informateur à l'un de mes commissaires; l'homme lirait ostensiblement "L'Echo d'Alger"... Opération fixée au 2 novembre. Un jour trop tard...

- Vous n'aviez donc pas prévu la date...

- Non. C'est Boudiaf qui a fourni l'explication, un jour de 1962, dans une interview au "Monde". Le démarrage de l'insurrection avait d'abord été fixé au 15 octobre, mais rien n'était prêt. Les chefs de secteur devaient se revoir le 22.

 

Par peur des fuites, ils n'étaient que quatre ou cinq à ce rendez-vous, où fut fixée la date définitive (le 1er novembre, à 0 heure), qui devait être transmise aux chefs de commando seulement six heures avant le moment fatidique. Je n'ai donc pas prévu la date précise.

 

Mais, le 1er novembre, quand on m'a annoncé, à 0 h 50, que les premières bombes venaient d'éclater à Radio-Alger, sur le port, à Baba Ali, j'ai regretté de ne pas avoir été suffisamment entendu...

 

- Pourquoi cette surdité des autorités françaises?

 

- Je me rappelle un fait.

Le 18 octobre, à Alger, François Mitterrand, avait remis la cravate de la Légion d'honneur à Raymond Laquière, président de l'Assemblée algérienne. Laquière a conclu son discours en appelant le ministre à "ne pas écouter la voix des sirènes qui disent que l'Algérie pourrait être contaminée par ses voisins".

Laquière a ajouté: "Je peux vous dire, monsieur le Ministre, que l'Algérie est calme et qu'elle le restera." Il est possible que Mitterrand ait été abusé par cette assurance...

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